Complot sur l'île aux Oiseaux (part 2)
Cours été 2015 - Scientifique
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Pokémon utilisés : Zone Est. Les arbres ici étaient beaucoup plus denses et touffus, et les fleurs moins présentes. Au bout d’un quart d’heure de marche, Alban repéra le premier buisson fruitier et il sentit son cœur faire un bond. De la nourriture ! Il s’agissait de simples baies Ceriz, mais cette découverte le rendit enthousiaste. En outre, plusieurs de ces baies étaient picorées par endroits, ce qui indiquait que des Pokémon étaient passés par là. Il appuya sur le bouton vert de sa montre et fit son rapport à Harley.
- Harley. Je viens de pénétrer dans la zone Est, coordonnées (75,2 ; 34,7) sur la carte. Je viens de trouver un buisson de baies Ceriz. Les baies sont partiellement mangées, donc présence presque garantie de Pokémon dans ce coin. Il y a de nombreux arbustes fruitiers mais les plus nombreux sont ceux de baies Ceriz. Pas de traces de Pokémon avec des crocs, je suis quasiment sûr qu’il s’agit ici de Pokémon Vol. - C’est noté Alban. Mais n’oublie pas que tu dois être de retour au camp à 21h maximum, ne t’aventure pas trop loin dans la zone. - Reçu 5 sur 5. Je te laisse, je vais continuer les recherches.Il lâcha la pression de son doigt sur le bouton et retourna explorer l’endroit. La végétation était divisée entre les Pachira et les arbres fruitiers. L’identification alla beaucoup plus vite cette fois car Alban connaissait la majeure partie des baies existantes. Il griffonna avec entrain sur son calepin, observant les fruits qui restaient, étudiant les traces des Pokémon aux alentours. L’écorce des branches était par moment légèrement abimée. Les baies étaient picorées, et quelques fientes tâchaient parfois le sol ou les feuilles. Il regretta de ne pas pouvoir grimper à un arbre pour pouvoir mieux observer, mais l’aide de Zéphyr lui fut précieuse. Bien que son Goélise ne puisse pas voler, il était cependant un très bon grimpeur. Il suffisait à Alban de tendre le bras afin que son Pokémon soit au plus près des branches pour que ce dernier attrape une brindille entre son bec et se hisse d’un petit bond sur les hauteurs de l’arbre. Il virevoltait habilement d’une branche à l’autre, s’aidant des fissures dans l’écorce pour grimper à la manière d’une gymnaste.
- C’est bien Zéph’. Rapporte moi toute trace de la présence d’un Pokémon, l’encouragea-t-il d’en bas, légèrement dépité de ne pas pouvoir grimper lui-même.
La mouette lui ramena ainsi de précieuses trouvailles. Des plumes, pour la plupart. Mais également des bouts de nids, des morceaux de coquilles d’œuf et ce qui semblait être une serre cassée. Alban conserva le tout. L’étude de la coquille lui permettrait peut-être de savoir de quelle espèce il s’agissait. Pendant qu’il cherchait, des Pokémon sauvages se montraient sporadiquement à lui. Il put observer trois Roucool voler au-dessus des arbres, un Pijako faire ses vocalises sur une branche, quelques Nirondelle picorer des baies… Les Pokémon semblaient ne pas être trop dérangés par sa présence, mais par précaution, il se fit discret pour les observer. Il notait leurs caractéristiques, leurs modes de vie… Qu’est-ce qu’ils venaient faire ici. Etaient-ils là pour manger, se promener, ou rejoindre leur nid ? A force d’observations, Alban parvint à déterminer que des Roucool vivaient haut dans les arbres de la zone Est, tandis que les Nirondelle préféraient faire leur nid sous les branches, comme des sortes de ruches faites de salive, de débris et de plumes. Le Pijako était reparti depuis longtemps, et il ne put apercevoir aucun autre représentant de cette espèce ici. Probablement un promeneur. Aucun Pokémon Terrestre ne se montra à lui cependant, et il ne put trouver aucune trace dans la terre qui pouvait supposer leur existence. Il continua de chercher et d’observer encore un bon moment, jusqu’à ce que le jour décline et lui rappelle qu’il devait rapidement rentrer.
Vers 20h, satisfait de ses découvertes du jour, Alban s’apprêta à retourner au campement lorsqu’il entendit un bruit loin derrière-lui. Il consulta la carte et avisa la présence d’un des lacs qu’il n’avait pas pu visiter la veille avec Benji. Il s’arrêta, accroupis sur le sol, se concentrant pour essayer de percevoir les sons. A ne pas s’y tromper, il y avait des bruits d’éclaboussure et des piaillements. Il était tiraillé. Des éclaboussures, ça pouvait soit signifier que les Pokémon se baignaient, soit qu’ils étaient en train de pêcher ou de jouer avec des Pokémon lacustre. Or, ils n’avaient pas pu dénicher un seul Pokémon Aquatique la veille. Serait-ce là une nouvelle découverte ? Pourtant, il devait retourner rapidement au camp pour ne pas être perdu dans les bois en pleine nuit. C’était les ordres stricts de Clyde, et il n’avait pas envie de désobéir à son tuteur. Pourtant… Par précaution, il cliqua sur le bouton noir de sa montre, qui permettait de joindre Benji.
- Salut Benji. Dis-moi, je suis dans la zone Est et j’entends des bruits d’éclaboussure près du lac n° 4. Tu as pu trouver la présence de Pokémon Eau là-bas ?La montre grésilla et la voix du photographe s’éleva, mécanique.
- Yo Alban. Non, pas âme qui vive, comme dans tous les autres lacs. Y’a 0 poiscaille. Par contre j’ai vu quelques Etourvol et des Lakmécygne dans ce coin. J’ai pris quelques clichés, mais demain on ira explorer les autres zones ensemble. - Ok, merci des infos, à toute.Il raccrocha et sa curiosité l’emporta. Pas de Pokémon Aquatique. Alors pourquoi tous ces bruits ? Il se dirigea à vive allure vers le lac. Zéphyr, sur son épaule, prenait du repos bien mérité. Sur le chemin, le soleil commençait doucement à s’éteindre. Alban trouva le moment opportun pour sortir Auster, qui se matérialisa dans un rai de lumière rouge. Le garçon fut content de le revoir en forme, et il se pencha un instant pour lui gratter l’arrière des oreilles.
