Drôle de monnaie qui menait tes pas. La pièce ne faisait que s'envoler avant de se rabattre dans ta main, remise à sa place par dame gravité. C'est elle d'ailleurs, qui menait tes pas et froissait ton joli minois. Il était maintenant capital que cette sortie en enfer te couronne de lauriers. Il était capital que tu n'échoues point à ramener un compagnon. N'importe lequel... Mignon, terrifiant, immonde, stupide. Il te fallait au moins ça, maintenant. Une victoire. Rien de plus qu'une victoire comme une seringue rêvée qui se glisserait à travers tes côtes pour atteindre ton coeur et cette certitude : Tu étais Rosalina Uana. Fille de deux astres. La victoire scellée au corps, Niké en compagne de route.
Mais la chance ne semblait te sourire. Alors que ton Penny expérimentait encore et encore les allers-retours, à tel point que sa tranche te semblait plus aiguisée : le paysage défilait sous tes pas décidés. De pas, tu marchais sur ceux d'Attila. Nulle herbe, ni trace de vie... Seul une étendue désertique d'où s'échappait parfois la silhouette morbide d'un tronc décharné. À dix reprises, tu t'étais penché sur l'un deux, allant jusqu'à gratter écorce pour espérer un mouvement, un signe de vie. Seul ton espoir te répondait, souffle court au creux de tes oreilles.
Alors ta patience et ce dernier s'effritait comme l'écho de l'écorce arrachée par tes ongles fous. Tu grognais comme un animal, fronçait les sourcils... Ton masque fissuré ainsi, dévoilait le visage haineux d'Héra. Ce n'était pas juste. Juste pas juste. Rien n'était juste de ta naissance à ce destin que tu devais débroussailler. Tu n'étais au fond rien de plus que la gamine de Saleville auréolé par tes généreux astres, piochée au sort par les étoiles mais qui ne méritait encore nulle couronne. Comme sur le coté. Comme extraite d'un sytème
féodal dont tu visais la couronne sans atteindre les vassaux.
Alors tu hurlas.
Arrachant un énième morceau d'écorce et le balançant en arrière. Frappant le tronc dénudé de main sans gantelet. Pas juste. Pas juste. Pas juste. Les autres avait des assiettes pleines, toi tu devrais combattre pour mériter un repas que tu ne faisais que goûter... Tu connaissais trop bien la faim pour détourner ton regard de l'assiette. Eux-sortait de table avant même le
fromage.
Tu décidas de tuer cet arbre.
Charognard parmi les prédateurs, te voilà t'arrachant sur son cadavre. Arrachant le moindre centimètre d'écorce et les lançant en arrière, sur ton honteux passé qui ne cessait de définir ton présent. Et soudain -
plouf. Une détonation qui n'a rien à faire en enfer. Tu te détourne du tronc, regard fou sous les paupières. C'est à quatre pattes que tu rejoint l'origine du bruit. Nuage de poussière évanescents qui entoure ta convoitise. Voilà l'étonnant prodige...
Un trou. En plein enfer. Effrayant tu l'oublies,
formidable tu le trouve. Car en son centre, de l'eau. Salée. Et tu n'en distingues le fond. D'un mètre à peine de largeur mais atteignant sans doute des profondeurs qu'aucune étoile ne pourrait soupçonner. Un instant, tu t'interroges : y plonger serait fatal. Mais la seule vie qui s'en échappe, des algues marines accrochés à la paroi. Nul partenaire à y décrocher. Nulle victoire sur ton chemin. Gagner suffit t'il à risquer sa vie ?
La question restera sans doute sans réponse, comme pour évaluer ta chance, ta main plonge dans l'eau pour la mesurer. Glacée mais une brûlure étrange t'arrache la peau, et ton mouvement l'arrache du plan d'eau. Et les mouvements s'enchaînent, devant tes yeux ébahis. Là. Juste là. Une vie et...
Purée. Il a fallut que ça soit un poisson.
Ou en tout cas un truc qui flotte. Caché entre les algues. Camouflé à tout regard... Mais -et ton regard se pose sur la blessure sur ta main, putride- au poison indéniable. Sans te soucier tes cloques sur ta peau, tu te relevés doucement, te saisit de la plus grande écorce que tu as arrachée... Position, genoux fléchits. Et tu frappes les algues de ton écoorce. Ramenant la créature contre paroi, l'écrasant, sans lui laisser de chances. Tu frappes à nouveau : et un cri se fait entendre. Pas de pitié des gagnants. Tu frappes encore. Encore. Et tu attends que du sang se mêle à l'eau de mer... Voilà le pokémon battu presque à mort, qui s'offre à toi. À ta cruauté sans pareille, il ne résiste pas.
Sans attendre, tu te saisis d'une ball et lui lance dessus. Cette victoire, tu finira par l'avoir.
HRP Lancer d'une pokéball !
possède
3 pokéballs Merci