ÉVOLUTION ENVISAGÉE

GRADE 0. Sous-main • reléguée au nettoyage des horloges dans l’arrière boutique, elle passe son temps à lustrer et vérifier le bon état de la marchandise
GRADE 1. Vendeuses de minutes • derrière le comptoir, elle conseille, vend et s’occupe de l’organisation de la boutique
GRADE 2. Apprentie horlogière • l’accès au laboratoire se débloque enfin et elle peut, sous l’oeil avisé du gérant, commencer quelques expériences. Elle a maintenant accès aux carnets de commandes. Elle commence à faire importer quelques produits de contrebande qu'elle travaille depuis chez elle
GRADE 3. Horlogière • elle reprend la boutique, ayant les bases maintenant pour tenir son propre commerce. Ses expériences évoluent et elle commence à en mettre en vente les armes qu'elle crée derrière la facade d'horlogerie qu'elle tient
GRADE 4. Ingénieure des heures • sa boutique d'horloges évolue et s'agrandit, elle passeà des objets de plus grandes qualités et beaucoup plus travaillés. Ses armes sont de plus en plus reconnues et elle honore maintenant des commandes particulières, incongrues et pas toujours autant illégales.
GRADE 5 & 6. Doigts de fée • Sa boutique prospère brillement, ses produits s'exportent et on reconnaît son savoir faire minutieux de partout. On fait affaire avec elle pour des projets aux allures impossibles.
L’armurerie Reece, parallèlement est maintenant mondialement reconnue mais son nom se transmet de bouches à oreilles dans les endroits peu recommandables.
elle ne s’occupe pas des petites commandes qu’elle relègue à des personnes dignes de confiance. Elle deale maintenant avec certaines régions, pour des clients qui en ont les moyens et on se presse pour connaître ses petits secrets de fabrication.

Enfoncée dans le moelleux d’un fauteuil en cuir, entourée des vapeurs de la cigarette que tu tiens coincée entre tes lèvres et du verre de whisky dans ta main : tu regardes la goutte de sang qui perle sur le bout de ton doigt. Le sang des Reece. Cette famille pour laquelle tu serais prête à perdre tout ce sacré saint liquide pour en préserver l’honneur.

Ébouriffant ton carré de cheveux noirs tirants sur le violet et léchant ton doigt engourdi tu  te lèves pour aller guetter ce corps que t’as donné ta mère. Un corps menu, des fesses qui tiennent dans la main d’une femme, les seins qui peuvent tenir dans l’autre. Au bout de ses bras fluets, des mains petites, fines avec des doigts effilés, on dirait de la porcelaine. Ses mains sont ton outil de travail, toujours cachées derrière des gants en cuir dès que tu quittes le confort de ton appartement. Ta croissance s’est arrêtée rapidement, tant mieux. Tu préfères être de celles qui peuvent se faufiler partout plutôt qu’une grande dégingandée qu’on ne rate pas, question de praticité, je sais.

Encore un mégot que tu viens écraser dans un cendrier qui vomit ses cendres. Ta peau blanche est un peu attaquée par le tabac, l’alcool -que tu as sans doute trop consommé quand le moral se barre- et malgré tout, n’oublies pas que tu n’as plus 20 ans. Aux coins de tes yeux accordés à tes cheveux, il y a les marques de quelques rides. Elles font ton charme quand tu veux bien me sourire. Et puis, on en parle de ton regard ? Je te jure Lizzie que quand tu me regardes, j’ai froid comme si l’hiver venait de s’abattre sur moi. Tu as les mêmes yeux qu’Henry. On y lit le manque, la douleur, la colère et une détermination que même l’homme le plus courageux ne pourrait ne serais-ce qu’ébranler.

Moi j’aime à te voir là, nue devant cette glace immense, te regarder si frêle et pourtant si solide. Je sais que je n’aurais sans doute jamais l’occasion de revoir tel spectacle. Une Reece, sans son armure et pourtant bourrée de charisme. Je sais pourtant ce que tu caches. Hier quand l’alcool à délier tes lèvres, tu m’as avoué tes plus ou moins gros démons, ceux que tu arrives à faire taire et ceux qui te font taire. L’alcool, beaucoup l’alcool.. La cigarette que tu fumes à outrance et même le matin à jeun dans ton lit, les hommes et les femmes avec qui ils t’arrivent de t’abandonner un peu trop souvent, et le sang.

Je sais que c’est ta manière d’oublier, de détourner tes pensées de son absence mais Lizzie, soit réaliste, tu ne fais pas le poids. Tu es un poids plume, je pourrais te mettre dans ma poche. Ça ne sert à rien de provoquer les gens quand tu n’es pas capable de répondre. Oui, il y avait Henry avant. Lui te protégeait, tout le temps. Maintenant tu as beau beugler que tu appartiens au clan Reece, te jeter sur le premier fou venu et tenter de le frapper, il n’apparaît pas, il n’apparaît plus. Alors aujourd’hui tu te caches derrière les armes, avec elles aux moins, tu n’as besoin de personne.

