« Génial, ça marche ! Mwahahaha ! » |
« Halloween. Fête des morts ou des monstres. Elégant mariage du morbide et du rire. Les enfants et autres farfadets revêtissent pour une nuit l’apparence de leurs pires hantises. Faussement menaçant quand doucement ils viennent frapper à la porte des pauvres mortels et réclamer leur dû. Sous le sourire enjôleur des spectres et le regard vermeil des buveurs de sang, ils amassent bonbons et autres butins sucrées. Encapés ou drapés, ils errent des heures durant, leurs joyeuses troupes secouées de rires lugubres et de hurlements glaciaux. Tel est l’esprit d’Halloween. »
Wow. Etrange comme première approche de la cérémonie qui était sur toutes les lèvres depuis l’aube. Sourcils froncés, ses jambes ramenées contre sa poitrine, Adèle s’était cachée sous son drap blanc pour s’enrichir et cesser d’afficher cette expression de timorée que les Givrali lui avaient temps reproché depuis que le sujet avait été abordé. C’est vrai que la demoiselle avait eu bien des difficultés à saisir l’enjeu que pouvait représenter des citrouilles sculptées et la concentration des symboles de l’horreur lors d’une journée. Elle avait bien entendu songé qu’il s’agissait peut-être d’un regroupement de gothiques, leur fête nationale en quelque sorte. L’hypothèse avait atterré l’une de ses « délicates » camarades. Suite à quoi, la dresseuse c’était empressée de lui faire comprendre que cela ne devait plus jamais se reproduire en lui pinçant vigoureusement la joue. L’attaque avait porté ses fruits et l’indigeste et ses complices avaient pris la fuite en s'insurgeant, sous les rires tout à fait humiliant de Zola. Le rongeur ne quittait guère son poste de colporteur farceur et intenable. Il allait d’une étagère à l’autre, jouant l’équilibriste sur la charpente du dortoir. Son grand jeu consistait à se laisser tomber sur le crâne d’une malheureuse provoquant des cris d’effrois et d’indignation de la part de ses dernières. Le monstre avait bien saisi le concept « d’Halloween », lui, d’après les infos de l’Ipok du moins.
N’empêche qu’Adèle ne voyait toujours pas en quoi c’était drôle de se bâfrer de bonbons en enfilant des fausses dents. Sa grand-mère ne lui avait jamais parlé de ces histoires de revenants et même Victor c’était abstenu de lui lire des histoires de femmes laides qui volaient sur des balaies. Mais dans le dortoir des Reines du potin, impossible d’échapper à l’effroyable rumeur qui courait : « Rien n’avait été organisé pour Halloween ». L’horreur sur leurs lèvres qui s’agitaient sans cesse, tandis que c’était plutôt l’ennui qui terrassait la Faust. Elle avait gribouillé des croquis du manoir distraitement, incapable d’annihiler totalement le souvenir de son foyer. La pluie qui tombait dehors la rendait dingue. Heureusement les secondes, puis les minutes et finalement les heures avaient passées, l’heure du coucher était arrivée. Accompagnée de lamentations et de grognements de la part des autres filles qui avait guetté le moindre signe de Potiron durant toute la journée. La brune était très satisfaite, elle n’avait toujours rien compris à Halloween, omis le fait que c’était probablement une vaste connerie inventée pour le fric. Ce fut donc avec joie que la Givrali s’enroula dans sa couverture, ravie d’en finir avec cet insipide festival de la cruauté et des créatures de cauchemar. Les gens se compliquaient la vie, il n’y avait qu’à voir la tronche de Zola ou des pokémons des enseignants pour comprendre que les abominations existaient partout. Son regard roy se posa sur l’écureuil tombé raide sur le lit, peut-être que demain il serait mort ? A force de s’épuiser comme ça, c’était un passage obligé, non ?
Lourdes ses paupières, lourde la fatigue, quand le noir enfin l’étreint…
Sensation de pesanteur, comme si votre corps indépendant de la gravité, lévitait au-dessus du sol. Il y a cet air tiède qui vous pousse parfois, le sentiment d’être plus léger, d’être…. D’être comme un ballon. Oui, c’est exact. Un ballon, balloté par la brise un peu fraîche d’une vitre grande ouverte. Et puis, il y a cette masse horrible qui l’empêche de s’élever un peu plus haut. Un « couvercle » qui le retient et l’étouffe, l’arrachant aux douces chaleurs de ses songes. Adèle remuait, cette désagréable oppression voulait la tirer nette de la douce plénitude d’être aussi légère que l’air. Elle grognait dans son sommeil, des grognements étranges puisqu’ils s’articulaient sous la forme de « Emmmm » et « Emoool » étirés de multiples façons. L’académicienne doucement s’énervait, mais d’où donc venait le poids qui pesait sur son pauvre crâne ? Et cette insupportable gloubiboulga de syllabes à qui donc appartenait-il ? Peut-être que s’il sautait sur la responsable du raffut et lui tirer les cheveux, la bécasse cesserait de troubler son sommeil ? Hum…. Il ne fallait pas. Il fallait vite retrouver les bras de Morphée avant d’en être définitivement séparée. Vint s’ajouter à ses déboires matinaux, la lumière de l’aurore bien qu’amoindrie par le « truc » qui faisait peser plus d’une tonne sur sa pauvre tête. Arg ! Mais que donc que ces désappointements qui s’accumulaient sur elle comme les Fermites sur la confiture de baie Pêcha ! Ce fut d’une humeur odieuse et animée par le désir de tuer truc, bécasse et soleil qu’Adèle ouvrit les yeux…. Sur une étoffe compacte d’un blanc immaculé.
