« bip.bip.bip.bip.bip.bip.bip.bip.bip. »Une main douce et agile vint frapper avec vigueur le réveil-matin, le faisant taire. Quelqu'un grommela sous une couette mauve à poids bleus. « neuf heures. » Une tignasse verte et en bataille apparue soudainement. Des petites mains roses virent frotter de grands yeux verts. Quelqu’un baille. S'étire. Ce quelqu'un, c'est Sammie, celle dont je vous parle depuis le début. Elle s'extirpe avec agilité de son lit défait. Ses petits pieds se logèrent dans ses chaussons rouges, et elle se leva. Rien ne pouvait être pire que de se lever à neuf heures un dimanche matin. Toujours avec cette même douceur, elle enfila un kimono à fleur qui lui servait de robe de chambre, et sortit de la pièce. Le soleil s'était levé de bonne heure, et ses rayons inondait le palier. Il faisait beau. Il allait faire chaud. Sam regarda tout autour d'elle, et s'assit sur un fauteuil de cuir abîmé. Les meubles n'étaient plus là, il n'y avait plus rien. Juste des cartons, et ce fauteuil. Sur un tabouret ayant échappé au grand nettoyage, juste devant, se trouvait une carte d'anniversaire. Sam la retourna, afin de la relire une énième fois.
« Ma chérie.
Pour toi.
Pour ce que tu as enduré.
Pour ton courage.
Et ton amour.
Ta mère, qui t'aime.
12 ans ! Il aurait aimé être là. »Ses yeux la picotèrent. D'un bond, elle se releva, emportant la carte avec elle. Elle redescendit les marches, et pénétra dans le salon. Au milieu d'autres cartons, quelqu'un était là. Une dame qui semblait jeune, mais dont la fatigue se lisait dans son regard. Elle avait de beaux cheveux blonds elle aussi, comme ceux de Sam, quelques années auparavant. Elle portait une pile de livre qu'elle faillit laisser tomber en voyant sa fille. Un sourire illumina son visage.
« Sammie ! Je croyais que tu blaguais, quand tu m'avais dit que tu allais te réveiller tôt pour le départ. »
L'intéressée sourit.
« J'aimerais bien emporter son fauteuil. »
Aussitôt, le rictus joyeux de la mère s'affaissa. Un tristesse infinie semblait s'emparer d'elle ; pourtant, elle faisait de son possible pour tenir bon. « Moi aussi », répondit-elle. « Mais je sais qu'il sera mieux ici. Et quitter Kalos peu nous faire du bien. ». Sammie en eu les larmes aux yeux. Le déménagement était prévu depuis plusieurs semaines, mais elle n'avait jamais imaginé qu'elle craquerait le jours J. Tout s'est passé il y a si longtemps.. deux ans. Deux longues et pénibles années, où Sammie et sa mère avaient dû faire leur deuil. Oui, un père, une voiture, et un stupide accident. Il en est mort. Deux ans. La jeune fille s'était ressaisit, mais pourtant, elle n'avait pas pu tenir lorsque sa mère lui avait annoncé qu'elles allaient déménagés. Elle s'en souvient encore, comme si s'était hier.
Il y avait eu une grave dispute, ce soir là. Sam' refusait d'abandonner la maison de son enfance, celle où elle avait vécu pendant douze ans, dix avec son père. Elle refusait de l'abandonner, lui aussi. « Je ne peux plus vivre dans une maison avec l'âme de mon défunt mari ! » avait hurlé la mère. La décision était dure à prendre. Et pourquoi fallait-il le faire ? Pour démarrer une nouvelle vie ? Mais à quel prix ? Sam eu un haut-le-cœur. Jamais plus elle ne se baladerait autour du lac dans lequel son père l'emmenait pêcher, jamais plus elle n'irait dans la forêt où elle avait rencontré son premier « vrai » pokémon, avec son père, il y a bien longtemps de cela ; jamais plus elle ne se rendrait dans le théâtre où elle avait vu son premier concours de coordinateurs avec ses parents. Tout ses souvenirs qui s'estomperont au fil du temps.
Elle n'en avait pas envie. Mais elle l'a fait. Pour sa mère.
Sammie se moquait bien des amies qu'elle pouvait avoir à l'école, et se moquait tout autant de la ville dans laquelle elle habitait. Le plus dur, c'était de se séparer de lui, de son âme, de son lieu de vie, se son sourire, de sa bonté, de sa tombe. Elle y avait déposé des fleurs tout les jours, en compagnie de l'Evoli qu'il affectionnait tant, de son vivant. Son père lui avait transmit tout son amour pour les pokémons, il lui avait montré leur secrets cachés, leurs forces qu'ils pouvaient exploiter pour devenir meilleur, ou plus beau. Toujours, il l'avait soutenue dans ce qu'elle espérait pouvoir faire plus tard : Coordinatrice.
« Là-bas, il y a une bonne académie. On t'y enseignera ta vocation », lui avait dit sa mère.
Cet argument l'avait convaincu. Avec le fait qu'elle devait accepter de tourner la page. Mais quitter cet endroit était plus dur qu'il n'en avait l'air. Là bas, au fond du salon, elle le revoyait, assis à côté de l'horloge pour la réparer ; devant l'escalier, avec Himine, l'Evoli, se battant pour lui enlever des parasites, Lui, devant la porte, qui accueillait sa fille à bras ouvert, tout sourire. Elle inspira. Il fallait s'en aller, pour le bien de tous. Deux ans de souffrance, sous ce toit. Elle s'était teint les cheveux en vert, peu de temps après l'incident. Son père aurait sans doute détester. Mais elle s'en fichait sur le coup et, après s'être un peu remise de ses émotions, s'est rendue compte qu'elle portait plutôt bien le vert.
Et puis la tendre voix de sa mère fit revenir Sammie sur terre.
« Bien. Habille-toi vite, l'avion part bientôt. Himine est dans sa cage. J'ai chargé ta valise dans la voiture. Qu'est ce qu'elle prend comme place ! Les camions viendront chercher les cartons un peu plus tard, mais tout est déjà prêt là bas. Tu verras, ça va être super, on pourra aller visiter des tas de choses, comme par exemple le.. »
Mais elle n'écoutait plus. Elle pensait au fauteuil, sur le palier. Et elle le revoyait, assis dessus, agitant la main dans un geste mélancolique. Elle referma ses lourdes paupières. Elle allait débuter une nouvelle aventure, dans un nouveau monde. Bof. Cette phrase sonnait affreusement faux, à ses oreilles.
« bip.bip.bip.bip.bip.bip.bip.bip.bip.bip. »Dix heures. Tout était fin prêt. Il était temps de partir.