« J’ai retourné tout le Gymnase … Mais je n’ai rien trouvé, Général. »
Le Général Jackie lâcha un grognement menaçant, qui n’ébranla pas la préfète des Pyroli. Elle savait pourquoi sa référente de dortoir était énervée. Trois heures plus tôt, le Gymnase avait été trouvé grand ouvert, et pillé de ses sacs de frappe. Jackie avait passé chaque chambre au peigne fin, possédant de toute manière une clé lui permettant d’entrer même quand la Pyroli n’était pas là, et en trouvant Aileen dans la sienne, elle l’avait embarquée de force avec elle, même s’il ne lui avait pas fallu parler beaucoup pour la convaincre. En bonne petite soldate formatée, la préfète avait suivi les ordres et était allée jusqu’au Gymnase, pour fouiller intégralement la pièce pendant que Jackie finissait l’inspection des dortoirs. Quand elle était revenue, de fort mauvaise humeur, Aileen finissait juste son inspection du Gymnase. Elle avait regardé partout, même dans les pièces où n’avait normalement pas le droit d’être, ayant poussé le vice jusqu’à fouiller dans le bâtiment principal avec un groupe de Pyroli qu’elle avait croisé en chemin. Mais rien. Aileen savait qu’elle n’avait rien à craindre de sa référente. Après tout, elle n’était en rien impliquée dans cette histoire de vol, et elle avait fait tout son possible pour aider. D’un geste de la main, Jackie la congédia, et Aileen s’en alla après un salut militaire impeccable.
« Sph – Silica, on bouge ! »
L’Absol chromatique sursauta, et après un couinement de rire, il bondit vers sa dresseuse, qui ne put s’empêcher de faire un facepalm. Silica, sa Zorua, s’était transformée en Absol chromatique quand Aileen avait laissé Sphax en pension chez Estelle, sans doute après avoir senti que l’absence de son starter lui pesait vraiment sur le cœur. Touchée par l’attention de la Zorua, Aileen la laissait faire, même si cette dernière était incapable de se comporter en Sphax. Pas assez placide, trop joueuse, pas assez observatrice, trop extravertie. Mais elle obéissait, au moins. Les mains dans les poches de son manteau, Aileen retourna au dortoir Pyroli, s’arrêtant un temps devant celui des Voltali. La lumière de la chambre de Loan semblait éteinte. Celle d’Orren, juste à côté, était éteinte aussi. Haussant les épaules, elle reprit sa route, un peu déçue. Elle aurait bien aimé passer un peu de temps avec son petit ami. Avec son frère aussi, évidemment, mais le préfet devenait beaucoup trop … Ennuyeux, en fait. Sérieux, blasé, placide, sans humour, au sourire rare, toujours à réfléchir à la stratégie, aux combats, aux … Ennuyeux, quoi. Il allait falloir qu’il se reprenne. Et vite, s’il ne voulait pas que sa sœur ne s’occupe de cette affaire à sa manière.
Se laissant tomber sur son lit, Aileen ferma les yeux, étirant ses bras en croix sur la couette. Trois heures perdues à chercher ces sacs de frappe … A tous les coups, dès demain matin, Jackie allait prévenir sa troupe que si personne ne se dénonçait, toutes les Pyroli paieraient pour le groupe. Avec souplesse, Hilda bondit sur le lit pour se coucher contre sa dresseuse, qui se redressa pour l’attraper avec douceur. Puis elle se recoucha sur le lit, dans le bon sens, tête sur l’oreiller, posant la Miaouss sur son ventre où cette dernière se pelotonna avec joie. Les ronronnements du félin emplirent la chambre à mesure que la dresseuse lui gratouillait distraitement la tête, les yeux fixés sur le plafond blanc. Ne voulant pas être en reste, Feänor bondit sur le lit pour poser sa tête à côté de celle de la Miaouss. Mais quand la préfète tapota le lit de l’autre main, l’Evoli se leva pour aller se coucher juste à côté, récoltant ainsi son lot de caresses. Répondant à la demande d’Ellie et Sissi, Joyce fila sur le lit pour aller chercher la peluche lapin, la laissant tomber sur le tapis pour que les deux copines la prennent pour jouer avec. Il alla ensuite ouvrir le tiroir pour laisser tomber des cuillères, que Panzer récupéra pour aller les mâchonner sous le lit. Aileen avait bien rodé sa petite équipe. Ils se débrouillaient sans elle, en autonomie, et s’aidaient les uns les autres sans rechigner.
