- Non

- J’ai bien peur Ranya que tu n’ais pas le choix.

La danseuse n’avait probablement jamais affiché une mine aussi dépitée. Au pied de la porte de sa petite chambre de la Pokemon Community, à la veille de la rentrée scolaire, la référente des Givralis venait d’annoncer une terrible nouvelle à la blonde, bien plus que ce qu’elle pense pouvoir encaisser. Immédiatement, son regard se retourne vers son petit espace, son chez elle, rien qu’à elle, qui lui appartient et qu’elle a appris à apprivoiser depuis deux ans. Ce petit endroit qu’elle a personnalisé au gré de ses envies. Ce petit endroit qui ne devait pas avoir de valeur aux yeux d’une Ranya si peu matérialiste. Mais c’est au pied du mur qu’elle réalise que ce qu’on lui demande de faire est un crève-cœur.

- Madame cette chambre c’est un peu la mienne. Vous n’allez pas me demander d’abandonner une œuvre d’une telle importance.

- Tu sais bien Ranya que normalement tu n’as pas le droit de peindre sur les murs du dortoir. Je ferme les yeux uniquement parce que j’apprécie ton art. Mais cela ne sera clairement pas un argument pour te défendre.

L’enfant fixe du regard sans les lâcher un instant ces murs sur lesquels elle a tout donner pour créer une fresque originale, incroyable. Une œuvre dans laquelle elle a mis toute son âme, toute sa joie, mais aussi toute sa peine. Une œuvre qu’elle peut encore admirer des heures tellement elle a mis de détails dans chacun de ces Zarbis peint au mur avec toute la délicatesse dont elle peut faire preuve quand il s’agit d’art. Une œuvre dans laquelle son Suicune aux milles teintes de bleus pourrait noyer les plus farouches marins. Une œuvre qui lui appartient, et qu’elle ne peut laisser sous aucun prétexte. Usant du dernier argument entre ses mains, Ranya insiste une dernière fois.

- Vous n’allez pas m’arracher une seconde fois à ma chambre. Pas après Lansat.

- Ranya ça suffit. Je ne fais pas ça pour t’embêter mais parce qu’avec l’arrivée des nouveaux élèves demain il va y avoir besoin de place dans le dortoir. Quitterie est seule dans une chambre de deux, ce qui est déjà une erreur de placement en soit. Tu vas donc la rejoindre pour permettre l’accueil des nouveaux élèves, exactement comme d’autres Givralis l’ont fait avant toi pour te permettre d’avoir une chambre sur Lansat.

- Attendez vous avez dit la chambre de qui ?

- La chambre de Quitterie Aédé.

- Madame pitié tout mais pas ça.

- Quitterie est une élève tout à fait agréable et sympathique je ne vois pas le problème avec le fait de te placer avec elle. De toute façon la discussion est close tu n’as pas le choix. Je veux que ce soir la chambre soit libérée. J’espère ne pas avoir à revenir.

La référente des Givralis détourne le dos et quitte le couloir où se trouve la chambre de Ranya, enfin plutôt l’ancienne chambre de Ranya. La jeune fille referme la porte avant de se laisser glisser contre cette dernière, la tête contre ses genoux ramenés vers elle. Non seulement elle doit quitter sa petite chambre, mais en plus elle est transférée dans celle de Quitterie. Autrement dit la sexfriend de Salomé. Alors qu’elle lutte péniblement pour échapper à l’emprise de la gitane, c’est comme si Arceus faisait tout pour la ramener vers elle, d’une manière où d’une autre. Qu’a-t-elle fait pour mériter un tel traitement de la part des dieux. Sous l’œil silencieux de sa starter, la Givrali ne parvient qu’à murmurer « Je veux pas… »


La danseuse ferme une dernière fois la porte de son ancienne chambre, désormais vide. A ses pieds, une très imposante valise à roulette contenant tous ses vêtements. Autour, une multitude de sac contienne toutes ses affaires de cours et autres trucs trainant à droite et à gauche dans son espace de vie. Enfin, une très grosse male abrite ses affaires de danse mais aussi toutes ses affaires de peinture, qui seront probablement sollicités très rapidement pour prendre possession artistiquement et physiquement du nouvel espace dans lequel elle va devoir évoluer. Parce qu’il n’est pas question que Quitterie la domine dans son espace vital. Elle aménagera à sa manière cet espace qui lui est dédié, que cette fille le veuille ou non.

Arrivée devant la porte de la Givrali, essoufflée après avoir trainé ses affaires sur tout le couloir, la blonde ne prend même pas la peine de toquer avant d’entrer. Rien à faire qu’elle puisse être avec Salomé en train de faire je ne sais quoi. Rien à faire qu’elle dérange. Rien à faire qu’elle ne soit pas la bienvenue. Parce qu’elle est Ranya. Juste Ranya. Et qu’elle ne se laissera jamais marcher sur les pieds.

- Janice m’a dit que je devais emménager là. Je te rassure, ça m’énerve probablement autant qu’à toi. Mais j’ai pas eu le choix. Donc je suis là, et tu vas devoir accepter ma présence.