Il fallait être un peu bête pour y retourner de soi-même. Ou suicidaire. Ou peut-être un peu des deux. Mais bon, on parle d’Itzan. Sa notion de ce qui est une bonne idée à faire ou non est parfois un peu distordue.

Il y est retourné, dans cette zone qu’il a fui à toutes jambes il y a à peine une semaine. Toucher ce pilier a déclenché une vision. Très floue, très saccadée, mais une vision quand même. Il n’a pas réussi à savoir s’il avait été le seul dans ce cas-là. Parler de ce genre de choses, même à ses amis, lui est impossible. Ça relève d’une sphère qu’il n’a jamais brisé avec les gens de l’extérieur. Il n’y a bien qu’avec sa propre mère qu’il peut en parler. Et pour l’heure, il ne souhaite pas l’inquiéter en lui parlant de ça. Il n’a pas encore assez de carte en main pour être sûr qu’il ne s’agit pas simplement de l’un des pouvoirs du pilier, et pas quelque chose liée à son don encore endormi, et qu’il souhaite ne jamais réveiller.

Pour en avoir le cœur net, il a décidé d’y retourner. Cette fois-ci, il ne doit pas fuir la vision. Il doit l’accueillir, en tout cas du mieux qu’il peut. Parce que ce que cela provoque à l’intérieur de lui est terrifiant.

Il n’a pas mis bien longtemps à retrouver le pilier. Et, tout comme la semaine passée, il brille d’une drôle de lueur. Le gitan ne peut pas contrôler les battements de son cœur, plus fort à mesure qu’il s’approche de la petite colonne de pierre. Cet endroit dégage une aura toute particulière, et qui semble trouver une certaine résonnance avec celle du garçon.

Il a pris sa décision, il ne peut pas reculer. Doucement, il pose Doudou sur le sol, à quelques mètres du pilier et lui intime de ne pas bouger. Il ne sait pas comment son corps va réagir à la vision. Itzan n’a aucune envie de blesser son pokemon involontairement s’il venait à chuter par exemple. Le Toudoudou n’aime pas trop ça, ne pas être contre son dresseur, installé dans la capuche. Les larmes au bord des yeux, il ne désobéit tout de même pas aux consignes de son dresseur. Il a surement ses raisons.

Le bleu inspire un grand coup, puis pose ses mains d’un seul coup sur la pierre. Subitement, son cœur accélère encore et des images brusques le pousse à fermer les yeux pour tenir.

A nouveau, il voit la neige, la tempête et ces chaines trainant sur le sol. Mais, il ne fait pas que voir. Il sent aussi. Il a l’impression que le froid le saisit jusqu’aux os. Il sent aussi la haine, le désespoir, la solitude et la tristesse. Tout ça noie la seule pointe de joie qu’il arrive à percevoir. Il se sent mise à nu. Très vite, sa tête le fait terriblement souffrir et le pousse à lâcher.

Le voilà les fesses sur le sol, la tête dévorée par un violent mal de tête. Instinctivement, il se recroqueville sur lui-même, espérant apaiser la douleur qui le saisit, tout comme cette vague de sentiments. Rapidement, Doudou s’approche et lui tapote les jambes pour attirer son attention, s’assurer qu’il va bien. Et puis, il y a Porygon.

Tu veux que j’appelle un de tes potes ?

— Non.

Je veux pas dire, mais ce n’était pas super malin de recommencer tout seul.

— Juste tais-toi. Laisse-moi.