La terreur, l’effroi, la panique, délicieux cocktail d’Halloween devant ce blanc impartial qui encombrait tout son champ de vision. La parfaite image de la mort selon la jeune Faust, il ne manquait plus qu’Arceus et elle mourrait une seconde fois. Qui l’avait assassiné durant son sommeil ?! Elle nourrissait des soupçons à l’égard de Zola. « Son » Pokémon avait toujours voulu être en paix, foutre le bordel en solitaire et tiens pourquoi ne pas, se débarrasser de son encombrante et médisante dresseuse. Les battements affolés de son cœur la rendait folle. Elle avait l’impression que ce dernier avait doublée de volume, secouant son corps de petits spasmes précipité. Une nouvelle crise « Emmmm… Emo ! » la persuada que le passage du monde des morts au monde des vivants avait du mal se dérouler. La brunette pouvait-elle encore bouger ? La Faust essaya pour voir, agitant une main et sentant son pied partir avec. Au choix soit la mort avait inversé ses fonctions cognitives, soit il y avait un élastique tendu entre les deux membres de son corps. Elle se serait bien penchée sur l’étrange farce, mais le voile sur ses yeux la faisait suffoquer et l’empêcher de centrer son attention sur autre chose. Bien, se lever pouvait être une première étape. Peut-être que mourir n’était pas aussi simple qu’on aurait pu le croire au premier abord. Tant bien que mal est toujours victime des élastiques étirés entre ses mains et ses pieds, Adèle parvint à se redresser.
Le sol était moelleux, un peu comme le matelas, sauf qu’elle ne pouvait se lever debout sur un matelas sans se casser la gueule. La demoiselle sentit son pied se prend dans l’enveloppe qui la retenait prisonnière avant de sa casser la gueule. Elle se replia sur elle-même et sentit son corps roulé, emporté par l’élan. La roulade de la mort ! Ahah. Non, ce n’était pas drôle d’autant que la réalité ne tarda pas à la réalité sous la forme d’un vide béant qui ouvrait sa gueule prêt à la réceptionner. La Givrali senti la chute et sentit avec effroi ces dernières secondes arrivées. Mais le contact rude et impitoyable du sol la ramena avec mesquinerie à la réalité. Elle sentit son museau s’écraser contre le plancher, d’horribles et sinueuses souffrances s’emparèrent aussitôt d’elle. Attendez… Museau ?! Ca y est Adèle voulait donner du sens à tous ce bordel Immédiatement. Cette injonction se traduit pas une perte de contrôle total des cris de pokémons lancés à tous va et une course empressée. Cet état de panique se solda par une cascade dans ce qui semblait être une succession de paliers durs comme la pierre et coupables de violentes liaisons sur toute son anatomie.
En parlant de celle-ci, l’étudiante avait fini par en identifier sommairement les spécificités. Ses oreilles pour commencer avaient triplés, elle était presque certaine d’avoir des soucoupes volantes à la place maintenant. Après il y avait un truc qui la faisait souffrir derrière elle, et que la demoiselle identifié à tort ou à raison comme une queue. Tout était absurde « digne d’un best-seller » comme aurait précisé Victor avec tout le mépris qui sied à la crème des intellectuels. Bien sûr, ne pas oublier ses foutus élastiques qui allait la rendre dingue. L’héritière Faust n’avait qu’une chose à répondre à ce drame personnel : la mort c’est nul. Enfin la douleur sembla s’estomper et la miss put faire une croix sur l’idée d’un châtiment éternel auquel l’aurait conduit ses nombreux vols. Tant mieux parce que ce n’avait jamais été que des emprunts. Toujours emballé dans son linge blanc que la jeune fille – ou ce qu’elle était devenue – avait fini par identifier par le drap de son lit, elle cherchait en vain une issue. Voyons, si elle s’était réveillé dans son dortoir, c’est qu’elle ne devait pas être si morte que ça non ? C’était peut-être juste une très mauvaise blague particulièrement réussie. Autrement dit il était grand temps d’aller trancher la gorge de tous les organisateurs.
La cadette avancée timidement, butant à plusieurs reprise contre des arbres étranges et butant sur d’énorme caillou disposaient un peu n’importe où. Le bruit d’un grand rassemblement la guider la poussant à s’approcher. Elle les tenait les petits sots qui avait cru pourvoir la piégé sans conséquences. Elle eut l’impression de passer une arche, dont une porte titanesque gardait l’entrée et les voix doublèrent de volume. Elle y était donc parvenue ? La fête allait commencer. Adèle se jeta sur la première voix qui passait à sa portée, en secouant frénétiquement ses petites mains bizarres, toujours aveuglée par le tissu épais.
« Vous ne vous en sortirez pas comme ça ! Les coupables vont payer ! »
Son corps s’écrasait contre l’ennemi encore non-identifié, agrippant à travers le drap la fourrure de l’infortuné. La gamine sentait sa rage et sa colère se convertir. Comme si l’intense flux d’énergie dont elle était parcourue prenait une forme nouvelle. Une forme physique, une forme électrique ? Dans ses joues le fourmillement d’une dizaine de petits éclairs la chatouillèrent. Le corps de la Faust devint un court-circuit vivant et brûlant qui passait de son corps à celui de sa victime. Une odeur de grillé vint flattée ses naseaux.
