— Je pense que si on demande à notre retour cela pourra être intégré au menu. Ou peut-être sous forme de semaine de découverte des spécialités des autres régions ? Je suis d’accord avec toi c’est très bon, mais j’ai aussi hâte de retrouver notre cafétéria. Le pain tous les jours il faut s’y habituer.

Les deux jeunes femmes, installées dans la cafétéria de l’académie de Paldea, profitent de leur pause déjeuner tout en jetant un œil aux élèves. Ils n’ont jamais été extrêmement dissipé pendant les temps du midi, et ils le sont encore moins depuis les événements survenus fin juillet. Ils mesurent tous l’ampleur de la situation, d’autant plus que leur quotidien a été particulièrement chamboulé. Moins de vadrouilles hasardeuses et de détente, et plus de cours d’auto défense en cas d’attaques de pokemons Fléaux. Leurs vacances n’auraient pas dû ressembler à ça c’est certain.

— Je pense surtout que le mieux, c’est d’avoir des élèves qui ne sont pas paralysés par la peur. A partir de là, ils pourront choisir de soit se mettre à l’abri dans les zones de protection, soit d’agir dans la limite de leurs capacités. Il faut qu’ils gardent la tête froide. Mais j’ai l’impression qu’entre ce qu’on leur apprend à la PC et les cours qui leurs sont dispensés ici, ils commencent à bien assimiler les choses.

La rousse n’a pas le temps de poursuivre son analyse plus loin que le téléphone de la surveillante sonne, interrompant la discussion. Et sans entendre parfaitement les paroles de l’appelant, l’éducatrice se doute que ce n’est pas un appel banal. Vite, sa collègue prend les choses en main en demandant plus de précision, et c’est presque avec autant de vitesse qu’elle comprend qui l’appelle en numéro masqué. Une certaine Pania. Sans la connaitre, son nom circule parmi les élèves de l’académie et est souvent associé à la Team Star, une bande constituée d’élèves de Paldea, semant la pagaille ici et là. Une situation que Fanny présente de nouveau, avec davantage de détails, tout en explicitant les identités des deux jeunes femmes travaillant pour la PC. L’étudiante semble d’ailleurs surprise des renseignements glanés par le binôme, ne manquant pas d’amuser Ilea.

— Pania ne sous-estime jamais la simple communication. On peut en apprendre beaucoup simplement en écoutant et discutant avec les élèves. Ils sont bien plus bavards que tu ne le crois quand ils sont en confiance.

La situation exposée, Pania explicite davantage la raison de son appel. Et la mine intriguée de la surveillante se reflète parfaitement dans celle de l’éducatrice. Même si la jeune femme ne comprend absolument rien au jargon informatique employé par l’étudiante à la tête de la Team Star, elle en décèle l’objet principal. Grâce à ses magouilles, la jeune fille a peut-être une piste pour mettre la main sur la Section Mana, à l’origine de nombreux bugs informatiques dans le réseau de l’école depuis plusieurs jours. Une opportunité extrêmement intéressante.

La piste semble sérieuse, et Ilea a déjà eu des échos sur Pania suffisamment bon pour croire que, malgré ses méthodes quelque peu borderline, la jeune fille est sérieuse et en capacité de les mener vers quelque chose d’intéressant.

— Je suis partante aussi. On va juste avertir les autres professeurs au cas où il se passe quelque chose et qu’on ait besoin d’aide pour venir nous chercher. On va aussi aller emprunter un peu de matériel en salle informatique. Après ça on sera opérationnel.

**

Cette fois-ci, les deux jeunes femmes sont bien mieux équipées. Sans aller jusqu’à sortir les tenues de combat, Ilea a troqué sa robe fleurie contre quelque chose de plus confortable pour se déplacer, surtout que la rousse n’a absolument aucune idée d’où cette histoire va les mener. Les professeurs de Paldea ont été averti eux aussi du déplacement du binôme à l’extérieur de l’école. Pas qu’elles soient contraintes à ne faire que la surveillance, mais pour se protéger avertir d’autres personnes est essentiel.

