Les rues étaient si pleines de personnes en tout genre. Toutes engoncées dans de superbes pardessus, jactant paisiblement en rigolant. L’ambiance était magnifique, des artistes jouaient de la musique dans la rue, les vendeurs ambulants affluaient leurs bonnes victuailles auprès de toutes personnes qui voulaient se sustenter.
Et au milieu de tout ce joyeux bazar, une Gwenaëlle terrifiée.
Un regard vers la droite paniquée, un couple qui se baladait joyeusement. Retour basket. Nouveau regard vers la gauche cette fois, deux hommes avec leurs enfants. Retour basket. Tête en détresse.
Au milieu de la foule jamais elle ne s’était sentie plus seule.
Il fallait fuir de là, fuir ces conversations entrainantes, fuir l’odeur de galettes fraichement préparées, fuir ces gens et leurs bactéries. Courir loin, mais pour aller où ?
Explique lui, je t’en prie dis-lui, ce qu’il lui adviendra. Moi, Kamini toujours fidèle au poste, et proche de la verte qui commençait à plus que sérieusement paniquer. Tout montrait qu’elle était en proie à un profond stress, Tool s’inquiétait et elle restait au plein milieu de la rue bouche bée, à gober les Pokémons insectes qui passaient. Il fallait intervenir mais comment. Avec le leader nous nous regardâmes sans vraiment savoir quoi faire ?
Y’a-t-il une autre présence, dormant dans son essence ? L’anxiété, va la déprimer, la solitude va la ronger. Il faudrait tout arrêter. Faire fuir cette peur qui a pris place chez elle.
Elle est rongée, elle est déchirée dans cette réalité. Réalité faites de gens de son espèce qui la faisait suer de toutes parts, trembler les genoux et dégouliner de la face. Et Muse.
Elle sembles s’émerveiller de ce monde insensé. Plongé dans cette foire, mélange d’odeurs, de sueur, de flux. Un bonheur de découverte pour notre Evoli qui n’avait jamais été en ville, un cauchemar de sens en éveil pour notre Gwenaëlle.
L’esprit brisé, son corps écorché, elle se sent étouffée. Sa respiration accélère, ses yeux s’emburent de larmes et son corps tressaute. Il fallait la bouger là non ? Tool commença une manœuvre sûrement désespéré vu la catatonie de Gwen. Il la prit par la taille pour tenter de la bouger, mais telle un roc, la demoiselle ne cilla pas, le regard vide et la respiration toujours élevée.
Emprisonné, les pieds et poings liés, voilà ce qu’elle était. On devait trouver quelque chose, n’importe quoi. Muse se contenta se frotter contre la jambe de la mécanicienne mais ce n’était pas très efficace. Tool sortit des baguettes et commença à frapper en rythme sur une poubelle. Un rythme ternaire qu’il venait d’improviser, il me lança un regard entendu. Blahaj ? Sa composition ? Vraiment ? Oh dear we are in trouble (https://www.youtube.com/watch?v=jPauNwEYtwE&list=LL&index=6&t=12s je dec’ 0 la seule musique que Tool a pu me conseiller en PUTAIN DE TERNAIRE c’est ça SA COMPO PARCE QUE MÔSIEUR VEUT QUE JE LUI FASSE DE LA PUB AAAAAAAAAH, ou du reggae, mais j’aime pas le reggae, et puis de toute façon qui va lire ce rp ET cliquer sur lien, cette parenthèse est beaucoup trop longue)
Je cherche la vérité.
Freeze.
Déliquescent mais florissant, en décadence tout en puissance je t’ai finalement décelé. Invocation de l’eau, il fallait détourner son attention à tout prix de la foule, la faire oublier où elle était. On n’a pas la capacité de la téléporter ailleurs, la pousser ce serait la violenter et avec Tool on n’utilise la violence que pour les raps battle et c’est même pas physique. On est des pacifistes nous. Plan B, celui DU BREAKDANCE.
Avancer dans ce monde est devenu irrespirable tout devient transparent et indiscernable. Son regard se voile de plus en plus, Tool se mit à jouer plus fort, Muse commença à fredonner du mieux qu’elle pouvait des notes suivant le rythme et moi. Moi, je ne pouvais pas rapper alors je devais danser. Je suis une bête de scène après tout, si je veux briller en compèt coordi je devais faire comme les stars de kpop : ABSOLUMENT TOUT FAIRE. TOUT.
Renoncer à chercher au plus profond de moi ? Jamais.
Cesse de m’observer ? Jamais.