31/10, this is halloween ♪
« Marco ?...Aïe. Julio ? Aïe. Dédé ?! Aïe !! Toto ? ARGG ! Minou ?! Aïe ! Bouh ! Aïe ! Bon.. Aïe mais c'est même pas un prénom ça ! Oh t'es difficile aussi! »
Enfilant son pyjama, la jeune fille essayait désespérément de trouver un surnom à son Dedenne tout récemment capturé, ce qui amusait beaucoup Plum riant dans son coin. Alors même qu'elle s'habillait, le petit rongeur parcourait son corps en lui envoyant un petit choc électrique dès que le surnom ne lui convenait pas, autant dire qu'elle commençait à en pâtir légèrement. Elle finit par réussir l'exploit d'être vêtue de son pyjama et s'allongea dans son lit.
Son expression ne cachait pas sa déception du fait que rien n'ait été organisé pour Halloween. Elle s'était dit que si elle avait eu l'occasion de se déguiser et bien elle aurait eu moins de mal à parler aux autres mais aussi les autres seraient venus vers elle. Elle avait prévu un superbe déguisement en Miasmax avec l'odeur et tout, elle s'était persuadée que c'était un superbe costume, finalement il était plutôt préférable qu'elle n'ait pas eu l'occasion de le porter. Emmitouflée dans sa couette elle soupirait et regarder ses deux Pokémon en train de s'amuser. Ils s'étaient lancés dans une partie de trappe-trappe enflammée, bien sûr, Plum cherchait à attraper le hamster électrique qui arrivait à se cacher dans un endroit improbable, comme sous le matelas de la jeune fille ou bien son oreiller, à ce rythme-là elle n'était pas prête de dormir.
Elle n'était pas sûre d'en avoir envie, cette nuit ne lui inspirait rien de bon, une atmosphère presque spectrale s'était installée dans les dortoirs, le ciel était plus sombre qu'habituellement et la lune plus blanche encore. Sans chercher le sommeil elle regardait ses deux amis chahuter et comme à son habitude avant de dormir se mit à imaginer le lendemain. Peut-être rencontrerait-elle des amis ? Peut-être que quelqu'un viendrait à elle, l'interrogerait sur ses Pokémon ? Ou encore, peut-être allait-elle rencontrer un autre mordu de théâtre et qu'ils allaient devenir les meilleurs amis du monde ! Sa cleptomanie était de plus en plus refrénée ce qui l'agaçait au plus haut point, à chaque fois qu'elle croisait quelqu'un possédant une chaîne censée représenter quelque chose, elle rêvait de la lui prendre... Tant pis. Revenons à nos fantaisies nocturnes... Peut-être allait-elle devenir un Pokémon ?
Ah, non, ça elle n'y avait pas pensé. Et pourtant c'est bien ce qui se produisit au petit matin. Elle se réveillait avec ce sentiment exécrable qu'on a quand on a mal dormi. Elle essayait de se frotter les yeux mais elle avait beaucoup de mal sans vraiment savoir pourquoi. Elle les ouvrit et découvrit ses deux petits membres noirs lui servant de bras. Que s'était-il passé ? Elle tenta de regarder le reste de son corps sans vraiment y arriver non plus, ses yeux lui paraissaient minuscule et elle finit par réaliser que son corps à la forme triangulaire était à peine plus grand que deux oreillers mis à côté. Elle regarda ses deux petites pattes, elle ne savait pas trop comment se sentir, elle rêvait sûrement... cela lui semblait si réel pourtant.
Elle quitta son lit d'un bond et mit un certain temps à trouver l'équilibre, ce n'était vraiment pas pratique. Elle regardait le lit comme s'il s'agissait d'un immeuble, elle n'était vraiment pas bien grande. En marchant maladroitement sur ses deux pattes, la jeune fille bouscula son armoire ce qui fit tomber son iPok qui en cognant le sol s'activa et se mit à clignoter :Stalgamin, le Pokémon Capuche ou Jesourissanssavoirpourquoi!. A voir le visage de ce petit lutin on ne doute pas du tout de son faible QI, rien de surprenant quand on apprend qu'il se nourrit essentiellement de flocon et de neige, ce qu'il y rajoute ne regarde personne, ceci-dit la poudre blanche y passe inaperçu ! Pas assez intelligents pour construire une maison, ces bestiaux préfèrent vivre sous de grandes feuilles. Et après tout ça les gens sont assez cons pour croire qu'un Stalgamin dans sa maison est signe de bonne fortune ! Non non, non ! C'est juste qu'en pleine montagne sous une feuille, aussi grande soit-elle, tu te pèles le cul !
La jeune fille resta dubitative devant la description de son Pokémon, il fallait vraiment qu'elle aille faire réparer ce pokédex. Il faut dire que Dedenne, ou « hamster obèse » en avait aussi pris pour son grade. En parlant de lui, elle se demandait s'il était dans le coin, elle avait peut-être pris le corps de son starter, ça ne voulait pas forcément dire que son autre Pokémon était parti ! Pour se déplacer et partir à la recherche de la bestiole, elle comprit rapidement que léviter avait bien plus d'avantages que la marche à pied. Aucune trace du rongeur, elle alla donc chercher dans son sac qui faisait maintenant sa taille, ses Pokéballs. Il n'y avait que les trois balls vides qui lui restaient, pas celles de ses Pokémon. Quel dommage, elle aurait rêvé de savoir à quoi ressemble l'intérieur de ces machines, un mystère qui ne sera pas résolu aujourd'hui par Belle, the detective.