- Bien dormi Auster ? Ecoute mon grand, on a un truc à aller voir un peu plus loin. Tu peux me faire un peu de lumière et utiliser ton flair pour signaler d’éventuelles présences ?Le Noctali acquiesça et ses anneaux s’allumèrent progressivement, chassant l’obscurité naissante. En tête de groupe, il mena le reste de l’équipe jusqu’au lac, et Alban se cacha derrière un buisson. Droit devant, il y avait encore des bruits d’éclaboussures. Il jeta un coup d’œil et aperçu des Lakmécygne qui jouaient au bord de l’eau, agitant leurs belles ailes blanches et bleues ciel pour s’envoyer des gouttelettes. Le spectacle était fascinant. Alban demanda à Auster de maintenir la luminosité au minimum afin que les Pokémon ne les repèrent pas. Il griffonna de nombreuses notes sur son calepin. Il avait rarement vu ces Pokémon, car les Volières n’employaient jamais de Lakmécygne pour livrer le courrier. Ils étaient en général bien trop fiers, bien trop difficiles à dresser pour l’envoi de courrier… D’autant plus que leur milieu naturel n’était pas au beau milieu des arbres, comme leurs compères. Il leur fallait un point d’eau, un lac. Par tradition, les Lakmécygne n’étaient donc pas utilisés dans les Postes Pokémon. Il en oublia presque le temps. Tandis qu’il restait fasciné par le spectacle de ces Lakmécygne, la lune se faisait plus visible. Sa montre grésilla, son qui indiquait que quelqu’un essayait de le contacter.
- Alban ? C’est Harley ! Mon dieu qu’est-ce que tu fiches, il est déjà 21h et je n’ai eu aucune nouvelle depuis 1h ! Tu devrais déjà être rentré au camp, où es-tu ?Heureusement que le son était réglé au minimum, sinon il aurait fait fuir tous les Lakmécygne. Il eut quelques sueurs froides en se rendant compte de l’heure. Clyde allait certainement le houspiller pour ça.
- Je suis au lac de la zone Est. Désolé, j’étais absorbé dans mes découvertes. Il y a tout un clan de Lakmécygne ici, ils vivent en communauté, se baignent dans le lac et semblent être joueurs. Ils se nourrissent de baies Alga, ce qui doit sûrement contribuer à leur donner un plumage aussi éclatant. Je n’en avais jamais vu de comme ça, même sur les photos. Mais je vais me mettre en chemin et…Il s’arrêta net. La pleine lune ronde et blanche brillait haut dans le ciel, se reflétant dans l’eau du lac. Aussitôt, l’ambiance semblait avoir changé. Les Lakmécygne arrêtèrent de jouer et ils s’alignèrent les uns à côté des autres. Puis, doucement, ils se mirent à agiter leurs ailes et à s’élever dans les airs pour une sorte de danse nocturne. Ils tournaient, replongeaient dans l’eau, avec la plus parfaite des synchronisations. Ils tournoyaient sur eux-mêmes, relevaient la tête d’un air fier, agitaient les plumes de leur coiffe… C’était magnifique.
- Alban ? Alban ? Tu es encore là ? demanda la voix inquiète de Harley.
- Oui. Ecoute Harley, dis à Clyde que je suis désolé, mais il se passe un phénomène incroyable ici. Je peux pas rentrer tout de suite. - Hein ? Non, rentre maintenant, ça risque d’être dangereux pour toi et- *clic*
Il raccrocha sa communication, ce qui était certainement très impoli mais qu’importe. Il ne pouvait pas être perturbé plus longtemps par Harley, il fallait qu’il continue d’observer cette sorte de ballet. Il nota plusieurs choses sur son calepin. « Les Lakmécygne semblent se consacrer à un ballet lorsque la nuit tombe. La lune qui se reflète dans le lac est leur cœur de scène. Ils tournoient autour et usent habilement de sa position pour faire briller leurs plumes. Un Lakmécygne danse au centre. Plus grand et plus majestueux que les autres, il doit certainement être leur chef. Ils évoluent avec la plus parfaite des coordinations. Leurs mouvements sont synchronisés, parfaits au millimètre près. »
Il apposa le point final, et continua d’observer les Lakmécygne. La danse était tellement belle. Elle avait quelque chose de surréaliste, comme si Alban n’avait pas été vraiment sur place pour l’observer. Comme s’il se trouvait dans une sorte de rêve. C’était magique. Pourtant, quelque chose sembla perturber les danseurs car ils s’arrêtèrent aussitôt.
Auster, près d’Alban, dressa ses oreilles en pointe. Il montra les crocs pour grogner, les pattes tendues, prêt à bondir. Les Lakmécygne regardèrent autour d’eux, comme inquiets, et Alban se tapit plus encore sur le sol. Qu’est-ce qui se passait ? Il sentait son corps crispé sous le joug de la pression. L’ambiance, pourtant si magique, avait rapidement basculé à quelque chose de totalement différent. Il y avait de l’orage dans l’air. Une ombre passa devant Alban, et le garçon écarquilla les yeux. La chose se mouvait si rapidement qu’il n’eut pas le temps de voir les détails. Dans la minute, les Lakmécygne s’envolèrent dans un torrent de plumes et un concert de piaillements, complètement affolés. Deux rayons violets lumineux s’abattirent sur le groupe qui était en train prendre la fuite, et l’un des Pokémon tomba dans le lac avec un bruit sourd.
Alban suivit la chute du Pokémon, voyant dans cette dégringolade l’image de Cirrus. Il se leva d’un bond, ce qui était aussi stupide qu’impulsif. Zéphyr, sur son épaule, agita des ailes maladroitement, tout aussi paniqué que les Lakmécygne. Auster regarda son dresseur de ses yeux rouges et sortit les griffes, prêt à le défendre corps et âmes. Le châtain s’élança vers le lac, suivi de ses deux Pokémon. A présent, tous les Lakmécygne avaient disparu à l’exception de celui qui était tombé en plein sur le reflet trouble de la lune. Sur le rond de lumière blafarde, un sillon de sang se laissait emporter par les flots. Alban cria et entra dans le lac, s’immergeant jusqu’aux genoux. Le Pokémon était en piteux état, mais il respirait encore. Son visage était tordu par la douleur, et Alban s’approcha de lui tout en nageant maladroitement, et l’attrapa par le dos.
- Tout va bien mon grand, je vais te sortir de là. Calme toi, ne t’agite pas, je ne suis pas ton ennemi… lui dit-il, tentant d’apaiser le blessé malgré la panique et l’amertume qui troublaient sa voix.
Il ramena le Pokémon sur la terre ferme et regarda son aile. Elle était déchiquetée sur tout le long par une attaque qu’il n’avait même pas pu identifier. Le Lakmécygne émit un son piteux et posa sa tête sur les genoux d’Alban. Des larmes coulaient en abondance des yeux du garçon. Il ne savait pas pourquoi, mais il venait de craquer. Le souvenir de Cirrus. Ce magnifique oiseau blessé pour une raison qui lui était inconnue. Et la peur, aussi. L’agresseur était sûrement encore dans le coin, et lui s’était jeté tête la première au milieu d’un lac pour aller aider ce Pokémon. Il avait beau avoir Auster et Zéphyr à ses côtés, il ne se sentait pas en sécurité pour autant. Il devait fuir. Partir vite d’ici. S’échapper. Pourtant, il n’aurait pas été capable de porter le Lakmécygne, qui était presque aussi grand que lui. Désespéré, il regarda autour de lui pour essayer de voir quelque chose, mais la nuit était trop sombre. Auster, remarquant les gestes de son dresseur, ralluma aussitôt ses anneaux à pleine puissance, chassant les ténèbres.
