GINJI LABELVI

« La fin du début (ou l’inverse, peu importe) »

J’expire un bon coup. Croisant mes doigts entre eux, j’étire mes bras sur toute leur longueur.

« -Ouf… C’est terminé pour aujourd’hui ! On va pouvoir rentrer !
-Pachi!  Pachirisu, pa ! »

Exténuée, et couverte de poussière, White Lady peste en tout sens. Il faut dire que l’environnement poisseux et humide de cette mine n’est pas l’endroit idéal pour une Pachirisu précieuse comme elle.

« -Ne t’inquiètes pas ! T’auras le droit à un bon bain, une fois rentrés... » je lève un pouce en l’air « Mais je suis fier de toi ! Tu as tenu bon l’entraînement, malgré le cadre ! »

Elle croise les bras, et souffle du museau en signe de mépris. Je pense qu’elle ne me pardonnera jamais de l’avoir forcée à s’exercer dans un tel décor, quand bien même elle a pu se dépenser à fond.

« -Sprint ! Elecsprint ! »

Afin de la soulager, Thoron s’approche gaiement d’elle, et lui assène un bon gros coup de langue. Si l’objectif de base est de l’aider à faire sa toilette, je crains que la Pachirisu ne soit encore plus dégoûtée par toute cette salive. Tant bien que mal, elle lutte contre cette boule de poil surexcitée, tout en protestant à grand renfort de cris.

« -ToooOOOooon.
-Hmm ? »

Distrait par cette scène, je suis rappelé à l’ordre par Théo, mon Magnéton, qui cherche à attirer mon attention sur mon sac. Je ramasse ce dernier, posé à même le sol, et constate que mon Ipok vibre à l’intérieur.

« -Ah… Merci ! C’est Erika, j’espère que tout va bien à la maison. »

Je décroche pour répondre à l’appel de ma fiancée. En même temps que je lui parle, mes trois compagnons et moi-même prenons la route en direction de la sortie des galeries.

« -Oui ne t’en fais pas, nous venons juste de finir. Le temps de sortir et de décoller, on devrait en avoir pour… Une heure ? Une heure trente ?… Hm ? La tétine de Valériane ?… Hum… Je l’ai pas laissée dans son lit ?… Ah ! »

Je m’immobilise d’un seul coup, et de ma main de libre, me frappe le front.

« -Je l’avais glissée dans mon sac, le temps de poser la petite ! Désolé, je dois encore l’avoir avec moi… Oui ! Pardon ! C’est de ma faute, je suis tête en l’air… Je te la ramène au plus vite, je sais à quel point elle peut être… Bruyante, sans elle… Oui… Tiens bon chérie ! On arrive ! Je vous aime… ! Bisous… ! »

Je raccroche, puis lâche un râle exaspéré. Quel idiot je fais, des fois ! J’ai emmenée la sucette de ma fille plutôt que de la ranger à sa place… Enfin, je vais vérifier, mais si je ne dis pas de bêtise… Elle devrait être dans cette poche… Hm ? Non ? Peut-être dans celle-là, alors… ? Hmm ?! Non plus ?! Mais alors… Elle est où ?!

« -Oooh… Misère, ne me dîtes pas que je l’ai faite tomber pendant notre entraînement ! Ou pire, pendant qu’on volait jusqu’à Leiar… ?! Ah ! Arceus ! Qu’est-ce que je vais faire ? Si je fais un détour pour en acheter une neuve, Valériane va forcément s’en rendre compte ! Elle va continuer de chouiner, c’est sûr ! Aaaaah, pourquoi je suis aussi stupide… ? »

Mes trois Pokémon m’observent d’un air perplexe, incertains quant à la gravité de la situation. Mais, et alors que je fouille frénétiquement dans mon sac…

Le son d’un flambeau qu’on allume résonne dans la grotte.

Nous relevons tous les quatre la tête, en direction d’une galerie proche. Alors qu’elle était plongée dans le noir il y a un instant encore, une succession de torche éclaire désormais son passage… Méfiant, je me désintéresse de mon sac, et avance prudemment dans leur direction.

« -Euuuuuh… Il y a quelqu’un ? »

En tout cas, si cette personne cherche à me tendre un piège… C’est réussi ! Je fonce en plein dedans. Je suis bien trop intrigué par cette apparition soudaine pour l’ignorer ! Thoron est même encore plus excité que moi, puisqu’il finit par me passer devant en courant, là où Théo et White Lady me suivent plus précautionneusement.