De par sa grande logique, elle finit par comprendre que seule, elle était incapable de trouver les réponses à ce mystère. Peut-être était-elle seule à s'être transformée, ou peut-être pas. Dès qu'elle arriva dans la salle commune du dortoir et qu'elle n'y vit que des Pokémon paniqués en train de se taper la causette avec un langage parfaitement humain, elle comprit qu'elle n'était pas seule mais aussi qu'elle ne trouverait pas la réponse ici. Et puis de toute manière, elle n'avait pas d'amies ici comme nulle part, alors c'était peine perdue. Elle traversa l'école en lévitant -extrêmement pratique c'te histoire!- et finit par atterrir dans le grand Hall. La plupart des élèves s'y étaient rassemblés. Timidement elle essaya de glisser des « bonjour » presque inaudibles à plusieurs groupes qui ne se retournèrent même pas pour lui répondre. C'était assez impressionnant de ne voir que des Pokémon se comportant comme des jeunes gens de leur âge à savoir se curer le nez, se gratter le fessier, tapoter sur leur iPok...
La petite Stalgamin alla se poser dans un coin en attendant que peut-être quelqu'un vienne lui adresser la parole où que des nouveautés soient annoncées.
Je ne me souvenais pas vraiment de ce qui s’était passé la veille, mais une chose était sûre : je m’étais disputée avec Peppéroni parce que j’avais osé prendre le dernier morceau de baba au rhum. L’immense Monstre du Loch Ness m’avait fait la tête toute la soirée durant, et contrairement à d’habitude, il n’était pas venu se blottir auprès de moi pour dormir ; au lieu de quoi il avait élu résidence sur le tapis qui trônait en plein milieu du dortoir, tournant ostensiblement son imposant derrière vers moi. Le message était clair, et je comprenais parfaitement que son estomac puisse avoir des envies meurtrières à mon égard, mais j’étais trop énervée de mon côté pour prendre tout ça en considération ; et puis visiblement, le fait qu’il ait avalé la moitié de mon pudding –cuillère comprise- me restait en travers de la gorge. Ce fut donc avec quelques pensées noires que je m’étais endormie ce soir-là, sous les bavardages incessants des Givralis qui partageaient ma chambrée. Des mots comme « Halloween » et « Fête surprise organisée par l’administration » revenaient souvent dans les conversations, mais j’avais depuis longtemps oublié ces possibilités ; et puis en toute franchise, je n’avais pas vraiment l’âme à me relever pour aller me trémousser sur une piste de danse dans un costume d’Halloween outrageusement indécent. Je m’appelais encore Cleve Carter aux dernières nouvelles, merci bien.
La nuit avait donc été calme, et je m’étais réveillée comme d’ordinaire aux aurores, pour mon habituel entraînement matinal de tir à l’arc. Avec un petit espoir camouflé, j’espérais que Peppéroni aurait oublié que je l’avais pris en traître la veille, et le poids qui pesait sur mon ventre semblait m’indiquer qu’il s’était lassé du tapis pour venir dormir à sa place habituelle. Cependant, quelque chose clochait, et tout mon corps se sentait lourd, comme enflé. Une petite pensée troublante me traversa l’esprit, mais je la chassais rapidement ; après tout, ce n’était pas une bouchée de baba-au-rhum en plus dans mon dîner du soir qui m’aurait fait doubler de kilo –contrairement à tout ce que les Mentalis scandalisées autour de moi avaient essayé de me faire croire-. Ma main passa rapidement sur mon ventre pour essayer de localiser la tête de Peppéroni, probablement confortablement installée sur mes abdos parfaitement sculptés -ou pas, d'ailleurs-, mais ne butta que sur du vide. Grommelant, je me relevais, ma tête percutant violemment les lattes de bois du lit superposé. Mais mince alors, qu'est-ce qu'il se passait aujourd'hui ? Je me sentais si lourde, et si gauche... Pas que je ne le sois pas en temps normal, entendons-nous bien. Mais là, ça méritait carrément un Oscar !
Les voix que j'entendais autour de moi m'indiquaient que mes camarades étaient réveillées -et pas forcément enclines à me saluer chaleureusement, vue l'heure matinale et le boucan que je venais de produire malgré moi-. Avec des murmures d’excuse, je m’empressais de me glisser hors de mes draps, mais mes pieds se prirent dans les couvertures et je m’écrasais comme un vieux pancake sur le sol froid. Lit : 1, Cleve : 0. Ce fut à peu près à ce moment-là que je remarquais enfin qu’il y avait réellement quelque chose qui clochait. Car à la place de mes mains, deux grandes nageoires bleues et épaisses étaient agrippées sur le tapis.
« JPDNPODZPFOPJ¨DF !!! » parvins-je à articuler, en courant vers le miroir le plus proche, à savoir mon écran d’iPok –eh oui, on est chez les Givralis ici-.
Une peau bleutée. De grands yeux et un museau arrondi. Une carapace blindée et un air étrangement crétin. Mon dieu. J’avais fusionné avec Peppéroni.
*Qu’est ce qui se passe, qu’est-ce qui se passe ?! Non, non, attendez, ce doit être un gag, pas vrai ? N’allez pas me faire croire qu’à cause d’une malheureuse bouchée de baba-au-rhum, une force supérieure m’a fait fusionner avec Pep’ ! Ahahah, on aura tout vu. Non franchement, là c’est plus drôle. Je l’avoue, j’ai mangé ce FICHU baba-au-rhum. C’est bon maintenant ?*
Ce n’était pas bon.
Regardant d’un air paniqué mes nouvelles nageoires, une question d’intérêt scientifique s’imposa à moi. Comment diable allais-je faire ma petite commission matinale ? Et puis d’ailleurs, si j’avais fusionné avec Pep’, étais-je toujours une fille ? Ou est-ce que… Hm. Il fallait que je vérifie.
