''Et donc, en conclusion, on peut dire que...que....que j'en ai aucune idée. Pourquoi est-ce que ça doit être aussi dur, ce truc?''
Presque affalé sur mon bureau la tête au creux du bras, je regarde d'un air quasi meurtrier les deux pages couvertes de ratures qui semblent me narguer...Salaud de Roseverte, il a fallut qu'il m'ajoute une punition supplémentaire après l'incident dans le dortoir (Trois pages de dissertation sur ''L'usage du Capstick et les choix moraux qui en découlent''....Je vais le tuer, comment peut-on amener le boulot de Ranger à un niveau aussi CHIANT?). La chambre n'est plus éclairé que par la lampe de mon bureau, et les flash intermittents des lampes torches des patrouilles, qui circulent autour du dortoir.
Leo dort comme un bienheureux dans son lit, imité en cela par l'intégralité de nos équipes respectives. Lucki a repris son poste habituel au pied de mon lit, et semblerait s'être transformé en statue sans le très léger tressaillement de la poitrine qui marque sa respiration. Les filles ne se sont pas gênées, par contre : Pelotonnés l'une contre l'autre, Keru et Katara ont pris possession de mon lit, et de mon oreiller par la même occasion. Encore un défi en perspective, si je ne veux pas dormir sur le tapis de la chambre...
Je me laisse aller en arrière, avant de griffonner furieusement une conclusion baclée. Rien à foutre, je veux juste aller me coucher, il est déjà beaucoup trop tard pour qu'un humain normal est encore à travailler...GROUIK!
''Oh non...Pas encore.''
Et un humain affamé en plus ! Réfléchir comme ça, ça creuse bien plus que nécessaire, et mon estomac se rappelle soudain à mon bon souvenir. Même si je sais par avance qu'ils sont complétement vides, j'ouvre par acquis de conscience les cinq tiroirs de mon bureau...Pas de bol, je les ai complétement ''nettoyés'' cette après-midi. Plus rien à manger dans la chambre, à moins que Leo ne cache quelque chose sous son lit (Sauf que Luné et Arkhan dorment devant, et que si j'essaye de m'y glisser, c'est moi qui finirait en casse-croûte).
Reste à résoudre le problème suivant: avec ce nouveau règlement (Je te revaudrai ça Roseverte...et toi aussi Olsen, croyez-moi !), ça risque d'être bien plus difficile que la dernière fois de me glisser dehors et de rejoindre les cuisines...D'autant que Ginji ne m'a toujours pas montré où Mama Odie dissimule sa précieuse clé (Aucun sous-entendu, je vous vois venir encore une fois). GROUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIK !
''Rah ! C'est bon j'ai compris, tu ne vas pas me lâcher comme ça. Psst, Lucki!''
Les yeux orangés de mon Riolu s'ouvrent presque instantanément, et tandis qu'il s'étire, j'en profite pour griffonner un petit mot à l'intention de Leo (''Parti chercher à manger. Ne reviendra peut-être pas mais trop faim. Adieu amigo''). Il ne dort que d'un oeil décidemment, je ne sais pas si je devrais m'en réjouir ou m'en effrayer...Le temps d'enfiler un survêtement un peu plus sombre, et nous nous glissons tous les deux dans les couloirs du dortoir. Si je ne me trompe pas, il n'y avait pas de gardes en faction à l'arrière du batîment cette après-midi, avec un peu de chance...Oui !
En entrouvrant l'une des fenêtres du rez-de-chaussée, je parviens à ménager une ouverture suffisament grande pour y passer, rapidement suivi de mon Riolu. Plus qu'à la refermer le plus doucement possible pour qu'un grincement n'interrompt pas notre escapade à ses débuts, et c'est parti !
''Maintenant, c'est à toi de jouer Lucki, je veux un maximum de discrétion. Prend ça comme un entrainement nocturne, on ne doit se faire repérer par PERSONNE, compris?''
''Entrainement'', le mot magique...Lucki m'unit une fois de plus à son aura, et prend la tête de notre petite équipe. La sensation est encore plus bizarre que d'habitude, mais pas désagréable: c'est un peu comme si, au lieu de me fier à mes yeux, je percevais vaguement la présence de ce qui m'entoure. Une légère émanation bleue et vaporeuse semble s'échapper de chaque garde, et les traces qu'ils laissent derrière eux nous permettent de nous glisser au travers du dispositif, sans faire de mauvaise rencontre. Bon ,d'accord, je ne maitrise pas encore bien le phénomène, Lucki me stoppe brutalement une dizaine de fois, au risque de nous faire repérer (et de me briser une côte) mais au moins, le résultat est là...
Pourtant, alors que nous approchons de notre objectif, un événement imprévue stoppe brusquement mon Riolu sur place, et je ne tarde pas à faire de même: quelques mètres droit devant nous, une aura étrange et distordue flotte à quelques mètres du sol, avant de se précipiter dans notre direction. Ce n'est pas un garde, c'est beaucoup trop diffus, et en plus, ça ne fait pas plus d'une trentaine de centimètres...Qu'est-ce que c'est que ce truc?
Deux autres formes vaporeuses apparaissent dans mon champ de vision, et je manque de laisser échapper un cri de surprise lorsque Lucki désactive notre lien et me rend ma vision habituelle : Ginji en chair et en estomac se tient devant moi, accompagné de sa Luxio, et de son Motisma (Brrr, heureusement qu'il ressemble davantage à un type Elektrik qu'à un Spectre, j'arrive à peu près à garder mon calme en sa présence...mais ne t'approche aps trop près Stegma !). On dirait que les grands esprits (ou les grands appétits) se rencontrent, manifestement, il a eu la même idée que moi.
