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Alban Abernaty
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https://pokemoncommunity.forumactif.org/t3559-alban-abernaty-voltali
Région d'origine : Hoenn
Âge : 17 ans
Niveau : 70
Jetons : 20638
Points d'Expériences : 2487
Hoenn
17 ans
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pokemon
Hoenn
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Alban Abernaty
est un Pokeathlète Coach

Complot sur l'île aux Oiseaux (part 1)
Cours été 2015 - Scientifique
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 [Cours été 2015 Scientifique] Complot sur l'île aux Oiseaux [Terminé] 14407153409131tumblr_static_cbd5o84nmhskowgc40w0w8wcw

Un grand journal vous réquisitionne pour effectuer un article sur une zone particulière. Cela comprend l'étude des zones, les possibilités de capture, un guide pour comprendre les comportements des Pokémon présents et leur description complète.

Pokémon utilisés :

 [Cours été 2015 Scientifique] Complot sur l'île aux Oiseaux [Terminé] 11u893m  [Cours été 2015 Scientifique] Complot sur l'île aux Oiseaux [Terminé] 14391123071140197_1


Ils étaient là, justes devant lui. Cotonneux et d’un blanc vif, légèrement violacés par la lumière du soleil. Une grande masse qui paraissait si compacte, mais qui n’était que gouttelettes d’eau lorsqu’on y passait au travers. Alban les regardait de ses yeux océan, passionné. Il avait toujours aimé les nuages, et les voir de nouveau si proche de lui le rendait mélancolique. La vitre épaisse qui le séparait des nuages lui donnait l’impression d’être enfermé dans un aquarium. De ses doigts fins, il toucha la paroi translucide, forçant légèrement pour tenter de passer au travers. Il n’en aurait pas eu la possibilité, évidemment, mais se sentir aussi proche et aussi loin à la fois était frustrant. Ses cheveux châtains commençaient à tomber sur ses yeux ; trop longs depuis une semaine déjà, il n’avait pas eu le temps d’aller les couper. Cela faisait deux mois bientôt qu’il était arrivé sur l’île de Cobaba pour ses classes d’été. Beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts. Il s’était fait des amis, probablement quelques ennemis, et avait énormément appris des enseignements dispensés. Il avait reçu son premier Pokémon, en avait capturé un second, et un troisième dormait encore dans sa prison de coquille, quelque part au fond de son sac à dos. Il lui aurait été incapable de faire le point sur toutes les choses incroyables qui s’étaient passées depuis qu’il avait intégré l’académie. Devait-il se concentrer sur le kidnapping des élèves, l’infiltration dans la base Rouage, l’enquête de la Volière de Mauville, ou encore sa semaine de coaching des Pokémon lors de la dernière course aérienne de Nénucrique ? Il avait également des noms qui s’inscrivaient en cascade devant ses paupières closes lorsqu’il repensait à toutes ses connaissances plus extraordinaires les unes que les autres. Khal, Opale, Orren, Ginji, Aaron, Audrey, Azalea, Calliope… Il était heureux d’avoir pris la décision de s’être inscrit ici. En quelques sortes, il avait l’impression de revivre. Petit à petit, il cassait cette coquille qui l’emprisonnait dans un monde bien trop silencieux et solitaire. Il voyait les fragments de son œuf se détacher et la lumière percer au coin des bords cisaillés. Il eut un sourire doux et paisible. Depuis qu’il était sur Cobaba, il souriait beaucoup plus qu’il ne l’avait jamais fait de toute sa vie. Progressivement, il gagnait en expressions. Sourire ou rire lui était plus naturel, moins forcé. Autrefois, seule sa petite sœur Arya pouvait lui décrocher autre chose qu’une moue neutre ; à présent, ces personnes étaient si nombreuses qu’il n’arrivait pas à toutes les nommer.

Un bref mouvement sur son genou le fit sursauter. Il baissa les yeux vers Zéphyr, son Goélise chromatique, qui dormait paisiblement. L’oiseau aux ailes dorées avait gagné le droit de rester hors de sa Pokéball dans l’avion, luxe que ne pouvait pas se payer Auster. Malgré sa taille, le Noctali restait en effet déjà bien plus imposant, et Alban n’était pas sûr que les hôtesses acceptent que son siège serve pour trois. Caressant les plumes de son fidèle compagnon, il fit glisser doucement son index le long de l’aile, ce qui fit glousser le Goélise. Aha. Chatouilleux, Zéph’ ? Probablement. Cependant, ce n’était pas l’intention première d’Alban. Il s’était juste contenté de sonder l’armature pour tenter de comprendre pourquoi après deux mois en sa compagnie, le Pokémon ne volait toujours pas. Il n’était pas blessé ni malformé ; de ça, le Voltali en était certain. Simple refus de prendre son envol ? Aucune idée, mais ce handicap commençait à lui peser. Il n’avait pourtant pas l’impression d’avoir fait quoi que ce soit de mal, au niveau du dressage de son Pokémon. Ce n’était pas le premier dont il s’occupait, même s’il s’agissait du premier qui lui avait réellement appartenu. Etait-ce cela la différence ? Il avait vu Zéphyr trop comme un ami et non pas comme un Pokémon à dresser pour porter du courrier ? Il soupira. Volant ou pas, Zéph’ restait Zéph’. Ce n’était pas un énorme problème, même s’il ne pouvait s’empêcher d’y penser sporadiquement. S’appuyant dans son siège moelleux, Alban regarda de nouveau à travers le hublot. A sa gauche, une grand-mère dormait en ronflant sans ménagement, et il n’était pas poli de fixer une inconnue ; d’autant plus que le spectacle n’était pas vraiment des plus plaisants. Il préférait contempler le ciel et ses beaux nuages. A cette altitude, il en était tellement proche. Alban avait toujours apprécié prendre l’avion, même s’il n’en avait pas toujours eu l’occasion ; après tout, le ferry était souvent plus économique, et il y avait plus de ports que d’aéroports. Cette fois-ci cependant, c’était vers l’archipel Orange qu’il se dirigeait.

L’archipel Orange. Le lieu de naissance d’Opale Valéry, la fascinante Pyroli qu’il avait rencontrée dès son deuxième jour sur Cobaba. Il n’était jamais allé sur aucune des nombreuses îles qui composaient l’archipel, mais il en avait lu beaucoup de choses. Il avait toujours été mordu de tourisme, après tout. C’était d’ailleurs dans l’office de tourisme de Cobaba, alors qu’il renseignait avec gentillesse une vieille dame sur tout ce que l’île avait de bon à offrir, qu’il s’était fait repérer par un chroniqueur d’un journal spécialisé dans les réserves naturelles. L’homme avait été enchanté d’entendre un jeune de son âge si bien connaître le sol sur lequel il était venu passer ses vacances. Rien d’étonnant à tout cela d’ailleurs, car Alban pouvait se vanter d’avoir exploré l’île dans ses moindres recoins, essayant toutes les attractions et animations disponibles. Malgré son genou boitillant, il avait occupé chacune de ses journées, levé dès l’aurore, à parcourir un peu plus Cobaba. Il avait également un avis très critique sur chaque chose, même s’il n’imposait pas son point de vue aux autres. C’était d’ailleurs sûrement tout cela qui avait tapé dans l’œil du chroniqueur, qui lui avait aussitôt demandé si un petit boulot d’été lui plairait, histoire d’occuper ses dernières semaines. D’abord surpris de la proposition, le châtain avait laissé ses coordonnées au journaliste pour qu’ils conviennent ensemble d’un dossier qui lui plairait. Clés en main, il avait ensuite soumis un devoir d’étude à Elisabeth Snow afin de valider ses crédits. La Directrice avait accepté sans trop de problèmes. Après tout, l’intitulé avait de quoi faire rêver un étudiant en spécialisation Scientifique. Aller visiter une île nouvellement découverte dans l’Archipel Orange, et en faire l’étude complète. Guide touristique. Description de paysages. Pokémon présents, ainsi que caractéristiques. L’île n’était pour le moment pas encore habitée, mais un camp avait été installé pour que les Scientifiques et éminents représentants politiques viennent l’investir. Ils allaient devoir l’étudier, comprendre son sol, son climat, sa faune et sa flore, pour ensuite décider si oui ou non elle était destinée à devenir habitée, ou si elle devait demeurer vierge. Clyde - le chroniqueur -, lui avait également dit que la situation serait compliquée à cause des luttes de pouvoir entre ceux qui voulaient revendiquer l’île sous sa coupe. Pourtant, il était essentiel pour le journal d’avoir un article au plus vite.

Malgré les différentes complications évidentes de sa mission, Alban avait accepté, car il était persuadé qu’il n’aurait pas de nouveau une telle opportunité. Alors certes, il venait de recevoir la réponse d’Ambre Lawford qui l’invitait à l’expédition dans la Grotte Azurée, mais ce n’était pas pareil. Il s’agissait ici d’un domaine avec lequel il était plus familier. Les phénomènes naturels, la compréhension des Pokémon, et leur relation avec leur habitat. Toutes ces choses fascinaient Alban, et il était certain d’avoir l’opportunité de voir des scènes magnifiques s’il y allait. Par ailleurs, il y avait toute une dimension prestigieuse. A 15 ans, pouvoir découvrir une nouvelle île en même temps que des hommes politiques et autres scientifiques ? Il y avait de quoi en faire rêver plus d’un. Le voyage était d’ailleurs tous frais payé, et le châtain n’avait pas eu à hésiter longtemps. Le Professeur Roseverte, référent des Phyllali, lui avait en plus dit qu’il pourrait gagner de nombreux points en rédigeant un rapport complet de son expédition. Cela allait lui demander un travail considérable, mais il lui restait deux semaines avant la fin de l’été et le début de la rentrée sur l’île Lansat. Avec un pincement au cœur, il avait contacté ses amis les plus proches, Calliope et Aaron, pour les informer de son départ, et avait fait ses bagages. Normalement, il avait prévu de rentrer à temps sur Cobaba. Mais dans le doute, il avait pris toutes ses affaires pour se diriger directement sur Lansat et ne pas rater le jour de la rentrée. Elisabeth Snow avait été claire avec lui : il devait être de retour le 1er Septembre.

Le cœur battant, Alban sortit de son sac à dos la pile de dossiers que Clyde lui avait remis, et qu’il ne cessait de plancher depuis. On y voyait une photo d’une île paradisiaque, bordée d’immenses lacs turquoises, de rivières tumultueuses et de grands arbres d’un vert feuille de vignes. Le lieu avait l’air magnifique, et il lui tardait d’en apprendre plus là-dessus. Un sourire s’étira sur ses lèvres lorsqu’il lut les premières notes des scientifiques qui avaient démarré l’expédition.

« Premières impressions de l’île vierge, découverte le 20 Juin 2015.

Il est 6h du matin et nous avons pris une barque depuis l’île Mandarine, comme nous l’ont suggéré les marins du bateau Le Wailmer.  L’île inconnue, entourée d’une épaisse brume, a toujours été au cœur d’une zone de forts courants qui empêchaient toute approche. Invisible depuis le ciel à cause de son brouillard opaque, elle n’a jamais été découverte jusqu’à aujourd’hui. Cependant, les marins qui ont l’habitude de voguer à la bordure de son enclos de courants ont fait une étrange découverte. De même que les courants du chenal entre Pacifiville et Poivressel, à Hoenn, le périmètre aqueux qui borde l’île vierge entraîne toute embarcation aventureuse dans une direction aléatoire. D’ordinaire, le courant renvoie automatiquement l’embarcation au point de départ, ce qui écarte tout intrus de cette zone mystérieuse. Malgré tout, par un heureux hasard, les marins ont découvert qu’entre 6h15 et 6h25 précises, le courant permettait d’accéder à cette mystérieuse île. De nombreux tests ont été réalisés pour déterminer la plage horaire d’accès à l’île vierge. Pour en ressortir, il suffit de remettre l’embarcation à l’eau pour être automatiquement rejeté du côté de l’île Mandarine. Il ne semble pas que ces horaires changent en fonction des marées, mais cette hypothèse reste à confirmer. A présent que l’emplacement exact de l’île a été découvert, il est possible d’y accéder à dos de Pokémon Vol. Cependant, nous avons préféré nous laisser entraîner par voie marine afin de découvrir la fascinante course de l’embarcation à travers ces mystérieux courants.

6h20. Nous accostons sur l’île vierge. L’exploration commence, et le paysage est partagé entre forêts éclatantes et zones aqueuses. De nombreuses rivières traversent l’île, tandis que de nombreux lacs prennent naissance à des endroits aléatoires. Le climat semble très différent de celui de l’île Mandarine. Les journées sont légèrement ensoleillées et un vent léger apporte une température agréable de 20°C. Pas de mousson constatée. Les nuits sont très froides, atteignant parfois les 0°C. La flore est exceptionnelle. Quant aux Pokémon... Pour le moment, nous n’avons vu que des Type Vol. Aucun type Aquatique ni Terrestre. Un fait peut-être logique compte tenue de la difficulté pour accéder à l’île. Plus de 5 espèces d’oiseaux ont cependant été aperçues. En attente du véritable nom, nous nommerons donc l’île vierge, l’île aux oiseaux. »


Alban referma le dossier. L’île aux oiseaux… Par un heureux hasard, les journalistes auraient difficilement pu trouver un élève mieux placé qu’Alban. Ses connaissances pointues en tourisme et en Pokémon Vol en faisaient un candidat plutôt idéal. Clyde avait peut-être remarqué ça quand ils étaient à l’office du tourisme. Après tout, Zéphyr était sur son épaule, et il venait de recevoir une lettre de ses parents. Le Pokémon Postier était donc également perché sur son bras, ce qui lui donnait des airs d’ami des oiseaux. Heureux cependant que le sujet soit aussi proche de ses centres d’intérêt, le châtain rangea ses documents dans son sac à dos. L’œuf irisé y était installé, entouré de plusieurs couches épaisses de tissu, pour ne pas qu’il s’abîme. Depuis plusieurs jours déjà, l’être enfermé à l’intérieur bougeait de plus en plus, parfois même violemment. Cela devait certainement signifier que l’œuf allait bientôt éclore, même si Alban estimait qu’il y avait une fourchette possible d’une à quatre semaines. Il avait hâte que le phénomène se produise, pour enfin connaître l’espèce qui y était enfermée. Fermant son sac pour laisser l’œuf au chaud, il s’accouda sur son siège, tandis que l’avion amorçait progressivement sa descente vers l’île Mandarine…
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Île Mandarine. La plus grosse île de l’Archipel Orange. Emerveillé, Alban sortit de l’aéroport et regarda le paysage qui s’offrait à lui. De grands buildings tranchaient avec les palmiers et le sable blanc qui bordaient les allées. De nombreux touristes étaient venus passer leurs vacances ici, et le Voltali s’écarta pour laisser passer une fille en maillot de bain qui courant, bouée beignet sous le bras. Chose plutôt étonnante sachant que la nuit n’allait pas tarder à tomber. Le soleil était éclatant malgré l’heure avancée de la journée, et il déboutonna le haut de sa chemise pour se rafraîchir un peu. Valise derrière-lui, sac sur l’épaule, il attrapa un dépliant sur un portant pour le garder en souvenir. En première page, Olga du Conseil des 4 de Kanto prenait une pause autoritaire, accompagnée de son Crustabri. Alban avait entendu dire que la terrible Spécialiste Type Eau avait une maison de vacances dans le coin, mais cette fois, il n’aurait pas le temps de faire du tourisme sur l’île Mandarine. Après tout, il avait une mission qui l’attendait. Faisant sortir Auster de sa Pokéball pour que le Noctali se dégourdisse les pattes, Alban acheta quelques spécialités dans une boutique pour nourrir ses coéquipiers avant d’entamer le reste du voyage. Il était 20h et Clyde devait venir le chercher d’une minute à l’autre pour le présenter au reste de l’équipe et pour prendre la direction de l’île aux oiseaux. Du coin de l’œil, Alban aperçut une pancarte avec son nom dessus, et il se dirigea vers l’homme d’une quarantaine d’année aux airs d’explorateur un peu fou qui la tenait à bout de bras.