Et enfin le matériel. Avec les conseils de Pania, Ilea et Fanny ont récupéré quelques outils et autres machines qui pourraient être utiles. Et le plus pratique de tous, des oreillettes relativement discrètes pour rester en communication avec leur guide tout du long.

— Pania nous sommes prêtes on t’écoute.

— Bien. Pour l’instant, dirigez-vous vers l’Est en suivant Pinchoria. C’est là-bas que les signaux triangulent le plus. Je ne pourrais affiner ma réponse que quand vous avancerez. Normalement la route est assez tranquille pour l’instant.

Accompagnée d’Edelyne, sa Phyllali, et de Kayla sa Tokegiss restée elle dans les airs pour faire des rondes, la rousse n’est pas inquiète. Et avec l’accord de la surveillante, elles commencent leur mission improvisée.

Ilea n’est pas tout à fait habituée aux missions de ce style. Après tout, ce sont plutôt les élèves qu’elle a sous sa responsabilité qui sont formés à gérer ce type d’événement. L’éducatrice fait davantage le bilan avec eux sur les plans sociaux et émotionnels que de leur donner des véritables conseils d’exécution. Leurs professeurs sont bien plus avisés sur la problématique, la rousse se contentant simplement d’aller dans leur sens, ou au pire à nuancer lorsqu’elle connait particulièrement bien l’élève en face.

En définitive, la rousse n’a jamais été équipé d’oreillette volontairement discrète et d’autres instruments qui pourraient leur être utiles pour débusquer des agents de la Section Mana caché. Une nouvelle expérience qu’heureusement elle ne vit pas seule. A ses côtés, Fanny bien sûr, mais aussi Pania qui en plus de sa grande intelligence connait particulièrement bien la zone. Sa collègue et l’étudiante échangent d’ailleurs à ce propos, notamment sur cette espèce de Craparoi géant. Ce n’est pas la première fois qu’on lui parle de pokemon particulièrement grand dans la région, mais le pourquoi du comment n’est pas inintéressant. La cuisine semble avoir une grande place dans la culture de Paldea, jusqu’au point où même les pokemons sont influencés par des épices locales. La situation a l’air légèrement délicate au vu du malaise que la jeune femme a pu ressentir dans la voix de Pania, mais elle préfère ne pas creuser le sujet plus que ça.

L’étudiante s’absente un instant, essayant d’affiner le signal émis par cette possible base de la Section Mana. De quoi laisser un peu plus de temps aux deux jeunes femmes pour discuter.

— Je pense qu’ils sont similaires, mais je commence à croire qu’il existe des copies, ou à défaut d’autres endroits où trouver ces informations. J’ai l’impression que beaucoup de monde y a eu accès pour un seul livre censé être très précieux. Je pense que l’académie de Paldea détient l’original, mais pour le reste…

Ce sont des choses qui inquiètent Fanny, et ça n’a rien de bien surprenant. La pression sur les épaules des deux jeunes femmes ne fait que de se renforcer les semaines passant, essayant d’en découvrir un maximum sur ce groupe qui, sans nul doute, reviendra sévir sur Leiar une fois l’été terminé. Et pour préparer au mieux les étudiants à de nouveaux incidents de retour à l’école, il faut qu’elle-même en découvre le plus possible.

— Ce cratère Zero regorge de secret qui intéresse la section et le coven. Leur présence est sans aucun doute liée à ça. Je pense qu’il faut qu’on les empêche au maximum de ramener ces spécificités de Paldea à Leiar, parce que nous ne serons pas armés comme ici pour lutter contre ces phénomènes inconnus. Mais nous sommes tous mobilisés Fanny ne t’inquiète pas. Tous nos efforts conjugués vont porter leur fruit.

La route a été très calme jusqu’à Pinchoria. Aucun pokemon n’a essayé de les ralentir, et pas une trace des fauteurs de trouble de l’été. La nature avait l’air plutôt tranquille, ce qui en ce moment est une bonne nouvelle. Entre les auras des Fléaux et les expériences du Coven et de la Section, la faute et la flore souffrent aussi de toutes ces intrusions. Un peu de répit doit leur faire du bien. Maintenant, les deux jeunes femmes n’ont plus qu’à attendre le retour de Pania dans leur oreillette.