Au sein d’une destinée déjà toute tracée, je t’en supplie, je ne veux pas ainsi te voir t’écorcher Gwen. Nous voulons te voir aller mieux, nous voulons que tu crois en toi, et surtout nous voulons que tu bouges de là. Pour ton propre bien. Que tu t’arrêtes et tu respires, qu’on puisse manger ensemble cette part de gateau. Regarde nous. Entends Tool qui joue. Entends Muse qui chante. Entends ma respiration ui galère sa mère à suivre mon corps qui se tord au fil du rythme. Oublie les gens qui se massent autour de tout, oublie le bruit autre que la musique, oublie les odeurs. Concentre toi.
Pitié ne me laisse pas, derrière en m’oubliant. Reviens Gwenaëlle.
Tant qu’il est encore temps.
La froideur de cette solitude se propage indéfiniment, rappelant la chaleur de ces souvenirs te traversant. Celle de la scène avec Paul, le concert que vous avez donné il y a un an, la berceuse composée en boite à musique pour le cours avec Nolan, la soirée au coin du feu avec Elise et Ranya. Rappelle toi, souviens toi avec cette musique. Gwen. Réveille toi, vois comme le monde est beau, vois les couleurs, oublie les humains. Pour appuyer encore plus le pont que faisait la musique de Tool et Muse et d’autres musiciens qui s’étaient ajoutés pour cette jam improvisée, il fallait quelque chose de fort et beau. Me concentrant, je fis une roulade sur le sol et me relevai avec des dizaines d’étoiles sortant de ma bouche, météores dirigés vers le ciel, illuminant les passants d’arc-en-ciel.
Paralysant te pétrifiant, en apathie en léthargie tu n’étais plus un prisonnier ici. Danse avec nous, retrouve ta couleur émeraude dans tes yeux. Bougeant faiblement, elle coula son regard vers le duo Tool à la batterie poubelle et Muse au chant yaourt Pokémon. Puis sur moi, qui continuait de danser autant qu’un pauvre Mutébouée était capable de le faire. Agilement je me mis à tourner autour d’elle, la faisant sourire. Les guitaristes improvisèrent et Tool modifia son rythme pour suivre le tout, une nouvelle musique se lança, comme pour chanter une ode au courage.
Je demeure altéré, tu ne voulais pas changer, deux entités entremêlées, deux entités écorchées. Nous nous mîmes à danser. Plus personne n’existait. Que elle et moi, moi et elle dans un tourbillon marron et vert. Et les passants suivirent, ils se mirent bras dessus, bras dessous et dansèrent tous ensemble. Célébrons cette épiphanie, la peur s’enfuit face à la fête. L’anxiété disparait avec l’amitié.
Déliquescent mais florissant en décadence tout en puissance te souiller, je n’en ai pas le droit. C’est pourquoi au rythme de ce chant qui pour aucune raison est devenu un chant marin, hurlé à tue-tête par toutes les personnes de la rue d’une voix (c’est ici pour les gens qui veulent ce que j’avais en tête, encore une idée de Tool, l’humain, pas le Jungko
https://www.youtube.com/watch?v=c_tCnxAjEWA).Avancer dans ce monde n’est plus insupportable. Pour toi, les passants n’étaient qu’une unique voix, intangible, fantôme à tes yeux, aussi invisibles que les ondes sonores nous traversant. Mais moi. Moi.
Je deviens transparent et indiscernable. Je brille ave toi. J’illumine.
Renonce à chercher au plus profond de moi.
Cesse de m’observer.
Au beau milieu de l’impasse où l’on nous a rapprochés.
Avant que notre avenir ne nous soit arraché.
Pitié ne pars pas devant en m’ignorant.
Tant qu’il est encore temps.
Souviens toi de ça, souviens toi de moi.
Souviens toi de ça, souviens toi de là.
Souviens toi de ça, souviens toi de ces voix.
Souviens toi de ça, souviens toi.
Me voir ainsi transformé me laisse paralysé.
Dans ce paradis immuable que je ne peux changer.
Alors promets moi de ne pas m’oublier.
Révèle moi, lumière,
Révèle moi.
Y a-t-il une autre voix
Dormant au fond de toi et moi ?
Et dans une explosion de lumière, je m’en fus transformé. Mustéflott présentement. Le public applaudit dans un tonnerre surréaliste et nous retournâmes abruptement à la réalité. Tool se saisit de la main de Gwen pour la guider vers le château enfin chercher sa part. Maintenant qu’elle pouvait se mouvoir, on pourrait plus facilement éviter les passants et prendre notre part de gâteau dûment mérité.
Un spectacle au milieu de la rue pour stopper une crise d’angoisse d’une agoraphobe n’était peut-être pas la meilleure idée que nous ayons eu.
Mais peut-être qu’elle comme moi avons évolué.
Peut-être elle qu’elle s’en souviendra quand elle paniquera.
Peut-être qu’elle avancera.