12 juillet

Ça faisait longtemps que je n’avais pas mis les pieds sur Adala. Depuis notre départ en fait. J’avoue que je ne pensais pas y revenir. Il faut croire que j’ai parlé trop vite.

Est-ce que je peux écrire ce que je veux sur ce compte-rendu ? Ce n’est pas pour mes cours Agent de toute façon, Monsieur Nahr ne va pas le relire. C’est parce que je suis inscris chez les sportifs qu’on m’a choisis pour représenter la PC sur ce parcours du combattant inter-école. Mais l’option Sportif est tenue par la Générale Jacky, qui elle-même est responsable du pôle Pokeathlète et des Agents. Ils sont partout c’est abusé. Je vais le faire comme un rapport ça sera plus simple.

Le discours d’introduction a été sommaire, suffisant pour présenter l’épreuve. Le 15 juillet aura lieu une compétition pour désigner la meilleure école au parcours du combattant spécialement concocté pour l’occasion. Un jeu bon enfant sur le fond, en tout cas pour les spectateurs. Entre les candidats, une certaine pression s’installe. Représenter son école parmi une dizaine d’autres de l’archipel, ce n’est pas rien. Le risque de ridiculiser son école est non négligeable (tout comme une éventuelle remontrance des professeurs encadrants pour l’échec occasionné).

Aujourd’hui, c’est quartier libre sur Adala. Tous les candidats ne sont pas encore arrivés pour cause de contrainte technique. Alors, pour ne pas briser l’égalité, il a été décidé que nous ne verrions le parcours que demain. Nous aurons alors deux jours pour nous entrainer dessus avant la course officielle qui aura lieu le 15 au matin. L’exercice n’est pas nouveau pour moi, étant régulièrement réalisé lors des cours alloués à l’option Sportif.

La Générale en concocte un nouveau tous les mois, spécialement pour nous pousser à repousser nos limites. Au début, c’était vraiment difficile. Même si ma condition physique n’était pas trop mauvaise, réaliser ce genre de parcours demande une force, une endurance et une agilité particulière. J’ai mangé la boue beaucoup de fois. Mais maintenant ça va mieux. Le parcours ne me parait plus être une horrible torture, et je sens qu’en conséquence mon corps s’adapte. Ça me fait tout drôle d’ailleurs de me sentir réellement musclé, enfin un peu je suis pas un frigo non plus, mais c’est différent de quand j’étais juste au clan aussi. La puberté doit y jouer aussi j’imagine. Bref, ça fait tout drôle.

Nous sommes tous logés aux dortoirs de l’Adala Elite School. Même s’ils sont bien moins remplis que quand la Pokemon Community et l’AES ne faisaient qu’un, ils ont tout de même conservé les chambres pour ce type d’événement. Nous avons tous chacun la nôtre, séparé entre les filles et les garçons. La course aura lieu en 4 fois. Les filles de moins de 15 ans. Les filles de plus de 15 ans. Les garçons de moins de 15 ans, et les garçons de plus de 15 ans. Rien de très choquant pour ce type de discipline. Ne pas tenir compte des différences physiques des uns et des autres n’auraient pas beaucoup de sens. Les pokemons ne sont pas admis. Seul sera jugé nos capacités physiques individuelles.

13 juillet

Le petit déjeuner a été servi à 7 heures. Et à 8 heures 30, le parcours était ouvert. Avant toute chose, l’échauffement s’imposait. Eviter les blessures bien sûr, mais aussi observer les autres candidats. Dans ma catégorie, nous sommes 10, et nous passerons les tous derniers dans deux jours. Nous serons donc naturellement désavantagés par le fait que tout le parcours aura déjà été fait 3 fois, et donc que la boue qui a évidemment été prévue sera étalée partout. Heureusement que je suis équipé de bonnes chaussures pour éviter ce problème.

Normalement, l’académie les fait payer en plus lorsque l’on intègre. Mais comme je suis rentré sur critères sociaux, l’administration me les offre. Heureusement de toute façon parce que ma maman n’aurait jamais eu l’argent pour me payer une paire pareil. Et je n’aurais pas voulu qu’elle le fasse de toute façon.

Pour l’instant, il n’y a pas grand-chose à signaler. Tout le monde prend ses marques sur le parcours et essaie les différents obstacles. Le niveau semble assez hétérogène. Certains ont probablement été désigné un peu au hasard tandis que d’autres présentent des capacités physiques plus impressionnantes.

