Un vent d'hiver s'était soudainement mis à souffler cette nuit. Ça claquait les fenêtres, hurlait dans les couloirs, une cacophonie chère à Éole mais dont Morphée se serait passé. Un vacarme tel qu'il avait réussi à sortir la rose du lit. Là voilà, à trois heures du matin, cheveux en éruption, cernes coulantes sous les yeux, ceux-là perdus sur le mur. À sa gauche : le ronflement imperturbable d'Obé et de ses pokémons... Mais comment faisaient-ils ? Seule Lolita, condamné à ne jamais connaître les joies du bonheur de par son talent, lui tenait compagnie et lisait dans le dernier Vanity fair faiblement éclairé par la lune quasi-pleine.
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Tain' je suis crevé. grogna t'elle.
Il n'y avait rien d'autre à dire. Rien que ce désir charnel de se plonger dans les draps et s'échapper dans un sommeil réparateur. Mais la guerre des vents ne semblaient lui laisser nulle répit. Quelques-vidéos Asmr n'aurait eu aucun pouvoir sur cette insomnie, aussi, elle jugea bon d'en profiter pour ranger son bureau.
Plusieurs semestres de cours s'y perdaient en feuilles volantes, en dessins griffonnés, et en carnet remplis à rapport de souvenirs de fouille. Au moins deux années qu'en temps normal, elle n'avait nul courage de ne serait-ce qu'observer. Soupir - si il fallait une insomnie.
Les mains se mirent à farfouiller, les yeux luttant contre un picotement caractéristique lisait les pattes de mouche et traduisait au cerveau qui n'hésitait que quelques-secondes pour jeter la feuille dans un classeur ou dans la corbeille. Le processus se répéta. Plusieurs fois. Plus que l'esprit fatigué ne pouvait en compter... Et soudainement, la main heurta quelque-chose. Une pierre. Un vulgaire caillou qui trainait là et... Ça n'avait rien d'étonnant quand on connaissait l'énergumène (un jour, elle avait retrouvé une branche de sapin dans son lit), plus cependant même la nature du caillou.
Un fossile.
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Par Zygarde ! cria t'elle.
Signe évident de sa surprise (ou de sa fatigue) : jurait sur les légendaires ne faisait pas partie de ses habitudes. Comment avait-elle pu oublier ce fossile crâne ? Il semblait être avec elle depuis une éternité, autrefois simple pose papier... Elle se renvoyait affirmer qu'elle attendait d'avoir plus d'expérience pour le réanimer. Élever un pokémon fossile ça n'avait rien de facile. Et bien.... Voilà. Il était temps.
Qu'Arceus lui en soit témoin, demain elle rencontrerait son nouveau pokémon - un kranidos tout fraichement ramené à la vie.
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Solde insuffisant. ... Quoi ? Elle cligna plusieurs fois des yeux sans comprendre.
Pas grave. Sourire gêné. On essuie la carte et on recommence.
Solde insuffisant. Le mec à l'accueil lorgne sur elle, forcément une gamine si débraillé, ça inspire pas la confiance. Bellamy fait bonne mesure, elle sourit, tapote des doigts sur le comptoir.
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Ça doit être ma carte, je vais payer avec mon Ipok. L'ipok s'allume, l'application bancaire s'ouvre, le solde s'affiche... Même pas 100 jetons. Un gloups se fait sentir dans la gorge de Bellamy, elle regarde discrètement le panneaux des tarifs... Avec la réduction de l'académie, elle en aurait pour 1000 jetons, la réanimation. Oui. Alors. Comment dire ? En son fort intérieur, Bellamy se mit à maudire Lolita et l'entretien de ses perruques. Voilà, la rose qui relève les yeux vers le mec du comptoir.
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Vous faîtes pas crédit par hasard ? ☼☼☼☼☼☼☼☼
Le ton est monté rapidement. La Karen en Bellamy a escaladé par la gorge et sorti les griffes, demandé sans ménagement à voir le manager - surprise c'était un observatoire, pas un restaurant, il n'y en avait pas - et hurle maintenant aux employés qui se sont agglutinés atour d'elle qu'elle est une future archéologue de renom qu'il risquait de regretter de pas lui faire crédit.
Pour sa défense, la rose n'a pas dormi et a une journée de cours dans les pattes.
Ouais, aussi, c'est une connasse.
Le mec de l'accueil pourra confirmer. Son oeil au beurre noir aussi.
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Mais je le veux mon fossile ! Comment ça, j'ai pas assez ? Ouais la mauvaise foi est digne de sa colère, mais au moins Bellamy le dire à haute voix, permet à Bellamy de réaliser qu'elle n'est pas du tout dans son bon droit. Et il faut encore quelques-secondes pour se calmer s'excuser platement - elle explique au gars à l'oeil au beurre noir que sa naméouie peut l'arranger, mais celui-ci refuse de la laisser approcher - et s'éloigner, toute penaude.
Les pas sont lourds, la mine déconfite, elle bouscule un grand gars aux cheveux bleus sans le voir.
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Qu'est-ce que je vais faire de toi au juste ? Mon petit Kranidos ?