Je me recroquevillais sur moi-même pour essayer de voir, comment dire… l’envers du décor ? Ouais, un truc comme ça. Malheureusement, je découvris bien malgré moi qu’un Lokhlass n’était pas DU TOUT flexible, et ma tête cogna désespérément contre le plancher, m’immobilisant dans une position plus que grotesque. Oh fichtre, comment allais-je faire à présent ? Je ne m’étais jamais posée la question avant, mais les Pokémon utilisaient-ils les toilettes, ou avaient-ils une vessie à contenance infinie ? Pour une raison inconnue, je sentais qu’il fallait que je me rende dans le bâtiment principal pour demander des explications à un Professeur. Roseverte m’aiderait probablement, à condition qu’il ne se mette pas en tête de me disséquer. Ouais… J’allais probablement faire ça. D’une démarche gauche, je me dandinais donc hors du dortoir, en pensant que, décidemment, se trimballer ce gros derrière n’était pas la chose la plus pratique du monde.
****
« Pardon, pardon, désolée. Ouuuups, désolée, est-ce que ça va ? »
Je relevais une nouvelle fois mon immense postérieur, et essayais d’aider tant bien que mal le pauvre Poussifeu que je venais d’écrabouiller. Le malheureux me lança un regard égaré, avant de reprendre sa route en marchant de traviole, comme un de ces fêtards qui aurait trop forcé sur la bouteille. Bon d’accord, c’était totalement de ma faute, mais que pouvais-je y faire ? Je ne voyais vraiment que dalle du haut de la tête de Peppéroni. Enfin disons au contraire que je voyais beaucoup de chose, mais que l’encombrant corps qu’il se trainait avait ses angles morts –ce qui n’était pas forcément rassurant pour les autres-. Mais qu’importe. J’arrivais enfin dans le grand hall, et constatais avec étonnement que malgré l’heure, un grand nombre de mes comparses s’étaient réunis là. Eh oui. Une bonne quarantaine de dresseurs transformés en Pokémon –ou fusionnés avec leur Pokémon, je ne savais pas encore-, comme j’avais pu le remarquer lors de mon trajet jusqu’ici. Le monde était devenu fou, c’était sûr et certain.
Souhaitant échapper à la foule, le corps de Peppéroni me mena immédiatement vers un petit coin isolé, où un minuscule Stalgamin souriait bêtement à tous les gens qui passaient -mais il ne fallait pas lui en vouloir. C'était probablement comme l'air crétin de Pep' : on ne pouvait pas s'en défaire-. Ceci dit, les petites rougeurs sur ses joues ne trompaient personne, et je pouvais aisément dire que le dresseur –ou était-ce une dresseuse ?- qui se cachait derrière avait le même genre de caractère que moi. Cela ne pouvait cependant pas être Ikiala, puisqu’en suivant la logique des choses, elle aurait sans doute été transformée en Minidraco –ou aurait fusionné avec Zelos, ce que je n’espérais pas pour elle-. Tentant de me faire la moins imposante possible –chose difficile quand on mesure plus de 2m. AHAHAHA JE SUIS GRANDE !-, je m’approchais de cette petite en penchant la tête de côté.
« Salut ! » lui lançais-je, en remarquant que mon habituel bégayement face aux inconnus s’était évaporé. « Hm dis-moi, je voulais savoir entre collègues Pokémon glace… Tu as réussi à aller faire ta petite commission ? Comment ça marche ? Je veux dire… j’ai peur que ça ne sorte gelé, en fait. »
Eh oui. Moi et mes questions existentielles. Enfin, que pouvais-je y faire ? Balayant la pièce, mes yeux azurés tombèrent finalement sur un petit Hypotrempe dont la trombine me semblait familière. Etait-ce… Amaoka ? Soucieuse d’aller le rejoindre et d’aller lui parler pour voir s’il allait bien, je me tournais dans sa direction, non sans avoir lancé un petit : « Grimpe sur ma carapace si tu veux, on pourra continuer de parler là-bas, mais faut que j’aille voir un ami. » au Stalgamin.
Je ne me retournais pas pour voir si mon/ma camarade m’avait rejointe, mais un petit poids se fit sentir sur le haut de mon crâne. Tiens ? Quelque chose s’y était posé ? Sans y faire attention plus longtemps, je glissais lentement vers le pauvre Hypotrempe, et constatais avec anxiété qu’il semblait bien mal en point.
« A… Amaoka ? » demandais-je en fouillant dans un recoin de ma mémoire pour essayer de déterminer s’il y avait d’autres dresseurs qui possédaient des Hypotrempes. « Regarde ! Je suis un Cleveronni ! » ajoutais-je, dans le but de lui remonter le moral. Et zut. Raté ?
Le jeune fille souriait malgré elle, ce qui ne devait vraiment pas être communicatif ou bien la rendre plus appréciable des autres, elle semblait se moquer de la situation, en rire même, alors que pas du tout. Belle était tout aussi perdue que les autres. Elle regarda désespérée ses petites pattes sombres, quel ennui d'avoir l'air aussi empoté ! Et puis corps et tête en un, ça ne l'aidait pas non plus et cela la faisait se sentir bête. Elle tâtait un peu son corps pour mieux essayer d'en comprendre la morphologie, cette espèce de chose jaune et orange qu'elle avait sur le crâne faisant penser au toit d'une maison faisait entièrement partie de son corps, elle ne pouvait pas la retirer ou autre, ça lui faisait penser à l'adaptation des espèces à leur climat et leur évolution, les stalgamin n'étaient pas malchanceux de se retrouver avec ça sur la tête en temps enneigés, par contre cela tenait un peu chaud.
