J'allais participer à une sortie capture, ma toute première, au mois de Novembre. Certains pourraient trouver cela tout à fait curieux, mais pour moi cela allait de soi. Après tout, mon compagnon était d'un naturel très timide et il craignait quelque peu les affrontements Pokémon. Ainsi, l'idée de se retrouver catapulté avec moi en pleine nature pour aller se battre contre des Pokémons sauvages ne semblait pas beaucoup lui plaire et donc, à chaque sortie capture qui passait, je lui avais demandé s'il était prêt à y aller cette fois. Au final, il avait cette fois accepté. Il semblait encore un peu incertain, mais il tentait de le dissimuler et de se montrer brave pour l'épreuve qui nous attendait. Serrés l'un contre l'autre sur un banc, sur le pont du ferry, il me laissait me réchauffer les mains auprès de sa flamme et d'autres élèves demandèrent à en faire de même, ce que nous acceptâmes bien évidemment. Le trajet se passa donc sans plus d'anecdotes et, après deux heures de navigation, nous gagnâmes l'île Maron.
Shouen' se dissimula derrière mes jambes, jetant seulement un regard peu assuré vers l'île. Pour ma part, je demeurai interdite. Cet endroit était tout sauf hospitalier. Je restai pensive. L'endroit était certes boueux, il faudrait faire très attention à la flamme de mon salamèche et donc, naturellement, une idée me vint. Je me tournai vers mon petit compagnon avec un doux sourire encourageant afin de lui partager mon projet.
- Grimpe sur mon dos si tu veux. Tu as de toutes petites jambes après tout, et ce sera plus sécuritaire pour ta flamme.
Il sembla se faire hésitant. Son regard se dirigea d'abord vers le périple qui nous attendait, puis vers moi, puis encore vers l'île. Au final, il accepta avec un air résigné, n'aimant pas l'idée probablement. Il faisait tant d'efforts pour devenir un Pokémon indépendant, mais il demeurait encore jeune et je préférais le protéger plutôt que de le laisser en proie à un certain danger. Je lui caressai le dessus de la tête avec délicatesse, pour le rassurer et lui faire comprendre qu'il n'y avait là rien de mal.
- De toute façon un jour ce sera bien l'inverse, n'est-ce pas? Mais en attendant, je m'occupe de tout!
Sur ce, je posai un genou au sol et laissai le petit Pokémon feu grimper dans mon dos. Je le retins de mes bras et, sans plus attendre, nous quittâmes le bateau. Le sol était boueux et mon avancée était lente, mais les encouragements de Shouen' me poussaient à continuer. Il scrutait d'ailleurs les environs, à la recherche d'un Pokémon et donc d'un éventuel camarade en plus. À nous deux, si nous procédions en équipe, nous réussirions notre entreprise, même si nous n'avions que deux pokéball à disposition. C'était simplement une question de confiance et de détermination et ça, je n'en manquais pas.
Il faut le dire, l'avancée était des plus ardues. Mon pokémon feu s'agrippait à moi et je devinais déjà son air coupable. Tout ça parce qu'il n'aimait pas devoir dépendre de moi, il était réellement mignon. Au final, ça me faisait même plaisir de prendre soin de lui puisque je savais qu'il me le rendrait bien. Plus je lui offrais mon affection, plus j'avais l'impression qu'il deviendrait un jour un grand et puissant dragon, prêt à tout pour me défendre. Je ne visais rien de moins pour lui. Je percevais déjà son potentiel et j'allais l'aider, de toutes les façons possibles, à se réaliser. Néanmoins, j'avais aussi l'objectif de me développer une vaste et puissante équipe de Pokémon et c'est justement ce pour quoi nous étions là. Plissant les yeux, je tentai de repérer un Pokémon. Au final, c'est à l'oreille que je su que nous étions suivis. M'arrêtant, je tournai la tête vers l'arrière et Shouen' en fit de même. C'est là que nous vîmes le petit grelot.
