‘’F...lot…’’Il est mort par ma faute. Si je n’étais pas parti en avant pour écarter un danger inexistant...ou si je les avais amené avec moi. Ils n’avaient pas de groupes, c’était à moi de continuer à les surveiller.
C’est ma faute s’il ne parcoura plus jamais la banquise avec les deux autres.
Ma faute s’il ne pourra jamais apprendre à s’en sortir et aider d’autres Pokemons comme lui à faire de même.
‘’MA FAUTE !’’...et moi aussi, je suis mort. Ou du moins, c’est l’impression que j’ai, vu comme chaque mouvement me semble lointain et difficile. Je suis allongé sur une sorte de surface dure, entouré par des murs étrangement translucides et bleutés. Le froid ne me fait même plus souffrir, pour la simple et bonne raison que je n’ai aucune sensation à quelque endroit que ce soit du corps.
Les cils à moitié gelés, je papillonne un moment des yeux, avant que des gouttes ne se forment et ne m’obligent à les enlever de la main. Attendez, si je peux encore faire ça, c’est que je suis…
‘’...ourgh.’’Se lever aussi vite, pire idée du monde : j’ai à peine esquissé le mouvement pour me redresser et m 'asseoir, que le monde entier semble tourner autour de moi. Même mes jambes ont l’air d’être mortes, je ne les sens même plus. En revanche, il y a quelque chose d’étrange : la dernière chose dont je me souviens, c’est l’océan glacial qui se rapprochait à toute vitesse. Pour le froid, pas de problème, je sais ce que ressent un glaçon au congélateur en ce moment. En revanche, ça ne devrait pas être plus...humide ?
Et puis même, froid ou pas froid, ça devrait être suffisantr pour que j’arrive à peine à penser, or, il fait presque bon ici, si l’on excepte ma combinaison trempée...Qui n’est même plus si trempé que ça !
‘’Ka...Katara ?’’Blottie contre moi, c’est un Pokémon bien plus grand que la Mustebouée, à qui je fais face : plus haute, plus fine, sa bouée s’est muée en une sorte de long gilet qui lui encadre les deux épaules. Le museau plus fin est parcouru de vibrisses qui me tâtent lentement, tandis que le reste du corps de la type Eau est étonnamment sec. Aussi chaude qu’à l’accoutumée, on dirait qu’elle essaye de partager la chaleur qui lui reste avec moi.
‘’Musté...flot.’’‘’Qu’est-ce qui...T’as évoluée ? Et où on est là ?’’Pour toute réponse, la Mustéflott (
il va falloir que je m’y habitue) se contente de lever le museau en direction du mur auquel je suis adossé. Au prix d’un gros effort, je parviens à lever les yeux, pour découvrir une sorte d’emblème cristallin. Et j’ai suffisamment saoulé Melody quand j’étais petit pour savoir ce que ça représentait.
‘’...Le Chateau d’Almia. Mais comment t’as fait ça, Katara ?’’Une minute. Mustébouée est un Pokémon spécialiste des déplacements marins, mais il n’a clairement pas assez de force pour transporter un passager inconscient. Mustéflott, au contraire, a une réputation de Pokemon sauveteur, justement grâce à sa capacité à parcourir de vaste distance en traînant un naufragé, tout en lui évitant l’hypothermie par sa grande chaleur corporelle.
‘’Tu m’as sauvé la vie, amiga, je me trompe ?’’Il faudra encore plusieurs minutes avant que je ne parvienne à récupérer suffisamment de chaleur et de sensibilité (
et je peux vous dire que le sang qui afflue, ça fait MAL), afin de bouger les jambes pour examiner les lieux. On dirait une sorte de souterrain qui doit mener aux caves du château. À tous les coups, les accès à l’océan servaient à décharger marchandises et ressources depuis les bateaux, avant de les entreposer directement ici.
En remontant le couloir qui mène à la petite pièce dans laquelle je me suis réveillé, j’avise effectivement une sorte d’escalier gelé, qui se jette directement dans une petite crique : de l’autre coté de cette dernière, on distingue de manière presque irréelle les hautes falaises de la banquise. Un rapide calcul de ma part suffit à me faire froid dans le dos (
non, ce n’est pas une blague) : dans une eau aussi froide, sans Katara, j’aurais fini noyer à cause du choc thermique qui m’a étalé en quelques secondes. La Mustéflott a dû plonger à ma suite et profiter de son évolution pour me tirer jusqu’ici comme un hors-bord en moins de dix minutes, sinon je ne serais plus là pour en parler !