Mais à force de suivre le chemin de flambeau, nous finissons par atterrir sur une caverne plus spacieuse. Les cristaux en son sein sont plus nombreux que partout ailleurs dans la grotte. Les torches y sont également présentes en plus grande quantité, et mettent en avant un départ de rail, ainsi qu’un wagon. Ce dernier a pour destination une ouverture qui elle, est plongée dans les ténèbres. Pour finir, des traces de peintures mystiques sont visibles ci et là, colorant les parois, rochers, et même certaines pierres précieuses.

« -Qu’est-ce que… ?
-Embarquez à bord, et vous vous enfoncerez dans les profondeurs de l’île...
-… ! »

Mes trois compagnons et moi-même nous retournons d’un même mouvement, lorsqu’une voix émane de derrière nous. Nous n’avons absolument pas entendu ni senti sa présence, jusqu’à tant qu’il ait pris la parole. C’est un être encapuchonné, dont le corps est intégralement recouvert par une large cape sombre. Tout ce que l’on peut réellement cerner sont ses yeux. Aucune autre partie de son corps n’est visible.  

« -On raconte que l’objet de vos convoitises se trouve en son cœur… Encore faudra-t-il vous en montrer digne. »

Ma bouche s’entrouvre après qu’il ait continué son explication. Enthousiasmé, je désigne de l’index l’ouverture où mène les rails.

« -Vous voulez dire que… La tétine de ma fille se trouve par là-bas ?! »

Mon interruption semble le prendre de court. Le mystérieux individu perd même un peu de sa contenance.

« -… La… Tétine de… ? »

Mais il s’arrête de parler lorsque je fais un pas pour m’approcher. De façon quelque peu indélicate, je cherche à voir au travers de sa capuche.

« -Dîtes… Vous ne seriez pas… ?
-... »

A peine me suis-je avancé qu’il recule. J’ignore comment il fait, mais il parvient à maintenir son corps dans l’ombre, même malgré les torches. Pour connaître aussi bien le placement de la lumière, il doit être celui qui a planté puis allumé ces flambeaux…

Je comprends qu’en l’état, je n’aurai le droit de voir que ses deux yeux, dont la lueur rougeoyante perce à travers la pénombre. Je lève mes deux mains en signe de passivité, et recule donc.

« -Laissez tomber. Si vous me dîtes que vous avez vu la tétine de ma fille par là-bas, je vous crois ! »

Un parfait inconnu ne peut pas inventer une histoire pareille sans un fond de vérité ! Je me détourne, et d’un bond, prends place dans le wagon.

« -Allez ! Grimpez, vous autres ! On récupère la sucette et fissa !
-Sprint ! »

Thoron aboie, et me suit sans hésiter une seule seconde. Une résonance métallique retentit lorsqu’il saute à l’intérieur du wagon, et qu’il laisse ses deux pattes dépasser à l’avant. Théo, plus flegmatique, se contente de voler jusqu’à nous, puis de se laisser tomber à l’intérieur.

Seule White Lady reste en dehors. Via ses petits cris aigus, elle désigne le chemin retour de la patte.

« -Pachi ! Pachirisu ! »

J’appose mon coude sur la paroi du wagon, et la toise.

« -Écoute… Je sais que tu veux sortir d’ici, mais il faut absolument qu’on récupère sa tétine !… Ok, si tu nous aides, je te promets qu’on ira t’acheter un nouvel accessoire en ville ! »

La Pachirisu appose ses deux pattes sur les hanches, et me toise avec sévérité. J’ai l’impression que se faire acheter de la sorte ne lui plaît pas trop.

Elle finit cependant par abaisser une patte en signe d’accord, et grimpe à son tour.

« -Risu...
-Parfait ! Alors on est bon ! »

J’appose ma main sur le levier situé au centre du wagon, et me tourne vers l’inconnu encapuchonné.

« -Dîtes, c’est sécurisé, au moins… ? »

Je perçois ses yeux qui se plissent.

