Le 10 Novembre, une lettre arriva. Parlant de Hoenn et d’un musée marin à Poivressel, ça avait tout d’une invitation à juste « visiter » le musée. Cependant, le lendemain, tu reçus un appel au laboratoire. Une femme, nommée Ludivine, était en pleurs, et appelait presque à l’aide. La raison… ? L’épave du Lavandia Sea, réserve naturelle maritime, était menacée de destruction au profit d’un projet hôtelier du groupe Fabian Grazzia. Ils voulaient tout simplement tout raser, sans réfléchir, et sans prendre en considération les pokémons qui y vivaient. Une pétition avait été lancée, et contraints de devoir écouter les voies du peuple, une demande officielle d’inspection avait été lancée, mais étrangement, personne ne voulait y aller… La raison semblait encore obscure.
D’un soupir, tu mis cette folle en attente, et tu allas voir les autres. Tu expliquas le problème. Résultat ? Beaucoup rirent, tandis que d’autres haussèrent les épaules. Personne n’était disposé, sauf toi, visiblement, à voyager jusqu’à Hoenn. Soupir, soupir. Tu dus te farcir la stagiaire, Roxanne, qui allait t’accompagner pour « voir un peu de terrain ». Damn. Tu ne savais pas pourquoi personne ne voulait y aller. Et le voyage promettait d’être long…
Après quelques jours de préparation, tu partis le 15 Novembre, pour quelques jours à Hoenn… Et ooooh oui, ce voyage fut très long. Roxanne était une machine à parler et à ne jamais s’arrêter, à tel point que tu étais saturée. Tu dus même lui demander gentiment de se taire. En vain. Bref.
Dix-heures. Tu arrivas au musée de Poivressel. Et à ton arrivée, un homme bien habillé, et à la posture droite, t’attendait, accompagné de loin, par celle qui était presque en pleurs. Ludivine, supposas-tu. A ses côtés, un jeune de la vingtaine à peine, qui tenait à peine en place, et qui faisait le fier. Tu regardas tout ce beau monde, avant d’être abordée.
« Abygaëlle ? Abygaëlle Keelin, c’est ça ? J’ai beaucoup entendu parler de vous. Arceus, merci. Personne n’aurait été qualifié, avec votre nom en plus…
- … Vous insinuez que-…
- Oh non ! Je n’oserai pas, c’est juste que vous êtes connue, avec votre famille, mais vous brillez par vos compétences, hein. Je ne voulais pas vous contrarier. Voici Fabian, de Fabian Grazzia, et notre guide, Jules. Il est jeune et un peu perché, mais il connaît bien l’épave. Et celle qui vous accompagne… ?
- Roxanne. Une stagiaire. Ne faites pas attention à elle, elle ne fait qu’observer. »
Bien. Une fois les présentations faites, vous vous installèrent dans une des salles de réunions du musée. Fabian se permit quelques remarques pressées sur l’état du projet, Jules draguait ouvertement Roxanne, qui lui parlait de tout et de rien. Quant à Ludivine, elle retenait encore ses larmes. Putain… Quelle ambiance de merde. Après une heure à ne rien faire, ils se mirent enfin au travail… Dans un brouhaha sans nom. Tu dus intervenir, en invoquant ta superbe Sorcilence – distributrice de baffes – pour organiser tout ça.
« Ca suffit, on dirait des Rocabots qui se disputent un bout de viande ! Jules. Parlez-moi des pokémons de l’épave.
- Eh bien… Avec le projet, nous n’avons plus fait de recensement depuis un an déjà… Nous savons qu’en 2019, il y avait plusieurs populations de Tentac-.
- Populations ou groupes ?
- Je… Quelle différence ?
- Je vois. Laisse-moi te préciser la chose. Une population est un ensemble d'individus, ou d'éléments partageant une, ou plusieurs, caractéristiques qui servent à les regrouper. Est-ce que tes Tentacools, ou tentacruels, qu’importe, rentrent dans cette catégorie ?
- Je… Ce sont des Pokémons… ? C’est tout ?
- … Tant pis. Ton idiotie est palpable. Continue, je m’occuperai du rapport, sinon cette épave est vouée à disparaitre. »
Tu entendis Ludivine sangloter. Oooh, pitié, ce n’était pas le moment. Tu posas ta tête dans tes mains, avant de poser tes coudes sur la table. C’était vraiment prise de tête… Mais tu laissas le jeune continuer.
« Heu… On a donc… Des groupes… ? De Tentacools et Tentacruels mélangés. On avait estimé un ratio de 3 pour 9.
- 3 Tentacools pour 9 Tentacruels ?
- Oui. Heu, non. 3 Tentacruels. Je…
- Donc 9 pour 3. Fais attention à ce que tu dis.