Impossible de repartir vers la banquise par le même chemin, je risque de finir en poids mort (
pour de bon), incapable de gravir la falaise. D’un autre côté, le château semble mystérieusement épargné par le froid extérieur, ce qui me donne l’occasion de continuer de me réchauffer. Et pour ça, rien de mieux qu’un peu d’exercice !
‘’On doit trouver un moyen de sortir de là. Eugen a la position de base de ces types mais ils vont sans doute bouger...et sans matériel, on ne tiendra pas longtemps ici, froid ou pas.’’D’un geste du museau, Katara semble approuver mon analyse, avant de se tourner en direction de l’autre extrémité de la cave : une simple porte de bois massif orne le mur du fond et après un rapide examen, s’avère complètement fermé.
Heureusement, j’ai une clé.
‘’Hydroqueue !’’*CRASH*Le pas maladroit, je franchis l’ouverture béante en écartant les morceaux de bois, pour découvrir un décor aussi irréel que splendide : des tapis somptueux ornent chaque centimètre carré du sol, tandis que les tentures couvrent fenêtres et murs sans laisser transparaître l’étrange ‘’glace’’ qui compose le château. Les escaliers et les arches du lieu semblent tous avoir été sculptés à la main, rendant le tout encore plus magnifique.
Le simple couloir qui nous permet de quitter cette cave est bien plus décoré que nécessaire et débouche sur une sorte d’ancienne cuisine, dont les fourneaux sont depuis longtemps à l’abandon. Dommage, j’aurais bien grignoté quelque chose, mais je doute que quoi que ce soit de comestible ait survécu tout ce temps.
Un léger crissement me fait brusquement pivoter, juste à temps pour apercevoir une petite silhouette à longue queue s’enfuir par une brèche dans l’un des murs...Aucune idée de l’espèce de Pokémons que c’était, mais on dirait que nous ne sommes pas seuls ici.
‘’On repart, il y a forcément une sortie’’********************
Si la faim ne me rend pas dingue, cet endroit va probablement réussir à le faire bien avant. Des couloirs, des couloirs et encore des couloirs, menant à des chambres toutes plus somptueuses que la précédentes ou à des salles de banquets, mais pas la moindre fenêtre ou trace d’une quelconque porte vers l’extérieur.
Par trois fois, Katara a été obligé de faire usage de sa nouvelle taille pour intimider les Pokémons locaux : deux Feunard et un Oniglali, qui n'appréciait manifestement pas notre intrusion dans la chambre qu’il utilisait comme repaire. J’ai même cru apercevoir le silhouette d’un Magirêve qui franchissait un mur à un moment, mais on va dire que j’ai déjà pas mal de soucis en tête !
Ça fait quoi...une heure que nous tournons en rond dans ces couloirs ? Deux heures ? Dix ? Impossible de le savoir. Tout ce que je vois, c’est que nous ne sommes pas plus avancé vers la sortie et que ça commence à me rendre dingue...Pendant qu’on reste là, qui sait ce que ces salopards peuvent commettre comme atrocité ?!
Mais le pire...Ce sont les miroirs. Il y en a dans chacune des chambres et à chaque fois, j’ai l’impression de revoir ces petits yeux bleus, qui me fixe depuis l’autre coté. Je n’ai pas encore demandé à Katara d’en briser un, mais c’est de plus en plus tentant.
Encore un couloir, encore une autre salle. Le temps s’écoule, toujours plus étiré, toujours plus lent. Celle-ci est un peu différente, on dirait une salle d’audience. Un grand tapis mène jusqu’à une sorte de petite table entouré de chaises, à moitié masqué par de grands rideaux. Alors que j’approche de cette dernière pour voir si une porte ne se dissimulerait pas derrière, un cri de surprise me fait me retourner...trop tard, hélas !
‘’FLOTT !’’‘’Katara !’’Sans préavis, une sorte de trappe vient de s’ouvrir sous les pattes de la Mustéflott. Et même si cette dernière tente d’user d’un Aquajet pour en jaillir, le plancher se referme impitoyablement, coupant court à sa tentative. J’ai à peine le temps de me jeter dans sa direction, que la trappe semble disparaître dans le sol glacé, me laissant seul dans la pièce. À présent, sortir d’ici n’est plus qu’une lointaine idée, il faut que je la retrouve !
