La balade continue, et je me prends lentement au jeu. Sans vraiment m'en rendre compte, je commence à accélérer le rythme, enjamber les racines et dévaler les pentes. Ça n'a pas l'air de déplaire à Oblivion vu sa langue pendue ! En même temps, je lui laisse pas trop l'occasion de gambader, donc pour une fois qu'elle a des sensations de vitesse ça lui fait plaisir !
A ce moment là, je me fiche de la sortie capture. Je me fiche de ce que je peux croiser, ou de la raison pour laquelle je suis venue. On est juste toutes les deux, à traverser le plus vite possible une forêt qu'on ne connaît pas. Je m'arrête dans une clairière, à bout de souffle, mais un grand sourire sur les lèvres. Je ne pensais pas que ça me ferait autant de bien. Je ne savais même pas que j'en avais besoin d'ailleurs ! L'agaçante voix d'Andreas n'est déjà qu'un lointain souvenir dans cette journée isolée de tout soucis. Je finis par m'asseoir dans l'herbe, puis m'allonger en laissant les quelques rayons de soleil qui parviennent à traverser les branchages compenser la fraîcheur du sol. Ma Medhyèna sautille sur moi, toujours d'humeur joueuse. On voit bien que c'est pas elle qui a couru... Je la laisse s'épuiser sur mon torse tandis que je reprends mon souffle en regardant vers le haut.
Ma vue se résume au ciel, un ou deux petits nuages et quelques branches des arbres non loin. Mais un mouvement près de l'une d'entre elles, dans un coin de mon champ de vision, suivi d'un pof de quelque chose qui atterrit sur la terre herbue de la forêt capte mon attention. Le bruit n'a pas non plus échappé à Oblivion, qui se fige instantanément en fixant le point de chute. On attend toutes les deux quelques secondes, sans rien dire... Bon, on dit jamais rien, certes, mais là, même si on avait été du genre loquace, on aurait sûrement rien dit. Je me redresse finalement, rattrapant ma starter qui glissait le long de mon ventre.
Nous nous approchons toutes les deux, penchant la tête au-dessus de ce qui est tombé. Ou de celui qui est tombé. Un Chrysacier, aussi énergique que le permet son espèce, nous fixe en retour alors qu'il est resté par terre, genre, sur le côté. Il inspirait presque de la pitié. Personne ne savait comment réagir, jusqu'à ce que l'instinct de redoutable combattant du pokémon insecte ne reprenne le dessus !

Chrysacier utilise Armure.
La défense de Chrysacier augmente !

On va pas se cacher qu'en terme de chorégraphie de combat, ça casse pas trois pattes à un Couaneton...Il s'est un peu replié sur lui-même avec un regard sévère, ça s'arrête là. Oblivion et moi échangeons un regard malicieux. S'il a utilisé une capacité, c'est qu'il veut se battre ! Tant pis s'il n'a pas les bonnes armes ! Je me mets donc à genoux et tends les bras en tenant toujours ma Medhyèna dans les mains pour ne pas entendre les pensées de tout ce qui m'entoure.
S'en suit le combat le plus pitoyable qui n'ai jamais eu lieu sur cette île, si ce n'est au-delà. Une gamine affichant un sourire sadique pendant qu'elle tient son minuscule pokémon qui enchaîne les grondements et morsures avec ses chtites canines sur un pauvre Chrysacier à la fois sans défense et avec beaucoup trop de défense. Après avoir estimé que ce combat inégal avait suffisamment duré, je replie mes bras et lance une pokéball sur le pauvre être gisant au sol, sans vraiment savoir si j'ai vraiment envie de me trimballer un poids pareil dans mon équipe. Mon Minisange fait déjà office de boulet métaphorique, je ne pense pas avoir besoin d'un boulet littéral.