« -Pour triompher, la clé ne sera pas la force, mais votre cohé…
-Ça veut dire oui ! Les gars, ON EST PARTIS ! »

Une fois sa confirmation obtenue, j’enclenche le levier. Celui-ci émet un crissement métallique, avant que le wagon ne s’ébranle. On sent que les roues se sont débloquées, et ces dernières commencent à nous entraîner sur les rails…

L’instant d’après, le wagon nous propulse dans l’entrée béante, et nous plonge dans le noir total.

Valériane… Je te promets de te ramener ta tétine ! Foi de Papa !

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« La fin du début (ou l’inverse, peu importe) »

« -Yahoooo ! »

On se croirait de retour à l’arène d’Inezia ! Enfin, l’ancienne, du moins ! En tout cas, les sensations d’une montagne russe sont bien présentes ! La… Stabilité en moins, peut-être…

« -Spriiiiiiint !
-PACHIIIIIIII ?! »

Là où Thoron hurle de joie, White Lady, elle, serre les quenottes bien forts. De Théo, on ne perçoit que les trois yeux inflexibles qui percent au travers du noir. Vraiment imperturbable, celui-là…

« -… ? »

Alors que le wagon avance à vive allure, les rails reprennent une trajectoire plus plate, et il ralentit peu à peu. Au loin, je constate qu’une lumière naturelle éclaire la suite du chemin… L’extérieur ? Déjà ? On n’est pas censés se diriger vers les profondeurs… ?

A force de ralentir, le wagon finit par s’arrêter. Et heureusement ! Car sur le reste du trajet…

« -Spinda !
-Spin !
-Spinda ! Da !
-Spinda ?
-Da !
-… ?! »

C’est quoi… Cette armada de Spinda ?!

Il semble que les rails passent par une caverne, dont le toit ouvert laisse passer la lumière du soleil. Cela forme une vaste grotte dans laquelle l’eau a pu s’accumuler dans un coin, et la végétation pousser de l’autre. Une horde entière de Spinda, contenant des dizaines, voire, des centaines d’individus, a élu domicile en son sein.…

.. Et une partie d’entre eux s’est installée sur les rails !

Ils ne semblent absolument pas perturbés par notre arrivée, et vaquent tranquillement à leurs occupations. S’ils s’étaient montrés agressifs, on aurait pu les écarter à grand renfort d’attaques éclairs, mais je m’en voudrai d’y avoir recours alors qu’ils ne font rien de mal… Perplexe, j’active le frein du wagon, et quitte ce dernier.

« -Spi… *SNIF*… Spin… *SNIF*… Spinda… ! »

A peine ai-je posé pied à terre que mon attention est attirée par le Spinda le plus proche. Le petit bonhomme a actuellement les yeux rougies par les larmes, et observe le reste de la horde avec désarroi. Avec toute la délicatesse du monde, je m’en approche, et m’accroupis pour être le plus à sa hauteur possible.

« -Coucou toi… Il y a un problème ? »

Le Pokémon lève ses grands yeux larmoyant vers moi, et acquiesce tout doucement. Il saisit un bâton, et malgré sa démarche approximative, il parvient à tracer quelque chose sur le sol. Visiblement très doué de sa patte, il me dessine la silhouette d’un Spinda, en mettant l’accent sur ses tâches. Je comprends assez rapidement où il veut en venir.

« -… Tu cherches un de tes semblables ? Ça ne devrait pas être difficile, ils sont tous rassemblés ic- »

Au moment où je relève la tête, et que mon attention se dirige sur cet amalgame pelucheux à la fourrure beige et rouge, je m’interromps. Mon regard se pose un instant sur le dessin, puis le compare à la foule. Alors, je plisse les yeux.

Ok. Ce n’est peut-être pas aussi simple qu’il n’y paraît.

En tout cas… Pour lui et moi, et nos visions… Limitées.

Sur le ton de la confidence, je m’accroupis à nouveau.

« -Dis… Si on te file un coup de patte, tu pourrais demander à tes copains de s’écarter ? »

Du pouce, je lui désigne les rails, et les divers Spinda rassemblés dessus. Il acquiesce tout doucement, bien qu’incertain, mais cette confirmation me suffit amplement. Je me relève, et me tourne vers le wagon, où mes trois Pokémon m’attendent toujours.

« -Théo ! On a besoin de toi ! »

Placide, le Magnéton enclenche sa lévitation, et quitte le wagon pour nous rejoindre. Je lui indique alors le dessin au sol.

