Orren évitait de regarder la rousse assise sur son lit, mais ses yeux revenaient toujours sur elle. Ça le mettait dans un état indéfinissable tant des émotions opposées se mêlaient entre elles dans son esprit : mais y avait-il encore de l'amour dans tout ça ? Il ne saurait le dire, peut être que la flamme s'était éteinte. Sans avoir été entretenu, même le plus brûlant des brasiers finissait par mourir. Le sien aussi ?
Étrangement la jeune rousse ne pipait mot désormais, allant jusqu'à lui demander quelques secondes pour trouver ses mots. Elle se fichait de lui ? Elle lui avait dit qu'elle voulait lui parler et maintenant elle ne s'en sentait plus la force ? L'état de fatigue d'Orren le rendait irritable au possible, toute trace de patience totalement évanouie. Il resta là à attendre qu'elle prenne la parole, sentant l'agacement grandir en lui, malgré Skoll qui se leva pour presser ses cornes contre sa cuisse pour lui demander de rester calme. Il caressa machinalement les cornes du Démolosse avant de prendre à son tour une grande inspiration juste au moment où elle prenait la parole.
-Je te dois des excuses, d'abord. Je... je n'ai pas su comment te le dire mais toutes ces choses m'échappent. Moi-même je ne comprends pas tout, à l'heure où je te parle. Je ne sais même pas pourquoi je me suis jetée là-dedans. Au final, ça a été plus mauvais que bon. Je... je t'ai sans doute fait souffrir. Ce serait mentir de dire que je sentais bien après ça. Aussi bizarre que ça puisse te paraître, ce n'était vraiment pas fait exprès. Tout ça m'a échappé. Même actuellement, je ne sais pas tout ce que ça implique d'avoir ce genre de relations. Tout est de ma faute, je ne sais vraiment pas quoi faire, ni comment m'y prendre... Je vais même jusqu'à me demander si c'était vraiment bon d'en arriver jusque là. Après tout, ça n'a apporté que des malheurs...
Des excuses, elle lui présentait simplement des excuses, prétextant qu'elle ne sait pas comment s'y prendre et dans quoi elle s'était engagées. Pourtant cet été à Illumis elle avait très bien su quoi faire en l'embrassant et en lui disant qu'elle l'aimait. Comment pouvait-elle faire pour donner une explications d'une manière si naturelle et simple à ces trois derniers mois ?! Ce que ça implique ? Simplement la présence de l'autre, se voir, être ensemble ! Ce n'est pas comme si ils étaient mariés, non, il sont juste en couple. Et pourtant une chose aussi simple, la jeune rousse n'arrivait pas à le comprendre.
Instinctivement Orren serra la mâchoire et se crispa. Son regarda s'illuminant de colère quand elle en vint à la fin de sa petite tirade. "si c'était vraiment bon d'en arriver jusque là"... ces mots le frappèrent comme un coup de couteau dans le dos. Une douleur indescriptible s'empara de lui tandis que son coeur se serrait. C'était les mêmes mots qu'il avait dit de colère à Aileen, du moins dans le fond, et là il voyait ce que ça faisait. Il n'y avait pas plus dur. Ça n'aurait pas du se produire ainsi, voilà ce qu'il entendait. Comment si Ruby lui avait aussi dit qu'elle aurait volontiers remonté le temps pour empêcher ce baiser. Le préfet ne comprenait pas, il voulait mettre les choses au clair et prendre les décisions qui en découlerait. Mais jamais, ô grand jamais, il ne remettait en question ce qui s'était passé. Ce que la jeune Pyroli disait était une véritable trahison pour lui, il se sentait bafoué et humilié. Il leva des yeux humides vers elle, se retenant de peu d'exploser, et écouta la suite.
- Par dessus le marché, je n'ai même pas pris le temps de venir te voir alors que j'en aurais eu besoin moi-même... C'est sans doute la pire chose que j'ai pu faire. Je comprends que tu m'en veuilles, et je sais très bien que rien ne pourra parfaitement s'arranger. C'est impossible de continuer comme ça. Je ne t'apporte que du mal. Je devrais tout simplement disparaître de ta vue après cette conversation.
Il serra encore un peu plus les dents, les faisant presque grincer entre elles. Loki continuait de chercher des caresses chez la jeune fille, alors que Skoll sentit que le point de rupture était atteint dans l'esprit de son dresseur. Il tenta de lui attraper la manche pour empêcher ce qui allait bientôt se produire, mais trop tard. Le bras du garçon se leva, son poing se ferma, et un violent coup de poing frappa la porte de l'armoire d'Orren juste à coté de celui-ci, laissant une marque d'impact sur le bois tendre. La violence du choc et le craquement du matériau résonnèrent dans la pièce comme un coup de feu. Il leva un regard mauvais vers Ruby, un regard plus sombre qu'une nuit sans lune. Ses deux yeux bleus glace étaient illuminés d'une colère à peine contenue, n'attendant qu'un léger moment de faiblesse pour exploser.
-Tu es... désolée ? Tu t'excuses de pas avoir été venu me voir ? Oh c'est très gentil de ta part, je me sens bien mieux maintenant... Soupire pour tenter de se contenir. Oh oui je t'en veux. Je ne comprenait pas pourquoi je n'arrivais jamais à te voir, est ce que tu ne m'aimes plus ? Tu as trouvé quelqu'un d'autre ? Par Yveltal je n'arrêtait pas de me poser des questions ! Et tu penses que ça m'a fait du mal ? Je ne dors plus, je n'arrête pas de penser ! Tout ce qui arrive ces derniers temps ne font que remuer dans ma tête comme un nid de Fermittes !
Petit à petit il n'arrivait plus à se contrôler, commençant à crier sur la rousse assise devant lui. Il faisait les 100 pas en face d'elle, arpentant sa chambre de long en large tout en laissant exploser toute sa colère.
-Je ne dors plus depuis des jours, je me réveille en pleine nuit à cause de cauchemars et je n'arrive pas à me rendormir parce que je penses tout le temps. Oui tu m'as fait du mal ! Moi tout ce que je voulais c'était te voir, pouvoir avoir ton soutien, te parler, trouver un peu de réconfort, mais rien ! Rien !!! Et en plus de ça, tu me dis que ç'aurait été mieux si rien de tout ça ne serait arrivé ? Tu sais quoi ? Va te faire ! J'en ai ma claque de tout ça, on va faire simple, comme tu l'as dit. SI t'as encore quelque chose à me dire, vas-y, on finit cette discussion et ensuite tu retourne à tes occupations et on se connait plus !
Ça y est, la rage sortait. Toute cette colère qui fermentait en lui depuis trop longtemps pouvait enfin sortir. Il ne remarquait pas que quelques petites larmes coulaient sur ses joues pour venir s'écraser au sol en sautant depuis son menton, ni qu'il avait continuer à frapper la porte de l'armoire qui était maintenant parcourue de bosses, sans compter les feuilles de cours de son bureau qu'il avait envoyé valser en les balayant d'un coup de bras. Oui cette fois il craquait vraiment et allait bien trop loin.