Dans la vie, il y a des nuits sans rêves, des nuits blondes et des nuits agitées. Sans doute existe-il d'ailleurs, des myriade de types de nuits, propres aux individualités et aux resentissement de chacun. Pour Faye, cette nuit là, fut probablement une des plus singuliéres.

Ce n'était pas seulement la danse des ombres baroques sur les murs du dortoir qui la rendait singulière, ni mêmes les murmures à peine audibles qui effleuraient sa silhouette gracile. Faye était tout simplement perdue. Après des semaines d'errance dans les montagnes, un gardien de l'école l'avait finalement recueillie parmi les décombres d'un éboulement provoqué par d'étranges silhouettes encapuchonnées. Il lui avait expliqué que la rentrée était passée et qu'on l'avait cherchée partout. S'ensuivirent quelques jours passés à l'infirmerie et des heures à se réconforter sous les jets d'eau de l'école. On l'avait finalement invitée à rejoindre sa chambre.

Oui, sans doute. Mais Faye n'aurait pas était Faye si elle n'était perdue. Une âme errante en quête de repos, une étoile filante qui se serait éloignée de sa trajectoire : le genre d'astres qui n'avait tout bonnement aucune idée du numéro de sa chambre. Aussi son errance vaine s'éternisa dans les longs couloirs froids du dortoir d'été.

Elle avait surtout besoin de dormir.

Alors qu'elle errait dans les couloirs froids du dortoir d'été, les pieds meurtris, le corps enveloppé de bandages, et le regard hagard, elle entendit des sons étranges. Des pas lourds et métalliques, la respiration saccadée d'un Tauros épuisé. Prise de peur, elle pivota brusquement pour découvrir un jeune homme aux cheveux et aux vêtements en désordre. Il progressait péniblement sur ses béquilles.

Elle resta immobile un instant, surprise, alors qu'il s'approchait rapidement d'elle : lampe torche attachée à sa béquille droite. La lumière pointait dans tous les sens, zizaguant dans le plus grand des cafouillages et illuminant brièvement son visage. Faye se rendit compte qu'elle aurait mieux fait sans doute de le saluer et de s'avance, se présenter à lui. Au lieu de cela, elle le laissa claudiquer jusqu'à elle et briser le silence de la nuit.

Faye observa son visage, toujours illuminé par la lampe, et elle ne put s'empêcher de sourire devant sa maladresse. Son charme innocent et sa franchise la touchèrent.

- Ne t'inquiète pas, tu ne m'as pas fait peur, dit-elle avec un sourire chaleureux. Je suis Faye. J'ai l'air étrange, je le sais.

Étrange elle l'était : un gros sac sur son dos semblaient semblaient écraser toute la silhouette amaigrie et abimée par ses flâneries pitoresques. Ses cheveux libérés de toute attache et ramenées sur son buste venaient couvrir le premier quart de son corps et grignotait la majorité de son visage fourbu et blanchard. Elle poussa doucement une mèche en désordre derrière son oreille, révélant ses yeux gris brillants qui semblaient percer les ténèbres. Elle ne se sentait pas mal à l'aise avec lui, malgré la situation étrange, et cela la surprenait elle-même. Un canarticho boiteux, ça n'est pas bien effrayant.

- Je ne sais pas pour ton fantôme, ça fait des semaines que je recherche l'endroit où je suis sensée dormir alors tu imagines bien qu'un pokémon spectre, je ne saurais le trouver ajouta t'elle en riant. Puis se rendant sans doute compte qu'elle riait trop fort Désolée, de ne pas être d'une grande aide, je ne suis pas trés maligne.

Faye examina quelques-instants le garçon et désigna ensuite sa jambe abimée d'un geste minime.

-Tu ne devrais pas trop forcer sur ta jambe, tu sais. Peut-être que tu devrais demander à un domestique de t'aider à trouver ce fantôme.

Sa remarque n'était pas teintée de snobisme, mais plutôt empreinte de préoccupation sincère. Ayant grandi dans un cocon protecteur, Faye était encore novice dans l'art de l'autonomie, comme aveuglée par sa propre condition de rosignol en cage. Et alors qu'elle pronconçait ses mots avec docueur, son chenipan s'échappa d'un concon d'une toute sorte en s'extripant de sa chevelure pour se poser sur le sommet de son crâne.