- Oui… Donc heu… 3 Tentacruels pour 9 Tentacools. On avait aussi des bancs de Magicarpes… D’après les données de la même année, on en avait relevé une vingtaine. Et… Bien qu’on ait jamais pu l’identifier formellement, des touristes nous ont dit avoir vu au moins un Léviator.
- Tu ne peux pas le dire dans ton rapport. C’est scientifique. Les « on dit que », tu les barres. Si on n’arrive pas à le voir, on ne le notera pas. Ok ?
- Mais des gens l’ont-.
- Et si je te dis que j’y ai vu Ho-Oh et Lugia ? Tu vas le noter aussi ?
- N… Non… ?
- Bah voilà. Quoi d’autre ?
- Des Wailmers, des Goélises et des Bekipans. On n’a pas la population exacte parce que les Wailmers migrent beaucoup, mais 5 ont été formellement identifiés… Pour les Goélises, plus de trente en période haute… Et les Békipans, c’est pareil. Ils sont difficiles à repérer et à différencier. »
Bon. Tu commençais à réfléchir. Tout en récupérant le rapport que le guide avait sous les yeux, tu commenças à cogiter et à prendre des notes. Les relevés étaient vieux, et ils étaient dépassés. Si tu devais défendre le musée, il faudrait faire bien des relevés. Tu regardas le commercial.
« Et vous ? Qu’avez-vous à me dire ?
- Concernant mon projet ?
- Oui, abruti. Vous avez un plan de sauvegarde de la flore et de la faune locale ? Ça reste un lieu protégé, qu’il soit peuplé ou non.
- On a fait nos relevés et cet endroit n’a de protégé que le nom. Regardez. »
Pouf, un autre rapport. De Fabian Grazzia cette fois. Pollution statistiques, estimations, modélisations. Aucun relevés réels sur ce qu’il y avait sous l’eau. Les deux avaient faire clairement de la merde, il fallait tout reprendre. L’une ne jugeait que parles rumeurs, tandis que l’autre ne jugeait que par l’argent qui lui tomberait dans le bec. Tu mis fin à la réunion, et tu demandas le reste de la journée pour penser à tout ça. Tu en avais bien besoin. Demain, à dix heures, tu rendrais ton verdict sur la marche à suivre.
Roxanne avait une autre chambre que la tienne, heureusement. Mais puisque la tienne était une suite bien plus spacieuse que la sienne, tu l’invitas à rester le temps de travailler. Tu lui donnas les rapports, avant de commencer à réfléchir. Elle restait une stagiaire intéressante et intelligente. Tu lui demandas d’établir ses propres conclusions et démarches pour arriver à établir une réelle estimation du potentiel de la réserve, et tout ce qui s’en suivait, dont les solutions.
A dix-neuf heures, elle te rendit finalement son verdict. Elle fut hésitante d’abord, mais sa démarche était la bonne, et identique à la tienne, plus ou moins. Tu pus établir un protocole précis, que tu présentas le lendemain :
1) Visite de l’épave pour établir le plan précis des lieux
2) Comptage des populations de chaque espèce, indépendamment des groupes.
3) Repérage des possibles niches importantes pour chaque population.
4) Etablissement des relations inter-espèces et avec l’environnement de ces populations.
5) Evaluation du risque de la destruction de la niche sur l’écologie de Poivressel.
6) Evaluation de l’environnement marin suite au projet immobilier.
7) Pronostic sur dix ans.
8) En cas de problèmes environnementaux, incluant nuisances humaines, pollution, etc, établir un plan de restauration de la réserve.
9) Etablissement des protocoles de maintenance de la réserve.
Une fois ceci fait, et contre toutes les protestations, vous pouviez commencer à faire vos études. Ce fut donc avec quelques pokémons eau, et votre groupe de cinq personnes en tenue de plongée équipée, que vous pénétriez dans l’épave. Vous aviez demandé à un marin, payé bien entendu, de rester sur le bateau afin d’assurer la liaison et d’enregistrer ce que vous alliez dire, en plus des caméras embarquées.
En trois heures de temps, vous n’aviez à peine fait qu’une moitié de l’épave sous-marine. Le groupe était plutôt soudé, contre toute attente, et le malaise sous-marin se lisait sur certains visages. Tu étais plutôt à l’aise.
A treize heure, tu retournas sur le bateau, avec les autres, pour se remplir l’estomac. Vous aviez deux heures de pause, avant d’y retourner, le moment de faire un point. La carte presque terminée en main, tu commenças :
« Bien. Il nous reste juste cette zone-là. Roxanne, tu as pu compter la population de Magicarpe ?