Ah.. Te voilà qui te rhabilles, j’arrive, je vais t’aider. Tu as une odeur douce et animale à la fois tu sais, j’aime sentir le dos de ta nuque, ça a quelque chose de rassurant. Voilà, j’ai réussi à fermer le dernier bouton de ta robe, une merveille en coton noire, ajustée à tes hanches. Et alors que tu te retournes pour que j’allume la cigarette que tu portes à tes lèvres, je sais que c’est la dernière fois que je croise tes yeux Lizzie, demain tu seras partie.

Lizzie, un autre café ? Non ? T’es sûre ? Avec une pointe de rhum dedans, tu ne vas pas refuser ça à ta tante.

Tu sais je me souviens de Vestigion. Je me souviens des deux petits jumeaux que ma sœur a mis au monde au fin fond de ma cave alors que mon salon était en train de se faire retourner. Comme si moi je faisais de la contrebande, moi tantine Reece, calomnie. Je me souviens de quatre petits yeux malicieux, de deux bébés déjà inséparables. Cette époque me paraît tellement loin aujourd’hui. Henry et toi, quand vous n’étiez que des gosses, vous étiez les terreurs, les monstres du quartier. Un objet disparaissait à chacun de vos passages, vous étiez interdit d’épicerie mais on arrivait quand même à vous retrouver les poches pleines de bonbons. Vous étiez un seul et même cerveau, vous ne parliez presque pas, vos regards vous suffisaient. Dans le clan Reece, je ne te l’apprends pas ma belle Lizzie, nous ne sommes pas des enfants de choeurs mais je crois que vous nous surpassiez déjà tous. Deux bambins savant à peine marcher étaient déjà les plus grands malfrats de leur génération.

Vous avez grandi ensemble, partageant tout, vous disant tout. Vous étiez les enfants rois de la famille, le futur d’une famille qui a encore tellement à faire. Ta Pyrax, elle s’appelle Joséphine non ? Oui c’est ça.. Joséphine et Napoléon, le sien, vous n’êtes pas allé bien loin espèces de malins.. Deux jumeaux eux aussi..

Je sais pourquoi tu es revenue aujourd’hui Lizzie, je sais que tu t’en vas et que tu attends des réponses. Pourquoi tu vas me dire ? Revenons sur le drame tu veux bien ? Vous avez grandi tous les deux, petits démons voleurs et c’est ça qui vous a perdu, au point où vous en étiez pratiquement incontrôlable.
Vous aviez comme idée de voler le maire, jusque là, c’était largement dans vos moyens. Tu as du feu ? Merci..
Imagine tu veux ? Henry et toi, crapahutant sur des branches à la solidité douteuse, à une hauteur folle, bien sûr que l’accident devait arriver et il arriva. Tu es tombée et c’est le cri de ton frère qui nous a alerté. Sait-on seulement comment il a réussi à descendre cette hauteur mais on l’a retrouvé couché à côté de toi, ses doigts enroulés dans une mèche de tes cheveux, les yeux rouges de larmes mais d’un silence glacial. Ce petit est mort quand ton corps a touché le sol. Nous avons très vite réagit tu sais. Ta respiration était courte mais toujours présente. Un mince filet d’air et il nous fallait te sauver, pour les Reece.
Tu es restée inconsciente tellement longtemps, nous pensions que jamais tu ne nous reviendrais. Nous avons caché tout cela à Henry pour son bien autant que pour le tien. Nous t’avons fait disparaître de Vestigion. Il y a eu de fausses funérailles et c’est à ce moment que nous avons quitté la ville toutes les deux. J’avais comme mission de t’élever.

Les années qui ont suivi ont été un cauchemar. Tu étais une enfant meurtrie, pleine de douleur, autant physique que mentale. Il a fallu beaucoup de travail pour que tu puisses de nouveau être autonome. J’en ai passé des heures à te regarder essayer de porter une cuillère à ta bouche Lizzie, et tu n’avais même pas quinze ans.. Tu hurlais la nuit, je te retrouvais dans un coin de la pièce prostrée ou alors à mes pieds, au fond du lit. Je ne savais plus quoi faire tu sais, tu t’es murée dans un silence. Je n’avais pas le droit de te faire entrer en contact avec le reste de famille, je t’ai fait croire qu’ils ne pouvaient pas te garder près d’eux, qu’Henry ne voulait pas te voir. Je suis la seule Reece que tu connais et pourtant je t’ai donné les valeurs du clan. Tu sais très bien que le sang d’un Reece ne peut pas couler impunément. Que si on les vole, ils se payeront au double. Tu ne les connais pas, mais je sais que tu les aimes. Tes souvenirs sont flous, ta tête en a pris un sacré coup, ta mémoire aussi.