‘’Raaaaaaaah !’’Les couloirs s’enchainent et mènent à d’autres couloirs, qui mènent encore à d’autres pièces. Le temps n’a même plus d’importance, les sensations non plus : tout ce que je fais, c’est avancer, pas à pas et espérer un signe, un bruit, n’importe quoi.
Privé de Katara, un détail me frappe finalement, à l’intérieur de ce château : le silence. Même si des Pokémons y habitent, l’endroit est constamment plongé dans un silence quasi-permanent, comme si la glace étouffait les sons. Je pourrais crier mais à quoi bon, si personne ne répond ?
Au détour d’un énième couloir, une nouvelle porte me fait face. Et en la poussant, je me pétrifie totalement, tandis que quelque chose se brise en moi : derrière, se dresse la cave par laquelle nous sommes arrivés. Katara a pourtant pulvérisée cette porte devant moi, c’est un cauchemar...!Impossible de me tromper, il y a même des morceaux orangés et déchirés de ma veste, perdus au moment où elle m’a traîné jusqu’ici.
Ça ne sert à rien, c’est ça ?
C’est ça le message, hein ?
Je n’ai plus rien, ni force, ni envie...alors, je me laisse tomber, adossé au mur exactement au même endroit. Pour ce que ça change, cet endroit en vaut un autre.
C’est terrible parce que ça ne m’effraie même pas. Je n’ai juste...Plus rien. FIni le Ranger, fini Cael, fini tout. Je veux juste que ça s’arrête et que ce silence me laisse en paix. J’avaisz pensé lui échapper hein...À cet endroit sombre, si terrifiant que tout ceux qui le connaissent, n’espère qu’une chose, c’est ne jamais y retourner.
Mais il a fini par gagner.
Ça me ferait presque rire, si ça n’était pas aussi triste. Je suis sûr que si Lucki était là, il finirait en PLS au sol, rien qu’à me sentir dans cet état. Mais je m’en fiche...Y’a plus rien. Plus rien n’a d’importance, après tout, non ?
Il ne fait pas si chaud et pourtant, j’ai l’impression que mes muscles se détendent. C’est comme une grosse couverture ouatée, qui ne s'enlèverait jamais. C’est donc ça que ça fait de renoncer ? C’est plus facile que de tomber endormi, dis donc….Un pas en avant, les yeux qui se ferment et voilà.
….Tiens.
C’est marrant, mais le seul truc qui me vient en tête, c’est un regret. Et qui n’a rien à voir avec Bravo, ce château, ou quoi que ce soit qui pourrait m’aider à accepter que je vais finir tout ce que j’ai commencé, ici. Simplement, que je ne laisserai rien derrière moi et que c’est quand même un gigantesque gâchis.
*Tumb*Hm ? Le contact est assez faible, mais il reste réel. Ouvrant doucement les yeux, je me retrouve face à...un Riolu. Un simple Riolu au regard curieux, qui me tapote l’épaule. Au premier geste de ma part, le type Combat exécute un bond en arrière, avant de se mettre en garde.
‘’Doucement, amigo...Je pourrais pas te faire grand chose, même si je voulais.’’Perplexe, le petit Pokemon se rapproche de nouveau, avant de me tapoter une deuxième fois l’épaule. C’est un jeu ou…
‘’Tu sais, j’suis plus habitué à des Forte-Paume quand on me fait ça. Te sens pas forcé, hein, c’juste pour te prévenir.’’‘’Riooooo.’’Nouveau tapotement. Confusément, je sens un lien d’aura complètement branlant s’établir de sa part, mais le sentiment qui s’en dégage ne persiste qu’un bref instant. Il est...inquiet ? Et il y a quelque chose qu’il veut...non, qu’il ne veut pas !
‘’Tu peux me laisser, amigo ? S’il te plait.’’Et le voilà qui tapote de nouveau. Même ma tentative de geste pour l’éloigner, se soldera par un nouveau bond en arrière, suivi du même cycle. Il ne m’écoute pas, en fait, j’ai l’impression que je n’aurais jamais de chance avec les Riolus.
