Une voix familière retentit soudainement. Au contenu de la tirade, je ne tardai pas à deviner de qui il s'agissait. De l'air consciencieuse que j'avais sur le visage en lisant la liste des participants se limitant qu'à deux noms pour le moment, je passai au grand sourire amical en tournant la tête vers une silhouette masculine à la chevelure verte.
« Saluut Joker Junior ! Si tu arrives à suivre, bien sûre ! »
Puis je l'observai se diriger vers le comptoir pour négocier des masques. Le spectacle fut assez magnifique à vrai dire. Parce que bon, les explications superficielles tout droit sorties d'un film de tragédie, c'est comment dire... Pas extrêmement crédible ? Enfin bref, ça restait beau à voir. C'est à dire que j'étais en train de me plier en deux de rire derrière. Il y avait presque tout d'une scène de drague entre gay, sauf que le vendeur étant un petit peu vieux, c'était assez malsain aussi. En attendant, je sortis mon iPok et activai le flash pour l'appareil photo. Des yeux fragiles, hein ? On va rire. Une fois les négociation terminée...
« Psssht, Abel. »
La seconde suivante, il eut droit au flash dans les yeux. Sa tronche sur la photo était sympathique aussi. Ravie de ma contribution, je lançai un sourire moqueur au Noctali.
« Des yeux fragiles, hein ? Je garde une photo souvenir du coup ! »
Sur ces douces paroles, je fis tournoyer quelques secondes l'appareil devant sa tronche avant de le fourrer en sécurité dans une des poches de ma veste.
« Hum, je crois qu'on doit filer, à part ça. »
Sur ce, je suivis le blondinet et l'organisatrice de cette petite compétition à l'extérieur et m'arrêtai quelques minutes le temps d'enfiler mes chaussures de ski que mon cher spectre avait soigneusement jeté sur le sol à l'entrée du cabanon, tout comme mes skis. Trop sympa la bestiole, hein ? D'ailleurs, entre-temps, ce fantôme s'était barré aussi. Enfin bon, je confiai mon sac avec mes baskets à Dakine. En effet, étant donné que celui-là allait sûrement passé sa journée sur le toit d'une des baraques à observer les gens skier ou faire jenesaisquoi, il n'allait pas vraiment bouger et gardera mes affaires sans trop rechigner. Une fois les gants aux mains, le casque sur la tête et les lunettes sur les yeux, j'attrapai mes ski pour aller les mettre un peu plus loin, et un peu plus proche des pistes. Le lézard, lui, mon sac sur ses épaules, avait grimpé sur le resto du coin et cherchait désormais une bonne position pour passer les heures suivantes. Bref, deux
click plus tard, je rattrapai le petit groupe et attrapai une arbalète qui m'amènera au sommet de la pente, après avoir fait la file non sans avoir essayé de dépasser habilement deux-trois personnes. Allez savoir comment, j'arrivai en haut quand même après m'sieur le blond Kaleb, qu'on va surnommer Kebab parce que c'est plus facile à retenir, qui était déjà en train de se préparer.
Quelques secondes plus tard, le signal était lancé. Je jetai un rapide coup d'oeil à mes deux adversaires avant de me lancer moi-aussi. Si j'avais prévu au départ de dévaler tout le départ en schuss, je fus contrainte de commencer à ralentir un peu sur certaines zones quand même et ne tardai pas à voir le blondinet de l'équipe élargir l'espace qui nous séparait. Grimaçant, je tentai alors de reprendre de la vitesse. Sans le quitter de mon objectif, je le vis foncer sur le tremplin, puis disparaître. Je suivis donc ses traces, et une fois en l'air, tentai de repérer le casque du Kebab. Je l'aperçus seulement au bout de quelques instants de recherche, un peu plus loin, dans une position un peu étrange. Je fronçai les sourcils alors que mes skis touchaient à nouveau la neige. Et deux secondes plus tard, j'écarquillai les yeux en l'apercevant foncer sans pouvoir éviter un bonhomme devant lui. Mes yeux restèrent ouvert quand ils commencèrent à dévaler la pente, mais je fus contrainte de me reprendre pour ne pas perdre l'équilibre à mon tour.
Je ralentis progressivement mon rythme alors que je m'approchais de l'endroit où l'accident s'était terminé. Voyant les taches rougeâtres sur le blanc immaculé de la neige, je me mordis la lèvre. Merde. Merde. Merde. Qu'étais-je censé faire ? Je regardais tout autour de moi, cherchant une connaissance. Je n'osais pas voir plus longtemps les deux silhouettes enchevêtrés entre-eux.