On t'en demande un peu trop en ce moment. Tu as beaucoup de choses a régler, a voir. Des dossiers a éplucher, des devoirs a terminer, des problèmes a résoudre, TES problèmes a résoudre. Tu soupires. Ton cœur commence a flancher, tes nerfs aussi. Tu as cette foutue tension a fleur de peau, la moindre contrariété te ferait sans aucun doute exploser de rage. On te crois calme, sage comme une montagne, mais en réalité tu es un véritable volcan. Beaucoup de gens te croient bon, d'autres maladroitement mauvais, tandis que certain diront que tout est calculé. Sérieux ? Tout ce bordel ? C’est toi le fautif ? C'est toi qui a tout manigancé ? Putain mais Leo casse toi de cette école et va direct t'engager auprès de la Team Rouage pour en devenir le boss. Non sérieux, t'es puissant ! Un autre soupire, un vrai, un profond, un qu'on peut facilement lié a la fatigue. Aujourd'hui, pas de Cael pour discuter, pas de bro' pour vider son sac et évidement, pas d'Estelle non plus... Tu passes cette main gantée qui est tienne derrière ta nuque. Ah tiens... ça fait longtemps... ce touché contre tes os, te peau tendue où un sac de nœuds s'y est logé... Qu'est qu'il t'arrive Leo ? Mauvais pressentiment ? Sans aucun doute...
Un grognement roque, quelque chose de mal contrôlé et te voilà déjà entrain de frapper contre ton « bureau ». Tu ne dors plus, encore une fois, tes cauchemars te hantent, te perturbent, te grignotent petit à petit a bon coup de souvenirs douloureux. Tes yeux aussi, aussi incroyable que cela puisse paraître, te font allégrement souffrir. Peut-être que cela est dut aux larmes, a la sueur de tes réveilles forcés, de ton manque de sommeille... tout simplement. Tu passes d'ailleurs tes doigts devenues rugueux sur tes paupières brûlantes. Tu as la gorge nouée, la poitrine écrasé. Les mots de Janet résonnent encore dans ta tête, comme si tout le bordel de la Team Rouage n'était pas asse pour ton petit cœur de lion. Et comme Arceus est un bon dieu, voilà qu'on vient frapper a ta porte. D'un raclement rageur de gosier, tu tentes d'ignorer cette visite. Enfaite, tu n'en envies de voir personne, t'es trop a coté de la plaque en ce moment... Tu sais que Josh est revenu, tu sais que tu as une irrésistible envie de le voir, et pourtant, tu restes là, a flâner, a ramasser ce qu'il te reste d'esprit. Tu as toujours envie de te débrouiller tout seul. Mais faut quand même savoir mon Leo ; qu'un lion solitaire, c'pas très recommandé. Luné qui, lové dans un coin de chambre, fini par redresser son museau, intrigué et surtout, attiré, comme reconnaissant un rien du tout de voix familière. Toi par contre, tu ne peux que flancher quand tu reconnais son accent, son timbre de voix, quoi qu'un peu plus grave... plus homme. Tu franchis les quelques pas qui te sépare de la porte et le cœur martelé de coups, tu ouvres. Ça va faire un an. Un an ça passe vite, te diront les adultes. Un an c'est rien... Sauf qu'en un an... il s'en passe des choses.
Josh a grandit. Il était déjà très grand, pour un garçon de quinze ans quand tu l'as rencontré pour la première fois...tu es surpris de le revoir encore plus... imposant. Tu ne remarques pas tout de suite sa main endolorie, ni même ses manières protectrices envers cette dernière. Tu es bien trop occupé a le fixer lui... Tu n'as pas de mot. Il t'a manqué c'est sur... Mais quelque chose bloque ta gorge, tes mouvements même. Il rentre, tu te contente de le regarder, de le détailler. Plus de pokeball... une main cachée, fuyante, tandis que son corps bâtit de forgerons se met a tourner autour de toi. Menace... règlement de compte...
C'est un peu comme si tu t'y étais attendu, a ce coup de poing. Il est fulgurant, certes, mais tu aurais put l’éviter. Cependant tu n'as pas bouger, tu n'as fait qu'encaisser. Difficilement tu l'avoue, car la force était là. Son poing en os solide écraser sur sa joue. A défaut d'être réellement rapide il est précis et drôlement efficace. Il te fait perdre l'appuie de tes jambes et te fait tomber a la renverse. Venant de Josh, ça ne t’étonnes pas, pour Luné par contre, c’est une tout autre histoire. Le Polymorfox bondit alors sur ses pattes et faisant gonflé l’intégralité de sa fourrure, il se dresse sur ses antérieures pour gagner en taille. Il ne dépasse pas le revenant, avec ses oreilles méchamment plaqués sur son crâne, mais il est bien plus impressionnant, avec ses babines retroussées, ses grognements hostiles et ses griffes prêtes a déchiquetées. Te redressant douloureusement, tu rugis a ton tour.
