Les respirations s’espacent enfin, permettant au garçon de se décrisper un peu. Les jambes toujours blottis contre lui, il arrive enfin à relever les yeux, jusque-là dirigés contre la couverture sur laquelle il est assis, fuyant fatalement son environnement. Le gitan parvint également à sentir la présence de Doudou à ses côtés, qui a attendu patiemment que la crise passe, malheureusement habitué ces derniers temps.

Une nouvelle crise de panique s’achève enfin. La 3ème de la semaine. A chaque fois c’est la même chose, le même schéma. Sa journée s’est à peu près bien déroulée. Il a réussi à feinter tout ce qu’il a pu et à rester à peu près éveillé, il sait qu’on l’a à l’œil. Il a ensuite épuisé tous ses mécanismes pour ne pas aller se coucher en trainant avec les amis ou copine. Et une fois revenu dans sa chambre, espérant réussir à fermer l’œil, les angoisses le dévorent à peine est-il entré en contact avec son lit. Rageusement, il essuie les quelques larmes qui ont perlé au coin de ses yeux pendant sa crise, essayant de mettre ça de côté, de ne pas penser à l’inévitable.

Pour ce soir, il n’a plus qu’à continuer à lire, encore un peu, jusqu’à ce qu’une vision s’impose à son esprit. Une vision où cette fois-ci il assistera à la mort d’un pokemon, blessé mortellement lors d’un combat.

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Il lui reste encore une grosse demi-heure avant la reprise des cours de l’après-midi. Le repas terminé, Itzan s’est éclipsé auprès de ses amis, prétextant devoir aller chercher quelque chose dans sa chambre. Il n’en était rien, puisqu’il a simplement retrouvé sa cachette de ces derniers jours, une remise où personne ne vient jamais. Là-bas, dans la pénombre, il s’assoit à même le sol, le dos appuyé contre le mur, soupirant. Machinalement, il rabat ses jambes vers lui et laisse sa tête se poser sur ses genoux, encadrée par ses cheveux lâchés.

Le maquillage est un très bel artifice qu’il maitrise à la perfection. Mais ça ne remplace la réalité. Il ne dort pas. Il n’y arrive plus. C’est un fait avec lequel il vit depuis plusieurs semaines. Seulement, pour palier, il a trouvé un petit stratagème. Les micro siestes. L’espace de 20 minutes, caché là où personne ne pourra le voir, il arrive à s’assoupir, à laisser ses pensées divaguer vers un état de demi conscience où il trouve une forme de repos. C’est court, vraiment court, mais c’est un temps où les esprits nocturnes ne le possèdent pas. Comme si même pour eux, il était caché.

Alors il déclenche son alarme, et se laisse aspirer par ce moment où ses pensées se remettent un tout petit peu en ordre. Chaque minute sonne comme un soulagement. Des minutes qu’il n’aura pas cette nuit, mais qu’il aura maintenant. Mais des minutes qui ne lui permettront malheureusement pas de se passer de ce produit dopant qui lui donne le coup de fouet nécessaire pour passer l’après-midi. Ce produit qu’il consomme depuis déjà une semaine l’aide à affronter ces longues journées de cours où il ne peut pas se permettre de s’endormir sur la table. Pour l’instant les professeurs n’ont rien vu, le laissent se gérer comme ils l’ont toujours fait.

Un comportement qui ne l’aide pas forcément à réaliser l’ampleur du problème, et surtout d’à quel point il fonce droit dans le mur.

Pour l’instant, le gitan continue de se noyer dans le mensonge, sans porte de sortie. A-t-il probablement l’espoir que les choses se calmeront d’elles-mêmes, quand les esprits n’auront plus de mort à lui montrer.

Mais combien de temps cela va-t-il prendre ? Et le supportera-t-il suffisamment longtemps ? Rien n’est moins sûr.