- Bonjour Clyde, dit-il au brun en tendant une main afin de la serrer.
- Ah, Alban, enfin te voilà ! Comment vas-tu ? On a plein de trucs à faire mais on en discutera au calme, dans le bateau. Charge tes affaires dans la voiture, et on est parti !

Ils échangèrent une poignée de main et se mirent en route. Comme la dernière fois, le journaliste était survolté, incapable de tenir en place. Il devait être beau, pour son âge. Une peau tannée par ses multiples voyages, une chevelure brune et brute, une barbe de plusieurs jours qui allait bien avec son visage anguleux… Sa stature était musclée, bien plus que celle, beaucoup plus frêle, d’Alban. Le garçon était intimidé, et il suivit docilement son nouveau mentor. Après une quinzaine de minutes de route en voiture, ils arrivèrent enfin au port, où un petit bateau les attendait. Là, trois autres personnes étaient en train de discuter, et elles accueillirent chaleureusement Alban. Clyde repris les rênes pour introduire tout le monde.

- Bon, Alban, je te présente le reste de l’équipe. La fille que tu vois là, avec les cheveux blonds et les seins énooormes, c’est Harley. Elle bouge pas trop, en général sa poitrine la gêne un peu pour courir, tu comprends ? Bref, elle s’occupe de centraliser les recherches, de coordonner toute l’équipe depuis le campement, grâce à ses outils de communication. Elle capte internet même dans les endroits les plus pourraves, donc tu peux compter sur elle pour répondre à la moindre de tes questions. Elle est blonde, mais elle sait se servir de google, t’vois.

Alban fut étonné de la façon de s’exprimer de Clyde, mais il se contenta d’acquiescer et de serrer la main à une femme qui avait la trentaine d’année. Harley n’avait pas l’air gênée, ce qui supposait que Clyde faisait souvent ce genre de blagues. Malgré sa silhouette, elle transportait cependant de lourdes mallettes, et des outils de mécanique pendaient à sa ceinture. Son tuteur lui présenta ensuite un garçon aux lunettes épaisses et aux cheveux châtains comme lui, et une autre fille les cheveux noués en queue de cheval, une blouse de scientifique sur le dos.

- Ça c’est Benji, un photographe. Il t’accompagnera partout pour prendre des clichés. Après tout, t’as beau être un petit as de l’écriture et autre chose, tu auras toujours besoin d’un véritable artiste pour les prises de vue. Et il est impératif que les photos soient parfaites dans l’article, on a besoin d’un vrai pro pour ça ! Bref, c’est un chic type, pas vraiment bavard mais impeccable au travail. Et la ptite dame là, c’est Sam, une ptite nouvelle scientifique de la Station Météorologique de Cimetronelle. Elle a été embauchée là-bas y’a à peine trois semaines. Elle sera avec Harley au centre de commandement, pour nous tenir au courant des perturbations du climat, des jours où on peut sortir, et de ceux où il vaudrait mieux rester au camp. Elle étudiera le climat de l’île vierge, et pourra te communiquer ses données pour ton article. Pas la peine que tu t’occupes de ça, donc. Concentre-toi uniquement sur l’environnement direct, les Pokémon présents, et leur relation entre eux et avec leur habitat.

Il fit quelques mouvements de mains grandiloquents, et sortit un chapeau de son sac pour le poser sur sa tête, prenant une posture qui se voulait classe et théâtrale.

- Quant à moi, je serai là pour t’aiguiller quand tu auras besoin de mon aide, chaque soir. En journée, je serai en train de bosser avec les scientifiques géologues pour savoir si l’île est habitable ou pas. On mettra en commun nos données régulièrement, et tout avancera comme sur des roulettes, t’en fais pas.

Alban acquiesça, se contentant de prendre des notes mentalement. Sa tâche était claire, et Clyde manageait son équipe avec professionnalisme. Il échangea des poignées de main avec chacun, et sentit les regards peser sur lui. Après un long silence, Clyde se rappela qu’il manquait une personne à présenter, et il en fit tomber son chapeau de cow boy.

- Oh zut, j’ai failli oublier. Où avais-je la tête ? Bref les gars, voici le jeune Alban. Il vient de l’académie de Lansat. Je l’ai trouvé sur Cobaba, dans l’office du tourisme : vous auriez dû le voir, ce gosse a un véritable don ! Critique et précis, tout ce dont on a besoin pour l’article. Enfin bon, et il a 15 ans aussi, ce qui arrange nos affaires…

Le Voltali haussa un sourcil. La dernière phrase l’avait fait tiquer, et il se tourna vers Clyde, la mine interrogative.

- Quel est l’avantage d’avoir 15 ans ? demanda-t-il.

Clyde regarda ses collègues et remua sur place, légèrement gêné. Puis, sentant qu’il devait jouer franc jeu avec Alban, il lui révéla la vérité.

- Eh bien… Disons que nous autres, journalistes, on n’est pas toujours très bien vu, tu sais ? On est des fouineurs, des colporteurs. Bref, c’est souvent le cas, mais sur une île comme l’île vierge nouvellement découverte, le contexte prend une ampleur tout autre. Il y a une véritable lutte de pouvoirs politiques, là-bas. Chaque requin des autres îles de l’Archipel Orange revendique la possession de ce coin. Les Scientifiques ont la vie dure ; en haut, les hommes politiques les pressent pour des résultats. Tu vois, ils aimeraient que l’île soit habitable pour pouvoir en faire une annexe à leurs îles de base. Rajout de pouvoir, de terrain, bond pour l’économie, tout ça tout ça. C’est peut-être compliqué à comprendre, mais faut que tu saches que ces types nous verrons comme des fouineurs et ne nous réserverons pas le meilleur accueil. Manquerait plus qu’on dise sur un journal que l’île vierge devrait devenir une réserve naturelle ! Ce serait horrible pour eux. On est des ennemis. Alors depuis le début, ils nous mettent des bâtons dans les roues. J’ai déjà fait un saut sur l’île, mais je n’ai jamais pu apprendre grand-chose sur les Pokémon et sur l’environnement. Je ne peux que me contenter de suivre l’équipe des géologues, car de toute façon ils devront se référer à l’avis de ces experts pour savoir s’ils peuvent s’installer ou pas. Que je sois avec eux ne change pas grand-chose à leurs affaires. Par contre, que j’aille étudier la faune et la flore, ça, c’est problématique. Si je trouve une espèce protégée, ou que j’arrive à démontrer qu’il y a quelque chose de particulier à ne surtout pas déloger, je peux faire basculer l’île vierge sous le statut de réserve naturelle. Ce n’est pas mon but, évidemment. Je ne fais que relater les faits. Mais le journalisme, c’est parfois difficile…

Alban comprenait bien. Il hocha la tête, un peu dépité cependant d’apprendre qu’il y avait une telle lutte de pouvoir qui lui semblait si stérile. Mais après tout, il restait un enfant. Le monde des adultes était encore bien loin, et il n’avait pas envie d’apprendre à le comprendre maintenant. Il avait tout le temps pour ça, après tout.

- Là où tu interviens, c’est que t’es un ptit jeune étudiant, continua Clyde. Ils se méfieront pas, tu n’as pas un statut de journaliste, tu ne représentes pas une menace. Ils ne feront pas attention à toi, ils croiront que l’école t’envoie pour faire un devoir d’été, un truc du genre. Je suis prêt à manger mon chapeau si un seul d’entre eux te pose des questions ou s’intéresse de trop près à toi. Ils ont bien trop à faire avec leur petite gueguerre et les scientifiques qu’ils harcèlent constamment. Et puis ils me colleront moi, je serai l’appât, en quelques sortes. Désolé de ne pas te l’avoir dit plus tôt, j’espère que ça ne te dérange pas…

Bon. Dans les faits, il avait légèrement été induit en erreur. Mais tout ça représentait un challenge supplémentaire. Il savait qu’il devait rester neutre et ne pas donner son avis dans son article, mais au fond, il avait envie de découvrir un truc si magnifique que l’île deviendrait une réserve naturelle. Ce serait un rêve, qu’il puisse démontrer qu’elle devait restait vierge, comme au cours de toutes les années précédentes. Excité, il assura à Clyde que ça ne le dérangeait pas, et qu’il ferait de son mieux. Benji lui adressa un sourire discret, qu’Alban lui rendit. A deux, ils allaient faire une bonne équipe. Petit grain de sable dans la machine bien huilée des politiciens.

Grimpant dans le bateau, il s’installa dans une cabine aménagée en salle de réunion et dialogua longuement avec ses nouveaux collègues. Clyde leur exposa ses recherches et ses découvertes actuelles, l’avancée géologique, les différentes personnes présentes actuellement sur l’île... Il ajouta que les recherches sur Pokémon n’avaient pas encore réellement commencé, les scientifiques étant bloqués par la pression des politiciens. Ce serait à Alban de démarrer tout ça, et de faire le tour de l’île. En outre, la superficie de l’île aux oiseaux n’était pas énorme. Bordée de nombreux lacs et rivières, elle avait une surface habitable réduite. Ils devraient cependant vérifier qu’il n’y avait bel et bien aucun Pokémon Aquatique dans les eaux, grâce aux Pokémon de Benji. D’après les premières observations des scientifiques, parues avant qu’on ne les réduise à s’occuper uniquement de la topographie des lieux, il n’y en avait aucun. Mais il valait mieux s’en assurer pour ne pas passer à côté de choses importantes. Alban pris note de nombreuses informations, et, sur les coups de minuit, ils décidèrent d’amarrer le bateau grâce à leurs Pokémon et d’aller se coucher. De toute façon, l’île ne serait pas accessible avant 6h du matin. Ils étaient justes devant la zone des courants marins, et ils restèrent bien à distance pour éviter que l’embarcation ne soit prise dans les turbulences avant l’heure H. Se couchant dans sa cabine, Alban ferma les yeux. Bercé par le remous des flots, il avait l’impression d’être lui-même immergé dans l’eau. Zéphyr et Auster dormaient près de lui, ce qui le rassurait. L’expédition risquait de ne pas être de tout repos, et il fallait absolument qu’il recharge ses batteries pour être fonctionnel le lendemain. Pris enfin dans les bras de Morphée, il se laissa aller et s’endormit paisiblement.
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Jour 1. Il était 6h du matin et Alban rejoignit l’équipe sur le pont. Les quatre adultes le saluèrent et lui donnèrent des croissants, qu’il partagea avec Zéphyr et Auster. Le jour s’était déjà levé, et le soleil, à mi-chemin, déversait ses rayons rose et or, traits d’encre aussitôt dilués par le l’éther azuré. Silencieusement, le bateau se remis en mouvement et se dirigea vers l’entrée de la zone des courants marins. Alban retint son souffle tandis que la coque glissait doucement. Brusquement, ils se sentirent tous filer en avant, comme poussés par une force invisible. Alban se cramponna au bord tandis que Clyde ne cessait de gesticuler « La vache ! La vache ! Ça va finir par me rendre malade ! ». Suivant une route tracée par les flots, le bateau virevolta d’un côté à un autre, prenant une vitesse vertigineuse. Autour d’Alban, tout n’était que flou et vélocité. Il avait l’impression de se retrouver en pleine course aérienne, sauf qu’il était sur un bateau et qu’il n’avait aucun contrôle sur rien. Il crispa ses mains sur le pont et ferma les yeux, lorsque d’un coup, l’embarcation déboucha dans une zone calme. Etonné, Alban regarda autour de lui l’île qui venait d’apparaître. A présent qu’ils avaient traversé le brouillard épais, ils débouchaient sur une terre verdoyante et paradisiaque. Un hoquet près de lui indiqua que Zéphyr supportait bien mal cette balade en bateau mouvementée. Auster lui-même avait dû faire de grands efforts pour ne pas se retrouver projeté par-dessus bord. Ses yeux rouges scrutaient l’eau comme si elle venait de lui faire le pire affront du monde.

- Là, là, tout va bien… murmura Alban à ses Pokémon, qui vinrent se blottir contre lui docilement.

