Libertad
Hoenn / Clan des Eklat / Magnolia
Itzan est tellement heureux à l’idée de rejoindre le clan qu’il en trépigne. Bien sûr, il y en premier lieu l’opportunité de revoir sa mère. Même si physiquement ils se sont vus il n’y a pas si longtemps que cela au moment de la réunion parents-professeurs, il n’a pas eu le temps d’échanger beaucoup avec elle, étant occupé à d’autres choses qui ont eu la priorité sur ses sentiments personnels. Indra ne lui en a pas voulu, mais il sait qu’elle aussi attend avec impatience de revoir son fils, qu’ils prennent le temps de discuter correctement de tout un tas de sujet, le bleu se laissant sans mal porter par les bras réconfortant de son point d’encrage. Et puis, il va faire découvrir sa vie, sa culture, à l’une de ses meilleures amies. Et ça, ça n’a pas de prix à ses yeux. Après tous les récits qu’il a pu en faire, il va enfin lui faire découvrir la réalité des choses. Le garçon sait bien que ce sont deux mondes pratiquement opposés qui se rencontrent. Mais il a bon espoir que la curiosité de Magnolia passe au-dessus du choc culturel. Et puis il est avec elle, rien de mal ne peut se passer.
D’autant plus que depuis qu’il s’est éloigné des rivages de Paldea, sa tête a retrouvé sa légèreté, le rendant encore plus souriant.
— Hmm il n’y a rien d’incroyables qui me vient comme ça. Si évite de mentionner de manière générale les très gros clichés que tu as pu entendre à l’égard des gitans. Par exemple qu’on est soit voleurs, soit forains, soit les deux, ou les choses de ce style. Si certaines choses sont vraies, elles ne seront jamais bien perçues dans la bouche d’une étrangère. Si tu as un doute ou que tu te poses une question un peu délicate, demande-moi. Mais pour le reste, tu peux leur parler librement. Surtout qu’on restera surement beaucoup avec les enfants et les ados, donc ils sont moins à cheval que les adultes. Ah et le bracelet que je t’ai fait. Certains vont peut-être te demander pourquoi tu en as un, parce que c’est un héritage spécifique du clan, les étrangers n’y ont pas le droit. Mais si tu leur montres calmement, ils verront que ce n’est pas le même motif. Donc tu n’as pas à t’inquiéter.
Le bleu réfléchir aux autres choses qu’il pourrait ajouter avant leur arrivée, jusqu’à ce que finalement une information lui revienne en mémoire. Pour lui c’est tellement naturel qu’il n’y fait plus attention, mais il sait que c’est un peu une exception, et que cela risque de surprendre la rose, tout comme la détendre, cela va dépendre.
— Tu verras, les femmes ont le pouvoir au clan. La leader est une femme, et toutes les personnes importantes aussi. Les hommes se tiennent beaucoup en retrait, exécutant d’autres types de tâches. Ils ne s’occupent que peu des enfants, et ne prennent jamais les grandes décisions. Tu ne les verras que peu interagir directement avec les enfants, ou élever la voix pour le groupe. C’est comme ça que cela fonctionne chez nous. Aucun d’entre eux ne s’amusera à t’approcher à l’abri des regards ou quoi que ce soit. Et si jamais tu n’es pas à l’aise avec qui que ce soit, tu viens me le dire. Ou tu vas te réfugier avec ma mère si tu ne me vois pas immédiatement. Si tu es avec elle, personne n’osera t’approcher.
Le gitan souffle, réalisant qu’il parle beaucoup, et qu’il pourrait encore s’étendre davantage. Mais ça n’aurait que peu d’intérêt, les deux adolescents arrivant dans quelques heures au clan. Itzan veut juste que sa camarade agent se sente la plus à l’aise possible.
— On devrait avoir un peu moins d’une heure à pied si je m’en fie au GPS de mon Ipok. Normalement on devrait réussir à marcher sur des routes principales un moment avec de bifurquer. Mais ne t’en fais pas, pour les gitans il n’est jamais difficile de retrouver la maison.