— La ville a l’air de s’être construite en respectant au maximum l’environnement offert. C’est assez amusant effectivement ce terrain. J’espère qu’il n’y a pas trop d’accident.

La conversation n’a pas le temps d’aller plus loin que Pania annonce son retour avec de nouvelles informations. Elle a pu repérer avec plus d’exactitude la base, bien enfoncée dans les tunnels présents naturellement dans les falaises du secteur. Effectivement avec ça, ils sont plutôt bien camoufflées des intrusions hasardeuses. Avoir ces informations est crucial, mais le terrain est complètement à leur avantage. L’appui de l’étudiante est précieux, mais risque de ne pas être suffisant. La rousse se permet donc de préciser les choses.

— Pania tout est ok de mon côté, mon équipe est habituée à se battre. Seulement, nous risquons effectivement de tomber sur des membres de la Section Mana qui ne vont pas apprécier notre présence. Il faudrait que tu joignes les postes de force de l’ordre de la ville pour leur demander d’intervenir récupérer ceux qui opposeront de la résistance. On pourra certainement les immobiliser mais s’ils sont trop nombreux, on risque d’être débordé. Ils auront de quoi faire, leur simple présence dans ces tunnels étant une occupation illégale de la zone. Je n’ai pas de problème à ce que nous avancions dans ces tunnels, mais il nous faut des garanties de sécurité.

— Je comprends vous avez raison. Je vais les avertir pour qu’ils soient prêt à intervenir si vous êtes obligés de recourir à la force.

— Kayla va rester à l’extérieur, elle sera plus utile pour les guider au besoin. A part ça nous devrions être prête.

— Tout est en place de mon côté aussi. Vous pouvez y aller.

**

Cela fait déjà une dizaine de minute que les deux jeunes femmes marchent dans les sous-terrains. Pour l’instant, absolument rien à signaler. Tout est très calme, peut-être même trop compte-tenu du fait qu’elles n’ont croisé absolument aucun pokemon sauvage. Peut-être est-ce du à l’intervention de la Section qui a modifié leur ecosystème naturel. Toujours est-il que pour l’instant, pas un Chaglam à l’horizon. Les deux adultes se contentent de suivre les instructions de Pania à la lettre. Jusqu’à enfin rencontrer la première difficulté.

— A partir de là, vous devez vous déporter sur la droite. C’est le chemin le plus court et le moins dangereux.

— Pania j’ai l’impression que nous ne sommes pas seuls. Il y a l’air d’y avoir du monde dans cette direction, ça fait du bruit. Est-ce déjà le cœur du QG ?

— Non je n’ai pas l’impression au vu des signaux.

— Fanny que veux-tu qu’on fasse ? On passe par le chemin le plus court quitte à provoquer un affrontement ou on essaie de contourner le problème même si on perd du temps ?

Pour l’instant, l’opération se passe à peu près bien. Pania guidant les deux jeunes à travers les souterrains, elles n’ont pas l’impression d’avancer complètement au hasard et parviennent sans mal à esquiver les potentielles personnes présentes pour se rapprocher du cœur de leur base. Etrangement, les signaux captent plutôt bien. Signe que la Section Mana a probablement fait installer ici tout un tas d’appareil permettant cette prouesse sans que les ondes ne soient bloquées par les épaisses parois rocheuses de la falaise.

La rousse finit par repérer un groupe de scientifique bien plus difficile à esquiver. En tout cas sans faire un très grand détour. Ils n’ont pas non plus l’air d’être une armée, mais se diriger par là sans y avoir été invité et au vu du climat de tension qui règne depuis leur arrivée à Paldea déclencherait fatalement un affrontement. Fanny est d’accord avec l’éducatrice, préférant rester plus prudente sur la suite de leur parcours. Sans difficulté, Pania leur trouve une seconde route, bien plus longue mais ça n’a pas beaucoup d’importance.

Mais prendre la direction d’un autre chemin ne les rend pas complètement hermétique aux voix qui se déplacent sans mal dans le tunnel. Et ce qu’elles entendent à de quoi coller des frissons à n’importe qui. Mais Ilea n’a même pas le temps de dire quoi que ce soit que Fanny libère l’un de ses pokemons et s’élance à l’opposé d’elle, inarrêtable. Pania a beau crier pour essayer de comprendre ce qu’il se passe, la surveillante ne répond pas et se débarrasse de son oreillette pour engager un combat, pratiquement à main nu.