Il n’y avait rien autour. L’agresseur - et Alban était sûr qu’il s’agissait d’un Pokémon -, était soit parti, soit dissimulé derrière un bosquet. Soudain, une brume noire s’échappa de nulle part et engloba le quatuor. Le Lakmécygne glapi comme un Caninos et Alban se figea. Brume Noire. Un rire guttural, amplifié par ce lieu propice aux échos résonna dans toute la clairière. Il sentit son corps trembler. L’agresseur, quel qu’il soit, était machiavélique. C’était une certitude qu’il avait en entendant ce son horrible. Auster grogna plus fort. La chose était proche d’eux. Même Alban pouvait le percevoir, même s’il le faisait avec ses autres sens valables, dans cette purée de pois. Brusquement, le châtain sentit une perturbation dans l’air. A ses côtés, Benji et son Kadabra se matérialisèrent, l’air furieux. L’intervention était trop belle pour être vraie. Il devait être en train de rêver.
Benji regarda autour de lui, remarqua le Lakmécygne blessé et Alban, les larmes creusant des sillons sur la poussière de son visage. Il attrapa le bras de ce dernier.
- On se casse, dit-il fermement.
Auster et Zéphyr se plaquèrent sur leur dresseur. Alban serra le Lakmécygne dans ses bras, et tous disparurent dans un rayon de lumière blanche. Le garçon ferma les yeux tandis qu’il sentait son essence s’évaporer dans les airs, pour se matérialiser ailleurs. Ils étaient sauvés. Pourtant, quelque chose le perturbait énormément. Quel était le but de ce Pokémon ? Pourquoi avait-il délibérément blessé un Lakmécygne, et tenté d’attaquer Alban également ? Un frisson parcourut l’échine du garçon. Car même si tout s’était enchaîné si vite, son cerveau se rappelait du moment où la masse était passée à toute vitesse devant lui. Et même si c’était ténu, Alban en avait été certain.
Ce Pokémon portait sur lui une odeur de cigarette.
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- Mais qu’est ce qui t’as pris, bon sang ! Si Harley n’avait pas prévenu Benji, et que ce dernier n’était pas venu te chercher, dieu seul sait ce qu’il te serait arrivé ! On te retrouve en larmes, un Lakmécygne blessé entre les bras, au beau milieu d’une Brume Noire. Bordel, mais t’es complètement inconscient ou quoi ?! T’as capté que tu aurais pu te faire tuer ? Tu m’avais promis que tu serais prudent, et voilà le résultat ! Et puis t’as raccroché au nez de Harley, tu arrives à rentrer dans ta tête le fait qu’on soit une EQUIPE ?!Le sermon dura une bonne demi-heure. Ils étaient tous autour d’une table, attablés comme pour le dîner. Sam s’était occupée du Lakmécygne et avait bandé son aile blessé, chose qui était la priorité première. Clyde était hors de lui. Il était debout et ne cessait de hurler sur Alban. En même temps, ce dernier ne l’avait pas volé. Il avait désobéis à des ordres, raccroché au nez de la coordinatrice des équipes, et quand on avait enfin pu le retrouver, il était en proie à un danger d’origine inconnue. Sans Benji… Alban se força à ne pas y penser. Ils étaient saufs, le Lakmécygne était soigné, et c’était ce qui importait le plus.
Clyde continuait de pester dans sa barbe de trois jours. Il finit par aller chercher une boisson fraîche dans leur mini frigo qui tournait grâce à l’alimentation permanente du Voltali de Hayley. Il était parti bougonner dans son coin, de l’avis d’Alban. La mécanicienne soupira et braqua son regard sur le garçon. Elle avait l’air d’avoir passé une journée difficile. Alban la comprenait ; après tout, ils avaient failli perdre un des leurs.
- Ne fais pas attention, il était juste super inquiet pour toi, Alban. Et nous aussi… Ne refais pas un coup comme ça tout seul, c’est dangereux… lui dit-elle, l’air maternel.
Il comprenait. Il leur avait fait se faire du souci. Qu’aurait-il fait, dans la même situation ? Pourtant, il fallait qu’il leur parle de ce qu’il avait vu. Depuis son retour, il avait oscillé entre une armée de questions et un bataillon de reproches. Les seconds prenant le pas sur les premières, il s’était rendu compte que personne ne l’écoutait vraiment, et avait fini par se taire pour reposer le tout sur le plateau plus tard. A présent qu’ils étaient plus calmes, et que sa demi-heure de non-gloire était passée, il pouvait reprendre son histoire du début. Il attendit que Clyde soit revenu et leur parla des Lakmécygne. De ce spectacle magnifique au cœur du lac. Puis de l’ombre et de cette odeur de tabac, ainsi que l’attaque. Il raconta tout, jusqu’au moment de l’arrivée de Benji. Le photographe était resté incroyablement silencieux, d’ailleurs. Il devait encore être sous le choc. Les adultes se firent songeurs. Qu’est-ce qui dans ces bois pouvait avoir une si grande puissance pour blesser aussi gravement un Lakmécygne ? Ils se perdirent dans des hypothèses et des spéculations toute la nuit durant. Puis, après avoir convenu de regrouper les tentes pour plus de sécurité, Alban se retrouva à dormir avec Clyde et Benji, tandis que Sam et Harley dormaient ensemble. Le châtain eu du mal à trouver le sommeil, mais finalement, les ronflements de Benji l’aidèrent à se laisser glisser dans les bras de Morphée…
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Le lendemain, Alban reparti avec Benji. Il fut convenu d’éviter la zone Est pendant un moment, et le photographe ne se baladait plus sans son Aéromite. Ils partirent cependant relever tous les pièges posés par le Voltali dans la zone Sud, mais ne trouvèrent aucun Pokémon pris dedans, comme ils l’avaient prévu. Ils se dirigèrent donc vers la zone Centrale pour commencer le cœur de leur exploration. D’après Clyde, tous les Politiciens étaient à un congrès sur l’île Mandarine aujourd’hui, ce qui laissait au duo une chance rare de pouvoir explorer la zone sans tomber sur l’un d’entre eux. Les fameux « requins » des îles Oranges avaient en effet basé leur campement au milieu de la zone Centrale, ce qui aurait été problématique en d’autres circonstances. Alban travailla beaucoup plus vite avec Benji à ses côtés. Le photographe avait un certain flair, et à deux ils parvenaient à couvrir la zone plus rapidement encore. Ils trouvèrent des vestiges de la présence de Pokémon sur les lieux, mais n’en virent aucun, hormis un Roucool qui volait très haut dans le ciel, sûrement de simple passage. La présence des humains avaient dû les faire fuir, et ils passèrent à la zone Ouest après avoir pris tout en note.