**
— Maman !!!
Le mois d’aout à Hoenn se fait sentir. La marche n’a certes pas été très intense, mais le soleil tapant sur leur tête a eu rapidement effet de les faire suer, imbibant leurs vêtements de transpiration. Heureusement, la fin de la marche a pu se faire à l’ombre sous les arbres, le clan évidemment reculé des grandes villes dans un espace plus facile à apprivoiser tout en ayant des raccordements pour les besoins les plus évidents. De toute façon le Voltali ne s’en soucie pas trop, c’est le boulot des hommes adultes de bidouiller les systèmes pour leur permettre d’avoir un minimum d’électricité.
Mais quand enfin le clan est entré dans leur champ de vision, le bleu a accéléré le pas pour trouver la caravane de sa petite famille, chacune étant facilement reconnaissable par son style unique. C’est comme ça qu’il aperçoit sa mère au loin, discutant avec une de ses amies.
— Oh mon chéri te voilà !
La femme métisse ne met pas longtemps avant de réceptionner son fils, faisant désormais la même taille que lui, dans ses bras pour l’étreindre chaleureusement. L’agent perçoit le léger rire de l’autre gitane, mais n’en a que faire, trop bien dans les bras d’Indra pour se soucier de ce genre de choses.
— Tout va bien Itzan, vous avez fait bonne route ? Approche toi donc Magnolia ne reste pas derrière.
— Eh les gars Itzan est revenu !
— C’est vrai ?!
Aussitôt dit aussitôt fait, une petite bande de 5 enfants âgés entre 6 et 15 ans se précipitent sur le bleu, l’englobant dans un super câlin collectif.
— Tu nous as trop manqué, c’est trop long un an les cartes c’est pas assez !
— Les gars je suis revenu mais vous pouvez me lâcher vous m’étouffer.
La petite troupe se recule un peu, constatant qu’ils sont arrivés comme des boulets de canon, sans faire attention ni à Indra ni à Raquel ainsi qu’à l’autre jeune fille qu’ils ne connaissent pas.
— Et c’est qui elle ?
En retour, Itzan pince le nez de la plus jeune, la faisant grimacer.
— Je crois qu’on t’a appris à parler plus poliement non ?
— Oui pardon, arrête tu pinces fort
Le garçon la lâche en ricanant avant de reprendre.
— Je vous la présenterais tout à l’heure, c’est une amie à moi. Maintenant vous pouvez nous laisser un peu ? Le temps qu’on s’installe, qu’on pose nos affaires et qu’on se douche
— Ça roule, à toute Itzan
La petite bande finit par repartir sous le regard amusé des adultes, n’ayant plus assisté à ce type d’échange avec Itzan depuis un moment. De son côté, l’adolescent reprend pendant que Raquel s’éloigne pour leur laisser un peu d’intimité.
— Maman ça te va si on montre la caravane à Magnolia maintenant ? Pour qu’elle puisse y installer ses affaires et se doucher ?
— Bien sûr, allons-y tout de suite.
Il ne leur faut que quelques mètres de marche supplémentaire avant d’arriver au niveau de l’espace de vie des Xoaelteño. Une caravane un peu plus petite que la moyenne mais chaleureusement décorée. A l’intérieur, il y a une petite cuisine avec une table, une douche, quelques placards, un lit sur la gauche au niveau de l’arrière du véhicule puis en haut, au-dessus des sièges passagers, une mezzanine.
— Tu vas dormir dans mon lit là-haut Magnolia, comme ça tu seras tranquille. Moi je dormirais avec Maman de mon côté. Tu peux mettre ton sac là-haut, il y a un petit espace pour ça. Je te laisse la douche en prems, comme ça tu peux te changer pour quelque chose de plus confortable. Moi je serais dehors avec Maman. Tu me diras quand la place sera libre.
Itzan sourit de toutes ses dents. Il ne pense pas pouvoir être plus heureux qu’en ce moment.