▬ Luné arrêtes !
Le Zoroark ne bouge pourtant pas. Le regard mauvais, son poil hirsute en enfer de colère, tu dois te lever et poser une main sur son crin pourpre pour le calmer. En grognement rancunier, le pokemon ténèbres claque des crocs devant la frimousse déformée par la douleur de ton ami pour le mettre en garde. Il l'aurait bien mordu, y mettant un peu de noirceur et de mort dans sa salive, rien que pour le voir s'effondrer au sol le suppliant de douleur qu'on lui hôte ce poison imaginaire. Mais il ne fera rien, sous les ordres de son dresseur il se contente de racler ses naseaux et de repartir en fond de salle.
Toi, tu frottes en grimaçant ta joue meurtrie qui déjà gonfle un peu. Tu aurais bien tenté de former un petit sourire, mais rien a faire, la douleur est là... et elle n'est pas que physique. S'en vient son habituel discours. Ha. Qu'il ne t'avais pas manqué celui là. Toujours cette façon maladroite de te prendre un peu de haut, de tout savoir... Non Josh tu sais que dalle. Vous en avez bavé tout les deux, pas de la même manière je l'entend bien, mais vos problèmes sont différents. Si différents.
Finalement, après un silence et des regards, il vient te prendre dans ses bras. Un geste fraternel que tu ne lui connais que trop bien. Ça au moins ça na pas trop changé. Une accolade virile, plein de sentiment qui n'a pas vraiment besoin de mot pour être réellement comprise. Puis vient le sermon Aéris. Si au premier abord il te fait esquisser un tout petit sourire, la suite te fend le calme. même si tu as rompu une promesse importante.. Tss. Cette promesse. Comment pouvais-tu la tenir alors que tout ton être était entrain de dépérir, d'agoniser dans des cauchemars qui encore aujourd'hui refond surface ? Comment aurais-tu pus t'occuper de Janet alors que tu n'arrivais pas a t'occuper de toi même... ? C'est a peine si tu avais l'envie de te lever le matin, de te prendre en main. Il n'y avait plus personne a ton retour, alors oui, pour survivre tu as dus t'accrocher à de nouvelles personnes... faire de nouvelles promesses et évidement, en briser d'autres...
▬ Écoutes Josh je... J'en peux plus là ok, tu veux pas qu'on parle de ça plus tard... genre au calme... C'est ce que tu aurais voulu lui répondre, d'une voix posée, un peu irritée certes, mais tout de même douce... Mais non. Josh ne t'en laisses pas le temps, ni même le choix d'ailleurs. La suite n'est pas réellement violente... Mais toute cette pression, toute cette nervosité qui plane en toi te fait réagir au quart de tour. Tu bondis alors sur ton meilleur ami de la même manière qu'un lion sur sa proie. Tu as de la force, plus qu'on ne t'en donnerait et tu le soulèves presque, venant crocheter de tes griffes son col d'uniforme. Tu le plaques contre un mur, manquant d'écraser Dark, son Cradaupaud, dans ta jeté.
▬ Tu peux dire que je suis un connard fini. Que ouai, j'ai rompu cette foutue promesse ! Mais tu dis un truc de travers sur Estelle, je t’assures que je t'éclates! T'as compris? T'es remonté, t'es fatigué... Tout ton être est chamboulé ; pour tout ce que tu ressens, pour tout se que tu fais, pour tout se que tu as perdu et même gagné...Tu finis par le lâcher, le regard plein de braise, tant bien même elles sont retenues par l'opacité de tes lunettes. Tu t'éloignes aussi, tu grognes, d'abord de douleur puis contre toi...
▬ Je suis désolé... C'est pas ce que je voulais pour Janet. Mais j'étais... j'étais seul... tout seul après mon accident, j'étais entrain de tomber et... *un rire nerveux, ironique presque s'échappe de tes lèvres, de toute évidence, quelque chose en toi a compris que tu n'avais pas fini de tomber.* ... et je me suis accroché a ce que j'ai pu... Je suis vraiment con... pardonnes moi.
crackle bones