N'ayant jamais vu ce pokémon auparavant, je me munis de mon iPok, désireuse de connaître les diverses informations qu'il contenait à son sujet. Korillon, pokémon de type psy. Il n'avait pas l'air très puissant et il n'avait rien d'un dragon, je n'avais donc que très peu d'intérêt à le capturer. Néanmoins, je me dis qu'il ferait sans doute un très bon premier adversaire pour Shouen'. J'échangeai un regard avec le salamèche et il acquiesça, bien qu'il n'avait pas l'air très convaincu. Je me penchai donc et le laissai rejoindre le sol avant de me tourner vers le nouvel arrivant qui, un peu intimidé, recula. Mon starter sembla prendre une longue inspiration, pour se préparer mentalement au combat. De son côté, le Korillon semblait hésiter. Il avait l'air de vouloir se rapprocher, mais en même temps il avait peur que nous l'attaquions. Shouen' tourna son regard vers moi, l'air de me demander si nous étions vraiment obligés de faire ça et, après un dernier regard de mes iris pairs sur le petit pokémon grelot, je ne me sentais pas non plus de l'attaquer. Il était si petit, il n'avait rien demandé.
Au final, je pris l'une de mes barres tendre et en émiettai une partie avant de tendre la main vers le Korillon. Tout heureux, il vint jusqu'à moi en sautillant avant de manger un peu dans le creux de ma main, sous le regard bienveillant de Shouen'. Ce dernier avait l'air soulagé de ne pas avoir du attaquer le pokémon psy et je dois avouer qu'il en allait de même pour moi. Il y avait trouver un adversaire facile et s'en prendre à un petit être qui n'a rien demandé. Maintenant qu'il avait mangé, nous voulûmes prendre notre périple et laisser le Korillon, mais ce dernier semblait bien décidé à nous suivre. J'échangeai un regard avec mon starter et il acquiesça. Cette fois, c'est donc une pokéball que je tendis vers le pokémon grelot, un sourire sur le visage.
- Tu veux venir vivre avec nous, Kane-chan?
Les yeux du petit Korillon semblèrent briller d'émerveillement, ce qui m'arracha un léger rire. Il semblait déjà apprécier son surnom. Il me regarda, comme pour juger de mon sérieux et j'acquiesçai. Il se tourna ensuite vers mon starter qui s'était approché et Shouen' laissa échapper un "Cha!" enjoué. Comme rassuré, le pokémon psy vint taper de la main la pokéball qui s'ouvrit, l'engouffrant alors dans un rayon de lumière rouge alors qu'il se laissa capturer. Comme quoi, lorsque l'on cherchait de nouveaux amis, il n'était pas toujours nécessaire de combattre. Il suffisait simplement d'apprendre à se connaître et partager une collation et le tour était joué. Nous venions d'offrir à ce Korillon une nouvelle vie autrement plus confortable et, de notre côté, nous venions d'agrandir notre équipe. Certes, ce n'était pas un Pokémon dragon, mais au final ce n'était pas important. Il semblait si gentil, si vulnérable dans cet environnement boueux, il méritait de meilleures conditions de vie, comme sans doute beaucoup d'autres Pokémon sur cette île qui auraient peut-être eu la chance de se trouver un dresseur aujourd'hui.
Je ré-ouvris la balle, laissant Kane réapparaître. Il sautilla, faisant chanter son grelot, débordant de joie. Je ris une fois de plus, imitée par Shouen' qui lui jetais un regard presque protecteur. Le regardant du coin de l'oeil, je vis qu'il considérait la situation avec beaucoup d'importance. Étant mon tout premier compagnon, il semblait se tenir pour responsable de ma sécurité et il semblerait que cette même protection s'étendrait à tous ceux qui nous rejoindraient ensuite. Cette pensée me fit sourire, il était encore si jeune, si inexpérimenté et il manquait de confiance en lui même, mais il voyait si grand. J'avais de quoi être fière de lui, je le sentais. Enfin, reportant mon attention sur le Korillon, je lui tendis ma main afin qu'il puisse y grimper et, de là, aller s'installer sur mon épaule. Je tournai ensuite mes yeux pairs vers Shouen', pour lui offrir de le porter pour le retour comme pour l'aller, mais il me fit poliment signe que non. Il voulait marcher.
- Bien. Maintenant que nous sommes au complet, que diriez-vous de rentrer au ferry pour prendre le thé avant le retour des autres élèves?
Le bruit agité d'un grelot me répondit, Kane était visiblement bien impatient de goûter le thé pour la première fois. De son côté, Shouen' semblait simplement impatient de se rendre utile de nouveau, ce dernier étant toujours chargé de faire bouillir l'eau pour nous deux, enfin, nous trois maintenant. Sur ce, nous pûmes nous mettre en route, direction la côte.