Le bleu essaie de respirer plus profondément pour retrouver son calme, mais ce n’est pas si simple. Il a absorbé le stress de ses deux amies en gérant leur crise de panique. Et même si la nuit lui a permis de se reposer un peu, son esprit n’a pas eu le temps de se remettre parfaitement en ordre. Lui aussi a eu peur hier pour des tonnes de raison. Mais il n’a pas eu le temps de l’exprimer, ou plutôt ce n’était pas vraiment le moment. Et maintenant, il n’est plus sous le coup direct de l’émotion de la veille, mais il en ressent encore les effets. Les choses se mélangent, et les mots sortent sans réel contrôle.
Il voulait parler de la situation de Lyria depuis tellement de temps. Et les événements de la veille n’ont été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Seulement, ni lui ni son amie ne sont réellement en état d’avoir cette conversation. Et en réalité, même si l’instant T ne les arrange pas, la conversation n’aurait peut-être pas pu mieux se tenir de toute façon. Ils sont jeunes. Trop jeunes pour ce type de problématique laissées normalement aux mains de personnes adultes, diplômées et compétentes. Ils sont trop jeunes pour avoir à se poser ce type de questions. Et pour Itzan, c’est encore plus difficile. Rien que d’imaginer une seule seconde un parent de son clan lever la main sur lui, il en frissonne. Alors, comment Lyria a-t-elle fait pendant toutes ses années ?
(Comment Magnolia a-t-elle fait toutes ces années ?)Doucement, il sent l’épaule de son amie se coller contre la sienne, signe qu’elle s’est encore rapprochée de lui. Pour quelques heures, la rose semble avoir levé toutes les barrières qu’elle dresse normalement autour d’elle. Et même si Itzan apprécie ça, il se doute que d’ici quelques temps, la Mentali aura retrouvée son attitude habituelle. Seulement, et peut-être un peu égoïstement, le garçon a bien envie d’en profiter un peu. Il laisse sa propre épaule s’appuyer sur celle de l’agente tandis qu’elle reprend, comprenant sans mal la détresse du gitan.
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Moi aussi j’ai peur qu’il lui arrive du mal. Je ne sais pas ce qu’on peut faire…Le garçon retourne le problème dans tous les sens depuis des mois, sans savoir quoi faire. En réalité, il a déjà eu indirectement cette conversation avec sa propre mère, cherchant à savoir si les choses décrites par Lyria pouvaient faire sens aux yeux de parents. Et, comme il le pensait, Indra lui a confirmé que non. Seulement, Indra reste une maman qui cherche à protéger son fils. Bien sûr que le sort de cette autre enfant auquel son garçon s’est attaché l’importe. Elle en a même touché un mot à l’éducatrice de l’académie au détour d’un appel téléphonique. Mais elle ne peut pas lui dire de foncer tête baissée, car elle sait qu’il n’est pas prêt. Finalement, elle a tenu un discours similaire à celui de la rose. Mais, au moment où elle l’a dit, le gitan n’était pas aussi sûr de ses observations, et la tension n’était pas à son paroxysme comme aujourd’hui.
Seulement, ce que propose la Mentali l’aide à relever la tête. Peut-être qu’il vise trop gros. Peut-être que comme elle dit, sa mère n’étant pas là, ils peuvent commencer par de plus petites choses. Des choses à leur porter. Peut-être que finalement, la solution, ou plutôt leur solution en réponse à leurs moyens de jeunes adolescents, c’est celle-ci.
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J’ai essayé de lui faire comprendre hier. Mais c’était dans la précipitation. Tu as surement raison, peut-être qu’en étant honnête avec elle, sans parler directement de sa maman, elle comprendra que son attitude nous inquiète vraiment, et qu’il y a un souci. Mais, tu crois qu’on devrait en parler à Agatha et Ash, pour nous aider ? Ou plutôt garder tout ça pour nous ? Finalement, le bleu étend de nouveau ses jambes, les sentant craquer. Son corps est courbaturé de partout, et la douche chaude ne suffira pas à tout faire partir. En revanche, elle devient nécessaire, surtout que leur journée est loin d’être finie. Doucement, il se redresse du lit accueillant de son amie et retourne attraper Doudou, profondément endormi sur l’un des oreillers disposés à même le sol. Le KO de la veille l’a littéralement assommé, tellement que la boule rose dort encore, sous le regard attendri de son dresseur.
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Il faudrait qu’on aille voir les autres, pour leur dire qu’on va bien. Je pense que Lyria nous a vu, après tout c’est sa chambre. Mais leur dire de vive voix c’est quand même plus sympa, eux aussi doivent se faire du souci pour nous. Et peut-être qu’on devrait parler à Leon aussi. On était tellement dans notre petite bulle qu’on a complètement oublié tout ça. J’avais juste prévenu Lissa qu’on quittait la zone des combats, mais je ne sais pas si elle a eu le temps de dire à un adulte qu’on allait à peu près bien. Et puis…j’aimerais bien voir ce qu’il en est dehors, après tout ça, et ce qui se dit sur le Coven et la Section. On est des agents après tout, c’est notre boulot de nous tenir au courant de tout ça. Itzan sourit le plus possible, laissant sa bonne humeur habituelle le regagner petit à petit. S’il y en a un des deux qui peut le faire, c’est bien lui. Magnolia a certainement besoin de ce sourire pour s’extirper du lit.
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Je vais prendre une douche, changer de fringue, et trouver une petite baie pour Doudou. Et je reviens ici, ça te va ? Comme ça, ça te laisse le temps aussi de te changer, avant qu’on aille retrouver les autres. A toute ? Le signe de tête de sa camarade lui donne le signal. Il ne doit pas trop trainer, la journée s’annonce longue tant les nouvelles risquent de pleuvoir sur les deux jeunes, qui même s’ils ne se sont isolés que quelques heures ont certainement loupé tout un tas de choses.
Itzan et Magnolia ont pu profiter de ce temps pour se confier l’un à l’autre.
Des premières portes ouvertes au sein du labyrinthe qu’est l’adolescence lorsque l’on est un élève de la Pokemon Community.