La coque toucha bientôt le banc de sable, et ils descendirent. Le marin qui les avait amenés ici, après avoir déchargé toutes leurs affaires, repris aussitôt la route, et les courants le recrachèrent bien au-delà du nuage de brume. Alban pris son sac à dos, et Clyde fit sortir un Tauros pour les aider à trainer le reste des valises. Ils s’engouffrèrent donc dans la forêt et allèrent baser leur campement dans une clairière que le journaliste avait déjà investie à sa dernière venue. Alban pu remarquer que ses collègues étaient très doués pour le camping sauvage. Comme des soldats bien entraînés, ils montèrent en un clin d’œil tentes, chapiteau de commandement et zone de douches. Alban fut particulièrement fasciné par ces cabines de douches pneumatiques avec un pommeau accroché sur le haut, dont le réservoir d’eau s’alimentait directement dans la rivière qui coulait autour d’eux et formait une barrière sur tout un côté. Toutes les tentes étaient de couleur verte, pour se camoufler habilement dans l’environnement et ne pas déranger les Pokémon sauvages. Clyde expliqua qu’ils étaient moins repérables ainsi, et que c’était la norme des journalistes de son agence. Alban aida autant qu’il le pouvait, même s’il se sentait étonnamment petit, au milieu de toutes ces pointures. Il avait eu la chance de les accompagner, mais il ne pouvait pas se considérer comme un pro, contrairement à eux tous. La sympathique de ses collègues le rassurèrent cependant, et, après avoir fait un nouveau briefing, il fut décidé que Clyde allait rejoindre les géologues, tandis qu’Alban et Benji allaient explorer les rivières et lacs. Sam et Harley, quant à elles, allaient installer tout leur matériel pour commencer à faire des mesures climatiques. Harley leur confia un outil de communication de sa propre confection, une sorte de montre qu’ils attachèrent à leurs poignets et qui permettait de contacter les autres. L’appareil était apparemment étanche, et Harley passa tout le temps nécessaire pour qu’Alban puisse s’en servir impeccablement. Le mécanisme n’était pas bien compliqué, et à la portée d’une personne aussi nulle en technologies qu’Alban. Il y avait cinq montres, chacune de couleur différente. Pour parler à une ou plusieurs personnes, il suffisait de maintenir appuyé le bouton de la couleur des autres, et les relâcher une fois le message transmis. Ils firent des tests pendant une dizaine de minutes, avant de se séparer.

Alban, accompagné de Benji, Auster et Zéphyr, se mis en route pour ses premières explorations. Il avait confié son œuf irisé à Sam, qui avait promis de bien s’en occuper. Calepin en main, il s’apprêta à noter chaque détail, mais force était de constater que dans cette partie de la forêt, il n’y avait pas de Pokémon. Le nombre d’arbres fruitiers était en effet extrêmement faible, et Alban supposa que s’il n’y avait pas non plus de Pokémon Aquatique à chasser, les oiseaux ne viendraient pas ici. Benji se révéla un peu plus bavard au fil des heures qui passaient. Alban appris qu’il venait de se marier et qu’il avait une petite fille qui venait de naître. Il avait commencé la photographie très jeune et habitait dans la région de Kantô, tout comme Clyde. Son équipe se composait essentiellement de Pokémon qui lui était utiles dans des expéditions comme celles-ci. Un Aéromite pour capter les perturbations autour et utiliser de ses ultrasons pour détecter la présence de Pokémon. Un Léviator pour les transports en mer et les explorations sous-marines. Un Kadabra pour la fuite et les transports longue-distance. Et son starter, un Feunard, pour les éventuels combats. Alban lui présenta Auster et Zéphyr, et le photographe fut impressionné par l’or des ailes du Goélise. Au bout d’une bonne marche, ralentie par Alban et son genou, le duo parvint enfin au premier lac. D’après la carte provisoire des lieux, il s’agissait du plus grand lac de l’île vierge. En dehors, il y en avait trois autres, de taille plus modeste, disséminés un peu partout.

Ben fit sortir son Léviator et Alban grimpa sur le dos de la créature, peu rassuré par cette première plongée vers les profondeurs abyssales. Il s’assit derrière le photographe, et la petite équipe descendit dans l’eau du lac. Alban ne fut même pas mouillé par l’onde ; dès que le Léviator déclencha sa capacité, une bulle énorme l’entoura, permettant aux humains de respirer dans cet enclos. Alban préférait ne pas imaginer ce qui se passerait s’ils se faisaient attaquer et que la bulle éclatait, et se força à ne pas y penser. Par précaution, il avait rappelé Auster et Zéphyr, qui n’auraient pas été de la plus grande utilité dans l’eau, de toute façon. Ils pénétrèrent dans un monde sombre et silencieux. Benji braqua sa lampe torche devant lui, et ils parvinrent à percer le bleu turquoise et foncé de l’eau du lac, à la recherche de Pokémon. Alban avait beau regarder autour de lui, aucun signe de vie n’était perceptible. La végétation était d’ailleurs très rare, ce qui laissait supposer que le manque d’éléments nutritifs n’était pas propice au développement d’une faune. Au bout d’un quart d’heure de recherches infructueuses, Benji fit sortir son Aéromite et lui demanda de sonder la présence de Pokémon grâce à ses ultrasons. Le Pokémon insecte agissait comme un sonar, et, malgré ses ondes perturbées par l’eau, il parvint à utiliser ses attaques librement. Pourtant, il n’y avait toujours aucun signe de vie. Benji pris cependant quelques clichés, et, après deux bonnes heures à explorer sans succès, il demanda à son Léviator de les ramener à la surface.

- Pas grand-chose ici, mais je m’en doutais, lui dit Benji, en rappelant son immense Pokémon Aquatique.
- C’est bizarre tout de même, qu’aucun lac ne soit peuplé. Est-ce que c’est à cause de la zone des courants autour ? Les Pokémon n’ont pas pu accéder à l’île, tout comme les humains autrefois, ce qui aurait coupé tout développement de faune terrestre et marine.
- T’en as dans le crâne, Alban, mais malheureusement je ne peux pas répondre à tes théories, je n’en sais rien. Tout ce que je peux te dire c’est qu’il n’y a pas âme qui vive dans ce lac. Viens, on va explorer le prochain.

Ils se remirent en route. Alban avait l’impression de ne pas avancer, ce qui l’agaçait. Il savait bien qu’il était arrivé le matin même, mais ils avaient bien passé plus de quatre heures dans le même endroit sans trouver un seul Pokémon. C’était quand même fort, non ? Il n’avait que très peu écrit sur son calepin, et tout ce qu’il gribouillait était déprimant. Zone sans Pokémon. Zone sans Pokémon. Il avait l’impression de tourner en rond. Le second lac ne fut pas plus satisfaisant, même si, dans les forêts qui le bordaient, Alban et Benji avaient pu observer des Pokémon. Ils ne s’étaient pas vraiment arrêté, évidemment. Leur planning consistait à d’abord visiter tous les lacs pour invalider la présence de Pokémon Aquatique, et ensuite se concentrer sur les Pokémon Vol de l’île. Après tout, il fallait avancer par étape pour ne pas s’enliser. A tout vouloir observer, ils finiraient par ne plus rien voir. Alban jeta cependant sur le papier les noms des espèces qu’il put reconnaître, histoire de ne pas les manquer si jamais ils ne réapparaissaient pas plus tard. Aux alentours de 14h, ils décidèrent de faire une pause et de pique-niquer. Ils avaient emporté des rations froides du campement, et ils s’assirent sur une souche d’arbre pour recharger leurs batteries. Alban en profita pour faire sortir Auster et Zéphyr, leur distribuant des morceaux de baies coupées pour les rafraîchir. Il avait hâte de finir l’exploration de tous les points d’eau, pour enfin partir à la recherche des espèces volantes.

L’après-midi fila tout aussi rapidement que la matinée. Lorsque la nuit commença à tomber, Benji demanda à son Kadabra de les téléporter au campement, ce qui leur fit gagner de précieuses heures de marche. Se matérialisant au milieu de leur quartier général, Alban s’absenta pour prendre une douche et aller dîner avec l’équipe. Clyde était revenu, et autant dire que vu ce qu’ils lisaient sur son visage, les choses ne prenaient pas un tournant favorable. Ils firent un débriefing de la journée, attablés autour de raviolis bouillies. Le journaliste semblait épuisé.

- Pas super cette journée, j’ai l’impression d’être un fonctionnaire, un lundi matin. Les géologues s’approchent de la fin de l’étude de l’île, et le sol est favorable à la construction. Ce qui veut dire que l’île peut être habitable. Les arbres fruitiers sont nombreux, et les lacs doux permettraient d’avoir une source d’eau fraîche considérable. Autant dire que les requins sont en effervescence. Les disputes recommencent, et certains sont même en train de trouver des stratégies pour assurer l’accès à l’île. J’ai même cru entendre parler de dirigeables dans l’affaire, pfff, ça devient n’importe quoi. En clair, il faut absolument qu’on finisse toute l’étude dans la semaine si on veut éviter que les hommes politiques rasent un lieu qui pourrait potentiellement devenir une réserve. Ça ne me dérange pas qu’ils le fassent si jamais la cohabitation entre humains et Pokémon est possible, ici. Mais qu’ils attendent au moins d’avoir vérifié la faune avant de faire n’importe quoi…

Alban sentit son cœur se serrer. Une semaine. Ils avaient à peine fini d’explorer les lacs la première journée. Ils allaient au moins devoir passer la seconde à vérifier les derniers points d’eau qui restaient, s’ils voulaient faire le boulot à fond. Ce qui laissait moins de 5 jours pour étudier toutes les espèces. Autant dire que c’était pratiquement impossible. Benji échangea un regard avec Alban, et les deux garçons restèrent silencieux. Le message était clair : ça allait être vraiment compliqué.

- Pour ma part, j’ai pu faire quelques relevés météo, avança Sam, pour tenter de détendre l’atmosphère.

Elle présenta aux autres ses relevés, des graphiques compliqués qu’Alban avait du mal à comprendre. Ah, si seulement son père avait été là. Il avait travaillé de longues années à la Station Météorologique, mais il tenait déjà la Poste quand Alban était né. Malgré tout, le châtain ne s’était jamais intéressé à l’ancien travail de son père, et il le regrettait un peu, à présent. Il comprenait les résultats présentés par Sam, mais ne parvenait pas à saisir tous les autres termes techniques qu’elle employait. Elle acheva cependant sa présentation au bout d’une trentaine de minutes, et Alban nota les conclusions. Vint alors le tour à Alban et Benji de faire le bilan.

- On va être honnête, on a vraiment rien trouvé dans les lacs. Comme les premières observations le disaient, il n’y a pas âme qui vive dans les points d’eau. Il nous reste un lac à explorer, et plusieurs rivières. Autant dire qu’on aura fini demain soir au plus tôt… C’est bien plus long que ce que j’aurai pensé. Les lacs sont vraiment profonds. On aura du mal à terminer avant la fin de la semaine…

Clyde fronça les sourcils et croisa les bras. Il semblait réfléchir, et Alban savait qu’ils avaient la même idée. Pour éviter de laisser son tuteur le proposer à sa place, le garçon pris son courage à deux mains et se jeta à l’eau.

- Ou alors, nous pouvons nous séparer demain. Je pourrai partir seul explorer les zones terrestres, tandis que Benji terminera de sonder les lacs. Je pourrai avancer le travail, et Benji aura bien assez des cinq jours restants pour faire des clichés convenables pour l’article, je pense.

Clyde lui jeta un regard où brillait une étincelle nouvelle, même si on lisait dans ses traits crispés qu’il était soucieux.

- Ça me semble être un plan viable. Mais ce n’est pas ce qui était prévu. Tu as beau être un grand garçon, débrouillard et tout ce qu’il faut, Alban, tu n’as que 15 ans. Je n’ai pas envie de te laisser te balader sans surveillance sur une île dont on ignore presque tout. Il n’y a pas de soucis sur des lieux tranquilles comme Cobaba, mais là, c’est différent. C’est la véritable nature, celle qui n’a jamais eu affaire à l’homme. Il pourrait t’arriver tout et n’importe quoi, c’est dangereux.

Le visage d’Alban demeura impassible. Dangereux ? Plus que tout ce qu’il avait vécu depuis qu’il était arrivé sur Cobaba ? Pas sûr.

- J’ai infiltré une base de criminels avec mes camarades au début de Juillet. Déjoué un trafic de vol d’œufs à Mauville vers la même période. Je pense que niveau danger, j’en ai déjà vu pas mal. Je ne peux pas te garantir qu’il ne m’arrivera rien, car je n’en sais rien. Mais c’est notre seule solution si on veut finir le travail à temps, et le faire bien. J’aurai Auster et Zéphyr avec moi, et je serai en communication constante avec Harley. Je lui transmettrai ma position toutes les heures si ça peut te rassurer. Comme ça, si elle reste sans nouvelles au bout d’une heure, et qu’elle ne parvient pas à me joindre, elle pourra toujours envoyer quelqu’un qui irait me chercher sur le lieu que j’ai transmis en dernier.

Harley le regarda et il lut dans ses yeux que tout ça était possible. Après tout, elle était le liant de leur équipe. La responsable communication. Il s’agirait d’une seule journée, en plus. La troisième, il serait avec Benji, et tout irait mieux. Mais en attendant, il fallait absolument qu’il puisse avancer au maximum l’étude. Clyde fini par soupirer et par se laisser convaincre. Il autorisa Alban à partir seul le lendemain, et, après encore une heure de meeting, ils partirent se coucher.
Alban avait droit à une tente en solo, et, après avoir pris une douche chaude, il s’emmitoufla dans son sac de couchage. Le tapis d’herbe qui lui servait de matelas n’était pas des plus confortables, mais la journée l’avait fatigué et il ne tarda bientôt pas à s’endormir.
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Il fut réveillé aux alentours de 3h du matin par un bruit anormal. Ses yeux s’ouvrirent sur des iris bleus perçants, et il se redressa en silence. Vivre avec des oiseaux lui avait donné une certaine discrétion ; après tout, il était courant qu’il doive se lever en pleine nuit pour aller en soigner un, tout en faisant son possible pour ne pas réveiller toute la volière. Il était certes bien plus maladroit depuis qu’il avait un genou défaillant, mais en dehors, c’était une véritable ombre. A côté de lui, Zéphyr dormait roulé en boule, ses ailes entourant son corps frêle. Un peu plus loin, Auster était allongé près de l’œuf irisé, comme s’il essayait de le réchauffer à sa manière. Ses Pokémon étaient tous immobiles, et le bruit avait l’air de venir de l’extérieur. Alerte, Alban repoussa ses couvertures et attrapa son sac à dos. En fouillant, il sortit un couteau suisse qu’il garda en main, au cas où. Il ne voulait pas prendre le risque de réveiller ses Pokémon, car Auster risquait de s’illuminer par réflexe et de signaler leur position. Quant à Zéph’, eh bien… La mouette était d’ordinaire si paniquée qu’elle n’aurait pas fait le meilleur allié pour une mission de discrétion.