Il devait être aux alentours de 13h lorsqu’ils atteignirent enfin cette zone, plus montagneuse que les autres. Ils eurent des difficultés à monter jusqu’à une grotte et n’y parvinrent que grâce à l’intervention du Kadabra de Benji. Une fois à l’intérieur, Auster éclaira leur chemin grâce à ses anneaux lumineux et ils découvrirent la présence d’un nid de Nosférapti qui les attaqua presque aussitôt. Grâce aux Vibraquas et aux Ultrasons de Zéphyr, ils parvinrent à s’échapper et allèrent se réfugier sous un grand arbre. Benji pu prendre de très nombreux clichés, ici. Ils croisèrent de nouveau des Roucool, mais cette fois-ci accompagnés de Roucoups. Ils purent aussi découvrir la présence d’Etourvol et d’Etourmi.
- Harley, ici Alban au rapport. La zone Ouest est très dense, et les sources alimentaires y sont particulièrement abondantes. Des Nosférapti vivent dans une caverne en hauteur ; après avoir exploré leurs grottes, nous en avons déduis qu’ils ne se nourrissent que de baies, comme tous les autres Pokémon ici. Nous avons de nouveau aperçu des nids de Roucool, mais également des clans d’Etourvol et Etourmi. Pas de trace des Lakmécygne ici, mais je pense qu’après l’attaque d’hier, ils sont partis se réfugier. Peut-être à proximité d’un lac, je ne sais pas. Il dialogua brièvement avec la jeune femme puis continua ses observations. Au bout d’un moment, Benji et Alban débouchèrent dans un coin qui ressemblait étrangement à une jungle. Un signal sonore sur la ceinture de Benji leur indiqua qu’un des pièges qu’ils avaient posé plus tôt dans la journée avait capturé quelque chose. Enthousiastes, ils allèrent retrouver la cage, à 600m de leur position, pour découvrir leur trouvaille.
La box était de petite taille. Benji se pencha pour regarder quel Pokémon était tombé là-dedans, et eu un sourire. Faisant signe à Alban, il lui montra le petit gourmand.
- Eh tiens, toi qui te demandait où est-ce qu’il était passé, plaisanta Benji.
Un Pijako était en train de grignoter allègrement les croquettes. Les joues pleines, il tourna vers eux ses grands yeux, puis pencha la tête de côté. Il n’avait pas l’air de trop comprendre ce qu’il se passait, mais continuait de manger sans lâcher les deux humains des yeux. Zéphyr, sur l’épaule d’Alban, gigota sur place, ce qui indiquait qu’il devait avoir faim également. Ils décidèrent donc de faire une petite pause goûter avant de sortir le Pijako de sa cage. Auster et Zéph’ se régalèrent de biscuits secs, tandis qu’Alban buvait de grandes gorgées de jus de fruit. D’humeur joueuse, Benji sortit le Pijako de la boîte. Expérimenté grâce à son métier de photographe nature, il montra à Alban comment sortir un Pokémon de son piège sans le blesser. Il se positionna devant la boîte, puis releva doucement le clapet. Là, il rassura le Pokémon par sa voix douce, et passa ses mains autour des pattes du Pijako pour l’empêcher de s’envoler. Il demanda ensuite à Alban de nouer autour une corde afin que l’oiseau puisse s’envoler mais pas s’échapper. Le Pokémon chanteur n’était cependant pas d’humeur à s’enfuir tout de suite et il alla grignoter les biscuits d’Auster et de Zéph’, sous les regards offusqués de ces derniers. Une fois la pause achevée, ils repartirent en suivant le vol du Pijako. A distance, ils le suivirent et arrivèrent dans la jungle qu’ils avaient quittée plus tôt. Ici, les lieux ressemblaient beaucoup à Cobaba, de l’avis d’Alban. Des arbres type palmier, avec de longues lianes qui formaient un réseau végétal dense. Il avait l’impression d’être de retour « à la maison », et son cœur se serra de nostalgie. Il repensa à ses amis proches, Aaron et Calliope, se demandant où est-ce qu’ils pouvaient bien être, et s’ils allaient bien.
Il n’y avait cependant pas de temps pour se perdre dans ses souvenirs, et Alban buta contre un rocher. Désorienté, il tomba en avant, rattrapé de peu par Benji. Lorsqu’ils se relevèrent, le Pijako en avait profité pour se faire la malle avec leur corde, mais tout ça n’avait plus d’importance. Car autour d’eux, ils virent le spectacle pour lequel ils avaient suivi le Pokémon perruche.
Une cinquantaine de Pijako étaient perchés sur les troncs flexibles des palmiers. Curieux, ils regardaient les nouveaux arrivants, penchant pour la plupart la tête de côté. Dans un bruissement d’aile, deux d’entre eux vinrent se poser près d’Alban, qui resta immobile. Il sentit l’un des Pokémon se frotter contre sa cheville et lui mordiller les lacets, tandis que l’autre lui grimpait sur le bras. Il le gratouilla sous le bec, et le Pijako roucoula de contentement.
- Wow, ils ont l’air super apprivoisés, commenta-t-il, tandis que Benji s’éloignait en silence et mitraillait la scène de son appareil photo.
Alban su à cet instant que le photographe était aux anges. Suivant le mouvement, d’autres Pijako vinrent se poser près du garçon, grimpant sur ses bras, sa tête, se cachant dans la capuche de son coupe-vent. Zéphyr, qui semblait un peu serré sur l’épaule de son dresseur, entouré de deux autres volatiles, piailla de mécontentement. Auster semblait observer la scène sans trop savoir quoi en penser. Il claqua cependant des dents lorsqu’un Pijako tenta de se poser sur lui. Ils restèrent bien une heure pour faire des photos, observer les Pijako et noter des détails sur leur mode de vie. Les Pijako semblaient vivre en clan, tout comme les Lakmécygne, mais ils avaient l’air bien plus désordonnés et indépendants. Ils se mettaient des fois à chanter les uns après les autres - lançant sûrement une attaque Chant Canon pour éloigner les intrus mal intentionnés -, puis passaient le reste de leur temps à manger. A proximité, un ruisseau coulait, leur permettant d’aller se désaltérer ou se baigner. Il ne semblait pas y avoir de chef ; chaque Pijako vivait comme il l’entendait, allant parfois dans un groupe, se dirigeant parfois dans un autre. Le châtain fut fasciné également par leur relation avec les humains. Ils semblaient plus curieux que craintif, et l’un d’eux tenta même d’enfouir son bec dans le short de Benji pour voir ce qu’il y avait en dessous.
Au bout de deux heures, Alban et Benji décidèrent enfin de continuer leur expédition, mais ils ne trouvèrent rien d’aussi impressionnant dans la zone Ouest. On était à la tombée du troisième jour, et le duo regagna le campement. Il leur restait encore la zone Nord à étudier, et la zone Est à retourner voir. Ils étaient donc dans les temps, même si bientôt, leurs plans n’allaient pas tarder à être chamboulés.
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Le quatrième jour, Alban fut le premier à se lever. Les rayons du soleil perçaient déjà au travers du tissu de sa tente, et il s’étira longuement. Puis, réveillant Auster et Zéphyr, il s’habilla et sortit de son campement. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que les machines de Harley avaient été saccagées ! Il alla réveiller les adultes, et ces derniers furent totalement désemparés de voir tout le travail de la mécanicienne complètement ruiné. L’ordinateur sur quel elle compilait les données des autres membres du groupe était cassé en deux, et les fils des machines avaient été coupés. Trop nettement cependant pour qu’il s’agisse d’un simple « accident ». Une réunion de crise fut organisée.
