Ces créatures, aussi nombreuses soient-elles, piquent la curiosité de Flynn. Comment sont-elles apparues ? De quelle façon sont-elles parvenues à développer ces techniques de combat propres à chaque espèce ? Le regard bleu pâle du jeune Keegan s’illumine à chaque fois qu’il fait la rencontre d’un nouveau spécimen. Son tempérament généralement calme s’enflamme pour passer à un état beaucoup plus intense et animé quand le sujet des pokémons tombe sur la table. La passion, voilà de quoi il s’agit réellement !

En temps normal, l’avide garçon semble définitivement être plus inoffensif, voir à la limite naïf. Ses joues gonflées et ses grands yeux brillants comme des glaçons lui donnent un air enfantin, tout comme son corps chétif qui témoigne d’une puberté tardive. Ses cheveux rappelant le quartz de par leur couleur sont constamment en bataille, ce qui laisse supposer que son caractère le tend à se négliger physiquement de façon modérée. Flynn porte quotidiennement un short de toile bleu marine agencée à un chandail à courtes manches bleu ciel tirant sur le gris.

Il n’est pas rare d’apercevoir au loin le garçon en compagnie de son fidèle Kokiyas du nom de Pearl. Tous deux sont de manière générale plutôt timides, étant concentrés la plus part du temps sur des projets à aspiration scientifique. Ils n’hésiteront toutefois jamais à aider qui que ce soit à comprendre un concept qui apparait moins clair ou encore à partir à la recherche de fossiles, objets rares et autres trouvailles.

Pour Flynn, les pokémons sont considérés comme des compagnons et non comme des armes. Il pense qu’en associant les connaissances humaines aux pouvoirs phénoménaux des pokémons, nous pouvons acquérir un seuil supérieur de compétence permettant de faire évoluer la science encore davantage. En d’autres mots, il s’agit d’une collaboration volontaire des deux partis. Jamais il n’envisagerait capturer un spécimen pour s’en servir à des fins d’expérimentation sans avoir obtenu d’accord préalable. Ce sens accru du respect s’avère être l’une de ses plus grandes qualités.

J’entre dans la pièce éclairée d’un pas désengagé et hésitant. Je ne connais point cet endroit, même si j’en ai entendu parler à maintes reprises. Un large bureau s’élève au centre du cabinet, devant lequel se dresse un fauteuil à large dossier. Une chaise de qualité moindre est postée de l’autre côté et est légèrement retournée vers moi, comme si je devais comprendre qu’il faut que je m’y assois. Doucement, sur la pointe des pieds presque, je m’en approche avant de poser délicatement mon popotin sur celle-ci. Jusqu’ici, tout va bien. Lorsque le stress redescendit légèrement, je me rendis compte de tout ce qui m’entoure. Sur chaque mur se trouvent des étagères. Beaucoup d’étagères. Mes yeux s’illuminèrent. Autour de moi se trouvaient un trésor d’une valeur inestimable, une collection de pokémons. Tous, ou presque, s’y retrouvaient. Il y en avait tellement que je ne savais plus où donner de la tête.

Par le passé, je fus mis en contact avec plusieurs spécimens de pokémons dès le plus jeune âge. Mes parents en étaient fascinés et c’est probablement d’eux que je retiens cette passion. Nous voyagions beaucoup entre les différentes villes de Kanto, bien que notre région d'origine soit Parmanie, pour en découvrir le plus possible à leur sujet. Ils m'ont permis d'apprendre à aimer tous les genres de spécimens existant, bien que j'avais une peur bleue des créatures de type insecte, ayant subi une mauvaise expérience avec un Aspicot un peu trop curieux à mon goût... Enfant, j’adorais regarder ma mère dessiner les créatures que mon père s’amusait à capturer afin de les étudier. Tous deux avaient pour valeur que les relâcher, après avoir effectué de courtes recherches visant à les connaitre davantage, s’avérait être fondamental. Ils ne conservaient qu'un seul pokémon chacun, qui avaient montré leur intérêt à demeurer avec eux pour les aider dans leur quête d'informations. Le Kabutops mâle de ma mère se nommait Archie et le Parasect femelle de mon père portait pour nom Sybille.