S'il n'a pas réussi à entrer dans les cuisines, je pense que ça risque d'être encore plus dur pour nous, aussi, lorsque son Motisma disparait à travers le mur (ne pas crier, ne pas crier...) nous n'avons plus qu'à lui faire confiance.
Accroupi derrière un buisson, je vérifie machinalement que Lucki ne l'a pas suivi par goût du défi (il en serait bien capable, tiens), avant de répondre aux questions du Voltali.
"M'en parles pas, j'ai déjà eu l'occasion de l'apprécier ce nouveau réglement...Et on est plus proche de l'académie militaire que du centre diététique, je ne sais pas ce qui est le pire''
Pour Ginji, on dirait que ça ne fait aucun doute, vu comme il tremble lorsque je répète les deux mots honnis. Son Pokémon revient sur ses entrefaits, mais son butin est bien maigre: un seul paquet de chips, je doute que ça suffise à combler ne serait qu'un centième du trou noir qui déchire mon estomac, alors si on ajoute celui du Volta-morfale...SOn mostisma risque de se faire repérer à la longue, réfléchissons...
Malgré la situation quelque peu sombre dans laquelle nous nous trouvons, la proposition suivante de Ginji manque me faire éclater de rire (jaune).
''Moi, des Spectres? Euh...On peut trouver une autre solution, tu sais.''
Il m'a bien regardé? Je dois déjà me focaliser sur des pensées agréables (Cookies, brownies, chips, beignets....Cookies, brownies, chips, beignets,...) pour ne pas partir en courant que Stegma s'approche de moi en souriant de toutes ses dents.
Pas l'impression qu'il m'écoute en plus, il est beaucoup plus affamé que moi sur ce coup-là. Je connais ça, son estomac est en train de prendre le pas sur toutes les fonctions de réflexions de son cerveau. Dans quelques minutes, il va proposer qu'on se déguise en Tropius et qu'on agite un régime de bananes sous le nez des gardes pour les distraire, avant de forcer la porte. GROUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIK !
...Et je risque de le suivre, j'en ai mal au ventre tellement j'ai faim. Le paquet de chips de Stegma est ouvert, partagé, et vidé dans le même mouvement. Heureusement on dirait que ce petit boost de nourriture a réactivé le cerveau de mon compagnon Voltali, le voila qui m'entraine à sa suite.
''Quelle question, bien sûr que je veux manger...Je te suis, amigo.''
Où est-ce qu'il m’emmène ce coPAIN? On dirait qu'il veut nous faire faire le tour de l'académie, et sans l'aide de Lucki et de sa Luxio, je pense qu'on aurait dû se faire repérer au moins quatre fois. Les allées terreuses s’enchainent, tandis que nous progressons sous le couverts des bâtiments et des buissons que nous rencontrons, et je me rends compte qu'il aurait été bien plus simple de revenir au dortoir Pyllali et d'emprunter Luné à Leo pour nous ouvrir l'accès aux cuisines...Tant pis, j'y penserais la prochaine fois.
Dans le plus grand silence, nous parvenons jusqu'aux abords du dortoir Pyroli, et après une intervention ingénieuse de son Motisma (Remarquez que je n'ai pas dit discrète...), Ginji et moi pénétrons par la grande porte. Il a l'air sûr de lui, je me demande chez qui il m'emmène avec autant d'assurance. Et surtout comment cette personne pourra nous aider à nous remplir l'estomac...
Je ne vais pas tarder à le savoir, mon partenaire vient de s'arrêter devant l'une des chambre, et ouvre la porte sans plus de cérémonie avant de m'entrainer à sa suite.
Sauf qu'une fois à l'intérieur...
''Kaeko?!''
Deux jeunes filles nous attendent déjà, et semblent surprises de nous voir débarquer à l'improviste : Une rouquine que je ne connais pas,en train de taper quelque chose sur son IPok et la folle aux Spectres en personne. Nooooooon, si elle est là, ça veut dire que...Asefoiehrgreonvp !
Son Spectrum et son Tenefix sont déjà là, et je sens que je me liquéfie de l'intérieur à la vue des deux Spectres, lorsque leurs petits yeux avides de dévorer mon âme se tournent vers moi. Ça y est, ça recommence : incapable de bouger, je sens presque mon sang s'écouler loiiiiiin de mon visage, et mes jambes tremblent assez violemment pour provoquer une attaque Seisme. Même si je voulais sortir d'ici, c'est mort, je n'ai aucune chance de me déplacer dans mon état !Ils sont là, ils me veulent, ils vont m'engloutir, je le vois bien dans leurs yeux, cette petite lueur du ''Hmmm, une sucrerie rose et tendre...Viens-là, petit'' !
Pourtant, on est encore loin du degré de terreur qui me submerge lorsque Ginji s'écarte pour révéler un...BRANETTE ! ENCORE UN SPECTRE !
Trou noir de la panique nucléaire, apocalypse mentale, ou encore l'Océane qui coule, appelez-ça comme vous voulez, mais en attendant...Je me sens glisser dans un espèce de gouffre, et les ténèbres m'engloutissent finalement, tandis que le sourire maléfique du Branette flotte à hauteur de mes yeux.
Oublié le nouveau règlement, l'escapade nocturne et même la faim qui me tenaille (C'est vous dire...)...Rideau !