- Oui ! Nous avons vu un banc de treize pokémons, à l’extérieur, à l’est, ainsi qu’un autre de sept, dans cette aile-ci. Et à vrai dire… Bien que nous n’ayons pas vu le Léviator dont Jules parlait… Je pense que ma caméra a vu quelque chose, sur un des murs… A… Onze heure quinze ? Monsieur, pouvez-vous… »
Le capitaine pris la carte mémoire de sa caméra, et la brancha. Il chercha la séquence dont Roxanne parlait, et la montra sur l’écran.
« Oui ! Là ! Regardez Mademoiselle Keelin ! »
Sur l’écran, des traces de griffures, assez épaisses, et des traces de passage d’un pokémon massif. Tu fixas la vidéo avec un intérêt certain.
« Effectivement… Cela pourrait bien être-.
- Vous voyez, je vous l’avais dit !
- J’ai dit. Pourrait. Nous n’avons aucune preuve. Nous allons en chercher sur notre chemin. »
L’après-midi, tu repris le petit bout d’exploration sous-marine qu’il manquait, avant de commencer la cartographie sur l’espace aérien de l’épave. Le fait est, qu’à seize heure, une salle semblait fermée. Personne n’en avait la clé. Après plusieurs tentatives, vous aviez décidé de tout simplement la laisser de côté pour l’instant, afin de continuer le comptage des populations. Le reste coula de source, et la carte fut remplie d’indications et de points. Une zone fut entourée en rouge, sous l’eau, au milieu. Vous aviez une niche écologique importante non-négligeable. Tu envoyas ces informations au laboratoire, ainsi que les photos des traces que vous aviez vues, inconnues.
Le premier jour s’acheva sur un bilan complet de ce que vous aviez actuellement. Conclusion ? Le ratio 3 pour 9 chez les Tentacruels et les Tentacools était le même, mais avec des groupes ayant triplés depuis 2019. Du côté des Magicarpes, le « banc massif » de 2019 s’était séparé en plusieurs groupes. En l’absence des archives du musée, tu ne pouvais pas formellement identifier la cause… Mais tu avais quelques idées, que tu gardais pour toi. Quant aux pokémons Vol, la situation était stable. Les Wailmers, eux, semblaient s’être éloignés pour une raison inconnue, mais restaient proches de l’épave. En somme, une belle branche de pokémons, un lieu incroyablement peuplé, mais ce n’était pas suffisant pour établir avec certitude la nécessité du lieu.
Tu avais aussi pu repérer quelques problèmes liés à l’Homme sur les lieux, dont de la pollution comme le rapport de l’Immobilier en avait fait la remarque. L’étude te semblait de plus en plus délicate.
Le jour suivant, tu retournas dans l’épave, avec Jules et Roxanne. Tu devais vérifier quelques informations. Fabian et Ludivine devaient débattre de leur côté en visioconférence avec ton laboratoire, concernant les résultat… Et ne plus les avoir sur le dos était une vraie chance. En gros, les points 5, 6 et 7 étaient actuellement en études dans le musée. Concernant le 8, vous aviez identifié des problèmes. Tu voulais voir jusqu’où ils s’étendaient. Et le 9, cela deviendrait ta préoccupation lorsque tout serait établi. Pour l’heure… L’aventure vous attendait.
Après quelques minutes, vous vous retrouviez déjà devant la porte fermée de la vei-… Elle était grande ouverte. Un petit moment d’inquiétude te prit, mais tu le dégageas d’une expiration contrôlée. Les deux jeunes sur tes talons, tu t’aventuras dans ces lieux inconnus. Roxanne prenait en note le plan des lieux. Il y avait une légère obscurité dans les lieux, lié à la dégradation du métal de la structure. Intéressant. Un lieu propices à des pokémons plus rares. Tu fouillas dans ton sac pour chercher à prendre des notes. Tu entendis un cri, et un bruit sourd, de roche. Tu relevas lentement les yeux, et tu te tournas vers ta stagiaire :
« Qu’est-ce qui se passe ?
- Le… Le caillou, il m’a surpris, c’est tout. C’est rien. »
Tu allais amorcer un « Bien. », lorsque, en te retournant, tu te retrouvas face à une masse violette et verte. Tu te sentis angoissée, mais clairement moins que Jules, qui se pissait presque dessus. Il lâcha sa lampe par terre, et fuit littéralement les lieux. Roxanne, elle, était figée. Cool. Un Spiritomb donc ? Tu déglutis lentement, sans le quitter des yeux. Gentil pokémon, hein… ? Tu glissas doucement la main dans ta poche. Douuuucement…
Tu amorças le combat s’en t’en rendre compte. Tu vis le Spiritomb commencer à utiliser une attaque en même temps que tu lanças la pokéball de ta Sorcilence. De l’autre main, tu lâchas ta Altaria.
