Comme chaque été, le deal est plutôt simple. Ilea suit les élèves dans leurs vacances scolaires et profite du cadre comme n’importe lequel d’entre eux, mais en échange elle continue de travailler, avec des horaires allégés bien sûr. Cette année, la recherche de la section Mana et de ses étranges projets lui prend énormément de temps. Heureusement que l’éducatrice peut compter sur l’appui précieux de sa collègue surveillante Fanny dans son enquête.

Seulement, il n’y a pas que ça dans ses tâches quotidiennes. Il y a bien sûr les choses plus classiques, et la surveillance en fait partie. Même si maintenant Fanny en assure une partie, ce n’est pas assez pour tout couvrir. Les deux jeunes femmes se sont organisées en conséquence, assurant le travail pour tout l’été au sein de l’acadméie de Paldea où, tout comme à la PC, des règles en matière de couvre-feu s’appliquent. Des règles qui doivent être respectées par tous, même par ceux qui ne sont pas originaires d’ici.

Pour ce soir, la rousse doit s’occuper de tout ce qui est salles communes et autres lieux de regroupement accessibles normalement uniquement en journée. Fanny a à sa charge les ailes des dortoirs. Electre à ses côtés, la jeune femme, encore en tenue légère vu la chaleur des nuits, parcourt les allées une à une, torche à la main. La nuit vient juste de tomber, et pour éviter de rallumer tout le bâtiment, l’éducatrice se contente de cet accessoire.

Sauf qu’elle n’est pas complètement dupe. Du côté de la bibliothèque, elle perçoit une certaine agitation. La porte n’a pas été complètement refermée par le petit plaisantin. Encore plus facile de réaliser l’intrusion. Méfiante malgré tout, l’adulte s’engouffre dans la bibliothèque à petit pas pour ne pas alterter sur sa présence, refermant derrière elle la porte des lieux.

En revanche, ce cri étouffé puis le boom qui s’en suive n’ont rien de normal. Doucement, Ilea fait signe à Electre de garder la porte tandis qu’elle s’avance à travers les allés, jusqu’à enfin tomber sur l’origine de l’agitation. Lyria pris à parti par un homme inconnu, partiellement masqué, mais dont la tenue l’identifie tout de suite comme un membre de la Section. La rousse voudrait soupirer. Encore eux, et jusque dans l’académie cette fois. Twili a déjà commencé à défendre sa dresseuse armée de sa tête dure, mais il va falloir être un tout petit peu plus persuasif pour que l’intrus soit appréhendé.

— Lâchez tout de suite Lyria, et tout ce que vous tenez dans vos mains. La porte est fermée et gardée par un de mes pokemons. Vous n’avez absolument aucun moyen de sortir de là. Vous feriez mieux de tout lâcher sans faire d’histoire.

Et Lyria, ne fait pas une dinguerie dangereuse dont tu possèdes si bien le secret.

Ilea a beau sembler maitriser la situation, elle n’en reste pas moins complètement tendue. Trouver dans la bibliothèque de leur académie d’accueil l’une de ses élèves réduites au silence par un parfait inconnu à de quoi coller des sueurs froides. L’éducatrice a certes choisi une approche plutôt sûre d’elle pour tenter de dissuader le voleur de tenter quoi que ce soit d’autres, mais en réalité elle ne sait pas dans quelle mesure il est en capacité de se défendre, s’il a des pokemons dangereux avec lui, ou tout autre objet qui pourrait menacer son intégrité physique, mais surtout celle de Lyria.

Sous les assauts répétés de Twili cumulés à la voix assurée de la jeune femme, le voleur choisit une autre stratégie. Brusquement, il pousse le fauteuil de son élève dans sa direction, surement pour la déstabiliser. Chose qui fonctionne puisque la rousse est obligée de reporter toute son attention sur son élève, l’immobilisant juste à temps pour ne pas qu’elle vacille, et accessoirement lui écrase les pieds au passage.

— Ça va Lyria ?!

Heureusement, la jeune fille ne semble pas blessée, c’est le principal. Seulement, il y a toujours un intrus qui court à travers les allées de la bibliothèque de l’académie, et l’éducatrice aimerait bien au moins tout tenter pour lui mettre la main dessus. Et la Mentali a une idée sur ce sujet, même si elle sous-entend quelque chose qu’Ilea note dans un coin de sa tête.

— Alors allons-y, en espérant ne pas arriver trop tard.