Ses oreilles bien entraînées captèrent de nouveau un mouvement. Derrière la toile de sa tente verte, il ne pouvait voir aucune ombre. L’obscurité était omniprésente, et l’absence de lumière provenant d’une quelconque lampe torche lui indiqua que ce n’était pas un de ses collègues qui s’était levé pour une pause toilette. Sa main se crispa automatiquement sur son petit canif. Qu’est-ce qui pouvait bien rôder autour de leur campement, à 4h du matin ? Devait-il allumer brusquement sa lampe torche, au risque de faire fuir l’intrus ? Ou au contraire, devait-il se faire discret et essayer de savoir ce qui se passait sans se faire attraper, au risque de tomber sur un malfrat ou un Pokémon sauvage peu enclin à lui ficher la paix ? La peur commençait à le gagner. Il aurait bien voulu qu’un de ses collègues soit là, mais à cette heure, ils devaient tous dormir comme des souches. Il rampa silencieusement jusqu’à l’entrée de sa tente. Il devait connaître l’identité de l’intrus. Que ce soit pour la sécurité de ses collègues ou bien la sienne. Brusquement moins courageux que dix minutes plus tôt, il se dirigea vers Auster et posa doucement sa main à la base de son cou. Le Pokémon ouvrit ses yeux rouges d’un seul coup, les sens en alerte.

- Tout va bien mon grand, restons discret. N’allume pas tes anneaux, murmura-t-il à voix basse, de façon à ne pas alerter les intrus. Il y a quelqu’un ou quelque chose qui rôde ici, et il faut qu’on aille s’assurer que le camp est en sécurité.

Il fit coulisser la fermeture de sa tente. Par chance, les modèles spécialisés pour les expéditions et observations de Pokémon étaient incroyablement silencieux. Sans un bruit, Alban parvint à s’extraire de sa tente, et il resta au sol, attentif aux moindres mouvements. Le campement paraissait silencieux. Toutes les lumières étaient éteintes, à l’exception des voyants rouges clignotants des machines de Harley. Il attendit plusieurs minutes sans bouger, lorsqu’un bruit dans un buisson à l’opposé du camp le fit sursauter. Grâce à la lueur trouble de la lune, il pouvait distinguer la masse sombre des feuilles des arbres, du ciel qu’on voyait derrière. Il n’avait pas une très bonne visibilité, mais il fut certain d’avoir vu une grosse silhouette passer en trombe et aller se camoufler derrière un bosquet. Humain ? Pokémon ? Il n’aurait su le dire précisément. Ses sens étaient biaisés par sa panique, et il avait l’impression de distinguer ce qu’il voulait voir. Ou justement, ce qu’il ne voulait surtout pas croiser. Il sentit que ses mains crispées sur son couteau suisse se mettaient à trembler toutes seules. La présence de son Noctali près de lui était rassurante, mais auraient-ils leurs chances dans une lutte ? Alban n’était pas un Topdresseur. Il avait bien vu ses limites lors de l’infiltration de la base Rouage. En clair, il arriverait difficilement à faire face si quelque chose de plus expérimenté que lui l’attaquait par surprise en pleine nuit.

Il entendit encore la « chose » rôder un moment autour du campement, puis, au bout d’un moment, ce fut le silence complet. L’intrus était parti.

- Auster, est-ce que tu sens la présence de quelque chose ? chuchota-t-il à son Noctali.

Le Pokémon hocha la tête et Alban regagna sa tente. Le couteau suisse était quelque part sous son oreiller, et il ne put fermer un seul œil de la nuit. Il savait bien qu’il y avait forcément des Pokémon sauvages sur cette île, et que le fait que l’un d’eux s’aventure dans leur campement était normal, mais il avait un mauvais pressentiment. Auster, sentant le trouble de son dresseur, se positionna à l’entrée de la tente pour faire la garde. Les minutes s’écoulaient, interminables, et Alban ressassait ses pensées. Qui ou quoi avait tenté de pénétrer dans leur campement ?
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Trois heures plus tard, le soleil se leva et Alban n’avait toujours pas réussi à trouver le sommeil.  Il était fatigué, mais la peur l’avait empêché de s’endormir. Dès qu’il entendit de l’agitation dans le camp, il sortit saluer ses camarades.

Clyde et Harley étaient en train de boire du café fort dans des thermos, l’air encore un peu dans les choux. Sam avait visiblement pris une douche dès le lever, et elle était fraîche et pimpante ; ses mesures n’attendaient pas, et elle s’affairait déjà à régler ses appareils. Benji de son côté, vérifiait son matériel de photographe, un biscuit dans le bec. Il mâchonnait sans dire mot, tandis que son Kadabra l’aidait à transporter son trépied ; tâche pas si évidente quand on a déjà une cuillère dans la main. Alban s’avança vers eux, mal à l’aise. Il les salua tous et s’assit sur un tabouret dépliant. On avait déposé des biscuits pour lui sur la table, et un thermos de chocolat chaud l’attendait. Cependant, son estomac était noué, ce matin-là. Il décida de se jeter à l’eau, même s’il se sentait coupable d’annoncer de mauvaises nouvelles dès le petit-déjeuner.

- Hm, écoutez les gars, dit-il, captant aussitôt l’attention des autres. Cette nuit, vers 3h du matin, j’ai entendu des… bruits autour du campement. Je n’ai pas réussi à identifier si c’était un humain ou un Pokémon, mais ça rôdait autour des buissons là-bas. C’est resté à peu près vingt ou trente minutes avant de repartir.

Il tendit son doigt pour leur montrer la direction, et les réactions furent aussitôt partagées.

- C’est énorme ! C’était peut-être un Pokémon sauvage ! Il devait être curieux, donc il a essayé de voir ce qui se passait par là. Ce serait bien qu’on puisse le voir ce soir, je tenterai de prendre des clichés, lui dit Benji, un sourire aux lèvres.
- Ah ! J’espère qu’il n’est pas venu trop près, il risque d’abîmer mes machines ! Je mettrai une protection supplémentaire autour d’elles, comme une barrière psychique par exemple. Je n’ai pas envie que mes appareils tombent en panne, s’exclama Harley en se levant et en allant vérifier que ses radios marchaient bien.

Clyde et Sam étaient déjà plus silencieux. Ils échangèrent un regard, et Alban compris qu’ils avaient les mêmes préoccupations que lui.

- Peut-être, peut-être pas… marmonna Clyde. En tout cas, nous devons être prudents et renforcer la sécurité, ce soir. Nous ne sommes pas seuls sur cette île. Il y a d’autres Pokémon, et aussi, d’autres humains… Quoi qu’il en soit, notre arrivée n’est pas passée inaperçue, donc restez sur vos gardes. Il n’est pas rare que des Pokémon soient intrigués par le campement, mais en général, ils s’en approchent et tentent de l’explorer la nuit, pensant qu’il n’y a personne. Si c’est bien un Pokémon et qu’il a eu l’intelligence de se cacher dans des buissons, surtout après avoir rôdé aussi longtemps, c’est soit qu’il est incroyablement timide, soit qu’il faut s’en méfier.

Un silence pesant tomba sur le groupe, et Alban tripota maladroitement sa fermeture de coupe-vent. Il n’avait pas voulu paniquer ses collègues, surtout après les réserves de Clyde quant à sa décision de partir explorer seul pour gagner du temps. Cependant, il fallait qu’il joue franc jeu avec eux. Ses collègues parurent malgré tout ne pas trouver que l’événement de cette nuit représentait un risque majeur. En vingt minutes, ils furent tous prêts pour attaquer une nouvelle journée d’exploration. Alban souhaita bonne chance à Benji - le pauvre, il allait sans doute encore s’ennuyer -, et ramassa ses affaires pour partir de son côté. Il avait pris la carte de l’île, et un quadrillage avait été effectué au stylo, pour découper l’espace en cinq zones. Il y avait les zones aux noms des quatre points cardinaux, et la zone centrale. Une zone par jour. C’était son objectif, et ce qu’il devait absolument tenir s’il voulait finir l’article avant la fin de la semaine. Par chance, l’île n’était pas bien grande, ce qui rendrait la tâche plus aisée. Il savait que dans la zone de son campement, la zone Sud, il n’y avait pas beaucoup d’arbres fruitiers ou de plantes comestibles. Ce qui allait lui permettre de rapidement finir celle-ci. Après tout, il n’y aurait certainement pas de Pokémon, par là. Optimiste quant à son efficacité, Alban s’apprêta à repartir lorsque Clyde l’interpela. Le châtain se dirigea donc vers son mentor pour recevoir les dernières instructions.

- Alban. Tout ira bien pour toi ? lui demanda-t-il, l’air soucieux. Je m’inquiète un peu… Enfin bon, je suppose qu’il n’y aura pas de problèmes si tu fais attention. N’oublie surtout pas de communiquer ta position à Harley régulièrement. S’il y a une zone au relief trop compliqué, ne t’y aventure pas et attend Benji. Marque la zone en grisé et on ira l’explorer plus tard, avec des Pokémon Vol ou des Pokémon Escaladeurs. N’en fais pas trop, la sécurité est la chose la plus importante.

Alban parvint à esquisser un sourire qui se voulait rassurant.

- Ne t’inquiète pas Clyde, je serai prudent, assura-t-il au journaliste.

Ils discutèrent encore un peu, puis Alban quitta le camp pour ratisser la zone. Zéphyr était perché sur son épaule, comme à son habitude. Auster avait quant à lui été rappelé dans sa Pokéball, afin de se reposer un peu. Alban allait avoir besoin de son Noctali à un moment ou à un autre ; aussi préférait-il le ménager et lui permettre de récupérer de sa nuit écourtée par ses tours de garde.

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La randonnée n’était pas la chose dans laquelle il était le plus doué, compte tenu de son genou. Cependant, il quadrilla la zone de façon satisfaisante. Il avait tout d’abord commencé son étude par la flore. Dans la zone Sud, il n’y avait que des arbres aux feuilles d’une couleur vert clair. Son iPok lui indiqua qu’il s’agissait de Pachira. Aucun fruit ne pendait à cet arbre, et il coupa un bout d’écorce avec son canif pour essayer de voir si le cœur de l’écorce pouvait être comestible. A Cimetronelle, certains arbres avaient un cœur d’écorce si moelleux qu’il était possible de les mâcher quelques temps pour en récupérer les substances nutritives, puis de la recracher. Il constata que ce n’était pas possible, et que l’écorce était bien trop dure pour représenter une source de nutriments possible. Il nota ses observations sur son calepin, puis s’intéressa aux fleurs, plus nombreuses. Il y en avait de toutes sortes et de toutes couleurs. Des tâches rouges, bleues, jaunes vives fleurissaient un peu partout, et il utilisa le registre des végétaux que Clyde lui avait transmis en fichier pdf pour tenter de les identifier. Malgré ses compétences presque inexistantes sur iPok, il parvenait au moins à comprendre le fonctionnement d’un registre des plantes. Il nota la nature de toutes les espèces, après avoir cherché pendant deux bonnes heures, et en vint à la conclusion que dans la zone Sud, il n’y avait pas de source d’alimentation viable pour les Pokémon. Régulièrement, il envoyait des informations à Harley, qui s’occupait de les compiler. Après tout, son travail aurait été vain si un Pokémon lui volait son calepin. Aussi l’équipe préférait-elle s’assurer que ses informations resteraient stockées quelque part. Egalement, il lui transmettait sa position, en la rassurant du mieux qu’il le pouvait. La blonde, qui devait s’ennuyer par moments, lui tapait alors la discussion pendant quelques minutes, avant de le laisser retourner à ses occupations.

Il termina l’étude de la flore avant midi. Il commença alors à s’intéresser à la faune. Sur les enseignements de Clyde la veille, il posa ses premiers pièges à Pokémon. Indolores pour les créatures, il s’agissait simplement de boîtes de tailles différentes qui se refermaient dès qu’elles captaient qu’un Pokémon était à l’intérieur. Des croquettes aux odeurs puissantes avaient été entreposées à l’intérieur, et permettaient d’attirer la pauvre victime. Alban les camoufla habilement dans des buissons épais, invisibles pour l’homme. En effet, son mentor lui avait imposé de ne surtout pas se faire repérer par les politiciens. Aussi préférait-il cacher ses pièges dans des endroits où ils ne risquaient pas d’être découverts. Après tout, le flair des Pokémon leur permettrait bien de repérer les croquettes. Il cocha soigneusement les positions des pièges sur sa carte pour n’en oublier aucun. Il fallait qu’il soit extrêmement rigoureux là-dessus, car s’il oubliait d’enlever ses pièges à la fin de la journée, le Pokémon potentiellement enfermé à l’intérieur serait voué à une mort certaine. Après avoir posé sa vingtaine de pièges, il étudia le sol plus précisément pour tenter de repérer des traces du passage des Pokémon. Plumes, touffes de poils, empreintes ou quoi que ce soit… Griffures ou coups sur les arbres. Au bout d’un bon quart d’heure, il fit enfin sa première trouvaille : derrière un bosquet, quelques empreintes de pattes étaient imprimées dans la terre. A la forme, il s’agissait d’un oiseau, de toute évidence. Cependant, ce n’était pas une preuve à proprement parler du lieu d’habitat d’un Pokémon, car les Pokémon Vol allaient et venaient où bon leur semblait. Celui-ci pouvait très bien avoir eu envie de se dégourdir les ailes et de se reposer à l’ombre avant de reprendre sa route vers des lieux plus accueillants.