‘’Pourquoi tu t’obstines ? C’est quoi qui te gêne à ce point ? ?’’La mine renfrognée, le type Combat poursuit inlassablement son manège. Et il commence doucement à m’énerver, on ne va pas se mentir ! Mes mains volent pour stopper ses pattes, mais une nouvelle fois, le voilà qui m’esquive, avant de recommencer. Son aura s’intensifie doucement, irradiant de volonté. Il ne veut pas...Il ne veut pas que...
‘’Que je sois triste? C’est...juste ça ?’’Avec un hochement de tête, ce Riolu repart à l’assaut, tandis que petit à petit, une sorte de chaleur commence à se répandre en moi. Une idée persistante, qui se résume extrêmement simplement : si je pars ici, ça ne laissera derrière moi que de la tristesse. Pour Cléo, Noé, Melody, Solen, Ginji, Idalienor, Léo, Eryn, Rodrigue, Aileen, Hope, Max, Bastien et tous les autres. Au final, quand ils penseront à ‘’Cael Joy’’, ce sera juste parce que ça les rendra triste pour moi. Je ne suis pas sûr et je ne sais pas pourquoi, mais cette pensée me fait vachement plus mal que toutes les Forte-Paumes du monde.
Et même s’il ne m’a encore jamais rencontré en personne, il y a aussi…
‘’Pas lui.’’C’est stupide, hein. Je ne lui ai parlé qu’une fois et c’était à travers un écran. Et pourtant, au milieu de tout ce marasme de tristesse, il y a un petit visage qui continue d‘émerger. Comme pour me rappeler un fait tout simple, que cet endroit m’avait presque fait oublier.
Je suis Ranger. Mais je suis surtout Cael.
Si j’ai bien une responsabilité, c’est celle que j’ai choisi, et ce n’est pas un chateau, un océan, des meurtriers ou même Arceus en personne qui vont m’empêcher de la remplir !
Il est hors de question qu'il soit triste à cause de moi.
Alors que je me redresse, le Riolu s’éloigne d’un pas, manifestement satisfait, tout en me contemplant des pieds à la tête.
‘’Je sais pas trop comment t”as fait ton compte, amigo mais...merci. Bon, maintenant, si tu connais un moyen de sortir d’ici...’’*CRASH*À l’instant où mon regard s’éloigne du type Combat, un craquement sonore se fait entendre et la porte disparait purement et simplement dans un nuage d’échardes : la mine furibonde, haletante, Katara fait alors son entrée dans la pièce, en chassant les derniers reliquats de bois de sa fourrure. Avant que je ne puisse prononcer le moindre mot, la type Eau s’est jetée sur moi, pour me briser la colonne de ses deux pattes.
‘’Dou...Doucement Katara. Comment t’as fait pour me retrouver ?’’Avec l’attaque Flair...C’est quand même un des plus vieux tours de son répertoire, je suis vraiment un cas désespéré pour ne pas y avoir pensé.
En attendant, c’est parfait, maintenant, il ne reste plus qu’à demander à ce Riolu s’il peut...Où est-il passé ? Il ne peut pas être sorti de la pièce par la porte, Katara englobait tout le seuil à cause de sa nouvelle forme. Et impossible pour lui de s’être barré par l’autre côté de la pièce, c’est l’océan, là-bas. Aucune trace de lui où que ce soit et même le Flair de ma Mustéflott la laissera quelque peu perdue, quant à mon insistance à localiser un Pokémon dépourvu d’odeur. Même le sol glacé semble dépourvu de la moindre trace de son passage.
En revanche, ce que son attaque lui permettra de suivre, ce sont les pistes des Pokémons du coin, lorsque ces derniers sortent du chateau pour chercher à manger !Le temps de traquer un Grodoudou manifestement très pressé et nous finissons enfin par atteindre une sorte de poterne, que le type Normal s’empresse d’ouvrir avant de disparaître de l’autre côté des remparts.
Et une fois que nous franchissons la porte à notre tour, ce sera pour découvrir une sorte de plateforme à flanc de falaise, qui surplombe la baie et permet d’apercevoir l’entrée du chateau, un peu plus loin à l’Est.
Dégainant mon Capstick, j’inspire profondément, avant de me tourner vers Katara. Le temps de trace un Glyphe Ranger, et de rappeler Katara dans sa Pokeball, mon esprit tourne à cent à l’heure. Tout en grimpant sur le dos du Noarfang (
désolé pour la température, amigo) que je viens d’appeler, je constate avec détachement que j’ai une espèce de goût sucré sur les lèvres.