Les deux jeunes femmes se déplacent à travers les allées le plus vite possible, Ilea laissant faire son élève manipulant plus que bien son fauteuil. De son côté, l’éducatrice adresse quelques consignes mentales à Electre, en espérant que l’un des 4 assaillants aura l’occasion de lui mettre la main dessus.

Il ne leur faut que peu de temps en réalité pour arriver juste devant la fameuse fenêtre, ouverte. Malheureusement, il a eu le temps de foutre le camp. L’adulte soupire. Ça ne s’est pas joué à grand-chose. Heureusement, sa Mentali tout comme Twili ne sont eux pas restés sur un échec. Dans la gueule d’Electre se trouve le fameux livre volé, tandis que l’Hexadron lui se rapproche de sa dresseuse, tout fier de lui. Ilea se penche un instant pour récupérer le fameux livre, le montrant aussi à la rousse.

— Bon j’imagine que nos pokemons l’ont au moins empêché de partir avec le trésor volé, c’est déjà une bonne nouvelle. Maintenant, peux-tu m’expliquer ce que tu fais hors des horaires dans la bibliothèque, en passant par la fenêtre en plus ?

Son ton n’est pas aussi sévère qu’il le faudrait, et peut-être fait elle preuve de clémence avec son élève. Mais Ilea doit tout de même lui faire comprendre qu’elle ne peut pas briser absolument toutes les règles, même si c’est très tentant par moment, surtout en vacances.

Au final, plus de peur que de mal. Lyria n’a pas été blessée, et ne semble pas traumatisée non plus parce cette micro prise d’otage. Le voleur a fui mais le livre Ecarlate est encore là, objet plus que précieux pour toutes les personnes présentes à l’académie de Paldea. L’éducatrice ne l’a pas lu, mais on dit qu’il renferme mon nombre de secrets et travaux effectués sur la région elle-même. Peut-être que la rousse devrait finalement prendre ce temps, pour comprendre ce qui intéresse autant les deux groupes semant la sisanie ici depuis le début des vacances d’été.

Toujours est-il que maintenant, elle doit réprimander gentiment son élève, complètement hors des horaires de la bibliothèque, et du couvre-feu qui plus est. La jeune femme attend une explication, laissant son élève s’exprimer à sa manière. Même si Lyria est la reine des petites bêtises, Ilea sait bien que pour qu’elle puisse se construite en tant qu’adolescente puis adulte, surtout avec l’enfance qu’elle a passée, elle doit pouvoir s’exprimer librement, que sa voix soit entendue.

Et c’est souvent comme ça que la jeune femme réalise à quel point ce que cette femme a appelé éducation a brisé des choses à l’intérieur de l’enfant. Son explication commence comme tout aveu d’une bétise classique. Mais plus les mots filent et plus ses explications s’emmèlent. Son corps se tend, et évoque même une punition qui ne ferait aucun sens pour les jeunes normaux. Qui enferme sincèrement dans sa chambre son enfant pendant des jours ? La rousse réprime au mieux son dégout, ravale sa salive, puis se met à genoux pour être un peu en dessous de Lyria.

— Lyria, il n’est pas question que je t’enferme dans ta chambre tout l’été, Twilli non plus. Mais tu dois comprendre qu’en cassant le cadenas de la bibliothèque, tu en as compris la sécurité. Je t’accorde que ce n’est pas le plus perfectionné, et qu’il y a eu d’autres incidents avant de ce type. Mais il se pourrait que l’absence de cadenas ait permis au voleur de rentrer encore plus facilement.

La rousse ne prend pas un ton sévère, mais essaie d’expliquer les risques causés par le geste de son élève.

— Au final il ne s’est rien passé de grave, et c’est tant mieux. Mais tu ne dois pas recommencer, même si tes lectures sont très passionnantes. Je suis contente que tu ais trouvé une série que tu aimes ici. Mais la prochaine fois que tu voudras lire plus de 3 tomes en une journée et que la bibliothèque est fermée, viens me voir. J’ai la clé. Je pourrais rentrer, reprendre les livres que tu souhaites, et repartir tout en fermant le cadenas. Ensuite, je les emmènerais dans ta chambre. Est-ce que ça te va comme ça ?

Après avoir obtenu l’approbation de Lyria, la jeune femme sourit et se redresse.

— Maintenant, on va retourner dans ta chambre, et tu vas me raconter en détails de quoi parle cette histoire. Je suis sûre que c’est super pour que tu aimes autant.