« Irina ! Eclat Magique ! Ori’, Vois enjôleuse ! »
Ta type Psy se prit une attaque Ombre Portée et répliqua aussitôt. Tu laissas ton autre pokémon faire son attaque, alors que tu reculais. Tu saisis la main de Roxanne et tu fuis tout simplement la scène, suivie de tes pokémons. Heureusement, le type spectre ne semblait pas vous poursuivre… Jusqu’à ce que tu vois Vibrobscur.
« FERME CETTE PORTE ! »
Irina utilisa son seul bras pour claquer la porte sur l’attaque. Vous aviez à peine eu le temps de reculer. Le bout de métal renforcé put tenir le choc. Littéralement le cul par terre, tu fixais l’endroit d’om vous sortiez. Tes deux pokémons étaient encore sur leurs gardes. Au moins, si tu voulais une présence atypique ici, tu en avais une désormais… Un grondement se fit entendre. Oh damn no. Roxanne tourna la tête et te tira lentement :
« Lévi…ator… ? »
Tu levas les yeux et tu te redressas aussitôt, lâchant un « Oh putain de merde ». Tu rappelas tes pokémons aussitôt que tu te remis à courir, tirant la stagiaire. Un bordel sans nom, une galère à ne plus en finir… Tu comprenais pourquoi personne ne voulait de cette épave. Courir, c’était bien beau… Mais heu… Où ? Aller dans l’eau face à un Léviator ne semblait pas être une bonne idée… Et retourner à l’intérieur… ? Non plus. Donc, avec Roxanne, vous vous mîtes à courir autour du bateau, et à jouer à « trouve-moi si tu peux » avec un mastodonte de sept mètres de long. Autant dire que vous étiez épuisées, et que le peu de pièces auquel vous aviez accès étaient à moitié submergées…
Finalement, lorsque le repas du soir sonna, le Léviator avait décidé de se retirer. Tu doutais que vous aviez gagné, mais au moins, vous étiez sortie d’affaire… Toi avec quelques blessures, Roxanne avec un traumatisme certain. L’un des coups de queue du Léviator t’avait bien amoché le bras, mais rien de bien grave, tu avais l’habitude.
Bref. A vingt et une heures, vous étiez arrivées au musée, sous le regard inquiet de tout le monde. Tu te laissas tomber dans une des chaises de la salle de réunion, tandis que Ludivine préparait une trousse de secours. Alors qu’elle te soignait, tu lanças :
« Ok. Alors. Personne n’y retourne. C’est une réserve naturelle. Pourquoi ? Roxanne, les vidéos. »
Elle lança les vidéos que vous aviez prises. La tienne était d’une qualité médiocre, elle avait pris l’eau et, surtout, le Spiritomb créait des interférences. Mais on le voyait clairement. Et sur celle de Roxanne, l’identité du Léviator n’était plus à prouver.
« Check ? Deux pokémons rares. Un Spiritomb bien véner, et un Léviator qui l’est encore plus. Ça explique pourquoi les Wailmers se sont éloignés. Alors, laissez-moi me barrer d’ici. Y’a assez pour le rapport, je le rédige en rentrant, je vous l’envoie sous quarante-huit heures. Ok ? Pas de projet immobilier.
- Mais … ?
- Eh, vous connaissez l’histoire de cette ville qui a été RASEE par un Léviator ? Ca me gêne pas que Poivressel devienne la seconde, hein. Mais bon. On va éviter ça, sinon votre projet ne sera pas qu’un projet avorté, mais un trou à pognon pour cinquante ans. Et vous, Ludivine.
- Oui… ?
- Le laboratoire va vous envoyer un protocole adapté. Suivez-le, vraiment. Un Léviator enragé sera plus qu’un simple « problème » pour vous. Laissez cette épave tranquille, et son Spiritomb aussi. Je ne veux voir AUCUN touriste ici. Compris ? »
Tu attendis que chaque parti hoche la tête avant de te relever. « My job here is done ». C’était la phrase de fin. Tu récupéras tes affaires et ta stagiaire, encore à moitié amorphe, et tu t’offris une dernière nuit d’hôtel, avant de rentrer à Adala. Putain de semaine. Putain de Poivressel et putain d’Hoenn. Clairement, tomber sur un pokémon légendaire aurait été un peu moins relou que deux bombes à retardement. Dans le futur, ils deviendraient clairement un problème pour Poivressel. Mais ce n’était pas ton travail. Tu pris le temps du voyage pour essayer de rassurer Roxanne, et son état de choc s’atténua, si bien qu’elle se remit à rire. Il y avait pire. Tu avais eu un Steelix enragé dans un souterrain, quand même, hein. Alors un Léviator ? Pffff… Ehm… C’était un vrai problème tout de même.