Elle essayait toujours tant bien que mal d'écouter les conversations des autres, savoir ce qui pouvait bien se tramer. Certaines hypothèses faites par quelques étudiants n'étaient vraiment pas brillantes et n'avaient absolument aucun intérêt. Seulement cela amena la pyroli à penser que peut-être elle ne retrouverait jamais son corps normal. Elle l'aimait bien pourtant son corps, elle pouvait danser, chanter, courir... avec ces misérables pattes, adieu la vie d'athlète ! Elle se dit aussi que les entraînements qu'elle faisait endurer à sa pauvre pokémon n'étaient pas si simples... bien au contraire, ne serait-ce que courir était une tâche affreuse. Ceci dit, tous ces efforts les avaient amenés à gagner la première compétition sportive à laquelle elles avaient participé, pas si mal pour un Pokémon dont le corps fait au moins le triple des jambes.
Mais la vie d'un Stalgamin n'est pas si horrible après tout, elle s'amusait à regarder les autres dresseurs subir leur transformation... en apercevant tous ces Pokémon rampants déjà, elle se dit qu'aussi petites furent ces pattes, elles lui permettaient au moins de marcher. D'autres personnes souffraient par leur taille imposante ou alors du fait qu'ils n'étaient pas dans leur environnement... C'était notamment le cas d'un petit hypotrempe qu'elle vit au loin. Il ou elle n'avait vraiment pas l'air de s'amuser de la situation. Elle remarquait aussi une anomalie dans son regard, ses yeux étaient de couleur très distinctes... voilà qui est très étrange.
Débarquant dans le hall avec la difficulté qu'imposait sa largeur, un Lokhlass arrivait s'excusant à tout bout de champs, le Pokémon avait l'air incapable de voir tout autour d'elle et ainsi d'éviter d'écraser certains Pokémon plus petits. Cela amusait beaucoup la jeune fille, elle n'aurait vraiment pas aimé être à sa place. Si elle s'était transformé en Dedenne d'ailleurs, elle aurait sûrement été une des victimes du grand monstre aquatique. Mais chose surprenante, le Pokémon prit la direction de Belle restée sur son perchoir. Il lui adressa même la parole... enfin elle puisque sa voix chantante ne pouvait être masculine. Elle lui adressa un « Salut » très enjoué puis lui posa une question pour le moins surprenante. Belle n'avait jamais surpris ses Pokémon faire leurs besoins bien que les petites boules rondes marrons qu'elle avait découvert sous son lit depuis l'arrivée de Dedenne ne laissait aucun doute sur leur provenance. Mais alors si Plum urinait des flocons de neige ça s'était autre chose.
« Yo ! » La jeune fille tentait tant bien que mal de sonner 'cool' genre je me fais une nouvelle pote mais je suis pas du tout excitée à cette idée et puis j'en ai plein qui m'attendent quoi ! « Question intéressante... Je t'avouerai ne toujours pas avoir trouvé le sexe ou autre qui me permettrait d'uriner... Donc savoir ou non si ça sort gelé... Faudrait-il déjà que ça sorte de quelque part ! Y a plus qu'à espérer qu'une envie pressante ne me vienne pas... » Son large sourire mutin ne quittait pas son visage même quand elle voulait avoir l'air concernée, crédibilité zéro donc, à moins que ce qu'elle ait dit soit pris pour une blague bien que ce n'était pas l'effet souhaité.
Sans plus s'étendre sur la question, la Lokhlass lui proposa de grimper sur sa carapace pour aller rejoindre l'étrange Hipotrempe que Belle avait repéré précédemment. Elle s'assit confortablement sur le dos de l'animal et il ne lui manquait plus qu'un petit cocktail pour prendre une véritable photo de carte postale estivale. Elle vit un volatile se poser sur le crâne du Lokhlass ce qu'elle n'apprécia pas du tout ! DU TOUT ! Déjà un prétendant qui voulait lui piquer sa nouvelle amie ! Elle lui fit le regard le plus féroce possible en prenant en compte sa gueule de Stalgamin. Vue la réaction effrayé du Pokémon volant, elle s'imagina qu'avec son sourire permanent elle avait du avoir l'air d'un clown sadique ou autre psycopathe qui font fuir les petits enfants d'un simple regard. Satisfaite elle se replaça tranquillement puis alla se mettre au niveau du cou de l'étudiante en entendant à nouveau sa voix.
Elle appela l'Hipotrempe par son prénom, elle l'avait carrément reconnu ! Belle gosse ! Malgré les tentatives de détendre l'atmosphère de la jeune fille elle n'y parvint pas. Belle ne comprit pas vraiment sa blague, pourquoi Cleveronni ? Elle ne pouvait pas se douter ni du prénom de la dresseuse ni du surnom de son pokémon. Cependant elle rit quand même parce que ça lui faisait penser à ravioli... voilà voilà... Le petit Pokémon aquatique se lança dans une tirade plaintive, en même temps il y avait de quoi, avant de se mettre à sautiller maladroitement vers le distributeur d'eau et d'y plonger. Il continuait de s'adresser à la dresseuse sur laquelle avait grimpé Belle et n'avait sûrement pas remarqué la présence de cette dernière.