Alban continua ses recherches. Zéphyr n’était pas d’une grande aide, mais sa présence aidait Alban à ne pas s’ennuyer durant les phases de marches interminables. La petite mouette chromatique piaillait doucement et le contact de son corps chaud près de sa joue rassurait son dresseur. Au bout d’un moment, le Voltali trouva, prise dans un enchevêtrement de feuilles, une plume d’un rouge carmin. Plusieurs Pokémon pouvaient prétendre en être les possesseurs. La famille des Passerouge et de ses évolutions. Celle de Cadoizo, même si Alban doutait fort de la présence d’un tel oiseau ici. Après tout, ils favorisaient en général les climats froids, et l’île aux oiseaux était tout sauf polaire. Il pouvait également s’agir de Roucoups ou Roucarnage, même si la teinte tirait plus vers le rosé pour les plumes de ces derniers. Pour en avoir côtoyé énormément, Alban savait bien que ce rouge sombre ne pouvait pas leur appartenir. Nirondelle, Héledelle, Corboss, ou encore Guériaigle étaient ses dernières suppositions. A moins que le Pokémon ne soit chromatique, ce qui était peu probable, mais pas une hypothèse à écarter totalement. Par précaution, il garda la plume avec lui, la glissant soigneusement dans une boîte en plastique. Ce fut cependant la seule trace qu’il put trouver, car le reste de ses recherches se révéla infructueux.

Après avoir bien parcouru la zone, Alban décida qu’il pouvait commencer à explorer la zone Est. Il devait être aux alentours de 17h, et il avait encore un peu de temps devant lui pour avancer un peu son travail. Ses pièges étaient tous restés dans la zone Sud, mais il devait attendre jusqu’au lendemain pour les relever, histoire de laisser assez de temps au collet pour fonctionner. Se précipiter n’avait jamais apporté beaucoup de bon, et il préférait aller à son rythme pour ne pas manquer des choses essentielles. Fermant sa carte, il pénétra dans cette nouvelle zone, avec le sentiment que cette fois, les recherches se révèleraient plus payantes.

Dernière édition par Alban Abernaty le Ven 28 Aoû - 9:11, édité 3 fois
Alban Abernaty
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Région d'origine : Hoenn
Âge : 17 ans
Niveau : 70
Jetons : 20638
Points d'Expériences : 2487
Hoenn
17 ans
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Hoenn
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Alban Abernaty
est un Pokeathlète Coach

Complot sur l'île aux Oiseaux (part 2)
Cours été 2015 - Scientifique
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Pokémon utilisés :
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Zone Est. Les arbres ici étaient beaucoup plus denses et touffus, et les fleurs moins présentes. Au bout d’un quart d’heure de marche, Alban repéra le premier buisson fruitier et il sentit son cœur faire un bond. De la nourriture ! Il s’agissait de simples baies Ceriz, mais cette découverte le rendit enthousiaste. En outre, plusieurs de ces baies étaient picorées par endroits, ce qui indiquait que des Pokémon étaient passés par là. Il appuya sur le bouton vert de sa montre et fit son rapport à Harley.

- Harley. Je viens de pénétrer dans la zone Est, coordonnées (75,2 ; 34,7) sur la carte. Je viens de trouver un buisson de baies Ceriz. Les baies sont partiellement mangées, donc présence presque garantie de Pokémon dans ce coin. Il y a de nombreux arbustes fruitiers mais les plus nombreux sont ceux de baies Ceriz. Pas de traces de Pokémon avec des crocs, je suis quasiment sûr qu’il s’agit ici de Pokémon Vol.
- C’est noté Alban. Mais n’oublie pas que tu dois être de retour au camp à 21h maximum, ne t’aventure pas trop loin dans la zone.
- Reçu 5 sur 5. Je te laisse, je vais continuer les recherches.

Il lâcha la pression de son doigt sur le bouton et retourna explorer l’endroit. La végétation était divisée entre les Pachira et les arbres fruitiers. L’identification alla beaucoup plus vite cette fois car Alban connaissait la majeure partie des baies existantes. Il griffonna avec entrain sur son calepin, observant les fruits qui restaient, étudiant les traces des Pokémon aux alentours. L’écorce des branches était par moment légèrement abimée. Les baies étaient picorées, et quelques fientes tâchaient parfois le sol ou les feuilles. Il regretta de ne pas pouvoir grimper à un arbre pour pouvoir mieux observer, mais l’aide de Zéphyr lui fut précieuse. Bien que son Goélise ne puisse pas voler, il était cependant un très bon grimpeur. Il suffisait à Alban de tendre le bras afin que son Pokémon soit au plus près des branches pour que ce dernier attrape une brindille entre son bec et se hisse d’un petit bond sur les hauteurs de l’arbre. Il virevoltait habilement d’une branche à l’autre, s’aidant des fissures dans l’écorce pour grimper à la manière d’une gymnaste.

- C’est bien Zéph’. Rapporte moi toute trace de la présence d’un Pokémon, l’encouragea-t-il d’en bas, légèrement dépité de ne pas pouvoir grimper lui-même.

La mouette lui ramena ainsi de précieuses trouvailles. Des plumes, pour la plupart. Mais également des bouts de nids, des morceaux de coquilles d’œuf et ce qui semblait être une serre cassée. Alban conserva le tout. L’étude de la coquille lui permettrait peut-être de savoir de quelle espèce il s’agissait. Pendant qu’il cherchait, des Pokémon sauvages se montraient sporadiquement à lui. Il put observer trois Roucool voler au-dessus des arbres, un Pijako faire ses vocalises sur une branche, quelques Nirondelle picorer des baies… Les Pokémon semblaient ne pas être trop dérangés par sa présence, mais par précaution, il se fit discret pour les observer. Il notait leurs caractéristiques, leurs modes de vie… Qu’est-ce qu’ils venaient faire ici. Etaient-ils là pour manger, se promener, ou rejoindre leur nid ? A force d’observations, Alban parvint à déterminer que des Roucool vivaient haut dans les arbres de la zone Est, tandis que les Nirondelle préféraient faire leur nid sous les branches, comme des sortes de ruches faites de salive, de débris et de plumes. Le Pijako était reparti depuis longtemps, et il ne put apercevoir aucun autre représentant de cette espèce ici. Probablement un promeneur. Aucun Pokémon Terrestre ne se montra à lui cependant, et il ne put trouver aucune trace dans la terre qui pouvait supposer leur existence. Il continua de chercher et d’observer encore un bon moment, jusqu’à ce que le jour décline et lui rappelle qu’il devait rapidement rentrer.

Vers 20h, satisfait de ses découvertes du jour, Alban s’apprêta à retourner au campement lorsqu’il entendit un bruit loin derrière-lui. Il consulta la carte et avisa la présence d’un des lacs qu’il n’avait pas pu visiter la veille avec Benji. Il s’arrêta, accroupis sur le sol, se concentrant pour essayer de percevoir les sons. A ne pas s’y tromper, il y avait des bruits d’éclaboussure et des piaillements. Il était tiraillé. Des éclaboussures, ça pouvait soit signifier que les Pokémon se baignaient, soit qu’ils étaient en train de pêcher ou de jouer avec des Pokémon lacustre. Or, ils n’avaient pas pu dénicher un seul Pokémon Aquatique la veille. Serait-ce là une nouvelle découverte ? Pourtant, il devait retourner rapidement au camp pour ne pas être perdu dans les bois en pleine nuit. C’était les ordres stricts de Clyde, et il n’avait pas envie de désobéir à son tuteur. Pourtant… Par précaution, il cliqua sur le bouton noir de sa montre, qui permettait de joindre Benji.

- Salut Benji. Dis-moi, je suis dans la zone Est et j’entends des bruits d’éclaboussure près du lac n° 4. Tu as pu trouver la présence de Pokémon Eau là-bas ?

La montre grésilla et la voix du photographe s’éleva, mécanique.

- Yo Alban. Non, pas âme qui vive, comme dans tous les autres lacs. Y’a 0 poiscaille. Par contre j’ai vu quelques Etourvol et des Lakmécygne dans ce coin. J’ai pris quelques clichés, mais demain on ira explorer les autres zones ensemble.
- Ok, merci des infos, à toute.

Il raccrocha et sa curiosité l’emporta. Pas de Pokémon Aquatique. Alors pourquoi tous ces bruits ? Il se dirigea à vive allure vers le lac. Zéphyr, sur son épaule, prenait du repos bien mérité. Sur le chemin, le soleil commençait doucement à s’éteindre. Alban trouva le moment opportun pour sortir Auster, qui se matérialisa dans un rai de lumière rouge. Le garçon fut content de le revoir en forme, et il se pencha un instant pour lui gratter l’arrière des oreilles.

- Bien dormi Auster ? Ecoute mon grand, on a un truc à aller voir un peu plus loin. Tu peux me faire un peu de lumière et utiliser ton flair pour signaler d’éventuelles présences ?

Le Noctali acquiesça et ses anneaux s’allumèrent progressivement, chassant l’obscurité naissante. En tête de groupe, il mena le reste de l’équipe jusqu’au lac, et Alban se cacha derrière un buisson. Droit devant, il y avait encore des bruits d’éclaboussures. Il jeta un coup d’œil et aperçu des Lakmécygne qui jouaient au bord de l’eau, agitant leurs belles ailes blanches et bleues ciel pour s’envoyer des gouttelettes. Le spectacle était fascinant. Alban demanda à Auster de maintenir la luminosité au minimum afin que les Pokémon ne les repèrent pas. Il griffonna de nombreuses notes sur son calepin. Il avait rarement vu ces Pokémon, car les Volières n’employaient jamais de Lakmécygne pour livrer le courrier. Ils étaient en général bien trop fiers, bien trop difficiles à dresser pour l’envoi de courrier… D’autant plus que leur milieu naturel n’était pas au beau milieu des arbres, comme leurs compères. Il leur fallait un point d’eau, un lac. Par tradition, les Lakmécygne n’étaient donc pas utilisés dans les Postes Pokémon. Il en oublia presque le temps. Tandis qu’il restait fasciné par le spectacle de ces Lakmécygne, la lune se faisait plus visible. Sa montre grésilla, son qui indiquait que quelqu’un essayait de le contacter.

- Alban ? C’est Harley ! Mon dieu qu’est-ce que tu fiches, il est déjà 21h et je n’ai eu aucune nouvelle depuis 1h ! Tu devrais déjà être rentré au camp, où es-tu ?

Heureusement que le son était réglé au minimum, sinon il aurait fait fuir tous les Lakmécygne. Il eut quelques sueurs froides en se rendant compte de l’heure. Clyde allait certainement le houspiller pour ça.

- Je suis au lac de la zone Est. Désolé, j’étais absorbé dans mes découvertes. Il y a tout un clan de Lakmécygne ici, ils vivent en communauté, se baignent dans le lac et semblent être joueurs. Ils se nourrissent de baies Alga, ce qui doit sûrement contribuer à leur donner un plumage aussi éclatant. Je n’en avais jamais vu de comme ça, même sur les photos. Mais je vais me mettre en chemin et…

Il s’arrêta net. La pleine lune ronde et blanche brillait haut dans le ciel, se reflétant dans l’eau du lac. Aussitôt, l’ambiance semblait avoir changé. Les Lakmécygne arrêtèrent de jouer et ils s’alignèrent les uns à côté des autres. Puis, doucement, ils se mirent à agiter leurs ailes et à s’élever dans les airs pour une sorte de danse nocturne. Ils tournaient, replongeaient dans l’eau, avec la plus parfaite des synchronisations. Ils tournoyaient sur eux-mêmes, relevaient la tête d’un air fier, agitaient les plumes de leur coiffe… C’était magnifique.

- Alban ? Alban ? Tu es encore là ? demanda la voix inquiète de Harley.
- Oui. Ecoute Harley, dis à Clyde que je suis désolé, mais il se passe un phénomène incroyable ici. Je peux pas rentrer tout de suite.
- Hein ? Non, rentre maintenant, ça risque d’être dangereux pour toi et- *clic*

Il raccrocha sa communication, ce qui était certainement très impoli mais qu’importe. Il ne pouvait pas être perturbé plus longtemps par Harley, il fallait qu’il continue d’observer cette sorte de ballet. Il nota plusieurs choses sur son calepin. « Les Lakmécygne semblent se consacrer à un ballet lorsque la nuit tombe. La lune qui se reflète dans le lac est leur cœur de scène. Ils tournoient autour et usent habilement de sa position pour faire briller leurs plumes. Un Lakmécygne danse au centre. Plus grand et plus majestueux que les autres, il doit certainement être leur chef. Ils évoluent avec la plus parfaite des coordinations. Leurs mouvements sont synchronisés, parfaits au millimètre près. »
Il apposa le point final, et continua d’observer les Lakmécygne. La danse était tellement belle. Elle avait quelque chose de surréaliste, comme si Alban n’avait pas été vraiment sur place pour l’observer. Comme s’il se trouvait dans une sorte de rêve. C’était magique. Pourtant, quelque chose sembla perturber les danseurs car ils s’arrêtèrent aussitôt.

Auster, près d’Alban, dressa ses oreilles en pointe. Il montra les crocs pour grogner, les pattes tendues, prêt à bondir. Les Lakmécygne regardèrent autour d’eux, comme inquiets, et Alban se tapit plus encore sur le sol. Qu’est-ce qui se passait ? Il sentait son corps crispé sous le joug de la pression. L’ambiance, pourtant si magique, avait rapidement basculé à quelque chose de totalement différent. Il y avait de l’orage dans l’air. Une ombre passa devant Alban, et le garçon écarquilla les yeux. La chose se mouvait si rapidement qu’il n’eut pas le temps de voir les détails. Dans la minute, les Lakmécygne s’envolèrent dans un torrent de plumes et un concert de piaillements, complètement affolés. Deux rayons violets lumineux s’abattirent sur le groupe qui était en train prendre la fuite, et l’un des Pokémon tomba dans le lac avec un bruit sourd.

Alban suivit la chute du Pokémon, voyant dans cette dégringolade l’image de Cirrus. Il se leva d’un bond, ce qui était aussi stupide qu’impulsif. Zéphyr, sur son épaule, agita des ailes maladroitement, tout aussi paniqué que les Lakmécygne. Auster regarda son dresseur de ses yeux rouges et sortit les griffes, prêt à le défendre corps et âmes. Le châtain s’élança vers le lac, suivi de ses deux Pokémon. A présent, tous les Lakmécygne avaient disparu à l’exception de celui qui était tombé en plein sur le reflet trouble de la lune. Sur le rond de lumière blafarde, un sillon de sang se laissait emporter par les flots. Alban cria et entra dans le lac, s’immergeant jusqu’aux genoux. Le Pokémon était en piteux état, mais il respirait encore. Son visage était tordu par la douleur, et Alban s’approcha de lui tout en nageant maladroitement, et l’attrapa par le dos.