« -Un petit scan, de tes trois yeux, c’est possible ?
-MaaAAgnétoOOn. »

Son cri métallique me confirme sa pleine coopération. Il se penche un instant sur le dessin, passe quelques secondes à l’analyser, puis s’en désintéresse. Profitant de sa capacité à léviter, il s’élève ensuite par dessus la foule, et se place au centre de la caverne.

C’est là que la magie opère. Bien que ce ne soit que de quelques millimètres, les trois yeux qui le composent se détachent des uns des autres, et pivotent sur eux-même. Chacun d’entre eux utilisent un axe de rotation différent, de sorte que leur vision couvre l’ensemble de la caverne.

« -… Magné ! »

Au bout d’un instant les trois têtes se rassemblent, et forment de nouveau un même bloc. Puis Théo s’éloigne, sans nous donner plus d’indication.

« -… Spin ?
-T’en fais pas, bonhomme. Il ne devrait pas tarder à... »

Un cri indigné retentit depuis l’autre côté de la grotte. La seconde d’après, Théo survole en sens inverse la marée de Spinda… Avec l’un d’entre eux, immobilisé entre ses aimants.

« -… Ah ! Trouvé ! »

Délicatement, Théo vient déposer sa cible juste devant nous. Ce dernier semble d’abord confus, et ne comprend pas trop ce qu’il fait là, mais son visage s’illumine en reconnaissant son partenaire/parent/ami/quelquesoitleurlien. Les deux Spinda se prennent immédiatement dans les bras l’un l’autre, sous nos regards, attendri pour ma part, indifférent pour Théo.

Cela ne m’empêche pas d’accoler mon poing à la paroi métallique de mon partenaire.

« -T’es trop fort.
-ToooOOOn. ~ »

L’instant d’après, Théo et moi reprenions place dans les wagons. Les deux Spinda que nous avons réunis se sont postés en hauteur, sur des rochers de part et d’autres des rails. Tout en effectuant leur étrange danse, ils semblent donner des indications à leurs semblables.

« -Spiiiin… ♪
-… Daaaa ! ♫ »

Mus par un étrange esprit de ruche, les Spinda s’écartent alors de la trajectoire du wagon. Je réalise ensuite que d’autres se sont rassemblés à l’arrière du celui-ci, et ont apposé leurs pattes dessus. Je souris en comprenant où ils veulent en venir.

« -… Merci les gars !
-Elec !
-MAAgné ! »

Thoron et Théo les remercient à leur tour. J’abaisse ensuite le levier pour désenclencher le frein du wagon… Qui est instantanément poussé par la force combinée des Spinda.

Très vite, notre trajectoire nous fait quitter la caverne, et nous replonge dans l’obscurité.

Ok… On est repartis !

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« La fin du début (ou l’inverse, peu importe) »

Ce système de wagon est génial ! J’aurai su, je m’en serai servi plus tôt pour nos déplacements… Enfin, je dis ça, mais peut-on remonter avec… ? D’ailleurs, maintenant que j’y pense… Ce n’est pas un peu bizarre que la tétine de ma fille se retrouve au fond de la mine ? Je veux dire… Nous ne nous sommes tout de même pas entraînés si profondément dans les galeries… Si ?

« -SPRINT ! Sprint !
-.. TooOOn ?!
-… ?! »

Je suis tiré de mes pensées par les aboiements de mon Elecsprint. Celui-ci a repéré quelque chose en amont des rails, et après nous avoir prévenu, Théo s’est immédiatement jeté sur le levier du wagon. Avec l’un de ses aimants, il l’attire vers lui, et enclenche le système de frein. En un crissement fort désagréable, nous perdons peu à peu de l’allure, tandis que je cherche à comprendre ce qu’il se passe.

BONK !

… Ah, bah on vient de piler net. Grâce à notre perte de vitesse, l’obstacle que nous venons de percuter ne nous a pas fait éjecter du wagon. Nous avons juste rebondi dessus, pour ensuite revenir nous coller à lui.

Puisque nous sommes dans une galerie fermée, je n’y vois quedale. J’essaye de plisser les yeux pour voir au travers de l’obscurité, mais…. Nop, je n’ai toujours pas développé de super pouvoir.

