Efficace. C’est le mot clé, Enzo est tout simplement efficace. Ça aide qu’il commence à bien connaître le bureau d’Ilea parce qu’il sait les points sur lesquels il doit se concentrer. Heureusement, c’est pas un jour de gros nettoyage, un simple passage suffit au milieu de la semaine.
Après l’avoir laissé entrer et avoir confirmé qu’il peut s’agiter dans son bureau, Ilea replonge son charmant petit nez dans ses papiers. Le bleu fait de son mieux pour ne pas laisser son regard dériver. Elle a l’air suffisamment mal à l’aise comme ça et il veut pas … en rajouter ? L’embêter ? Tout ça et bien plus encore.
Il sait, il sait parfaitement qu’il est en grande partie responsable de pourquoi les choses sont aussi bizarres entre eux. C’est tendu, comme si ça attendait quelque chose. On pourrait croire à une explosion mais le problème c’est qu’elle a déjà eu lieu, l’explosion. Sur un bateau, à des kilomètres de là et ils ont tout dit. Ou, tout du moins, dit beaucoup.
Il relève la tête quand Ilea prend la parole, surpris. Pour lui, le meilleur moyen de deal avec ce bordel aurait été de mutuellement s’ignorer. Le truc c’est qu’Ilea a jamais été une autruche. Elle gère ses problèmes droit dans les yeux et actuellement Enzo est un problème. Quand elle parle, Enzo refuse d’aller se placer bien poliment derrière le bureau, comme un des gosses qu’elle accueille quotidiennement. Non, si il a le respect de se retourner et de la regarder dans les yeux, il reste proche de l’Arbre à Evolis dont il allait rapidement s’occuper.
Ilea cependant, le surprend et il penche vaguement la tête, fronçant des sourcils. La voilà qui balance cette énormité et qui tente de reprendre son travail, comme si Enzo n’avait pas été Blue, comme si il la connaissait pas un minimum, cette incroyable jeune femme qui n’est que l’évolution de l’adolescente qu’il a rencontré, il y a presque dix ans.
- Ça va pas être possible ça Ilea. Que tu sois mal à l’aise à l’idée que je vienne dans ton bureau, je peux le comprendre, on a une … histoire difficile et c’est ton droit le plus total de pas vouloir me voir. Mais tu peux pas juste … prendre ces responsabilités là ? J’veux dire regarde toi, t’es encore là, à taffer comme une dingue, bien après tes heures et tu veux t’ajouter du boulot ? T’es une nana exceptionnelle mais j’peux pas juste te laisser t’ajouter ça.Il inspire lentement, cherchant à calmer l’élan d’émotion qui est subitement monté. Ilea a toujours cet effet sur lui. Il est toujours plus bouillonnant, plus prompt à l’éclat quand c’est avec elle. C’était adorable quand il était encore un gosse pas capable de gérer les émotions enclenchées par une jolie fille. Aujourd’hui, c’est presque ridicule. Il passe une main sur son visage.
- Écoute, ce que je peux faire, c’est potentiellement passer le matin, ou juste à une heure où t’es certaine de pas être là. Ou si vraiment, c’est juste moi le problème, j’peux échanger ma rotation avec un collègue, on est pas spécialement en manque de zones à nettoyer. Ça reste mon job à moi tout ça Ilea, c’est peut-être pas la partie la plus passionnante, mais c’est mon job et je vais le faire correctement.Encore une fois il se stoppe, inspire et reprend.
- On est là pour vous supporter. Laisse moi faire ça, au moins, pour toi ?La balle est dans son camps. De toute sa petite tirade, Enzo n’a pas lâché Ilea des yeux, cherchant les siens quand elle le permet. Il veut qu’elle comprenne. C’est pas grand-chose dans le grand ensemble de la vie, de passer le balai et vider les poubelles. C’est rien qu’une partie un peu chiante d’un job assez cool en réalité. Il s’ennuie jamais à la PC, il a tellement d’expériences dans tout et n’importe quoi, qu’il est envoyé en renfort partout dans le campus. C’est juste la facette la moins glamour là.
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Assis sur une chaise des plus inconfortables, les pieds levés pour se poser sur le bureau face à lui, le regard d’Enzo bouge entre le tableau et son énoncé ridicule, l’iPok qu’il a entre ses doigts et l’article qu’il écrit vaguement et les gosses qu’il est sensé surveiller pendant leur retenue.
Pour être honnête, c’est bien ça, la pire partie de son job. Bosser avec les gosses c’est toujours un honnête calvaire à ses yeux. Ils écoutent que dalle, foutent la merde pour le plaisir, et le petit groupe qu’il a actuellement … c’est le pire du pire.
Enzo a rien contre faire des doigts à l’autorité hein, c’est même vaguement sa marque de fabrique depuis qu’il est assez grand pour comprendre le concept de rébellion. Le problème c’est surtout qu’il est pas sûr de quand il est devenu l’autorité. Ou tout du moins, une facette de l’autorité.
Merde c’est ridicule, en quoi écrire une dissertation sur « Les dangers de l’utilisation des Pokémons dans un environnement non contrôlé » va apprendre quoi que ce soit à ces gosses. Clairement, ils en ont pas grand-chose à faire si ils ont déjà foutu le feu à un des terrains du campus. D’ailleurs, les terrains, c’est pas sensé être un des dit environnements contrôlés ? Roh, il en sait rien.
Dépité, Enzo replonge son nez sur son propre article, triant vaguement les photos qu’il a prise lors de son passage sur la petite île de Gamall. Il est bien avancé dans son tri quand on toque à la porte. Il lève un regard surpris. Quoique, Andreas a pas mentionné que quelqu’un viendrait faire la leçon aux gosses ? Ça doit être ça.
- Entrez !Ah.
Ilea.