Il paraît que la vengeance peut produire ce genre de sensations, non ?
********************
Ils sont là. À moins de dix kilomètres de leur camp initial. On dirait qu’après ma disparition, ils n’ont pas chômés : juste à coté de leurs tentes, s’élèvent pas moins de trois trépieds, qui supportent chacun entre cinq et dix Tiploufs massacrés. En ce qui concerne le reste de la colonie, ils sont déjà parqués par petits groupes, à l’aide de ces espèces de câbles. Deux Luxrays montent la garde et punissent chaque mouvement de leurs prisonniers d’une décharge immédiate. Quant au chef et aux Prinploufs, on dirait qu’ils sont gardés à l’écart du campement, sous la supervision d’un Elekable.
Impossible de s’approcher à moins de cent mètres sans se faire repérer et depuis ma position aérienne, je remarque qu’ils sont encore à l’ouvrage, malgré la tombée de la nuit. Au jugé, je dirais que plus de la moitié des Tiploufs ont été capturés, sans compter les Pokemons qu’ils ont abattus lors de leur attaque.
Deux des chasseurs se détendent autour du réchaud, tandis que le troisième s’affaire à vérifier les caisses de matériel. Ils sont donc six avec leurs Pokémons, disposent d’armes à feu et de l’avantage du type sur Katara.
Les pauvres,. Je ne pourrais jamais les plaindre, mais tout de même.
‘’Maintenant.’’Un simple ordre murmuré au travers de mon capstick et sept des huit lumières de ce dernier s’éveillent brusquement. Ce ne sera d’abord qu’un léger tremblement...puis une vibration sourde...qui finira par se muer en un grondement sinistre, qui semble jeter un sacré vent de panique sur le campement ! Depuis les airs, je peux ainsi admirer la charge du troupeau de Cochignons que j’ai appelé, tandis que les paisibles ruminants piétinent et renversent tout sur leur passage. Il aura suffit de capsticker trois de leurs Alphas, pour que le reste du groupe les suive sans se poser de question dans leur charge.
Au même moment, les chasseurs pris de court tentent bien de riposter à l’aide de leurs Pokemons, mais le type Sol de leurs attaquants limitent quelque peu le succès de l’opération et bientôt, l’un des deux Luxray finit tout bonnement encastré contre l’une des caisses par un Bélier bien placé.
‘’À nous de jouer, tu me lâches et tu décolles !’’Pas besoin de le lui dire deux fois : exécutant un piqué, le Noarfang laisse échapper un hululument terrifiant, juste avant de me laisser glisser de son encolure à moins de deux mètres du sol. Le temps de me réceptionner, j’ai déjà plonger en avant, tandis que Katara surgit de la couche neigeuse, après une petit voyage souterrain grâce à Tunnel. Une fois la surprise initiale passée, le trio d’assassins s’est finalement résolu à se saisir de leurs armes, pour essayer d’endiguer l’attaque.
Malheureusement pour eux, ils n’auront jamais l’occasion de s’en servir : le premier laisse échapper un hurlement de terreur, suivi d’un cri de douleur, lorsque les Croc-Givres de la Mustéflott se referme sur son bras, le cristallisant pratiquement sur le coup. Tombant à terre en essayant de se dégager, il ne peut que subir l’assaut impitoyable de la Mustéflott, qui ne se prive pas pour lui faire payer tout ce que nous avons subi.
‘’Will, fais gaffe ! Bouffe ça, salope !’’Son partenaire vient de mettre Katara en joue. Pire et dernière erreur de sa vie. Jaillissant derrière lui, j’ai presque l’impression de sentir Lucki dans chacun de mes coups : Un dans le dos pour le faire se retourner, saisir son arme pour la lui fracasser dans la tête en la relevant brusquement, un autre dans le plexus pour le forcer à lâcher son fusil, et pour finir, attraper sa tête pour l’éclater sur mon genou. Sept ans à me faire tataner par un Lucario, ça apprend deux-trois trucs et j’aurais jamais pensé que ça me ferait autant de BIEN !
Pris en traître, il ne peut se défendre et finit à moitié inconscient, juste avant que je ne m’écarte pour laisser passer un Cochignon en furie. Je pourrais m'attarder pour vérifier qu’il n’a pas été broyé par la charge mais honnêtement...Rien à foutre.