Tu as commencé à jouer très tôt, tu te rappelles de nos soirée à jouer aux échecs ? Tu avais 17 ans, je t’apprenais à monter et démonter un revolver les yeux fermés entre deux verres de rhum. T’es aussi alcoolique que moi et c’est complètement de ma faute. Mais ma douce Lizzie, l’alcool caresse ton coeur et lisse ton âme, il t’enroule dans une bonne couverture et te serre dans ses bras. L’alcool est l’homme de ma vie et fais attention ma chérie, il risque de devenir le tien. Tu es devenue fine stratège très vite. Une capacité de compréhension et d’exécution très rapide. J’ai toujours tenue la branche armée des Reece, je devais bien te faire hériter de ça. D’ailleurs tu te souviens de tes premières ventes ? De l’évolution de Joséphine ?

Tu essayais de vendre tes armes, je me souviens, tu devais avoir une vingtaine d’année. Joséphine était avec toi, de toute façon elle n’est encore jamais bien loin. Je t’avais conseillé quelques noms, quelques types que tu devais aller voir. J’avais déjà fait du commerce avec eux mais quand ils ont vu un autre visage arriver dans leur trou à rat, ça a mal tourné. Des cris, des tessons de bouteilles, et une Joséphine qui a cramé leur minable petite planque après qu'une immense déflagration et une lumière aveuglante ait déjà détruit les vitres de leur repère. Je t’ai récupéré dans un état lamentable, à la limite de la commotion, ton poignet si fin était tourné dans un sens absolument inquiétant, des bouts de verres plantés dans tes hanches. Tu n’aurais pas supporté quelques minutes de plus. Mais tu étais jeune, tu n’avais pris aucune précaution, j’ai voulu t’envoyer dans le bain un peu trop vite. Le point positif dans tout ça, c'est Joséphine devenue Pyrax.

Après ça je ne t’ai plus vu pendant quelques années. Tu es réapparue avec un petit Skelenox que tu as appelé comment ? Bartolomé.. t’es vraiment excentrique, tu le sais ? Et ton Pandespiègle ? Germain. Non Lizzie, je ne dis pas que tu as des goûts douteux. Arrête de bouder tu veux bien ? En tout cas vous en former un beau quatuor, moi je te le dis. Elizabeth, Joséphine, Bartolomé et Germain. Je ne sais pas ce que tu as vécu pendant ces quelques années mais tes pokémons et toi êtes inséparables, une relation vraiment fusionnelle. Bartolomé, tu l'as trouvé dans la forêt non ? Un petit truc perdu, abandonné par ses congénères. Je pense que tu t'es un peu reconnue et que tu n'as pas eu le cœur de le laisser derrière toi. Aujourd'hui, il a pris l'habitude comme maintenant de se coller sur tes genoux, fin du moins de léviter au-dessus. Germain, lui c'était la grande gueule de son groupe. Tu l'as rencontré en plein combat de pokémons sauvages, c'était le plus petit de la bande mais le plus teigneux. Tu t'es dis qu'il te le fallait dans ton équipe, il fallait voir dans le temps mais Germain t'as toujours été utile et sacrément fidèle. Toi, les combats c'est pas ton histoire, tu adores regarder les autres le faire mais trop peu pour toi hein Lizzie ?

Revenons à Henry et toi d’accord ? Sache Lizzie que je t’ai tout caché jusqu’à aujourd’hui mais je pense que le moment est arrivé. Si on vous a séparé, c’est pour et seulement pour que la famille prospère dans différents domaines. De votre relation fusionnelle ne serait rien sortie d’intéressant pour l’avenir familial alors quand l’accident s’est produit, nous avons pris la douloureuse décision de penser au futur. Henry a eu une vie tumultueuse jusqu’à aujourd’hui, au dernière nouvelle que j’ai eu, il est à l’île de Cobaba. Ne t’attends pas à retrouver le Henry que tu connaissais. Je sais que tu veux le retrouver maintenant que je t’ai tout expliqué. Je vois bien comme il te manque Lizzie. Vas-y.

Comment ? Tu veux ouvrir une horlogerie ? Tu te fiches de moi ? Les Reece là dedans ? Ah, une facade, oui je vois. Alors tu as mon aval, vends toutes les montres que tu veux, tant que le business croît. Je te fais confiance Lizzie, à Henry aussi, je sais qu'à vous deux, rien ne vous résistera.