« -White Lady ?
-Chi, chi... »

En un soupir, la Pachirisu frotte frénétiquement ses joues, et génère subitement une forte lumière grâce à la capacité Flash. J’ai besoin d’un instant pour m’habituer à la nouvelle luminosité, mais dès que c’est fait, je me penche à l’avant de notre wagon, et...

« -… Oh ! Des minis Goldfroy ! »

En effet, notre wagon vient de se faire arrêter par une horde entière de Racaillou. Empilés les uns sur les autres, ils n’ont même pas bronché quand nous leur sommes rentrés dedans. C’est moi ou ils ont l’air… Exténué ? Est-ce qu’ils viennent juste de s’exercer ? Ce n’est pas impossible, mais… Ça ne m’arrange pas, moi !

« -… Eh ! Les petits gars ! Vous voudriez pas vous décaler…. Juste un petit peu ? Il faut qu’on passe…
-Caillou... »

Pour toute réponse, j’ai le droit à un mouvement de la main nonchalant. Dépité, je me laisse retomber dans le wagon.

« -Hum… Je vois. On pourrait les déplacer manuellement, mais… On est déjà bien fatigués par l’entraînement, et de toute façon, la galerie est exiguë… Je pourrai leur donner de quoi les requinquer, mais… Je n’aurai clairement pas assez de baies ! Rah, si seulement je pouvais les convaincre de se bouger un peu... »

Je me gratte le menton, plongé dans une profonde réflexion. Subitement, je redresse la tête, et claque des doigts.

« -Ah ! Je sais ! » je tends le bras, et désigne les Racaillou de l’index « Thoron… »

Je souris, narquois.

« -Hurlement. »

Dès qu’elle entend ça, White Lady affiche une mine horrifiée, et se bouche les oreilles. Quant à Théo, il détourne le regard et ferme les yeux, prêt à encaisser le choc. Mon Elecsprint, quant à lui, jappe gaiement, avant de prendre une profonde inspiration…

Et…

« -SPRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINT ! »

D’un même mouvement, les Racaillou sursautent, brusquement tirés de leur léthargie. Paniqués, ils commencent à se disperser, et regagnent les recoins obscurs de la galerie… Voilà ! Une attaque qui fait fuir les Pokémon sauvages ! Il fallait simplement trouver de quoi les motiver…

Satisfait, j’ébouriffe la tête de mon Pokémon lorsqu’il a fini de hurler. C’est un plaisir que je ne lui autorise que rarement, quand nous sommes en ville… Donc, il est content d’avoir pu s’en donner à cœur joie.

De l’autre main, je réactive le levier. La voie étant désormais dégagée, le wagon peut reprendre sa course…

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« La fin du début (ou l’inverse, peu importe) »

Un grincement résonne à mesure que le wagon ralentit. Cette fois, non seulement, le terrain s’est aplani… Mais en plus…

« -… Nous sommes arrivés ? »

Théo, White Lady, Thoron et moi-même observons la fin des rails. On dirait que le wagon ne va pas plus loin que cette immense caverne… Nous descendons donc, et analysons les alentours. Sommes-nous arrivés au fond ? C’est difficile à dire. D’un son, le Magnéton m’indique alors une direction.

« -Hm ?… Oh ! »

Plus loin dans la caverne se trouve un second wagon. Les rails sur lesquels il se trouve semblent continuer à descendre… Il doit s’agir d’une sorte de correspondance. Bien ! Continuons, donc. Je fais signe à mes trois partenaires de me suivre en sa direction, mais d’un coup, une immense silhouette surgit de l’obscurité.

« -Kiiiiiiing…. »

Un impressionnant Nidoking apparaît. Il se place pile entre nous et le second wagon, prêt à en décou… ! Ah non, pas du tout. Il est au bord des larmes… Pourquoi donc ? Je me penche sur le côté pour aviser la suite des rails, juste derrière lui. Il ne veut pas, je ne sais pas… Aller pleurer ailleurs ? Non ? Bon… Je suppose qu’on ne va pas non plus faire toute l’exploration à grands renforts d’attaque Hurlement…

« -Qu’est-ce qui se passe, mon gaillard ? Toi aussi, t’as perdu un copain ? T’aurais pas vu une tétine, par hasard…? »

Le Nidoking renifle un coup, et du menton, me désigne une autre extrémité de la caverne. Au fond de celle-ci, je constate qu’une Nidoqueen s’est nonchalamment allongée, et ausculte ses griffes avec une expression suffisante sur le visage. Elle n’a pas l’air très intéressée par son homologue mâle… Oh ! Les visages de White Lady et moi-même nous éclairons en comprenant où il veut en venir.

