En cette belle matinée d’automne, je m’étais levé avec Kaiminus dans mes bras pour me préparer. Ce matin, je n’irais pas à l’entraînement des Noctalis. Non, je m’étais prévu autre chose. Je déposais mon starter sur le rebord de la fenêtre pour qu’il soit à ma hauteur et commençait à ranger dans mon sac une corde à sauter, des poids légers pour les chevilles, deux bandeaux bleus et quelques autres affaires sportives. En soulevant par la petite anse le sac à dos, je me rendis compte que le tout n’était pas aussi léger que je ne le croyais. Arf, ça me ferait travailler mes épaules et mon dos, tant mieux ! Le type eau à la teinture rose me regardait silencieux faire mon job. Lui aussi était bien heureux de zapper les exercices du matin sous la direction de Heath. Avec la dernière sortie capture, toute récente, il s’en était pris plein le visage et un jour de congé n’était pas de trop à ses yeux, d’où son silence pesant. Je terminais mon sac en y rangeant une paire de baskets et tirait la fermeture éclair. Voilà, tout est prêt. Même si je vais certainement commencer à transpirer dans la prochaine demi-heure, je me prends une douche pour me rafraichir les idées. Kaiminus m’y rejoint et je prends du savon pour lui frotter la tête.
-Après ça, tu vas être tout propre, mon beau !
Il me sourit de ces petits crocs tous mimis et je lui réponds en l’imitant. Un rire commun nous rapproche tandis que je continue de le nettoyer pour ne laisser aucune place à la crasse. Une fois lavés, je lui tends une serviette et me sers d’une autre pour m’essuyer le corps. Mes cheveux sont encore un peu trempés mais je m’habille en vitesse pour ne pas prendre trop de retard par rapport à mon planning improvisé. Une douleur à la main me fait sursauter et en me retournant vers elle, je vois le caïman accroché à mon bras, qui m’indique d’un doigt mon épaule. C’est bon, j’ai compris. Je le décroche délicatement pour ne pas ouvrir de nouvelles plaies et le monte à son perchoir qui n’est autre que mon épaule. A force, je suis habitué à me faire mordre et, bizarrement, j’ai l’impression de devenir insensible à ses morsures. A moins, qu’avec le temps, il soit devenu capable de mieux gérer la pression qu’il exerce sur mes membres avec ses dents. Dans tous les cas, ce n’est pas pour me déplaire et j’accepte avec joie le résultat. Plus de t-shirts troués, ni de vestes à raccommoder, un vrai bonheur. En partant, je ne prends d’ailleurs pas la peine de mettre ma veste. Avec mon sac, je suis largement assez encombré et elle ne ferait que me gêner pour courir.
-En route compagnon, direction le dortoir Givrali !
-Kai ? Minus ?
-Pourquoi ? Bah, j’avais promis à Max de l’aider à devenir une vraie duelliste. Donc je lui rends une petite visite surprise.
-Kaiminus ?! La joie illumine son visage et ses paroles.
-Oui. Oui, tu pourras revoir Nessie et Apa !
Le caïman est tout foufou de savoir qu’il va revoir ses bons vieux combats de jeu. Surtout le Mateloutre avec lequel il peut nager. Les deux n’ont pas eu un début facile mais très vite, grâce à Max notamment, ils se sont rapprochés et Apa est devenu une figure à suivre pour mon Kaiminus. Un sensei solitaire, un peu strict mais, dont j’étais persuadé qu’il guiderait correctement mon Pokémon. Aucun doute là-dessus, je lui faisais totalement confiance. Et moi, dans l’histoire, j’étais très heureux de revoir Max aussi. La jeune fille aux lunettes rouges pourrait me prodiguer quelques conseils sur les dessins que j’avais pris au passage. Ce n’était pas folichon, je n’avais pas beaucoup de temps à y consacrer. Mais le soir, quand je m’ennuyais, je m’asseyais sur mon lit et pensif, je dessinais les Pokémons que j’imaginais. Dernièrement, un oiseau ailé revenait régulièrement sur mes croquis. Il n’était jamais très net et souvent placé en arrière-plan mais ses ailes, sa posture, j’étais sûr que c’était Ho-Oh. Pourquoi m’obsédait-il tant ? Tout simplement parce que je me voyais avancer dans mon rêve et m’approcher de lui un peu plus près à chaque sortie, rencontre, capture,… Que je faisais.
Le dortoir Givrali n’était pas la porte à côté du mien. Je devais d’abord passer devant celui des Mentalis ou alors couper par le bâtiment principal. J’optais donc pour faire le tour par le parc à petite foulée pour ne pas trop me fatiguer. En route, je voyais quelques retardataires Noctalis se presser d’aller à l’entraînement. Les pauvres, ils allaient se prendre une de ses roustes. En fait, moi aussi très certainement. Mais je comptais sur mon insolente chance pour y échapper. Et puis, ce n’était pas comme si je ne foutais rien de mes journées. Matin comme soir, je partais améliorer mes compétences de dresseur avec Kaiminus. Le préfet n’avait qu’à me mettre à l’épreuve s’il le souhaitait, il ne me faisait nullement peur car j’étais motivé à lui prouver mes capacités… Tôt ou tard ! Je traversais donc un bon quart de cercle avant d’atteindre enfin le dortoir bleu pastel des Givralis. Un frisson me parcourut le bras et remonta jusque dans mon starter. C’est qu’il avait l’air de faire froid là-dedans, j’aurais peut-être dû prendre ma veste finalement. Je restais encore une dizaine de seconde à regarder le bâtiment avant de serrer mon poing et de venir m’en approcher. Pouvais-je entrer sans permission ou était-ce impoli ? Il devait bien y avoir une Givrali de levée dans le coin, je pourrais lui demander son aide. Je choisis donc de toquer à la porte.
-Hey oh, y a quelqu’un ? J’attends une potentielle réponse avant de poursuivre. Je suis un ami de Max, est-ce que je pourrais entrer ? Je veux juste lui faire une surprise.
Mieux vaut prévenir que guérir. J’entends quelqu’un qui vient vers moi. Max ? Non, je ne crois pas. Qui alors ?