Mais alors qu’ils avaient tous trouvé une activité à faire et qu’Asami, après avoir zappé plusieurs morceaux, avait trouvé une musique plutôt calme pour meubler le silence, des éclats de voix se firent entendre derrière la porte. Tout d’abord, Aileen les ignora, mais quand ils commencèrent à aller crescendo, et qu’elle entendit un couinement de Pokémon, elle fit signe à Joyce qui appuya sur le bouton de la Poké Ball de Moon. Sans un mot, le Munja passa à travers la porte, invisible, pour aller voir et revenir. Aurum, perché sur la tête de lit, vrombit pour expliquer à sa dresseuse que des filles allaient bientôt se battre dans le couloir. Avec un grognement, la préfète se leva, faisant tomber Hilda au sol, sur ses quatre pattes. Ouvrant la porte en passant une main dans ses cheveux, la brune se dirigea vers le lieu de l’altercation, qui semblait intéresser les nouvelles. Un regard rapide lui fut suffisant pour comprendre de quoi il s'agissait. Si elle en connaissait trois, de vue, elle ne connaissait pas la quatrième, une nouvelle de Février. Certainement un bizutage un peu trop violent. Bienvenue chez les Pyroli !
« Mais c’est pas bientôt fini, ce cirque … »
Le groupe se tourna d’un bloc vers elle. Hilda sortit alors de la chambre, tenant quelque chose entre ses griffes. D’une passe experte, elle l’envoya à Joyce, perché sur la tête d’Aileen, qui chuta vers l’avant, tombant dans le creux de la main de sa dresseuse qui l’avait levée par réflexe à hauteur de sa poitrine. Se redressant la petite souris accrocha le badge à son tee-shirt, avant de remonter agilement sur sa tête. Et bam, c’est qui la préfète alors ?! Vu la pose pleine de fierté de Joyce, on aurait presque cru que c’était lui. Tranquillement, Feänor et Hilda s’assirent à sa droite pendant que Sphax – non, Silica – s’asseyait à sa gauche.
« Qui casse paie. S’il y a ne serait-ce qu’une toute petite rayure sur le mur, c’est à vos familles que l’académie enverra la facture. Alors si vous voulez vous bizuter pour voir qui commande et qui s’écrase, c’est dehors, et loin du dortoir si possible, qu’on n’ait pas à subir vos gamineries. »
Elle n’aimait pas du tout le regard d’une des filles, celle qui avait un Hippopotas derrière elle. Elle semblait prête à faire exploser cet endroit, juste pour prouver qu’elle en avait dans les tripes et qu’elle méritait sa place chez les Pyroli. Quoique les trois autres n'étaient pas vraiment mieux en fait, avec leurs attitudes de fifilles à papa qui se la pètent. Ahlala … C’est un peu triste, les gens qui ont tout à se prouver. Dans un geste naturel, sa main s'accrocha à sa ceinture, et ses doigts se posèrent sur la Poké Ball de Naveen, son Grenousse. Qu'au moins une d'elles essaie de jouer les rebelles, et un Hydrocanon achèverait de doucher (hahaha.) leur enthousiasme.
« En parlant de gamineries, j'espère que vous avez une bonne raison de couiner comme ça, alors qu'il est bientôt dix-neuf heures et qu'il y en a qui travaillent ? J'attends. »