Tout sourire, la jeune femme quitte son bureau, emmenant avec elle Lyria. Elle sait bien que d’ordinaire, la Mentali n’aime pas qu’on l’assiste de trop, refusant de voir son handicap comme un obstacle. Mais, à force de se côtoyer, il faut croire qu’Ilea a obtenu un passe-droit. Bien pratique pendant leur moment privilégié où l’adulte peut se concentrer exclusivement sur cette enfant a qui la vie n’a pas beaucoup souri. Une erreur qu’elle souhaite voir rattrapée, grâce à la Pokemon Community.
En tout cas, l’idée de se diriger vers la forêt fait plaisir à Lyria qui trépigne d’impatience à l’entente de cette proposition. Ilea sourit à nouveau et poursuit sa route, précédée par Electre et Esther, à l’aise dans un milieu un peu moins éclairé. Evidemment, les lampadaires permettent de se déplacer avec aisance, mais tout de même, tout le monde n’a pas la même sensibilité. Edonna par exemple aime beaucoup moins cette ambiance. C’est pour ça que la Pyroli l’accompagne très peu sur les rondes de nuit. La rousse n’a jamais forcé ses pokemons à se confronter à quelque chose qui les met trop mal à l’aise. Elle est certes leur dresseuse, mais elle estime de manière assez évidente qu’elle n’a pas ce pouvoir sur eux.
Sur le chemin, Ilea croise quelques membres du corps enseignant. Un sourire suffit à leur faire comprendre qu’elle est en réalité en train de travailler, et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Le nouveau direct, bien qu’elle n’ait réussi à échanger avec lui que par mail, lui a donné carte blanche pour exercer ces fonctions. Encore un avantage qu’elle doit surement à Monsieur Archibald, le premier à lui avoir accordé sa confiance.
Lorsque Lyria propose une pause, Ilea lui adresse un sourire tendre avant de s’assoir comme la rousse lui a indiqué. Elle sait que la jeune fille n’est pas à l’aise avec le noir. Mais elle n’est pas encore prête à l’affronter. Alors, en attendant, l’adulte endosse sans mal le rôle de celle moins à l’aise. Si cela permet à la Mentali de se sentir bien, c’est ce qui compte. Surtout que son pokemon est lui aussi bien agité, prêt à les protéger. Même si Ilea n’a pas tout compris aux explications de l’étudiante, elle ne s’en offusque pas et lui répond simplement.
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Et bien je te remercie Prime de nous protéger. Mais ne t’en fais pas, je nous ai emmené dans un endroit où il y a vraiment peu de pokemons. On ne risque rien. Et puis au pire, Esther et Electre sont là aussi pour nous protéger si jamais. Toujours aussi enjouée, la Mentali montre à l’éducatrice divers points dans le ciel. A force d’écouter Sirius, la rousse les connait aussi très bien. Il est tellement passionné par le ciel, ça en est presque fou. Parfois, il lui envoie des articles parlant du sujet. Sans même le voir, Ilea sait que les yeux de son petit frère de cœur sont remplis d’étoiles en lisant toujours de nouvelles choses sur le sujet.
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tzan connait plein de choses. Il se plaint souvent de ne pas être adapté, mais je trouve qu’il s’en sort bien. Il y a plein de choses qu’il sait et que les autres ne savent pas. Et inversement, lui il y a des choses qu’il ne sait pas et que d’autres personnes peuvent lui apprendre. C’est comme ça que fonctionne votre petit groupe de 5 non ? Les professeurs m’en parlent de temps en temps. Je suis heureuse que tu te sois trouvée un bon groupe d’amis. Effectivement bien vite, la formation de cette petite bande est remontée aux oreilles de l’éducatrice. Ils se font remarquer, mais pas forcément dans le mauvais sens. Disons simplement qu’ils sont tous atypiques à leur manière. Alors forcément, les professeurs aiment bien en parler. Et c’est le genre de chose auquel Ilea est particulièrement attentive.