- Tout va bien mon grand, je vais te sortir de là. Calme toi, ne t’agite pas, je ne suis pas ton ennemi… lui dit-il, tentant d’apaiser le blessé malgré la panique et l’amertume qui troublaient sa voix.

Il ramena le Pokémon sur la terre ferme et regarda son aile. Elle était déchiquetée sur tout le long par une attaque qu’il n’avait même pas pu identifier. Le Lakmécygne émit un son piteux et posa sa tête sur les genoux d’Alban. Des larmes coulaient en abondance des yeux du garçon. Il ne savait pas pourquoi, mais il venait de craquer. Le souvenir de Cirrus. Ce magnifique oiseau blessé pour une raison qui lui était inconnue. Et la peur, aussi. L’agresseur était sûrement encore dans le coin, et lui s’était jeté tête la première au milieu d’un lac pour aller aider ce Pokémon. Il avait beau avoir Auster et Zéphyr à ses côtés, il ne se sentait pas en sécurité pour autant. Il devait fuir. Partir vite d’ici. S’échapper. Pourtant, il n’aurait pas été capable de porter le Lakmécygne, qui était presque aussi grand que lui. Désespéré, il regarda autour de lui pour essayer de voir quelque chose, mais la nuit était trop sombre. Auster, remarquant les gestes de son dresseur, ralluma aussitôt ses anneaux à pleine puissance, chassant les ténèbres.

Il n’y avait rien autour. L’agresseur - et Alban était sûr qu’il s’agissait d’un Pokémon -, était soit parti, soit dissimulé derrière un bosquet. Soudain, une brume noire s’échappa de nulle part et engloba le quatuor. Le Lakmécygne glapi comme un Caninos et Alban se figea. Brume Noire. Un rire guttural, amplifié par ce lieu propice aux échos résonna dans toute la clairière. Il sentit son corps trembler. L’agresseur, quel qu’il soit, était machiavélique. C’était une certitude qu’il avait en entendant ce son horrible. Auster grogna plus fort. La chose était proche d’eux. Même Alban pouvait le percevoir, même s’il le faisait avec ses autres sens valables, dans cette purée de pois. Brusquement, le châtain sentit une perturbation dans l’air. A ses côtés, Benji et son Kadabra se matérialisèrent, l’air furieux. L’intervention était trop belle pour être vraie. Il devait être en train de rêver.

Benji regarda autour de lui, remarqua le Lakmécygne blessé et Alban, les larmes creusant des sillons sur la poussière de son visage. Il attrapa le bras de ce dernier.

- On se casse, dit-il fermement.

Auster et Zéphyr se plaquèrent sur leur dresseur. Alban serra le Lakmécygne dans ses bras, et tous disparurent dans un rayon de lumière blanche. Le garçon ferma les yeux tandis qu’il sentait son essence s’évaporer dans les airs, pour se matérialiser ailleurs. Ils étaient sauvés. Pourtant, quelque chose le perturbait énormément. Quel était le but de ce Pokémon ? Pourquoi avait-il délibérément blessé un Lakmécygne, et tenté d’attaquer Alban également ? Un frisson parcourut l’échine du garçon. Car même si tout s’était enchaîné si vite, son cerveau se rappelait du moment où la masse était passée à toute vitesse devant lui. Et même si c’était ténu, Alban en avait été certain.

Ce Pokémon portait sur lui une odeur de cigarette.

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- Mais qu’est ce qui t’as pris, bon sang ! Si Harley n’avait pas prévenu Benji, et que ce dernier n’était pas venu te chercher, dieu seul sait ce qu’il te serait arrivé ! On te retrouve en larmes, un Lakmécygne blessé entre les bras, au beau milieu d’une Brume Noire. Bordel, mais t’es complètement inconscient ou quoi ?! T’as capté que tu aurais pu te faire tuer ? Tu m’avais promis que tu serais prudent, et voilà le résultat ! Et puis t’as raccroché au nez de Harley, tu arrives à rentrer dans ta tête le fait qu’on soit une EQUIPE ?!

Le sermon dura une bonne demi-heure. Ils étaient tous autour d’une table, attablés comme pour le dîner. Sam s’était occupée du Lakmécygne et avait bandé son aile blessé, chose qui était la priorité première. Clyde était hors de lui. Il était debout et ne cessait de hurler sur Alban. En même temps, ce dernier ne l’avait pas volé. Il avait désobéis à des ordres, raccroché au nez de la coordinatrice des équipes, et quand on avait enfin pu le retrouver, il était en proie à un danger d’origine inconnue. Sans Benji… Alban se força à ne pas y penser. Ils étaient saufs, le Lakmécygne était soigné, et c’était ce qui importait le plus.

Clyde continuait de pester dans sa barbe de trois jours. Il finit par aller chercher une boisson fraîche dans leur mini frigo qui tournait grâce à l’alimentation permanente du Voltali de Hayley. Il était parti bougonner dans son coin, de l’avis d’Alban. La mécanicienne soupira et braqua son regard sur le garçon. Elle avait l’air d’avoir passé une journée difficile. Alban la comprenait ; après tout, ils avaient failli perdre un des leurs.

- Ne fais pas attention, il était juste super inquiet pour toi, Alban. Et nous aussi… Ne refais pas un coup comme ça tout seul, c’est dangereux… lui dit-elle, l’air maternel.

Il comprenait. Il leur avait fait se faire du souci. Qu’aurait-il fait, dans la même situation ? Pourtant, il fallait qu’il leur parle de ce qu’il avait vu. Depuis son retour, il avait oscillé entre une armée de questions et un bataillon de reproches. Les seconds prenant le pas sur les premières, il s’était rendu compte que personne ne l’écoutait vraiment, et avait fini par se taire pour reposer le tout sur le plateau plus tard. A présent qu’ils étaient plus calmes, et que sa demi-heure de non-gloire était passée, il pouvait reprendre son histoire du début. Il attendit que Clyde soit revenu et leur parla des Lakmécygne. De ce spectacle magnifique au cœur du lac. Puis de l’ombre et de cette odeur de tabac, ainsi que l’attaque. Il raconta tout, jusqu’au moment de l’arrivée de Benji. Le photographe était resté incroyablement silencieux, d’ailleurs. Il devait encore être sous le choc. Les adultes se firent songeurs. Qu’est-ce qui dans ces bois pouvait avoir une si grande puissance pour blesser aussi gravement un Lakmécygne ? Ils se perdirent dans des hypothèses et des spéculations toute la nuit durant. Puis, après avoir convenu de regrouper les tentes pour plus de sécurité, Alban se retrouva à dormir avec Clyde et Benji, tandis que Sam et Harley dormaient ensemble. Le châtain eu du mal à trouver le sommeil, mais finalement, les ronflements de Benji l’aidèrent à se laisser glisser dans les bras de Morphée…
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Le lendemain, Alban reparti avec Benji. Il fut convenu d’éviter la zone Est pendant un moment, et le photographe ne se baladait plus sans son Aéromite. Ils partirent cependant relever tous les pièges posés par le Voltali dans la zone Sud, mais ne trouvèrent aucun Pokémon pris dedans, comme ils l’avaient prévu. Ils se dirigèrent donc vers la zone Centrale pour commencer le cœur de leur exploration. D’après Clyde, tous les Politiciens étaient à un congrès sur l’île Mandarine aujourd’hui, ce qui laissait au duo une chance rare de pouvoir explorer la zone sans tomber sur l’un d’entre eux. Les fameux « requins » des îles Oranges avaient en effet basé leur campement au milieu de la zone Centrale, ce qui aurait été problématique en d’autres circonstances. Alban travailla beaucoup plus vite avec Benji à ses côtés. Le photographe avait un certain flair, et à deux ils parvenaient à couvrir la zone plus rapidement encore. Ils trouvèrent des vestiges de la présence de Pokémon sur les lieux, mais n’en virent aucun, hormis un Roucool qui volait très haut dans le ciel, sûrement de simple passage. La présence des humains avaient dû les faire fuir, et ils passèrent à la zone Ouest après avoir pris tout en note.

Il devait être aux alentours de 13h lorsqu’ils atteignirent enfin cette zone, plus montagneuse que les autres. Ils eurent des difficultés à monter jusqu’à une grotte et n’y parvinrent que grâce à l’intervention du Kadabra de Benji. Une fois à l’intérieur, Auster éclaira leur chemin grâce à ses anneaux lumineux et ils découvrirent la présence d’un nid de Nosférapti qui les attaqua presque aussitôt. Grâce aux Vibraquas et aux Ultrasons de Zéphyr, ils parvinrent à s’échapper et allèrent se réfugier sous un grand arbre. Benji pu prendre de très nombreux clichés, ici. Ils croisèrent de nouveau des Roucool, mais cette fois-ci accompagnés de Roucoups. Ils purent aussi découvrir la présence d’Etourvol et d’Etourmi.

- Harley, ici Alban au rapport. La zone Ouest est très dense, et les sources alimentaires y sont particulièrement abondantes. Des Nosférapti vivent dans une caverne en hauteur ; après avoir exploré leurs grottes, nous en avons déduis qu’ils ne se nourrissent que de baies, comme tous les autres Pokémon ici. Nous avons de nouveau aperçu des nids de Roucool, mais également des clans d’Etourvol et Etourmi. Pas de trace des Lakmécygne ici, mais je pense qu’après l’attaque d’hier, ils sont partis se réfugier. Peut-être à proximité d’un lac, je ne sais pas.

Il dialogua brièvement avec la jeune femme puis continua ses observations. Au bout d’un moment, Benji et Alban débouchèrent dans un coin qui ressemblait étrangement à une jungle. Un signal sonore sur la ceinture de Benji leur indiqua qu’un des pièges qu’ils avaient posé plus tôt dans la journée avait capturé quelque chose. Enthousiastes, ils allèrent retrouver la cage, à 600m de leur position, pour découvrir leur trouvaille.

La box était de petite taille. Benji se pencha pour regarder quel Pokémon était tombé là-dedans, et eu un sourire. Faisant signe à Alban, il lui montra le petit gourmand.

- Eh tiens, toi qui te demandait où est-ce qu’il était passé, plaisanta Benji.

Un Pijako était en train de grignoter allègrement les croquettes. Les joues pleines, il tourna vers eux ses grands yeux, puis pencha la tête de côté. Il n’avait pas l’air de trop comprendre ce qu’il se passait, mais continuait de manger sans lâcher les deux humains des yeux. Zéphyr, sur l’épaule d’Alban, gigota sur place, ce qui indiquait qu’il devait avoir faim également. Ils décidèrent donc de faire une petite pause goûter avant de sortir le Pijako de sa cage. Auster et Zéph’ se régalèrent de biscuits secs, tandis qu’Alban buvait de grandes gorgées de jus de fruit. D’humeur joueuse, Benji sortit le Pijako de la boîte. Expérimenté grâce à son métier de photographe nature, il montra à Alban comment sortir un Pokémon de son piège sans le blesser. Il se positionna devant la boîte, puis releva doucement le clapet. Là, il rassura le Pokémon par sa voix douce, et passa ses mains autour des pattes du Pijako pour l’empêcher de s’envoler. Il demanda ensuite à Alban de nouer autour une corde afin que l’oiseau puisse s’envoler mais pas s’échapper. Le Pokémon chanteur n’était cependant pas d’humeur à s’enfuir tout de suite et il alla grignoter les biscuits d’Auster et de Zéph’, sous les regards offusqués de ces derniers. Une fois la pause achevée, ils repartirent en suivant le vol du Pijako. A distance, ils le suivirent et arrivèrent dans la jungle qu’ils avaient quittée plus tôt. Ici, les lieux ressemblaient beaucoup à Cobaba, de l’avis d’Alban. Des arbres type palmier, avec de longues lianes qui formaient un réseau végétal dense. Il avait l’impression d’être de retour « à la maison », et son cœur se serra de nostalgie. Il repensa à ses amis proches, Aaron et Calliope, se demandant où est-ce qu’ils pouvaient bien être, et s’ils allaient bien.

Il n’y avait cependant pas de temps pour se perdre dans ses souvenirs, et Alban buta contre un rocher. Désorienté, il tomba en avant, rattrapé de peu par Benji. Lorsqu’ils se relevèrent, le Pijako en avait profité pour se faire la malle avec leur corde, mais tout ça n’avait plus d’importance. Car autour d’eux, ils virent le spectacle pour lequel ils avaient suivi le Pokémon perruche.

Une cinquantaine de Pijako étaient perchés sur les troncs flexibles des palmiers. Curieux, ils regardaient les nouveaux arrivants, penchant pour la plupart la tête de côté. Dans un bruissement d’aile, deux d’entre eux vinrent se poser près d’Alban, qui resta immobile. Il sentit l’un des Pokémon se frotter contre sa cheville et lui mordiller les lacets, tandis que l’autre lui grimpait sur le bras. Il le gratouilla sous le bec, et le Pijako roucoula de contentement.

- Wow, ils ont l’air super apprivoisés, commenta-t-il, tandis que Benji s’éloignait en silence et mitraillait la scène de son appareil photo.

Alban su à cet instant que le photographe était aux anges. Suivant le mouvement, d’autres Pijako vinrent se poser près du garçon, grimpant sur ses bras, sa tête, se cachant dans la capuche de son coupe-vent. Zéphyr, qui semblait un peu serré sur l’épaule de son dresseur, entouré de deux autres volatiles, piailla de mécontentement. Auster semblait observer la scène sans trop savoir quoi en penser. Il claqua cependant des dents lorsqu’un Pijako tenta de se poser sur lui. Ils restèrent bien une heure pour faire des photos, observer les Pijako et noter des détails sur leur mode de vie. Les Pijako semblaient vivre en clan, tout comme les Lakmécygne, mais ils avaient l’air bien plus désordonnés et indépendants. Ils se mettaient des fois à chanter les uns après les autres - lançant sûrement une attaque Chant Canon pour éloigner les intrus mal intentionnés -, puis passaient le reste de leur temps à manger. A proximité, un ruisseau coulait, leur permettant d’aller se désaltérer ou se baigner. Il ne semblait pas y avoir de chef ; chaque Pijako vivait comme il l’entendait, allant parfois dans un groupe, se dirigeant parfois dans un autre. Le châtain fut fasciné également par leur relation avec les humains. Ils semblaient plus curieux que craintif, et l’un d’eux tenta même d’enfouir son bec dans le short de Benji pour voir ce qu’il y avait en dessous.