- Nous avions pourtant dressé une barrière, mais ça n’a pas marché, dit Clyde.
Je ne sais pas pourquoi, mais le quelqu’un ou quelque chose a la capacité de passer au travers. Peut-être un Pokémon Spectre ? Mais ça n’explique pas comment il a pu détruire tout notre matériel, et surtout pourquoi.Harley était blême. Elle s’était assise sur un tabouret, et le Lakmécygne qui avait été soigné par Sam posa sa tête sur ses genoux. La bête avait une aile bandée et était incapable de voler pour le moment, mais elle pouvait remarcher librement. Elle avait compris que pour se rétablir, elle allait devoir rester au camp pour un temps, et ne cherchait même pas à s’enfuir. Alban lui gratouilla l’aile valide d’un air distrait. Lui aussi avait pris un sacré coup au moral. Par chance, il avait conservé toutes ses notes, et il leur faudrait juste les retaper de nouveau dans l’ordinateur pour en garder une seconde trace.
- C’est un sabotage, c’est évident, déclara Sam, les bras croisés.
Réfléchissez. Il y a quelqu’un sur cette île qui ne veut pas que nous achevions notre travail. Il faut être plus malin. Cette nuit, nous allons monter discrètement la garde et le coincer. Nous n’allons pas nous laisser faire et attendre qu’on vienne nous poignarder dans notre sommeil, après tout !Alban était plutôt d’accord, même si l’idée globale lui déplaisait. Il comprenait de moins en moins la façon de penser des adultes, et si grandir signifiait se corrompre et utiliser des méthodes basses pour atteindre ses objectifs, il n’avait pas envie de cesser d’être un adolescent. Ils parvinrent cependant à passer outre et à repartir pour une quatrième journée d’exploration.
Le moral dans les chaussettes, ils allèrent poser des pièges, les relever, mais le cœur n’y était pas. Au fond, Alban savait que toute l’équipe restait soucieuse. Et il n’y avait rien de plus frustrant que d’avoir travaillé et de voir ses efforts ruinés en une seule nuit ! Ils finirent enfin la zone Nord sans découverte majeure. Même les photos de Benji semblaient avoir perdu de leur superbe. Alban nota cependant la présence des mêmes espèces de Pokémon que dans la zone Ouest (hors Pijako) dans ce coin de l’île, ainsi que leur comportement. Progressivement, il parvenait à mieux comprendre les réactions des Pokémon. Les Roucool et Roucoups semblaient mener une vie de fourmis plutôt que de cigale. Ils travaillaient, apportaient nourriture dans leur nid, mais vivaient par familles plus que par communauté. Ils avaient peu de relation avec les autres oiseaux et même avec les membres de leur espèce. Alban nota qu’ils étaient indépendants, au même titre que les Pijako, même si ces derniers vivaient tous ensemble. Ils étaient cependant loin de former une réelle communauté soudée au même titre que les Lakmécygne qu’Alban avait vus. Il nota ses observations sur le comportement des Pokémon, et commença à rédiger leur description. Il se servait pour cela des Pokémon piégés dans les boîtes, qu’il observait derrière le clapet transparent. Couleur des plumes, tailles, formes des serres, du bec, des yeux… Il notait chaque caractéristique, de même que leurs caractères globaux. Etaient-ils plutôt agressifs ? Pacifiques ? Dociles ? Il put constater que les Roucool et Roucoups étaient particulièrement craintifs, contrairement aux Pijako qui étaient incroyablement dociles. Les Nosférapti étaient quant à eux particulièrement agressifs. Les Etourvol, étonnamment, étaient particulièrement protecteurs envers leurs petits, les Etourmi, qui ne quittaient que rarement leurs nids. Quant aux Nirondelles, ils étaient plus du type « pressés » que « craintifs ». Ils s’envolaient à tire d’aile dès qu’ils en avaient l’occasion, afin de retourner parfaire leurs nids. Entre elles, les espèces avaient peu de contact. Les Roucoups et Etourvol avaient parfois une légère rivalité, mais ils se contentaient de s’éviter dans le cas général. Après avoir fini son travail, Alban craqua ses articulations, tout en confiant à Benji ses craintes du soir qui arriverait.
D’un accord tacite, le duo décida de retourner dans le campement et de tenter de se changer les idées autour d’un repas avant le lendemain.
Ils firent un briefing, comme tous les soirs, puis Clyde annonça qu’il allait assurer la garde pour cette nuit. Il fit sortir un flamboyant Arcanin qu’il posta de faction. Sam l’accompagna et ensemble, ils tinrent les intrus en respect. Cette nuit, Alban pu dormir sur ses deux oreilles. La présence rassurante d’Auster et Zéphyr autour de lui l’apaisaient, ainsi que celle des adultes qui montaient la garde. Rapidement, il bascula dans le monde des rêves, tandis que les ronflements de Benji le berçaient.
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Jour 5. Cette fois ci, Benji et Alban allaient retourner dans la fameuse zone Est qu’ils avaient évité depuis l’incident. Le châtain ayant déjà quadrillé le début de la zone, ils pressèrent le pas pour ne pas s’éterniser et éviter d’y être encore dans la nuit. Clyde les avait mis en garde sur les politiciens qui étaient de plus en plus agités. Apparemment, les géologues avaient trouvé un sol particulièrement riche qui pouvait annoncer la présence de pétrole. Les tests étaient encore à faire, mais disons que la nouvelle avait éclaté comme une bombe au sein des dirigeants. Alban et Benji posèrent cependant leurs pièges comme si de rien n’était, et se dirigèrent vers le lac. Un bruissement dans les arbres les alerta, et Benji attrapa Alban à bras le corps pour le cacher derrière un fourré. De là, ils se plaquèrent au sol et attendirent, attentifs.
Des bruits de pas se firent entendre, et un géologue déboula de derrière un arbre, un étrange appareil à la main. Alban le trouva aussitôt louche, mais l’homme fut rejoint par d’autres scientifiques. Un véritable groupe avança dans le sentier juste devant eux, parlant à voix hautes avec des types en costard. Benji regarda Alban, index sur la bouche pour lui intimer de ne pas faire de bruits, et articula le mot « politiciens » en muet. Le message était on ne peut plus clair. Ils attendirent que le groupe se soit éloigné, puis sortirent des buissons. Benji semblait préoccupé.
- Ils cherchent peut-être le pétrole, dit-il à Alban.
On doit faire vite, mais faut rester discret. Sinon ils risque de-…- Risquent de quoi ?Alban sursauta lorsque la voix inconnue s’éleva derrière eux. Trois hommes qui avaient trainé la patte venaient de surgir de nulle part. Le premier, celui qui avait parlé, les fixa d’un œil méfiant. Il avait une bedaine imposante, et transpirait abondamment.
- Puis-je savoir ce que des gens comme vous font sur une île actuellement protégée ? demanda-t-il avec un regard mauvais.