Devant le chaos ambiant qui règne dans le camp, Noarfang ayant terminé de briser les cables qui enserrait la colonie, ‘’Dan’’ ne peut qu’agiter son arme de cible en cible, comme s’il pouvait tous nous garder à distance. Les Pingoléons s’étant libérés, ils ne perdent pas de temps pour déchainer un torrent d’attaques Acier sur leur ex-geôlier, déjà bien au prise avec des cibles insensibles à ses attaques Electriques. Dans un bruit de cavalcade, le troupeau de Cochignons commence à regagner la plaine, permettant à un silence relatif de revenir sur le campement.
Rejoint par Recon et Rafale, j’en profite pour vérifier l’état des deux Tiploufs, avant de me tourner vers le dernier chasseur debout.
‘’C’est fini. Balance ton arme et t’éviteras peut-être de te faire massacrer...Même si je te promets rien, je suis presque prêt à les encourager.’’‘’’T’étais...T’étais tombé. Et maintenant, t’es là...Bouge pas, ou je tire !’’‘’Vous tous, on ne fait rien. Laissez-le partir.’’Le regard fou, le chasseur commence alors à reculer pas à pas, sans cesser de braquer son arme sur chaque Pokemon qui tressaille à chacun de ses pas. Petit à petit, il se dirige en direction des deux motoneiges survivantes...juste avant que le sol ne se dérobe sous ses pieds et qu’il ne se retrouve enfoncé jusqu’à la taille dans une sorte de crevasse remplie de neige !
‘’AAAAAH !’’‘’Eh oui, Mustéflott maîtrise l’attaque Tunnel. Vu la profondeur, tu vas probablement finir noyé sous la neige d’ici deux minutes, je dirais.’’‘’A...A l’aide! T’es Ranger, espèce de salopard, t’as pas le droit de me laisser crever !’’Une petite moue de ma part, tandis que je ramasse son arme, qu’il a laissé tomber au bord du trou. C’est plus lourd que ce que je pensais et elle est encore chaude...Bah.
‘’...Et merde, c’est vrai. Attends moi là, je reviens.’’En fouillant un peu leurs affaires (
et en essayant d’ignorer les trépieds et leurs macabres trophées), je parviens à dégoter une sorte de corde d’escalade. Après l’avoir fixé à l’une des buches qui entourent le réchaud, j’en jette l’autre extrémité à Dan, qui s’en saisit avidement. Pendant ce temps, Katara et le Pingoléon prennent la tête des opérations et rassemblent les deux chasseurs inconscients, ainsi que leurs Pokémons dans un coin du campement.
J’en profite également pour m’emparer de l’un de leurs talkie-walkies...Alors, c’était quoi la fréquence, déjà ?
‘’Vo...cogramme...Ger...Joy...Mais tu vas marcher, saloperie...AH ! Vocogramme, Ranger joy au rapport, Véterville, vous m’entendez ?’’‘’...CAEL ?! Tu m’entends ?’’‘’Nil ?! Euh, je m’attendais pas à...Où est Eugen ?’’‘’Au QG pour gérer l’équipe de Rangers envoyés pour te soutenir, ils sont partis il y a plusieurs heures ! Esteban est là aussi, tu nous as foutu les jetons, mini-Ranger !‘’Leur hélico devrait se poser dans quelques temps à l’endroit que tu nous as signalé.’’‘’Tu peux leur dire d’oublier l’ancien campement, je suis au nouveau là.’’‘’...Il va falloir que tu m’expliques deux-trois choses, je pense.’’‘’Si ça peut attendre que je fasse mon rapport à Eugen, ça m’arrangerait, Esteban. C’est pas le genre de trucs que j’ai envie de répéter pour tout te dire. Par contre, tu peux le contacter pour lui dire qu’on a au moins la moitié d’une colonie de Tiploufs à escorter jusqu’à la passe pour leur migration...pas mal de preuves et de matériel à saisir et trois Pokémons KO qui ont besoin d’un bon passage en centre Pokémon et sinon…’’‘’Et les responsables ?’’‘’Ah, j’allais oublier. Un blessé grave aux niveaux des bras et qui a des engelures, un autres qui doit avoir quelques fractures...Et le troisième, ça a l’air d’aller. Ce qui est presque dommage, vu que les Tiploufs qu’ils ont massacrés n’ont pas eu autant de chance. ’’‘’Ils ont...Reçu, je préviens l’équipe médicale. Reste sur place, je te rappelle dès qu’Eugen est en vue du site de largage.’’‘’Reçu aussi, Joy, terminé.’’‘’Ah et...Cael.’’‘’Oui ?’’‘’Il va leur falloir au moins une heure pour arriver. D’ici là, tu seras le seul à pouvoir attester de ce qui s’est passé dans ce campement, je compte sur toi, c’est compris ?’’‘’...Parfaitement. J’ai oublié un truc du coup. Je viens de voir que le troisième à l’air d’avoir reçu une blessure par balles. ’’‘’Par balles ? ‘’‘’On a essayé de les arrêter en douceur avec Katara. Sauf que quand ils nous avaient en joue, ça a un peu dégénéré et le tir est parti tout seul pendant qu’on les maîtrisait. Il a arrêté de crier là, mais ça a l’air très douloureux.’’‘’...Message reçu, je le préciserai à l’équipe des médics.’’‘’Joy, terminé.’’Balançant le talkie-walkie derrière moi, je me sens presque apaisé. Une sensation assez enivrante, qui ne fait qu’être décuplée, lorsque Dan s’extirpe enfin de son trou en haletant et me fixe, le regard complètement terrifié.