Au bout de deux heures, Alban et Benji décidèrent enfin de continuer leur expédition, mais ils ne trouvèrent rien d’aussi impressionnant dans la zone Ouest. On était à la tombée du troisième jour, et le duo regagna le campement. Il leur restait encore la zone Nord à étudier, et la zone Est à retourner voir. Ils étaient donc dans les temps, même si bientôt, leurs plans n’allaient pas tarder à être chamboulés.
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Le quatrième jour, Alban fut le premier à se lever. Les rayons du soleil perçaient déjà au travers du tissu de sa tente, et il s’étira longuement. Puis, réveillant Auster et Zéphyr, il s’habilla et sortit de son campement. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que les machines de Harley avaient été saccagées ! Il alla réveiller les adultes, et ces derniers furent totalement désemparés de voir tout le travail de la mécanicienne complètement ruiné. L’ordinateur sur quel elle compilait les données des autres membres du groupe était cassé en deux, et les fils des machines avaient été coupés. Trop nettement cependant pour qu’il s’agisse d’un simple « accident ». Une réunion de crise fut organisée.

- Nous avions pourtant dressé une barrière, mais ça n’a pas marché, dit Clyde. Je ne sais pas pourquoi, mais le quelqu’un ou quelque chose a la capacité de passer au travers. Peut-être un Pokémon Spectre ? Mais ça n’explique pas comment il a pu détruire tout notre matériel, et surtout pourquoi.

Harley était blême. Elle s’était assise sur un tabouret, et le Lakmécygne qui avait été soigné par Sam posa sa tête sur ses genoux. La bête avait une aile bandée et était incapable de voler pour le moment, mais elle pouvait remarcher librement. Elle avait compris que pour se rétablir, elle allait devoir rester au camp pour un temps, et ne cherchait même pas à s’enfuir. Alban lui gratouilla l’aile valide d’un air distrait. Lui aussi avait pris un sacré coup au moral. Par chance, il avait conservé toutes ses notes, et il leur faudrait juste les retaper de nouveau dans l’ordinateur pour en garder une seconde trace.

- C’est un sabotage, c’est évident, déclara Sam, les bras croisés. Réfléchissez. Il y a quelqu’un sur cette île qui ne veut pas que nous achevions notre travail. Il faut être plus malin. Cette nuit, nous allons monter discrètement la garde et le coincer. Nous n’allons pas nous laisser faire et attendre qu’on vienne nous poignarder dans notre sommeil, après tout !

Alban était plutôt d’accord, même si l’idée globale lui déplaisait. Il comprenait de moins en moins la façon de penser des adultes, et si grandir signifiait se corrompre et utiliser des méthodes basses pour atteindre ses objectifs, il n’avait pas envie de cesser d’être un adolescent. Ils parvinrent cependant à passer outre et à repartir pour une quatrième journée d’exploration.

Le moral dans les chaussettes, ils allèrent poser des pièges, les relever, mais le cœur n’y était pas. Au fond, Alban savait que toute l’équipe restait soucieuse. Et il n’y avait rien de plus frustrant que d’avoir travaillé et de voir ses efforts ruinés en une seule nuit ! Ils finirent enfin la zone Nord sans découverte majeure. Même les photos de Benji semblaient avoir perdu de leur superbe. Alban nota cependant la présence des mêmes espèces de Pokémon que dans la zone Ouest (hors Pijako) dans ce coin de l’île, ainsi que leur comportement. Progressivement, il parvenait à mieux comprendre les réactions des Pokémon. Les Roucool et Roucoups semblaient mener une vie de fourmis plutôt que de cigale. Ils travaillaient, apportaient nourriture dans leur nid, mais vivaient par familles plus que par communauté. Ils avaient peu de relation avec les autres oiseaux et même avec les membres de leur espèce. Alban nota qu’ils étaient indépendants, au même titre que les Pijako, même si ces derniers vivaient tous ensemble. Ils étaient cependant loin de former une réelle communauté soudée au même titre que les Lakmécygne qu’Alban avait vus. Il nota ses observations sur le comportement des Pokémon, et commença à rédiger leur description. Il se servait pour cela des Pokémon piégés dans les boîtes, qu’il observait derrière le clapet transparent. Couleur des plumes, tailles, formes des serres, du bec, des yeux… Il notait chaque caractéristique, de même que leurs caractères globaux. Etaient-ils plutôt agressifs ? Pacifiques ? Dociles ? Il put constater que les Roucool et Roucoups étaient particulièrement craintifs, contrairement aux Pijako qui étaient incroyablement dociles. Les Nosférapti étaient quant à eux particulièrement agressifs. Les Etourvol, étonnamment, étaient particulièrement protecteurs envers leurs petits, les Etourmi, qui ne quittaient que rarement leurs nids. Quant aux Nirondelles, ils étaient plus du type « pressés » que « craintifs ». Ils s’envolaient à tire d’aile dès qu’ils en avaient l’occasion, afin de retourner parfaire leurs nids. Entre elles, les espèces avaient peu de contact. Les Roucoups et Etourvol avaient parfois une légère rivalité, mais ils se contentaient de s’éviter dans le cas général. Après avoir fini son travail, Alban craqua ses articulations, tout en confiant à Benji ses craintes du soir qui arriverait.
D’un accord tacite, le duo décida de retourner dans le campement et de tenter de se changer les idées autour d’un repas avant le lendemain.

Ils firent un briefing, comme tous les soirs, puis Clyde annonça qu’il allait assurer la garde pour cette nuit. Il fit sortir un flamboyant Arcanin qu’il posta de faction. Sam l’accompagna et ensemble, ils tinrent les intrus en respect. Cette nuit, Alban pu dormir sur ses deux oreilles. La présence rassurante d’Auster et Zéphyr autour de lui l’apaisaient, ainsi que celle des adultes qui montaient la garde. Rapidement, il bascula dans le monde des rêves, tandis que les ronflements de Benji le berçaient.
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Jour 5. Cette fois ci, Benji et Alban allaient retourner dans la fameuse zone Est qu’ils avaient évité depuis l’incident. Le châtain ayant déjà quadrillé le début de la zone, ils pressèrent le pas pour ne pas s’éterniser et éviter d’y être encore dans la nuit. Clyde les avait mis en garde sur les politiciens qui étaient de plus en plus agités. Apparemment, les géologues avaient trouvé un sol particulièrement riche qui pouvait annoncer la présence de pétrole. Les tests étaient encore à faire, mais disons que la nouvelle avait éclaté comme une bombe au sein des dirigeants. Alban et Benji posèrent cependant leurs pièges comme si de rien n’était, et se dirigèrent vers le lac. Un bruissement dans les arbres les alerta, et Benji attrapa Alban à bras le corps pour le cacher derrière un fourré. De là, ils se plaquèrent au sol et attendirent, attentifs.

Des bruits de pas se firent entendre, et un géologue déboula de derrière un arbre, un étrange appareil à la main. Alban le trouva aussitôt louche, mais l’homme fut rejoint par d’autres scientifiques. Un véritable groupe avança dans le sentier juste devant eux, parlant à voix hautes avec des types en costard. Benji regarda Alban, index sur la bouche pour lui intimer de ne pas faire de bruits, et articula le mot « politiciens » en muet. Le message était on ne peut plus clair. Ils attendirent que le groupe se soit éloigné, puis sortirent des buissons. Benji semblait préoccupé.

- Ils cherchent peut-être le pétrole, dit-il à Alban. On doit faire vite, mais faut rester discret. Sinon ils risque de-…
- Risquent de quoi ?

Alban sursauta lorsque la voix inconnue s’éleva derrière eux. Trois hommes qui avaient trainé la patte venaient de surgir de nulle part. Le premier, celui qui avait parlé, les fixa d’un œil méfiant. Il avait une bedaine imposante, et transpirait abondamment.

- Puis-je savoir ce que des gens comme vous font sur une île actuellement protégée ? demanda-t-il avec un regard mauvais.

Le châtain fut aussitôt méfiant, mais il laissa à Benji le soin de répondre.

- De simples employés de la station météorologique. Nous sommes venus pour vérifier qu’il n’y avait pas de risque de cyclones ou autres dans le coin. Relevés climatiques, tout ça tout ça. Je suis venu avec mon fils, ici présent, et  ma femme, Sam. C’est elle qui a notre autorisation de mesures, rédigée par le Professeur Marcus, de Cimetronelle. Enfin autorisation, autorisation… c’est plutôt un ordre, aha. Ce vieux est pluuutôt exigeant, si vous voyez ce que je veux dire. Bref, si vous voulez vérifier nos papiers, ils sont au camp avec  ma femme, je peux vous accompagnez si vous vou-
- Non ça ira, le coupa l’homme, l’air légèrement agacé que Benji lui raconte sa vie ainsi. Tâchez juste de vous faire discrets et de ne pas… faire de mauvaises rencontres.

Il leur fit un sourire qui n’augurait rien de bon. Derrière lui, l’un des hommes avait un air distrait, comme si la conversation ne l’intéressait pas, tandis que l’autre, les dents jaunes, leur adressait comme un sourire d’excuse. Après avoir tenu la jambe un peu plus longtemps à ses interlocuteurs, Benji pris congé, suivi d’Alban. Une fois qu’ils furent plus loin, le châtain siffla, impressionné.

- Eh ben, belle improvisation. Dois-je dire à ta femme que tu la quittes pour une jeune météorologue ? Je dois aussi annoncer à mes parents que je change de nom ou bien ? C’est quoi le tiens déjà ?
- La ferme Alban. Encore un mot et je te fais manger le chapeau de Clyde.

Ils rirent un moment puis retournèrent explorer le lac. Là-bas, plus aucune trace des Lakmécygne, à part peut-être leurs plumes qui avaient coulées dans le lac et remontaient parfois à la surface par un phénomène inconnu. Ils décidèrent d’abandonner le lieu lorsqu’un détail capta l’attention d’Alban. Ecartant un rideau de feuilles qu’il n’avait pas remarqué jusque-là, il trouva une plume blanche et une légère trainée de sang qui avait commencé à bien disparaître mais restait visible sur les galets. Intrigués, ils suivirent la piste, qui disparut au bout d’un quart d’heure. Alban demanda cependant à Auster de remonter la trace du sang, et le Noctali utilisa son flair pour les guider à travers un boyau de chemin sinueux. Sans ce reflet étrange sur les galets derrière les feuilles, Alban n’aurait jamais pensé que le rideau végétal était traversable. Il serait passé devant comme il l’aurait fait pour un arbre, et n’aurait pas exploré plus loin. Excité car cette trouvaille avait des airs de cachette secrète, le châtain remonta la piste et déboucha sur une nouvelle clairière. Enfin. Disons plutôt qu’il s’agissait d’une cuvette creusée plusieurs mètres plus bas, avec un lac minuscule derrière qu’ils n’avaient jamais remarqué avant et qui ne figurait pas sur la carte. Auster s’arrêta au bord et se plaça en travers pour éviter que les deux humains ne continuent leurs routes et fassent une chute qui aurait pu se révéler mortelle. Alban avisa la présence d’un buisson tout près et fit signe à Benji de se cacher. De là, ils jetèrent un coup d’œil en bas, où les Lakmécygne qu’ils cherchaient étaient regroupés.

Pourtant, ils étaient bien loin de l’image qu’il avait d’eux, quelques soirs plus tôt. A présent fébriles et maussades, ils écoutaient avec mauvaise foi un Pokémon qui semblait leur parler en croassant, posté sur un rocher. Alban reconnut aussitôt un Corboss. Que faisait-il là ? Il n’avait pourtant vu aucun Corboss ni même Cornèbre sur l’île pour le moment. Le Pokémon semblait se placer sous le statut de chef, fait étrange car Alban était bien certain que les Lakmécygne avaient déjà un chef. Il suffisait de voir celui qui dansait au milieu lors du ballet, et était à présent bien mal en point, les ailes déchiquetées, le plumage sale. Silencieusement, Benji pris quelques photos en zoomant au maximum. De cette hauteur, les Pokémon ne pouvaient pas l’entendre ni le voir, mais lui parvenait à faire des clichés d’une incroyable précision. Il semblait avoir une idée en tête, mais il lui était impossible d’en faire part à Alban sans risquer de se faire repérer. Alban, de son côté, notait fébrilement sur son cahier. Le Corboss semblait avoir blessé le chef des Lakmécygne pour prendre sa place. Drôle d’idée que de vouloir diriger un groupe de Pokémon qui était d’une espèce différente ! Mais le Voltali haussa les épaules. Il se devait de relater les faits, et non pas les remettre en question constamment. Après un dernier croassement, le Corboss se retira à tire d’aile, non sans avoir lancé un Cru Ailes tonitruant pour bien perturber encore plus les Lakmécygne.

Ils observèrent encore quelques temps les Lakmécygne dépités, puis Benji lui fit signe de descendre.

- Pourquoi tu veux descendre ? lui demanda Alban. On a déjà toutes les informations, non ?
- Eh non jeune polisson. Il faut que tu apprennes à voir plus que ce qu’il y a à voir, Alban. Regarde les photos.

Benji lui montra les clichés de Lakmécygne. Il lui semblait que tout était normal. Mais le photographe zooma au maximum et un détail percuta Alban.

- Les Lakmécygne ont-ils toujours eu cette coiffe particulière ? demanda-t-il.

Il sortit son iPok et demanda à Dexter de lui montrer la page des Lakmécygne. Il compara les deux photos. Au lieu d’avoir ces drôles de plumes qui formaient comme des tulipes pointées vers le haut, celles des Lakmécygne de l’île aux oiseaux étaient pointées vers l’arrière.

- Bingo. Ça ne se remarque pas sur celui qu’on a récupéré parce qu’il est relativement jeune. Mais cette espèce de Lakmécygne est particulièrement rare. Je n’ai pu en voir qu’une seule fois sur une île proche d’Unys. Il s’agit d’une espèce protégée, dont les représentants se comptent par dizaines seulement.

Il zooma de nouveau au niveau de la patte. Une petite bague était placée sur l’un de ces Pokémon. Un point couleur rouge était clairement visible.

