libertad
Si il y a bien une chose qu’on ne peut pas dénier à Magnolia, c’est sa monstrueuse curiosité. Elle aime savoir des choses, se renseigner, se cultiver. Il n’est pas rare de la voir le nez plongé dans un livre ou un article sur tel sujet qui a éveillé sa curiosité dernièrement. Elle se souvient d’une discussion avec Monsieur Nahr concernant son choix de parcours, il avait été surpris de ne pas la voir se diriger vers les scientifiques et les chercheurs, considérant sa curiosité et son intellect. Et oui, c’est peut-être un peu surprenant de la voir dénier ses éléments si centraux de son identité, mais, elle sait ce qu’elle veut faire de sa vie et, c’est comme ça qu’elle l’a exprimé à son professeur référent, les spécialités qu’elle a choisit lui permettront d’être la plus efficace dans son domaine.
Toujours est-il que ces dernier temps, le sujet qui passionne Magnolia c’est Itzan.
Enfin, la vie de gitan d’Itzan. Loin d’elle l’idée d’être passionnée par un garçon, ahahah, Itzan est simplement son meilleur ami et …
Inspire.
Itzan n’a pas vraiment vécu dans une situation très traditionnelle. C’est aussi le cas de Magnolia, dans le sens où son père n’était pas vraiment un parent et que le peu d’argent qu’il ramenait à la maison n’était pas forcément dédié à leurs besoins primaires. Mais ça gardait un cadre de ce qu’on considère comme normal dans notre société actuelle. Elle vivait dans un appartement, dans une grande ville. Elle est allée à l’école et a plus où moins toujours grandit dans le même espace avec plus ou moins les mêmes gens qui l’entourait.
C’est pas du tout le cas du Voltali. Il est né quelque part mais a grandit dans un milieu d’endroits différents. Il a côtoyé des personnes très différentes même si le cercle principal social qui l’entourait était composé des gens de son camps. Il n’avait pas de chambre mais partageait une caravane avec sa mère … Et tout ça, c’est si différent de tout ce que connait Magnolia qu’elle ne peut pas vraiment s’empêcher d’être curieuse.
La première question est posée un peu doucement, elle tâte un peu le terrain, voir comment il réagit. Elle sait qu’au début, la transition de sa vie dans le camp à sa vie à la PC a été difficile et elle ne veut pas vraiment enclencher de mauvais souvenirs et gâcher ses vacances. Mais le garçon est plus qu’heureux de partager cette part de lui et comme en écho, Magnolia enchaîne les questions. Tout ce qui lui passe par la tête, tout ce qui l’interroge. Parfois, elle hésite un peu, craignant de dépasser les bornes, d’être irrespectueuse de cette culture qui n’est pas la sienne et qui est si importante à l’identité de son ami, mais toujours, il la regarde avec ce sourire qui lui dit que c’est ok, qu’il est fier et qu’il veut partager cette part de lui.
Tellement qu’il finit par l’inviter à s’y rendre avec lui.
Et il veut qu’elle vienne. Il est clair dans ses propos, probablement trop habitué à la tendance de Magnolia a ne pas vouloir s’imposer. Il est clair et précis et direct et Magnolia ne peut empêcher ses joues de devenir rouge sous le regard intense du garçon. Elle hésite, bien sûr qu’elle hésite, et elle insistera qu’Itzan vérifie que Madame Xoaelteno est bien d’accord pour qu’elle vienne et …
Elle accepte.
Bien sûr qu’elle accepte.
Déjà qu’elle a du mal à dire non à Itzan alors en plus quand il la regarde comme ça ? C’est fini pour elle. Elle a déjà perdu avant même d’essayer.
✩✩✩
Magnolia s’est habituée aux voyages en bateau depuis son arrivée sur l’île. C’est une bien grande évolution depuis la première fois où elle est montée sur l’un d’entre eux, le jour de son départ de Volucité. Il faut dire que la PC semble privilégier ce moyen de transport aux autres. C’est pas trop long, pas trop cher et peut embarquer l’entièreté de l’école et de leurs équipes sans trop de difficulté.
En parlant d’équipe, Leo est le seul de sortie aujourd’hui. Il s’est lové contre son cou et rive un regard presque méchant à ceux qui s’approche. Magnolia se contente d’une petite tape sur le bout de son nez quand il cherche à faire la même chose à Itzan. Il a intérêt à s’habituer à lui, Itzan est probablement la personne avec qui Magnolia passe le plus de temps …
Le garçon rayonne sur le pont du bateau. Elle ressent presque physiquement la joie qu’il ressent à l’idée de rejoindre sa famille, son camp, sa mère. C’est quelque chose de tellement abstrait pour elle mais sa joie est tellement communicative qu’elle ne peut pas vraiment empêcher le sourire qui nait sur ses lèvres, comme en écho à celui d’Itzan.
Elle l’a déjà vu heureux, bien sûr, mais jamais comme ça. Elle ne l’a jamais vraiment vu briller de cette manière. Elle aime ça. Elle aime le savoir bien dans sa peau et heureux et brillant et prêt à partager tout ça avec elle.
Quand Itzan lui fait signe, elle se rapproche. Elle est un peu soulagée quand il mentionne quelques éléments auxquels elle doit se préparer en amont. Si elle a fait ses petites recherches, elle est parfaitement consciente que la communauté gitane n’est pas forcément la plus ouverte aux personnes extérieures et que ce qu’elle a lu est au mieux incomplet, au pire complètement faux.
Elle écoute donc avec attention les instructions d’Itzan. Elle teste le mot « gadji » quelques fois à voix basse jusqu’à être certaine de l’avoir mémoriser. Elle est assez hermétique aux insultes et aux opinions des autres sur elle en général, donc elle ne se fait pas trop de soucis à ce point de vue-là. Elle sait qu’Itzan ne la mènerait pas dans une situation vraiment pas du tout accueillante sans la prévenir. Quelques regards méprisants ? C’est vraiment pas grand-chose. Elle hoche donc la tête avant de se faire un récapitulatif interne. Non, elle a pas vraiment de questions, à part peut-être ..
-Est-ce qu’il a des choses qu’il ne faut pas du tout que je fasse ? Je ne veux pas insulter quelqu’un sans savoir.
Le reste ça devrait aller. Elle est polie, discrète et ne devrait, au final, pas faire de gros faux pas mais, assurer ses arrières n’est jamais une mauvaise chose. Dans le lointain, le port apparait. Ils en ont plus pour très longtemps.
-On a beaucoup de trajet du port jusqu’au camp ?
Dans les deux cas, elle n’est pas dérangée. Elle a même plutôt hâte de se dégourdir les pattes après un trajet en bateau …