Le châtain fut aussitôt méfiant, mais il laissa à Benji le soin de répondre.
- De simples employés de la station météorologique. Nous sommes venus pour vérifier qu’il n’y avait pas de risque de cyclones ou autres dans le coin. Relevés climatiques, tout ça tout ça. Je suis venu avec mon fils, ici présent, et ma femme, Sam. C’est elle qui a notre autorisation de mesures, rédigée par le Professeur Marcus, de Cimetronelle. Enfin autorisation, autorisation… c’est plutôt un ordre, aha. Ce vieux est pluuutôt exigeant, si vous voyez ce que je veux dire. Bref, si vous voulez vérifier nos papiers, ils sont au camp avec ma femme, je peux vous accompagnez si vous vou-- Non ça ira, le coupa l’homme, l’air légèrement agacé que Benji lui raconte sa vie ainsi.
Tâchez juste de vous faire discrets et de ne pas… faire de mauvaises rencontres.Il leur fit un sourire qui n’augurait rien de bon. Derrière lui, l’un des hommes avait un air distrait, comme si la conversation ne l’intéressait pas, tandis que l’autre, les dents jaunes, leur adressait comme un sourire d’excuse. Après avoir tenu la jambe un peu plus longtemps à ses interlocuteurs, Benji pris congé, suivi d’Alban. Une fois qu’ils furent plus loin, le châtain siffla, impressionné.
- Eh ben, belle improvisation. Dois-je dire à ta femme que tu la quittes pour une jeune météorologue ? Je dois aussi annoncer à mes parents que je change de nom ou bien ? C’est quoi le tiens déjà ?- La ferme Alban. Encore un mot et je te fais manger le chapeau de Clyde.Ils rirent un moment puis retournèrent explorer le lac. Là-bas, plus aucune trace des Lakmécygne, à part peut-être leurs plumes qui avaient coulées dans le lac et remontaient parfois à la surface par un phénomène inconnu. Ils décidèrent d’abandonner le lieu lorsqu’un détail capta l’attention d’Alban. Ecartant un rideau de feuilles qu’il n’avait pas remarqué jusque-là, il trouva une plume blanche et une légère trainée de sang qui avait commencé à bien disparaître mais restait visible sur les galets. Intrigués, ils suivirent la piste, qui disparut au bout d’un quart d’heure. Alban demanda cependant à Auster de remonter la trace du sang, et le Noctali utilisa son flair pour les guider à travers un boyau de chemin sinueux. Sans ce reflet étrange sur les galets derrière les feuilles, Alban n’aurait jamais pensé que le rideau végétal était traversable. Il serait passé devant comme il l’aurait fait pour un arbre, et n’aurait pas exploré plus loin. Excité car cette trouvaille avait des airs de cachette secrète, le châtain remonta la piste et déboucha sur une nouvelle clairière. Enfin. Disons plutôt qu’il s’agissait d’une cuvette creusée plusieurs mètres plus bas, avec un lac minuscule derrière qu’ils n’avaient jamais remarqué avant et qui ne figurait pas sur la carte. Auster s’arrêta au bord et se plaça en travers pour éviter que les deux humains ne continuent leurs routes et fassent une chute qui aurait pu se révéler mortelle. Alban avisa la présence d’un buisson tout près et fit signe à Benji de se cacher. De là, ils jetèrent un coup d’œil en bas, où les Lakmécygne qu’ils cherchaient étaient regroupés.
Pourtant, ils étaient bien loin de l’image qu’il avait d’eux, quelques soirs plus tôt. A présent fébriles et maussades, ils écoutaient avec mauvaise foi un Pokémon qui semblait leur parler en croassant, posté sur un rocher. Alban reconnut aussitôt un Corboss. Que faisait-il là ? Il n’avait pourtant vu aucun Corboss ni même Cornèbre sur l’île pour le moment. Le Pokémon semblait se placer sous le statut de chef, fait étrange car Alban était bien certain que les Lakmécygne avaient déjà un chef. Il suffisait de voir celui qui dansait au milieu lors du ballet, et était à présent bien mal en point, les ailes déchiquetées, le plumage sale. Silencieusement, Benji pris quelques photos en zoomant au maximum. De cette hauteur, les Pokémon ne pouvaient pas l’entendre ni le voir, mais lui parvenait à faire des clichés d’une incroyable précision. Il semblait avoir une idée en tête, mais il lui était impossible d’en faire part à Alban sans risquer de se faire repérer. Alban, de son côté, notait fébrilement sur son cahier. Le Corboss semblait avoir blessé le chef des Lakmécygne pour prendre sa place. Drôle d’idée que de vouloir diriger un groupe de Pokémon qui était d’une espèce différente ! Mais le Voltali haussa les épaules. Il se devait de relater les faits, et non pas les remettre en question constamment. Après un dernier croassement, le Corboss se retira à tire d’aile, non sans avoir lancé un Cru Ailes tonitruant pour bien perturber encore plus les Lakmécygne.
Ils observèrent encore quelques temps les Lakmécygne dépités, puis Benji lui fit signe de descendre.
- Pourquoi tu veux descendre ? lui demanda Alban.
On a déjà toutes les informations, non ?- Eh non jeune polisson. Il faut que tu apprennes à voir plus que ce qu’il y a à voir, Alban. Regarde les photos.Benji lui montra les clichés de Lakmécygne. Il lui semblait que tout était normal. Mais le photographe zooma au maximum et un détail percuta Alban.
- Les Lakmécygne ont-ils toujours eu cette coiffe particulière ? demanda-t-il.
Il sortit son iPok et demanda à Dexter de lui montrer la page des Lakmécygne. Il compara les deux photos. Au lieu d’avoir ces drôles de plumes qui formaient comme des tulipes pointées vers le haut, celles des Lakmécygne de l’île aux oiseaux étaient pointées vers l’arrière.
- Bingo. Ça ne se remarque pas sur celui qu’on a récupéré parce qu’il est relativement jeune. Mais cette espèce de Lakmécygne est particulièrement rare. Je n’ai pu en voir qu’une seule fois sur une île proche d’Unys. Il s’agit d’une espèce protégée, dont les représentants se comptent par dizaines seulement. Il zooma de nouveau au niveau de la patte. Une petite bague était placée sur l’un de ces Pokémon. Un point couleur rouge était clairement visible.
- Tu vois ça ? C’est la marque des oiseaux tracés par les Chercheurs d’Unys. Chaque région a sa propre couleur, et tu peux être sûr que cet oiseau-là a fait un saut à Unys ou ses alentours. Ma main à couper qu’il vient de l’île des espèces protégées. Cependant, les Lakmécygne partent migrer régulièrement. Tu vois ces coquilles là-bas ? Je crois que ces Pokémon viennent ici pour pondre et repartent avec leur progéniture ensuite. Les Chercheurs d’Unys n’ont jamais pu trouver où ces Lakmécygne partent une fois par an car leurs signaux se brouillent, ici. Je crois qu’on a résolu le mystère.- Ce qui signifie… Que s’ils ont choisi ce lieu pour migrer une fois par an et qu’ils sont protégés, l’île peut devenir une réserve ?Le cœur d’Alban fit un bond. Ils allaient peut-être prouver que l’île aux oiseaux pouvait rester inhabitée !