« Au fait je m'appelle Belle ! J'ai entendu des élèves dire que c'était sûrement l’œuvre des directeurs... Je parierai personnellement plus sur l'idée que le concierge ait complètement craqué et nous a tous empoisonné pendant notre sommeil. Ou bien nos Pokémon ont monté une association par un ras-de-bol général dans le but de nous faire vivre leur quotidien... Plum doit être déçue à l'heure qu'il est elle avait sûrement voté pour la mort subite... »
Mes nageoires battaient le sol avec des petits bruits réguliers, tandis que le Stalgamin en face de moi me répondait. La personne que j’avais prise pour un dresseur à la base se révéla en fait être une dresseuse, si on ne se fiait qu’au son de sa voix. Je tentais de me rappeler si je l’avais déjà vue en cours, mais rien ne me vint à l’esprit. Continuant donc de sourire bêtement –décidemment, le sourire du Pokémon glace était vraiment communicatif-, j’écoutais en éclatant finalement de rire la réponse de ma camarade. Je n’avais pas pour intention de me moquer, mais tout ça me rappelait exactement ce que j’avais essayé de vérifier le matin même –sans grand succès, d’ailleurs-.
« Ah ouais, la fusion n’a pas été très pratique pour toi non plus… Sans vouloir te vexer, un Stalgamin n’a pas l’air très flexible, donc ce doit être difficile de vérifier. J’ai eu le même problème. » expliquais-je en essayant de regarder une nouvelle fois, ma tête arrondie butant désespérément sur le carrelage du grand hall.
Repérant ensuite Amaoka, j’invitais le Stalgamin à grimper sur mon dos, et glissais joyeusement vers le dresseur aux yeux hétérochromatiques. Comme j’avais pu m’en douter, son moral n’était pas au plus haut et il entama aussitôt une tirade plaintive. Je tentais de l’écouter tant bien que mal en essayant de prendre un air compatissant, mais il était tellement mignon sous la forme de Jör que je ne pouvais m’empêcher de sourire bêtement. Diantre. Il était complètement impossible de paraître sérieuse avec un visage de Lokhlass –même si, entendons-nous bien, mon visage habituel n’était pas plus crédible. Ahem-. Mon expression changea cependant immédiatement lors de la requête du Voltali. Il avait l’air de souffrir réellement du manque d’eau, et je me demandais si je devais tenter d’utiliser une des attaques de Pep’. Il y avait bien Pistolet à O qui aurait permis de redonner quelques couleurs à ce pauvre Amaoka, mais j’hésitais à l’aider de cette façon. Après tout, je n’allais quand même pas lui cracher à la figure, non ? Ce serait plutôt impoli, en plus d’être extrêmement vexant. Je n’étais pas un lama, aux dernières nouvelles.
Tandis que je réfléchissais et que mon cerveau tournait à trois cents à l’heure –chose rare d’ailleurs-, le petit Hypotrempe sautilla jusqu’à la fontaine la plus proche et parvint à faire jaillir un peu d’eau. Je n’avais pas voulu l’aider durant son parcours, parce que je savais qu’il avait sa fierté et qu’il m’aurait maudite sur quarante-six générations si j’avais osé ne serai-ce que lui donner un coup de pouce. Le revoir aussi joyeux et revigoré me redonna cependant le sourire, et je vins me placer à ses côtés en hochant la tête d’un air concerné lorsqu’il parla du mystérieux phénomène qui semblait avoir touché toute l’école.
Ce fut à peu près à ce moment-là que le Stalgamin décida de signifier sa présence, et que je sursautais brusquement. Pas que j’avais oublié la jeune dresseuse, mais l’entendre parler pile au moment où j’étais perdue dans mes pensées n’avait pas été très bon pour mon petit cœur. Dès les premiers mots de la jeune fille, je me rendais compte de quelque chose qui m’avait échappé, et me frappais le front avec l’une des grosses nageoires de Pep’. La claque retentit dans tout le hall, et je grimaçais de douleur en maudissant le fichu corps du Lokhlass. D’ordinaire, j’aurais simplement posé ma main sur mon front en prenant un air blasé, mais il fallait apparemment que je prenne en considération ma nouvelle morphologie. Grognant, les larmes aux yeux, je me retournais vers le Stalgamin pour expliquer la raison de mon geste.
« Désolée… Je viens juste de me souvenir que je ne m’étais pas présentée. Je suis Cleve, et lui c’est Amaoka. Enchantée ! »
J’écoutais ensuite patiemment les spéculations de la demoiselle. L’œuvre des directeurs ? Je ne pensais pas que ce genre de choses soit possible. Après tout, Cadigan et Rivardi n’auraient probablement pas pris la peine d’organiser quelque chose pour Halloween. Et puis transformer une centaine d’élèves en Pokémon ? Comment étais-ce scientifiquement possible ? Je n’avais même jamais entendu parler de ces prouesses-là, et finis par me demander si nous n’étions pas tous les cobayes d’une quelconque expérience glauque. Frissonnant à cette pensée, je balayais cependant la supposition qui voulait que Gaston Fooly soit à l’origine de tout ça. Il était probablement Pokémécanicien comme moi –vue son aisance à réparer n’importe quoi-, mais n’aurait pas eu les compétences pour… L’hypothèse d’un directeur était déjà plus plausible, même si je doutais fortement qu’il s’agisse de Cadigan.
« Je ne pense pas que ce soit Fooly. Cependant, le vice-directeur n’a-t-il pas travaillé sur un projet ultra confidentiel gouvernemental dans sa jeunesse ?oui, oui, sous-entendu que c’est un vieux croûton à présentVous croyez qu’il pourrait s’agir d’une expérience du genre ? Tout le monde sait que ce n’est pas Cadigan le directeur, mais Belle, son Empiflor. Peut-être qu’il a demandé à Rivardi de le fusionner avec Belle pour avoir enfin un véritable contrôle sur l’école ? Et du coup il fallait qu’ils testent ça sur nous avant… Hm… »
Oui, les suppositions étaient tarabiscotées, mais faute de mieux, il fallait bien que je propose quelque chose. Et d’ailleurs, où étaient-ils ces deux-là ? Nous observaient-ils via les caméras de surveillance, étudiant nos comportements ? Ou étaient-ils transformés tout comme nous ? Je jetais un regard circulaire pour tenter d’apercevoir un Empiflor qui buvait du chocolat chaud, ou alors un Togepi en train de fumer une cigarette, mais ni l’un ni l’autre ne semblaient être par ici.