‘’T’..T’oserais pas.’’‘’Il s’appelait Bravo.’’‘’Quoi ?’’*BANG*‘AAAAAAAAAAAAAAAAAAH !’La vache, Henry avait raison, ça a failli me démonter l’épaule, ce truc. En revanche, je suis plutôt fier de moi sur ce coup-là, je visais la jambe, j’ai eu la cuisse. Tandis que le chasseur hurle de douleur en se tortillant au sol, je tends l’arme encore fumante au Pingoleon, qui la broie tout bonnement en la pliant en deux.
Puis, sans me presser, je recommence à fouiller les caisses de matériel, juste avant d’en extirper une trousse de secours. Le regard brulant de douleur et de haine, Dan lève mollement un bras pour me repousser, avant qu’un nouveau hurlement ne le force à plaquer sa main sur sa jambe.
C’est étrange. J’ai déjà pété l’épaule de quelqu’un pour le même genre de raisons et face à la Team Rouage, je n’ai pas vraiment fait de quartier. Mais cette-fois, je n’en tire aucune satisfaction, c’est juste...fait. Et quelque part, ça me rassure presque.
‘’Je te creverais...Tu...Tu vas…’’‘’Te faire un garrot avant que tu te vides de ton sang. Et ensuite, j’vais avoir le plaisir de vous voir tous les trois subir tout ce que vous méritez. ‘’‘’Petit...connard…’’‘’Me tente pas, je pourrais te laisser en tête à tête avec Katara avant qu’ils arrivent. C’est très long, une heure, tu sais.’’********************
Assis dans l’hélico alors que ce dernier commence à s’élever dans les airs, je contemple la fourmilière qui a remplacé le campement : une dizaine de Rangers s’affaire à cataloguer et récupérer toutes les preuves nécessaires, tandis que leurs collègues ont repris ma place en tant que supports de la migration. Lorsque je suis monté dans l’appareil, un léger cri a retentit, juste avant qu’un Pingoleon ne dresse sa nageoire à moitié déchiquetée par les balles dans ma direction...A la prochaine, chef.
Rafale et Recon ont eu l’air complètement dévastés quand Katara les a enfin lâchés, mais les connaissant, ils ne tarderont pas à rebondir. Le simple fait de les voir, comme s’ils laissaient un espace vide entre eux, aura été suffisant pour que je finisse enfin par céder aux larmes.
Tandis que la vallée Sakaï commence à défiler sous les pales de l’appareil et que la mer commence à poindre à l’horizon, je gratte machinalement la tête de Katara d’une main. Même si la Mustéflott siffle de plaisir, son regard est inquiet.
''T'inquiètes pas, amiga, je ne vais pas recraquer.''En revanche, hors de question que je ne lâche même un instant cette petite plume bleutée, avant que le vol ne se termine.
Mon Ipok vibre brièvement, m’obligeant à cesser les caresses (
au grand dam de la Type Eau). Et si le message est court mais simple, sa lecture aura au moins le mérite de me faire sourire.
‘’Demande d’adoption préliminaire acceptée. Examen de moralité requis pour finaliser le processus.’’