- Oui mais vu le traitement que le Corboss semble leur avoir infligé, je ne suis pas sûr qu’ils reviennent l’an prochain…- Ceci dit, on peut peut-être le neutraliser ou le chasser, tu ne crois pas ?- Non Alban. La nature c’est la nature. On ne peut pas influencer tel ou tel phénomène pour nos propres préférences. La joie du garçon retomba. Dépités, ils attendirent que les Lakmécygne s’éloignent puis descendirent grâce à Kadabra. Là, ils firent quelques prélèvements de fragments de coquilles, prirent quelques clichés, et repartirent au camp grâce à Téléport. Ils firent leur rapport aux autres, et le mystère du Corboss resta non élucidé. Après tout, comment allaient-ils pouvoir trouver la solution en si peu de temps ? Ce Pokémon semblait être arrivé de nulle part et avoir pris la tête des Lakmécygne. Alban pouvait continuer de les observer et soumettre son papier en parlant uniquement des Lakmécygne protégés, mais si l’an prochain les gens s’apercevaient que les Lakmécygne ne revenaient pas, le résultat serait le même. Il ne ferait que repousser l’assaut des requins d’un an. Reporter le problème, pas l’éliminer.
- Ecoute, des fois les choses se passent ainsi et on n’y peut rien, le consola Clyde.
Continue de rédiger ton article avec tout ce que tu peux trouver. Tu fais déjà de l’excellent travail, ton analyse est très pointue et pertinente, tout ce qu’on aime dans la rédac.Il lui fit un sourire, et Alban parvint à le lui rendre. Puis, dépité, il alla se coucher. Ce soir, Benji et Harley étaient de faction, et Alban s’endormit bien rapidement, encore une fois. La journée l’avait tellement épuisé qu’il sombra dès lors que sa tête toucha l’oreiller de fortune.
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Il fut réveillé par le bruit de Clyde qui allait aux toilettes. S’excusant, son mentor enjamba son sac de couchage pour sortir de la tente, et s’éloigna à pas précipités. Alban ouvrit un œil vitreux et se tourna en grognant. Il devait être aux alentours de 2h du matin ! Fichu Clyde et son penchant pour la bière, il ne pouvait pas se retenir toute une nuit d’aller uriner. Marmonnant, Alban sentit un souffle frais provenant de l’extérieur. Ah ! Clyde n’avait même pas refermé la tente, pressé qu’il était. Ensommeillé, le châtain se traina jusqu’à l’entrée de la tente pour la refermer. Il s’apprêtait à attraper le bout de la fermeture lorsqu’il fut plaqué au sol par une lourde masse. Une haleine fétide lui chatouilla les narines, et il resta comme paralysé tandis que derrière, Zéphyr accourait vers lui en piaillant. Des griffes se plantèrent dans ses habits, par chance assez épais pour ne pas que sa peau soit trop profondément entaillée. Il resta là sans bouger, maîtrisé par la puissance du Pokémon. Un rayon de lune vint tomber sur l’agresseur. Un Absol. Le Pokémon le toisa de ses yeux brillants et Auster, sentant que son dresseur était en danger, se redressa immédiatement, illuminant ses anneaux avec puissance.
Son pelage brilla comme un phare en pleine nuit. Alban sentit que l’Absol relâchait sa prise sur lui, percuté de plein fouet par quelque chose de plus gros. Sous la lumière, Alban vit l’Arcanin de Clyde plaquer au sol le Pokémon Désastre, suivi immédiatement de son dresseur.
- Alban, tout va bien ?! s’exclama-t-il en l’aidant à se relever.
Ses yeux tombèrent sur les vêtements déchiquetés et le journaliste vit rouge. Il se retourna pour voir où Benji et Sam étaient, mais les retrouva paralysés, maîtrisés par un énorme Corboss. Alban parvint à se relever en suffoquant, la poitrine douloureuse à cause de l’attaque surprise. Clyde sortit alors un appareil qu’Alban n’avait jamais vu en sa possession et le dressa droit devant lui. Un CapStick ! Il envoya sa toupie en direction du Corboss et fit plusieurs fois le tour de sa masse. Cependant, le contact se rompit dans un éclat de lumière rouge et Clyde grinça des dents.
- Il appartient à quelqu’un… maugréa-t-il.
On va devoir le maîtriser autrement. - C’est celui qu’on a vu dans la journée, j’en suis quasiment sûr… Je pense que c’est lui qui rôde depuis quelques temps dans notre campement.- Ouais eh ben on va devoir l’en déloger bien vite, grinça Clyde.
Sur ses mots, il releva sa veste et découvrit une rangée de Pokéballs. Malheureusement, le Corboss déploya ses ailes et lança une attaque foudroyante. Ses ailes s’illuminèrent de violet et vinrent percuter les hanches de Clyde, qui fut projeté en arrière. Ses Pokéballs se fissurèrent sous le coup. La bonne nouvelle ? Les sphères avaient permis au journaliste d’absorber la majeure partie de l’attaque, et il fut simplement étalé au sol. La mauvaise ? Ainsi fissurées, les Pokémon contenus à l’intérieur ne pourraient plus sortir sans un passage au Centre Pokémon. Alban se releva. L’Arcanin de Clyde était aux prises avec l’Absol. Clyde ne pouvait plus faire grand-chose. Sam et Benji étaient hors service. Harley était encore dans sa tente, mais celle-ci était sous une sorte de barrière, sûrement érigée par l’équipe du Corboss. Combien de Pokémon étaient-ils ? Alban repéra un Psystigri qui érigeait les murs, loin derrière. Il ne pouvait pas l’atteindre sans passer d’abord par le Corboss. Ce qui signifiait qu’il était seul.
- Auster, Zéph’. Je crois qu’on a pas le choix, marmonna-t-il à ses Pokémon.
La mouette chromatique et le Noctali le rejoignirent en quelques enjambées. Aussitôt, Auster s’élança d’une Vive-Attaque et tenta de percuter le Corboss d’un bond. Ce dernier était cependant plus rapide et il déploya ses ailes pour s’envoler. Il envoya un nouveau Tranche-Nuit sur le Noctali, qui l’évita souplement. Malheureusement, le Corboss semblait avoir rapidement compris que rester dans les airs lui assurait la sécurité. Ainsi, on ne pouvait pas l’atteindre et lui pouvait faire pleuvoir ses attaques à distance sur Auster jusqu’à l’épuiser. Alban grinça des dents. Du coin de l’œil, il vit qu’Harley frappait sur la barrière de lumière, emprisonnée à l’intérieur. Son Raichu, qui aurait été fortement efficace contre le Pokémon Vol, était également avec elle… Aussitôt, les rouages se mirent en route. Il ne pouvait pas vaincre le Corboss seul. Il fallait qu’il désactive d’abord la barrière du Psystigri.