- Tu vois ça ? C’est la marque des oiseaux tracés par les Chercheurs d’Unys. Chaque région a sa propre couleur, et tu peux être sûr que cet oiseau-là a fait un saut à Unys ou ses alentours. Ma main à couper qu’il vient de l’île des espèces protégées. Cependant, les Lakmécygne partent migrer régulièrement. Tu vois ces coquilles là-bas ? Je crois que ces Pokémon viennent ici pour pondre et repartent avec leur progéniture ensuite. Les Chercheurs d’Unys n’ont jamais pu trouver où ces Lakmécygne partent une fois par an car leurs signaux se brouillent, ici. Je crois qu’on a résolu le mystère.
- Ce qui signifie… Que s’ils ont choisi ce lieu pour migrer une fois par an et qu’ils sont protégés, l’île peut devenir une réserve ?

Le cœur d’Alban fit un bond. Ils allaient peut-être prouver que l’île aux oiseaux pouvait rester inhabitée !

- Oui mais vu le traitement que le Corboss semble leur avoir infligé, je ne suis pas sûr qu’ils reviennent l’an prochain…
- Ceci dit, on peut peut-être le neutraliser ou le chasser, tu ne crois pas ?
- Non Alban. La nature c’est la nature. On ne peut pas influencer tel ou tel phénomène pour nos propres préférences.

La joie du garçon retomba. Dépités, ils attendirent que les Lakmécygne s’éloignent puis descendirent grâce à Kadabra. Là, ils firent quelques prélèvements de fragments de coquilles, prirent quelques clichés, et repartirent au camp grâce à Téléport. Ils firent leur rapport aux autres, et le mystère du Corboss resta non élucidé. Après tout, comment allaient-ils pouvoir trouver la solution en si peu de temps ? Ce Pokémon semblait être arrivé de nulle part et avoir pris la tête des Lakmécygne. Alban pouvait continuer de les observer et soumettre son papier en parlant uniquement des Lakmécygne protégés, mais si l’an prochain les gens s’apercevaient que les Lakmécygne ne revenaient pas, le résultat serait le même. Il ne ferait que repousser l’assaut des requins d’un an. Reporter le problème, pas l’éliminer.

- Ecoute, des fois les choses se passent ainsi et on n’y peut rien, le consola Clyde. Continue de rédiger ton article avec tout ce que tu peux trouver. Tu fais déjà de l’excellent travail, ton analyse est très pointue et pertinente, tout ce qu’on aime dans la rédac.

Il lui fit un sourire, et Alban parvint à le lui rendre. Puis, dépité, il alla se coucher. Ce soir, Benji et Harley étaient de faction, et Alban s’endormit bien rapidement, encore une fois. La journée l’avait tellement épuisé qu’il sombra dès lors que sa tête toucha l’oreiller de fortune.
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Il fut réveillé par le bruit de Clyde qui allait aux toilettes. S’excusant, son mentor enjamba son sac de couchage pour sortir de la tente, et s’éloigna à pas précipités. Alban ouvrit un œil vitreux et se tourna en grognant. Il devait être aux alentours de 2h du matin ! Fichu Clyde et son penchant pour la bière, il ne pouvait pas se retenir toute une nuit d’aller uriner. Marmonnant, Alban sentit un souffle frais provenant de l’extérieur. Ah ! Clyde n’avait même pas refermé la tente, pressé qu’il était. Ensommeillé, le châtain se traina jusqu’à l’entrée de la tente pour la refermer. Il s’apprêtait à attraper le bout de la fermeture lorsqu’il fut plaqué au sol par une lourde masse. Une haleine fétide lui chatouilla les narines, et il resta comme paralysé tandis que derrière, Zéphyr accourait vers lui en piaillant. Des griffes se plantèrent dans ses habits, par chance assez épais pour ne pas que sa peau soit trop profondément entaillée. Il resta là sans bouger, maîtrisé par la puissance du Pokémon. Un rayon de lune vint tomber sur l’agresseur. Un Absol. Le Pokémon le toisa de ses yeux brillants et Auster, sentant que son dresseur était en danger, se redressa immédiatement, illuminant ses anneaux avec puissance.

Son pelage brilla comme un phare en pleine nuit. Alban sentit que l’Absol relâchait sa prise sur lui, percuté de plein fouet par quelque chose de plus gros. Sous la lumière, Alban vit l’Arcanin de Clyde plaquer au sol le Pokémon Désastre, suivi immédiatement de son dresseur.

- Alban, tout va bien ?! s’exclama-t-il en l’aidant à se relever.

Ses yeux tombèrent sur les vêtements déchiquetés et le journaliste vit rouge. Il se retourna pour voir où Benji et Sam étaient, mais les retrouva paralysés, maîtrisés par un énorme Corboss. Alban parvint à se relever en suffoquant, la poitrine douloureuse à cause de l’attaque surprise. Clyde sortit alors un appareil qu’Alban n’avait jamais vu en sa possession et le dressa droit devant lui. Un CapStick ! Il envoya sa toupie en direction du Corboss et fit plusieurs fois le tour de sa masse. Cependant, le contact se rompit dans un éclat de lumière rouge et Clyde grinça des dents.

- Il appartient à quelqu’un… maugréa-t-il. On va devoir le maîtriser autrement.
- C’est celui qu’on a vu dans la journée, j’en suis quasiment sûr… Je pense que c’est lui qui rôde depuis quelques temps dans notre campement.
- Ouais eh ben on va devoir l’en déloger bien vite, grinça Clyde.

Sur ses mots, il releva sa veste et découvrit une rangée de Pokéballs. Malheureusement, le Corboss déploya ses ailes et lança une attaque foudroyante. Ses ailes s’illuminèrent de violet et vinrent percuter les hanches de Clyde, qui fut projeté en arrière. Ses Pokéballs se fissurèrent sous le coup. La bonne nouvelle ? Les sphères avaient permis au journaliste d’absorber la majeure partie de l’attaque, et il fut simplement étalé au sol. La mauvaise ? Ainsi fissurées, les Pokémon contenus à l’intérieur ne pourraient plus sortir sans un passage au Centre Pokémon. Alban se releva. L’Arcanin de Clyde était aux prises avec l’Absol. Clyde ne pouvait plus faire grand-chose. Sam et Benji étaient hors service. Harley était encore dans sa tente, mais celle-ci était sous une sorte de barrière, sûrement érigée par l’équipe du Corboss. Combien de Pokémon étaient-ils ? Alban repéra un Psystigri qui érigeait les murs, loin derrière. Il ne pouvait pas l’atteindre sans passer d’abord par le Corboss. Ce qui signifiait qu’il était seul.

- Auster, Zéph’. Je crois qu’on a pas le choix, marmonna-t-il à ses Pokémon.

La mouette chromatique et le Noctali le rejoignirent en quelques enjambées. Aussitôt, Auster s’élança d’une Vive-Attaque et tenta de percuter le Corboss d’un bond. Ce dernier était cependant plus rapide et il déploya ses ailes pour s’envoler. Il envoya un nouveau Tranche-Nuit sur le Noctali, qui l’évita souplement. Malheureusement, le Corboss semblait avoir rapidement compris que rester dans les airs lui assurait la sécurité. Ainsi, on ne pouvait pas l’atteindre et lui pouvait faire pleuvoir ses attaques à distance sur Auster jusqu’à l’épuiser. Alban grinça des dents. Du coin de l’œil, il vit qu’Harley frappait sur la barrière de lumière, emprisonnée à l’intérieur. Son Raichu, qui aurait été fortement efficace contre le Pokémon Vol, était également avec elle… Aussitôt, les rouages se mirent en route. Il ne pouvait pas vaincre le Corboss seul. Il fallait qu’il désactive d’abord la barrière du Psystigri.

Il s’élança en avant mais le Corboss barra sa route d’un Tranche-Nuit bien placé. Il ne le laisserait pas accéder à ce qu’il voulait. Son seul espoir résidait en Zéphyr ou Auster, mais le premier n’était pas très efficace, tandis que le second était déjà aux prises avec le Corboss, tentant d’éviter ses multiples assauts.

- Zéphyr… Il faut que tu le fasses mon grand, dit Alban.

Il regarda son Goélise. Si seulement il pouvait voler… Il pourrait atteindre le Corboss et le perturber assez pour qu’Auster le finisse. S’il perdait ne serait-ce qu’un peu d’altitude… Devant eux, Auster évitait toujours les attaques, mais pour combien de temps ? Alban tenta le tout pour le tout. Il leva son bras devant lui, Zéphyr perché dessus, et essaya de l’agiter vers le haut pour que le Goélise prenne son envol. Ce dernier semblait cependant bien décidé à rester sur son perchoir, et ses pieds palmés s’accrochèrent à l’avant-bras du Voltali.

- Zéph’… le supplia-t-il.

Il avait tellement tenté de le faire voler, durant l’été. Il ne comptait plus le nombre de fois où ils s’étaient entraînés pour, et pourtant, le Goélise s’entêtait à ne pas vouloir décoller. Désespéré, Alban perdit sa concentration et le Tranche-Nuit suivant le fit rouler en arrière, comme Clyde. Le souffle coupé, il fut allongé nez dans la poussière. Zéphyr avait dégringolé avec lui, et la mouette était partie se réfugier près de ses bras.

- Huh… marmonna Alban.

Devant, Auster glapit. Le Noctali venait de se faire toucher et il était allongé sur le côté, blessé. Merde… Pourquoi était-il si minable en combat Pokémon ? Pourquoi ne parvenait-il même pas à se défendre ? Des larmes de rages perlèrent aux coins de ses yeux. Il vit le Corboss se diriger vers eux, prêt à lancer un ultime assaut. Finalement, ils ne seraient jamais en mesure de comprendre d’où venait ce Pokémon, et quels étaient ses desseins. Alban regarda les ailes du Pokémon luire d’un éclat maléfique, quand un phénomène étrange se passa.

Le temps sembla ralentir. A côté de lui, il vit Zéphyr déployer ses ailes aux bandes dorées et courir sur quelques centimètres avant de prendre une impulsion et de décoller du sol. Zéphyr ! Il volait ! Ses ailes se mirent à luire et il prit une vitesse prodigieuse. Passant à côté du Corboss désemparé, il se dirigea vers le Psystigri et lui asséna une attaque Cru Aile. La barrière disparut aussitôt, et Harley rejoignit la bataille. La foudre gronda et son Raichu déclencha son Fatal-Foudre, qui tomba sur le Corboss et le carbonisa sur place. Alban hurla quelque chose ; il ne se rappelait même plus quoi.

Brusquement, le monde reprit sa vitesse normale. Il vit le Corboss tomber au sol, le Psystigri rouler en arrière, Harley accourir vers lui et Zéphyr revenir à tire d’aile. Zéphyr ! Son petit Zéphyr avait réussi à voler ! Les larmes coulèrent plus abondamment encore sur ses joues. Bon dieu, il avait attendu ce moment tellement longtemps ! La mouette vint se frotter contre lui et il la prit dans ses bras. Benji, reprenant connaissance, se dirigea vers eux pour demander des explications.

- Pas maintenant. Demande à ton Aéromite de sonder les environs s’il-te-plaît. Si leur dresseur est dans le coin, il faut le coincer avant qu’il ne puisse s’échapper, ordonna autoritairement Alban.

Aéromite battit des ailes et déclencha son sonar. Il sembla détecter la présence d’un intrus à quelques mètres à peine, et il lança ses poudres pour le paralyser. Le groupe se dirigea vers l’ennemi et ils découvrirent l’un des hommes politiques allongé au sol, cloué par les spores. Celui-là même qu’ils avaient rencontré le jour même avec Benji. Sauf que, contre toute attente, il ne s’agissait pas de celui qui avait parlé, mais de celui qui avait lancé le sourire compatissant. Dents jaunes. Cigarette. Corboss. Les pièces du puzzle se mettaient en place, et Alban participa à l’interrogatoire avec les autres. Clyde les rejoignit bien vite, tandis que Sam prenait un peu de repos après son agression. Ils parvinrent à démêler que cet homme souhaitait faire fuir les Lakmécygne grâce à son Corboss, asservir tous les Pokémon Vol de l’île par la terreur et éviter le statut de réserve naturelle à l’île aux oiseaux. Il comptait également monter les Pokémon contre les autres humains, pour faire fuir ses concurrents et être le seul à prétendre la gestion de l’île vierge. Il avait lancé son Corboss pour saboter l’expédition de Clyde et son équipe, afin d’éviter qu’un article paraisse. Pour apprendre tout cela, le Kadabra de Benji fut essentiel grâce à ses dons de télépathe.

Le sixième jour se levait sur l’île pour Alban. Au final, les Lakmécygne retrouvèrent leur organisation d’origine. L’homme et ses Pokémon furent livrés à l’Agent Jenny pour intrusion dans un camp privé, tentative frauduleuse de dissimulation d’informations, et tentative de corruption de Pokémon. La nouvelle agita le comité des politiciens, qui furent écartés pour un temps par les scientifiques. Alban pu finir son article. Il occupa ses deux derniers jours à observer les Lakmécygne, à rédiger leur description et à écrire son papier. Les Pokémon lui accordaient un peu plus leur confiance depuis le sauvetage de l’un des leurs, et Alban pu rendre son devoir et son article dans les temps. Le journal fut tellement enthousiasmé par le récit atypique du châtain que l’étude, rédigée comme un journal intime, fut grandement saluée. Sur la première page du magazine, une photo de l’île vierge s’étalait, avec en petite vignette, celle d’Alban recouvert par les Pijako. L’homme ami des oiseaux. L’île aux oiseaux. Un beau récit qui allait faire sensation auprès des lecteurs. Satisfait, Alban fit ses adieux au reste de l’équipe. Les séparations furent douloureuses, mais Alban garda les contacts de tous. Clyde, Harley, Sam et Benji comptaient partir pour de nouvelles aventures, et ils firent comprendre au garçon qu’en cas de besoin, il pouvait toujours les appeler pour un stage ou autre. Après les avoir remercié, Alban retourna sur Cobaba, pour le dernier jour de vacances avant la rentrée. A son arrivée, une belle nouvelle l’attendait.

Sur son bureau, un Pokémon avait déposé dans une grande enveloppe, un exemplaire du journal dans lequel paraissait son article. En pièce jointe, une photo de lui avec les Pijako, prise par Benji, et un bout d’article de journal découpé parlant de l’île aux oiseaux par les presses locales, sur lequel Clyde avait griffonné un petit message.

« Île aux Oiseaux.
Statut de réserve naturelle depuis le 30 Août 2015.
Merci à toi, Alban. »
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