L’éducatrice n’a pas le temps de réfléchir et doit s’adapter.

— Pania reste calme. J’ai toujours Fanny en visuel, je gère de ce côté. Toi averti la police tout de suite. Des élèves sont retenus en otage ici comme expérience. Fanny est en train d’empêcher ça. Inutile de jouer la discrétion plus longtemps, il y a largement de quoi les arrêter maintenant.

— Reçu, je leur communique votre position. Ils ne devraient pas tarder à arriver.

— Je te tiens au courant, reste connectée.

La jeune femme se met à son tour à courir dans la direction qu’a emprunté sa collègue, et le constat est sans appel. Elle les a maitrisés en un temps record, juste en faisant appel à ses poings et à sa petite équipe. La rousse n’en revient pas. Un à un, Edelyne vérifie qu’ils sont bien simplement inconscients puis les ligotent grâce aux lianes qu’elle est capable de générer avant de poursuivre la route. Il ne faudrait pas qu’ils se relèvent pour les prendre en traitre. Et puis, ça facilitera les choses pour les forces de l’ordre.

La force de Fanny est effrayante. Ilea ne pensait pas devoir penser ça un jour de l’une de ses collègues, mais ce qu’elle est en train de démontrer dépasse très largement les compétences physiques d’une simple surveillante. L’entrainement qu’elle a reçu pour être capable d’une telle prouesse a du être terrible. Mais surtout, dans quel but a-t-il eu lieu ?

Ilea finit par arriver dans la pièce finale du couloir, découvrant les élèves, heureusement épargné par tout sévices possible. Ils sont 4, et au vu de leur réaction, ils sont bien tous présents. L’agencement de la pièce ne laisse pas de place au doute. Ils avaient bien l’intention de tester quelque chose sur eux. La rousse leur fait signe également, pour leur montrer que tout va bien, et retient tant bien que mal un gémissement quand elle constate dans quel état se trouve sa collègue, blessée à de multiples endroits. Pour ne pas laisser la panique envahir les lieux, l’éducatrice demande à voix basse à Pania.

— Fait aussi venir une équipe de secours. Fanny est blessée.

— C’est comme si c’était fait

Quelques secondes plus tard, les lieux se remplissent à nouveau. Les forces de l’ordre appelées en renfort. Sentant que Fanny sera plus à l’aise à parler avec les élèves après ce qu’il vient de se passer, Ilea prend le relai pour se diriger vers le groupe de 4 hommes.

— Tous ceux que nous avons trouvé attaché ont été interpelé. L’endroit est en train d’être passé au peigne fin. Mais on va devoir interroger tout le monde.

— Je me doute bien, nous allons vous expliquer. Ces étudiants sont sous notre responsabilité avec ma collègue. Pourrais-je assister aux entretiens, à l’extérieur ? Ma collègue doit quant à elle être soignée rapidement.

— Bien sûr, cela ne pose pas de difficulté. Sortons tous, cet endroit n’est pas le lieu idéal pour parler.

Ilea leur sourit amicalement avant de se diriger vers les autres.

— Nous allons tous sortir maintenant, la situation est sous contrôle. Il va seulement falloir tout raconter à ces messieurs, y compris le moment où vous avez essayé de capturer un Fléau, n’est-ce pas ?

Les jeunes ne se sentent pas à l’aise de parler de ça. Ils savent qu’ils ont fait une erreur. Mais maintenant, il est trop tard pour reculer.

— Oui Ilea, on va le faire.

— Bien, avancez, nous sommes juste derrière vous. Pania va également venir pour comprendre ce qu’il se passait ici.

Les 4 jeunes, encore déboussolés, commencent à avancer derrière les policiers, tandis que les deux jeunes femmes sont à l’arrière. Sans demander, la rousse glisse son bras sous celui de sa collègue pour qu’elle puisse s’appuyer sur elle pour marcher.

— Nous aussi on a pas mal de choses à se dire tu crois pas ?