Il s’élança en avant mais le Corboss barra sa route d’un Tranche-Nuit bien placé. Il ne le laisserait pas accéder à ce qu’il voulait. Son seul espoir résidait en Zéphyr ou Auster, mais le premier n’était pas très efficace, tandis que le second était déjà aux prises avec le Corboss, tentant d’éviter ses multiples assauts.
- Zéphyr… Il faut que tu le fasses mon grand, dit Alban.
Il regarda son Goélise. Si seulement il pouvait voler… Il pourrait atteindre le Corboss et le perturber assez pour qu’Auster le finisse. S’il perdait ne serait-ce qu’un peu d’altitude… Devant eux, Auster évitait toujours les attaques, mais pour combien de temps ? Alban tenta le tout pour le tout. Il leva son bras devant lui, Zéphyr perché dessus, et essaya de l’agiter vers le haut pour que le Goélise prenne son envol. Ce dernier semblait cependant bien décidé à rester sur son perchoir, et ses pieds palmés s’accrochèrent à l’avant-bras du Voltali.
- Zéph’… le supplia-t-il.
Il avait tellement tenté de le faire voler, durant l’été. Il ne comptait plus le nombre de fois où ils s’étaient entraînés pour, et pourtant, le Goélise s’entêtait à ne pas vouloir décoller. Désespéré, Alban perdit sa concentration et le Tranche-Nuit suivant le fit rouler en arrière, comme Clyde. Le souffle coupé, il fut allongé nez dans la poussière. Zéphyr avait dégringolé avec lui, et la mouette était partie se réfugier près de ses bras.
- Huh… marmonna Alban.
Devant, Auster glapit. Le Noctali venait de se faire toucher et il était allongé sur le côté, blessé. Merde… Pourquoi était-il si minable en combat Pokémon ? Pourquoi ne parvenait-il même pas à se défendre ? Des larmes de rages perlèrent aux coins de ses yeux. Il vit le Corboss se diriger vers eux, prêt à lancer un ultime assaut. Finalement, ils ne seraient jamais en mesure de comprendre d’où venait ce Pokémon, et quels étaient ses desseins. Alban regarda les ailes du Pokémon luire d’un éclat maléfique, quand un phénomène étrange se passa.
Le temps sembla ralentir. A côté de lui, il vit Zéphyr déployer ses ailes aux bandes dorées et courir sur quelques centimètres avant de prendre une impulsion et de décoller du sol. Zéphyr ! Il volait ! Ses ailes se mirent à luire et il prit une vitesse prodigieuse. Passant à côté du Corboss désemparé, il se dirigea vers le Psystigri et lui asséna une attaque Cru Aile. La barrière disparut aussitôt, et Harley rejoignit la bataille. La foudre gronda et son Raichu déclencha son Fatal-Foudre, qui tomba sur le Corboss et le carbonisa sur place. Alban hurla quelque chose ; il ne se rappelait même plus quoi.
Brusquement, le monde reprit sa vitesse normale. Il vit le Corboss tomber au sol, le Psystigri rouler en arrière, Harley accourir vers lui et Zéphyr revenir à tire d’aile. Zéphyr ! Son petit Zéphyr avait réussi à voler ! Les larmes coulèrent plus abondamment encore sur ses joues. Bon dieu, il avait attendu ce moment tellement longtemps ! La mouette vint se frotter contre lui et il la prit dans ses bras. Benji, reprenant connaissance, se dirigea vers eux pour demander des explications.
- Pas maintenant. Demande à ton Aéromite de sonder les environs s’il-te-plaît. Si leur dresseur est dans le coin, il faut le coincer avant qu’il ne puisse s’échapper, ordonna autoritairement Alban.
Aéromite battit des ailes et déclencha son sonar. Il sembla détecter la présence d’un intrus à quelques mètres à peine, et il lança ses poudres pour le paralyser. Le groupe se dirigea vers l’ennemi et ils découvrirent l’un des hommes politiques allongé au sol, cloué par les spores. Celui-là même qu’ils avaient rencontré le jour même avec Benji. Sauf que, contre toute attente, il ne s’agissait pas de celui qui avait parlé, mais de celui qui avait lancé le sourire compatissant. Dents jaunes. Cigarette. Corboss. Les pièces du puzzle se mettaient en place, et Alban participa à l’interrogatoire avec les autres. Clyde les rejoignit bien vite, tandis que Sam prenait un peu de repos après son agression. Ils parvinrent à démêler que cet homme souhaitait faire fuir les Lakmécygne grâce à son Corboss, asservir tous les Pokémon Vol de l’île par la terreur et éviter le statut de réserve naturelle à l’île aux oiseaux. Il comptait également monter les Pokémon contre les autres humains, pour faire fuir ses concurrents et être le seul à prétendre la gestion de l’île vierge. Il avait lancé son Corboss pour saboter l’expédition de Clyde et son équipe, afin d’éviter qu’un article paraisse. Pour apprendre tout cela, le Kadabra de Benji fut essentiel grâce à ses dons de télépathe.
Le sixième jour se levait sur l’île pour Alban. Au final, les Lakmécygne retrouvèrent leur organisation d’origine. L’homme et ses Pokémon furent livrés à l’Agent Jenny pour intrusion dans un camp privé, tentative frauduleuse de dissimulation d’informations, et tentative de corruption de Pokémon. La nouvelle agita le comité des politiciens, qui furent écartés pour un temps par les scientifiques. Alban pu finir son article. Il occupa ses deux derniers jours à observer les Lakmécygne, à rédiger leur description et à écrire son papier. Les Pokémon lui accordaient un peu plus leur confiance depuis le sauvetage de l’un des leurs, et Alban pu rendre son devoir et son article dans les temps. Le journal fut tellement enthousiasmé par le récit atypique du châtain que l’étude, rédigée comme un journal intime, fut grandement saluée. Sur la première page du magazine, une photo de l’île vierge s’étalait, avec en petite vignette, celle d’Alban recouvert par les Pijako. L’homme ami des oiseaux. L’île aux oiseaux. Un beau récit qui allait faire sensation auprès des lecteurs. Satisfait, Alban fit ses adieux au reste de l’équipe. Les séparations furent douloureuses, mais Alban garda les contacts de tous. Clyde, Harley, Sam et Benji comptaient partir pour de nouvelles aventures, et ils firent comprendre au garçon qu’en cas de besoin, il pouvait toujours les appeler pour un stage ou autre. Après les avoir remercié, Alban retourna sur Cobaba, pour le dernier jour de vacances avant la rentrée. A son arrivée, une belle nouvelle l’attendait.
Sur son bureau, un Pokémon avait déposé dans une grande enveloppe, un exemplaire du journal dans lequel paraissait son article. En pièce jointe, une photo de lui avec les Pijako, prise par Benji, et un bout d’article de journal découpé parlant de l’île aux oiseaux par les presses locales, sur lequel Clyde avait griffonné un petit message.
« Île aux Oiseaux.
Statut de réserve naturelle depuis le 30 Août 2015.
Merci à toi, Alban. »