Mon attention s’est focalisé sur les comportements qui sortiraient des clous. La triche est monnaie courante dans ce type de compétitions où on laisse des adolescents se mesurer les uns aux autres. Porygon a pour charge de surveiller la borne wifi de l’AES ainsi que celle relais à côté. Sait-on jamais que l’un d’entre eux ait l’idée de fouiller sur google pour savoir comment saboter un obstacle à son avantage.

Les différents éléments du parcours ne sont pas très innovants. Des pentes en bois sur lesquelles il faut monter à l’aide d’une corde. Se glisser sous des filets à moitié dans la boue. Traverser des échelles suspendues à bout de bras. Des filets à grimper. Des élastiques par dizaine à traverser. Mais ils ont aussi ajouté des choses plus enfantines, comme faire un morceau du chemin en sac. Le parcours en lui-même n’est pas difficile, il est juste relativement long. Il va davantage s’agir d’une épreuve d’endurance destinée à amuser les spectateurs qu’un parcours sportif de haut niveau.

Pour autant, j’ai pris le temps aujourd’hui de réaliser chacun des obsctales un par un, de la même manière que ce que l’on peut réaliser pendant nos cours Sportifs. J’essaie d’en comprendre la logique, mais aussi toutes les petites difficultés que je pourrais y rencontrer. Il est autorisé de déstabiliser l’adversaire sur un module. Il va donc falloir faire attention au début du parcours à ne pas se laisser déborder par la foule.

Il va aussi falloir que j’attache mes cheveux en une grosse tresse, sinon ils vont absorber toute la boue et me ralentir.

J’ai posé Doudou dans un coin, à peu près à mi-parcours, pour qu’il observe. Sur un malentendu, il verra peut-être quelque chose. Et au pire, il pourra simplement observer le spectacle dans son coin. De toute façon, je pense qu’aujourd’hui il est un peu tôt pour que les potentiels tricheurs cherchent à bouger. Il faudra être plus vigilant demain.

14 juillet

Nouvel échauffement, et deuxième journée d’entrainement. L’ambiance est un peu différente. La compétition s’installe doucement, et les premières petites rivalités se font ressentir. L’AES a toujours été très compétitive. Et comme le parcours se passe à domicile, ils n’hésitent pas à lancer des petites piques à droite à gauche pour animer la galerie. De mon côté, n’ayant pas eu le temps de les connaitre, il ne me dise rien. Mais ce n’est pas le cas pour ma camarade féminine plus âgée qui a vécu ces mois et mois de tensions entre les deux écoles avant mon intégration.

On m’a rapporté de sacrés histoires de cette période. Tous les coups étaient bons pour jeter le discrédit sur l’école voisine. C’est moche quand même d’avoir fait reposer l’enjeu d’une fermeture administrative sur les étudiants. Ce sont des problèmes d’adulte normalement. Ils n’auraient pas dû être impliqué. Tout ça pour qu’au final l’ancien maire s’avère être un fou dangereux qui voulaient favoriser l’école locale pour ses desseins. Les pauvres à l’AES se gardent un héritage peu reluisant. Il n’y a que celui dans ma catégorie qui me dit quelque chose. Un grand métis au sourire ravageur. Il a dû en faire tomber plus d’une. Tristan si j’ai bien retenu son nom.

La compétition n’est pas ce qui m’intéresse le plus. En repassant sur chaque obstacle, je surveille les points de fragilité, ceux qu’ils pourraient être tentant d’abimer volontairement pour tirer avantage de la situation. Du côté de Porygon, rien à signaler. Ils n’ont pas été assez bête pour tenter un plan à la dernière minute. Soit ils ont déjà tout préparé à l’avance, soit ils ne vont rien tenter du tout, et la course va avoir lieu normalement. Quoi qu’il advienne, la vigilance est de rigueur.

Les autres concurrents se préparent aussi. Chez les plus jeunes, filles comme garçons, ils semblent y avoir une certaine solidarité. Ils ont l’air de prendre l’exercice davantage comme un jeu que comme une compétition. Et ils ont raison. Ils ont tous le sourire jusqu’aux oreilles, amusés de se voir couvert de boue et en galère. Chez la vague des plus âgés, les regards amusés et narquois à l’égard des autres participants sont plus révélateurs d’une certaine envie de gagner. Ce n’est pas malsain, mais (un peu trop prise de tête pour moi. J’aurais bien aimé pouvoir faire ça en yolo, mais à cause des cours Agents je vois le mal partout) … ça a le mérite d’être noté.