Sous l’impulsion et l’excitation, je bondis hors de ma chaise pour m’approcher des pokéballs avant de tendre le bras pour en attraper une.

NE TOUCHE À RIEN ! Lâcha une voix qui, je le compris assez rapidement, provenait du fauteuil qui se retourna dans ma direction. Les jeunes de nos jours, ils ne savent plus se comporter…
Ma… Mais… Oui, pardonnez-moi. C’est que c’est la première fois que je vois autant de pokémons dans une même pièce, monsieur ! Je m’inclinai, le visage rouge, démontrant mon embarras.
Mh, mh… m’enfin, je comprends votre enthousiasme monsieur… Ah, Keegan, bien sûr ! Mettons cet incident de côté… Je suis… Le Collectionneur ! Mwahahah. Je t’explique, le jeune. Réponds à mes questions et je choisirai laquelle de ces créatures s’harmonise le mieux avec toi en fonction de tes réponses.

L’homme, qui prétendait être le fameux collectionneur de pokémons, se dressait devant moi en me présentant la série de pokéballs installées sagement sur les tablettes parcourant la salle. Je sentais déjà l’excitation gagner mon corps chétif ainsi que mon poil s’hérisser sur l’ensemble de ma peau. J’hochai la tête frénétiquement, histoire d’éviter de l’interrompre mais également pour lui témoigner mon accord. Le protagoniste fronça donc des sourcils, semblant réfléchir à quelque chose. Le moment de silence fut bref.

Nous allons procéder à un petit exercice. Je dis un mot, tu me dis ce qui te vient à l’esprit en premier, capiche ? Commençons… Pokémons ? Fascinants ! Bien, je vois… Il sembla gribouiller quelque chose sur une tablette à écrire. Hamburger ?... Euh, ketchup ? Mais en quoi est-ce sensé… CHUT ! C’est moi qui pose les questions, le mioche. Ciel ? Mh… Bleu ! Les griffonnages reprirent de plus belles. A maintes reprise, je l’aperçu froncer les sourcils et marmonner quelque chose d’incompréhensible. Il s’arrêta net et me fixa du regard. Collectionneur ? Vieillard !... Oups. L’individu leva les yeux au ciel, se demandant probablement ce qu’il avait fait au bon dieu pour tomber sur un garçon tel que moi. Un soupir s’en suivit. Il n'était pas forcément très vieux, néanmoins toute personne dépassant la vingtaine était considéré dans ce lot, selon Flynn.

C’est bon, j’en ai assez entendu… Ce sera celui-ci. Il posa son carnet avec négligence sur la table, sur lequel je m’attendais à voir quelques notes me concernant. Ce n’était que de vulgaires gribouillis, un enfant dessiné avec d’énormes joues et une tignasse exagérément immense. Oui… c’était moi. Quel sens de l’humour médiocre quand même. Si ça se trouve, il en profite pour se foutre de notre gueule pour ensuite prendre n’importe quel pokémon… Dans tous les cas, le voilà qui se décida à choisir un objet de capture avant de la lancer dans ma direction. Encore en train de ruminer sur son niveau d’incompétence, je me pris la balle en pleine gueule, ne l’ayant pas vu venir.

Mes parents ont décidé de m’envoyer à la pokémon community car ils savaient pertinemment qu’avec eux, je ne pourrais développer davantage mes compétences ainsi que mon intérêt pour la pokémonologie, la science étudiant les pokémons. Leurs économies étaient passées dans mon inscription à cette prestigieuse école et je m’étais donné pour mandat d’éviter de les décevoir. Cette créature, que m’avait précédemment distribuée le Collectionneur, n’était pas un pokémon ordinaire pour moi. Je lui donnais déjà une importance particulière, sa  valeur était inestimable à mes yeux. Sa présence à mes côtés lançait mon aventure sur l’île lansat. Ce pokémon me donnait une motivation nouvelle, celle de faire de celui-ci mon acolyte et collègue de travail. Si cela lui convenait, bien sûr.

Je ramassai l'objet contenant mon pokémon par terre pour ensuite sortir de la pièce, avant que le Collectionneur ne m'y expédie lui-même à l'aide de son pied...