« -Pachi…?
-… Une histoire de cœur ? »  

Il acquiesce tristement. Je fais un mouvement nonchalant, et… Viens passer mon bras autour de l’épaule du Nidoking.

« -T’en fais pas, mon grand ! En tant qu’homme fiancé et père de famille, je suis tout à fait à même de t’aider… ! »  

White Lady, pour sa part, grimpe sur son bras pour se positionner sur son autre épaule. Ensuite, elle se désigne elle-même de la patte, confiante.

« -Pachi ! Pachirisu, pachi, risu pachi… ! »

Le Nidoking nous regarde tour à tour, une lueur d’espoir dans les yeux. De ma main de libre, je lui tapote le torse.

« -Ce qu’il faut, c’est que tu lui montres ce que tu as au fond de ton cœur. La sincérité, c’est la base d’une relation saine…  »  

White Lady, pour sa part, déploie son ombrelle, et la montre au Pokémon sauvage.

« -Pachirisu, pachi. Risu pachirisu ! »

Je lance un regard perplexe à ma partenaire.

« -Un cadeau ? Mais non, enfin ! Ça, c’est du superflu… »  

La concernée plisse les yeux.

« -Risu, pachirisu… ! »

Alors je fronce les sourcils.

« -Il doit d’abord lui dire ce qu’il a sur le cœur ! »  

Elle croise les bras.

« -Pachirisu ! Pachirisu, pachi pachirisu ! »

J’insiste.

« -On est en 2023, White Lady…. Ce n’est pas avec du superficiel que tu vas attendrir une femme ! »  

Mais White Lady campe sur ses positions.

« -Risu, pachirisu ! Pachirisu ! Pachirisu, risu pachi !
-Mais non enfin ! Regarde, Erika et moi… !  
-Pachirisu, pachi ?!
-Bien sûr que si, ça a un rapport !  
-Pachi, pachirisu pachi !
-Donc parce que tu es une femelle, tu t’y connais forcément mieux ?!  
-Risu !
-N’importe quoi !  
-Chi !
-Non !  
-Pachi !
-Et moi je te dis : la sincérité !
-Pachirisu !
-… Ni… Nidoking…? »

Avec moi d’un côté, et White Lady de l’autre, le pauvre Nidoking se retrouve pris entre deux feux. Il ose à peine se manifester au milieu de notre dispute qui vise à savoir qui devrait faire office de conseiller amoureux. Nous sommes tellement occupés à nous crêper le chignon que nous ne remarquons même pas, à contrario de Thoron et Théo, le mouvement qui provient du fond de la grotte…

Une ombre bien plus massive et imposante que celle du Nidoking vient nous surplomber. Nous ne remarquons sa présence que lorsqu’elle nous dévisage avec fureur : visiblement, la-dite Nidoqueen n’apprécie pas trop que l’on tourmente ainsi son ami.

« -Queeeeeeeen.
-... !
-… ! »

White Lady et moi-même nous interrompons lorsqu’elle nous foudroie du regard. Elle nous attrape tous les deux par le col, nous soulève du Nidoking, et, machinalement… Nous jette dans le wagon juste derrière.

« -NIDOQUEEN ! »

Un bruit métallique résonne tandis que nous percutons ses parois. Le choc est peu agréable ; White Lady et moi-même devons prendre un instant pour nous redresser.

« -Hey ! On essaye juste d’aider !
-Pachi ! Pachirisu ! »

Après avoir contourné les deux Pokémon sauvages, Thoron et Théo prennent tranquillement place dans le wagon. Pendant que le Magnéton enclenche le levier, White Lady et moi fulminons à l’encontre du couple.

« -A la prochaine scène de ménage, vous vous débrouillez !
-Risu, pachirisu ! »

Le wagon s’ébranle, et nous reprenons notre descente dans les mines. Après avoir croisé les bras, la Pachirisu et moi-même nous asseyons côte à côte.

« -Ingrats.
-Risu. »

Dernière fois que je donne des conseils de couple, moi.