Moi aussi il faut que je m’entraine sérieusement si je ne veux pas complètement me ridiculiser. Il faudrait au moins que je sois dans les 5 premiers, histoire que la Générale Jackie ne me tire pas les bretelles une fois de retour sur Paldea. En plus, comme on est en vacances, je ne suis plus parfaitement dans le rythme. Bref pas le temps de trainer, j’ai aussi un honneur à défendre un minimum.

Comme les exercices se travaillent individuellement, il est difficile de vraiment comparer l’endurance de chaque candidat. Faire un exercice bien et vite est une bonne chose, mais il faut réussir à tous les enchainer.

Demain verdict.

15 juillet

La course qui devait commencer à 9 heures n’a en fait démarré que 3 heures plus tard. Et pour cause, à notre réveil, nous avons découvert que l’intégralité du parcours avait été couvert d’huile et de savon.

Je n’étais pas en mission agent sur ce coup. Alors je n’ai pas mené l’enquête plus loin en surveillant les allers et venues nocturnes. La tête des encadrants le matin de la course était à mourir de rire. On pouvait lire le dépit sur leur visage. Pour tester à quel point la surface avait été rendu glissante, j’ai posé Doudou en haut de l’une des pentes en bois. Au lieu de rouler, il a réellement glissé. Ça a bien fait rire tout le monde.

Les produits utilisés étaient complètement incrustés dans les structures. Un simple lavage au jet d’eau puissant n’aurait pas suffi à tout enlever. En réponse, les chaussures de toutes les écoles ont été inspectées, et aucune n’était adaptée pour réussir ce parcours dans ces conditions. La manipulation ne profitait à absolument personne.

Naturellement, les recherches se sont tournées vers les spectateurs. Les participants étions exclus de la manœuvre, simplement assis en tailleur non loin de la piste en attendant le retour des organisateurs.

On en a profité pour discuter, jouer au Uno et parler de manière générale de tout et n’importe quoi. Quand on prend le temps de tous se poser, la compétition s’eclipse, et plus jeune comme plus âgé trouvent leur compte. Doudou a été particulière appréciée par les plus jeunes élèves. Il n’apprécie pas forcément être trainé de bras en bras, mais les participants ont fait preuve de beaucoup de douceur avec lui. Les yeux humides ne se sont pas transformés en sanglot, c’est une bonne nouvelle.

Après près de deux heures d’enquête, l’explication a fini par tomber. Quelques riverains ont endommagé le parcours pour permettre son annulation. Ils pensaient que la fête allait provoquer trop de désordre, surtout au vu du passif de l’AES dans le cadre de rivalité scolaire, et ont essayé de l’empêcher à leur manière. Les services de la mairie les ont réprimandés, mais restait en suspens la question de la course.

Tout annuler embêtait bien tout le monde. Et nous les participants avions bien envie d’y participer à cette course. Alors, avec l’aide des organisateurs, a été décidé un compromis. Nous avons tous été équipés des meilleures chaussures antidérapantes possibles, ainsi que d’un casque, de coudières et de genouillères. Puis, il était temps de s’élancer.

Les parcours ont donc eu lieu. Les chronos ont été longs, mais toutes les courses se sont faites, sous le regard enthousiasmé de la partie de la population heureuse de cette animation. La compétition a laissé place à l’amusement bon enfant. Les plus grands sont même allés aider directement sur la piste les plus petits qui n’arrivaient pas à passer un obstacle à cause du savon. La petite compétition sportive s’est transformée en kermesse, pour le plus grand bonheur de tous.

Regardez toutes les courses a été hilarant. Les chutes n’en finissaient plus, donnant du sens à toutes les protections obligatoires. J’ai fini à plusieurs reprises sur la piste pour aider d’autres personnes, avant que moi-même je ne débute la course. J’ai beaucoup ris, et par miracle je suis arrivé troisième. Dernière marche du podium certes, mais sur le podium quand même. La Générale ne pourra pas m’engueuler à mon retour.

Au final, cette journée a été très drôle, bien plus que ce qui s’annonçait à la base.