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Gwen aussi sait beaucoup de choses. Elle m’a montré tout son matériel dans son atelier, c’est un sacré bazar. Mais elle s’y retrouve, c’est ce qui compte. C’est bien que tu puisses en apprendre autant auprès de tes camarades.Cela fait un petit moment qu’un lien de confiance s’est justement installée entre Ilea et Gwen. Sans se prétendre psychologue, la rousse a adopté une posture de soutien quotidien pour cette jeune fille. Le diagnostic officiellement posé, les choses sont allés en s’améliorant pour la mécanicienne. Bien sûr, il lui reste et restera surement toujours des difficultés. Mais l’éducatrice est là pour s’assurer que les choses avancent dans le bon sens tout en permettant une certaine stabilité dans son quotidien. Dans cette chambre, il ne reste que Magnolia. Ilea est a peu près sûre que cette petite cache beaucoup de choses. Mais, laissons le temps au temps.
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En tout cas, j’aime beaucoup ta théorie sur les étoiles. Mon petit frère me l’a expliqué, mais je ne suis pas une grande scientifique, je n’arriverais pas à bien te l’expliquer. Mais en attendant, on peut garder ta version. La jeune fille, gardant désormais Electre sur ses genoux, embraye sur un tout autre sujet. Difficile pour l’éducatrice de réprimer un sourire triste. Lyria commence enfin à remettre en cause son ancien mode de vie. Même si cela passe par des questions indirectes, elle se pose des questions. Des questions auxquelles elle n’aura réponse que si quelqu’un lui en parle sincèrement. Ilea respire un grand coup puis se redresse. Après tout, elle n’a parlé de ça qu’à très peu de personnes.
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Je vais te raconter une histoire. C’est mon histoire à moi, donc j’aimerais que tu la gardes pour toi. Même auprès de tes meilleurs amis, d’accord ? Après avoir obtenu l’approbation de la jeune fille, l’adulte commence son récit.
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Tu sais, avant d’être ici, j’habitais ailleurs. J’habitais avec mes parents et ma sœur. Mais là-bas, je ne me sentais pas trop chez moi. J’étais différente d’eux, et je ne voulais pas du tout faire ce qu’eux voulaient que je fasse. J’avais d’autres rêves. Il m’a fallu longtemps pour comprendre que là-bas, je n’étais vraiment pas chez moi. Alors un jour, je suis partie. D’un coup comme ça. J’avais espoir qu’ils comprendraient, mais non. Ils m’ont renié, et je ne les ai jamais revus depuis. Espérant ne pas avoir trop choqué l’étudiante, Ilea adapte son discours. Elle est rapidement rejointe par Esther, grimpant sur son épaule.
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Mais je te rassure, je ne suis pas malheureuse. Bien au contraire. Au début, comme toi, j’avais du mal à savoir où c’était chez moi. J’avais recommencé une nouvelle vie, dans un endroit où je ne connaissais personne. Petit à petit j’ai fait des rencontres. Des humains bien sûr. Mais aussi des pokemons. Tous, ils m’ont rendu très heureuse. J’ai enfin compris que chez moi c’était ici. Pas tellement dans une maison en particulier. J’ai déménagé trois fois ces dernières années. Mais dans un espace où il y a ceux que j’aime et où je peux réaliser mes rêves. Je pense que c’est ça, être chez moi. Etrangement, l’adulte sent une douce chaleur l’envahir. Poser des mots de cette façon a quelque chose de plaisant finalement. C’est une manière de marquer qu’elle aussi, elle a avancé. Mais, cette chaleur, elle ne vient pas seulement d’elle. Sur son épaule, une chaleur commence à prendre place, vite suivie par une lumière étincelante. Rapidement, sa Evoli se décroche d’elle pour revenir sur la terre ferme, brillante de mille feux. Il ne faut que quelques instants pour qu’enfin, cela s’arrête, faisant comprendre à Ilea que ce soir, quelqu’un d’autre a changé.
Esther, sa petite Evoli, est devenue une sublime Noctali. Il n’y a pas besoin de mots. Juste de sourires satisfaits entre les deux partenaires, jusqu’à ce sa pokemon reprenne place sur ses épaules, permettant à la rousse de finir son discours.
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Ce n’est pas grave si là tout de suite, tu ne sais pas exactement où es ton chez-toi. Ce qui compte, c’est simplement que tu te sentes bien ici, et que si ça ne va pas, tu saches vers qui te tourner. Ensuite, en grandissant, tu comprendras quelle signification tu as envie de donner à ton « chez-toi », ce dont tu as besoin autour de toi pour te sentir comme tel. Pour moi, être chez moi, c’est être entourée de ma meilleure amie, de mes pokemons et de tous les élèves qui permettent à mon métier d’exister. Et bientôt, toi aussi, tu trouveras. HRP :
Evolution de Evoli en Noctali o/