LC'est une bonne journée. Le temps est agréable, le vent ni trop chaud ni trop froid. Le rayon de soleil qui traverse ton salon donne à la pièce une atmosphère apaisante. Aujourd'hui tu ne travailleras pas , chose que tu ne t'es pas permise depuis bien trop longtemps. Seulement vêtue d'un short et d'un débardeur, tu savoures la brise qui caresse tes cheveux alors que sur ton lit allongée, Germain est assoupi à tes côtés. Votre relation évolue doucement, tu découvres son côté sentimental derrière son air de petite brute.
Une cigarette au bord des lèvres, tu craques une allumette avant d'en tirer une bouffée. Tu ne sais même pas quelle heure il est, 9 heures, 10 heures du matin ? L'odeur du café que tu as lancé plus tôt t'appelles. T'étirant de tout ton long, tu pousses doucement la tête du Pandespiègle avant de poser tes pieds sur le parquet tiède. Après avoir attrapé ta tasse, tu te laisses coulée dans le siège en cuir dans le coin de la pièce, face à ta fenêtre.
Tu penses à cette soirée qui s'est déroulée sur la montagne, au cœur d'un château glacé. Tu revois ta rencontre avec Yuna, ce petit bout de femme bien trop saoule mais surtout tu penses à cette femme. Le ciel a beau être magnifique, tes pensées se grisent alors que son image s'impose à toi. Ah ça, elle était belle comme ton frère a pu lui faire remarquer et tu as bien vu le regard d'Henry. Tu le connais par cœur, malgré ces années séparés. Le moindre changement dans son attitude, la moindre micro-lueur dans ses yeux ne t'échappe pas. Et ça ne te plaît pas n'est-ce pas Lizzie. Qui était-elle, une zoologiste certes mais pour ton frère ? Leur relation était vraiment ambiguëe, son expression à elle, les paroles d'Henry. Secouant la tête, tu essaies d'enlever cette vision de ta tête mais elle revient inlassablement. Milles questions se pose et votre rencontre repasse en boucle devant tes yeux. Tu te remémores chaque détail, comme si quelque chose t'échapper depuis le début. Tu sais que ce n'est pas bon, que ton comportement est complétement obsessionnel et malsain. Qu'Henry est un homme maintenant et que non tu ne seras pas la seule femme de sa vie mais c'est plus fort que toi.
Tu écrases la fin de ta cigarette avant d'en rallumer une autre juste après. Cette situation t'angoisses et c'est absolument contre-productif. Tu devrais plutôt te concentrer sur les tasses vides qui envahissent ton bureau ou passer un coup de balais.
Faisant tomber d'un geste ta cendre dans un verre vide, tu te rends compte qu'à force de t'attarder sur les petits détails de cette femme tu as oublié le plus gros. Son ventre. Son putain de ventre. Ce n'était pas une femme, mais une femme et un bébé. Elle était enceinte. Absolument et sans le moindre doute enceinte. De combien de temps, oh facilement 5-6 mois. Et tout d'un coup tout change, ce n'était plus des regards innocents qu'ils avaient échangés avec ton frère. Ce n'était pas un rendez-vous donné au hasard. Ton frère avait foutu une nana enceinte. Sans te le dire. Le ciel ne te paraît plus gris, ni beau, mais vraiment noir. Ce sentiment qui t'habite n'est ni de la colère, ni de la haine, ni de la rage, c'est de la déception. Pourquoi ne t'en a-t-il pas parlé ? Veut-il vraiment le gardé ? Qui est-elle exactement ? Sa compagne ? Sa maîtresse ?
Des questions te traversent le crâne par milliers. Germain émerge de sa sieste, les yeux encore collés, il comprend très bien que soucis il y a et c'est très intelligemment qu'il décide de t'éviter. Depuis combien de temps leur relation dure-t-elle ? Depuis combien de temps te ment-il ? La situation n'a pas l'air de le déranger outre mesure mais on parle quand même d'un enfant qui sort de nulle part avec une femme inconnue au bataillon. Est-ce qu'elle lui demande de l'argent ? De reconnaître l'enfant ? Non leur relation avait l'air courtoise, complice.
Il te fallait des explications mais surtout pas dans cet accoutrement. Tu étais étrangement calme mais piquée. Piquée à l'intérieur de toi, ta confiance : piquée, ton ego : piqué, ta fierté : piquée. Avais-tu retrouvé ton frère ou un inconnu pleins de secrets. Après avoir enfilé un jean noir et un pull de la même couleur, c'est pieds-nus que tu décides de te diriger vers l'appartement de ton frère.