« Peut-être devrions-nous grimper jusqu’au bureau des directeurs, non ? J’étais venue ici pour voir Roseverte à la base, mais peut-être que… »
Je m’arrêtais net, en sentant une goutte tomber sur le haut de mon museau. Etait-ce Amaoka qui jouait avec ses nouvelles attaques et m’envoyait quelque chose à la figure ? –le Saligaud ! Et dire que je m’étais retenue de lui cracher à la figurepour lui sauver la vie, entendons-nous bien.- Remarquant que non, je levais les yeux vers le plafond, comme pratiquement toutes les personnes présentes dans la pièce. Je rêvais debout ou quoi ? Il pleuvait ? Ma première pensée fut que Gaston Fooly avait encore fait des siennes et que le plafond n’était plus imperméable, mais visiblement, il s’agissait plus d’un phénomène d’origine paranormale qu’humaine. Les champignons mangés la veille dans mon risotto étaient-ils plus bizarres qu’ils ne m’avaient parus à la base ? Argh !
La pluie continuait de tomber, et rapidement, le sol fut recouvert d’une bonne hauteur. La plupart des Pokémon étaient en train de trouver des endroits où grimper pour éviter la noyade, tandis que les Pokémon eaux comme Amaoka et moi restions sur place. Le corps que j’avais hérité de Peppéroni flottait sur l’eau, et Belle, installée sur ma carapace était dans une position plus que confortable. Pokémon transport, hein ? Finalement, Peppéroni était bien utile pour certaines choses. Malheureusement, si le déluge ne s’arrêtait pas rapidement, les autres auraient probablement de graves problèmes.
« Que devons-nous faire, Amaoka ? Monter vers les étages supérieurs ? » suggérais-je sans savoir vraiment si je préférais rester ici, ou tenter de rejoindre la foule agglutinée en haut des escaliers.
➖ "Haha... Ne vous en faites pas, ce n'est pas comme si j'avais perdu. Je suis arrivée deuxième exæquo avec Faith, deux Mentali sur le podium, c'est bien !" |
➖ "D-D-D-D-D-D-D-D-D-D-D-D-D-D-D-D-D-D-DARKRAIIIIIIII !!! NOOOOOOOOOOON !!!!!" |
Un grand bruit retentit dans la pièce mais il s'agissait seulement de Cleve qui se frappait le crâne, ce qui devait être extrêmement douloureux, après avoir oublié de se présenter, ce qu'elle fit aussi tôt. Il s'agissait donc de Cleve et Amaoka, la jeune fille s'empressa d'essayer de le prononcer correctement en découpant bien les syllabes histoire d'avoir l'air d'une brave idiote « Aaaa.... mee. Non ! Aa... maaa... O ? KA ! AAMAAOKAA ! Okay ! Enchantée donc ! » Elle écoutait ensuite les spéculations de ses deux camarades, Cleve partait … loin ! A chaque fois qu'elle prononçait le nom de l'Empiflor du Directeur elle se retournait comme si on l'appelait. Elle réfléchit un peu et lâcha tout bêtement : « Mais... Belle a déjà un contrôle total sur l'école, non ? » Elle acquiesça ensuite aux propos d'Amaoka et remarqua que quelque chose avait changé. L'obscurité avait gagnait l'endroit, elle regarda la fenêtre et il semblait que la nuit soit déjà tombée. Elle avait pourtant l'impression de s'être levée tôt...
De l'eau se mit à tomber... du plafond. Réflexe stupide, Belle tira la langue pour essayer de « boire » quelques gouttes qu'elle recracha immédiatement. « L'eau de pluie n'est pas très bonne aujourd'hui, c'est mauvais présage... » Voyant le niveau de l'eau monter à une grande vitesse elle commença à s'inquiéter et à grimper sur le crâne du Pokémon transport. « J'aimerai éviter de mourir noyée... dans la mesure du possible bien sûr. » Bien sûr, ses deux compagnons n'étaient pas du tout dérangés, c'était même plutôt le contraire, Amaoka semblait ravi ! Lui qui avait eu besoin de se jeter dans une fontaine, c'était effectivement plutôt pratique cette histoire. Cleve suggéra de partir de cette salle mais hélas cela semblait impossible. Belle jeta un œil à la salle et put s'apercevoir que déjà des Pokémon s'acharnaient à essayer de briser les vitres ou ouvrir les portes mais sans succès. Beaucoup se débattaient pour ne pas couler mais comme aspirées, certaines têtes disparaissaient dans le fond de l'eau qui ne laissait même plus la place à Cleve de garder son cou tendu et Belle fut contrainte de redescendre sur sa carapace. « Impossible de monter, mais il doit y avoir une solution non ? Tout ne peut pas se terminer ainsi ? »
Amaoka se mit à hurler un attention tonitruant, alors que Belle ne risquait rien sur le dos de l'animal , l'animal en question est à la merci de tentacules comme invoquées dans l'eau. Des lumières apparurent aussi, des Lupio sûrement, Belle se mit à crier de panique et à courir dans tous les sens sur le dos du Lokhlass jusqu'à chuter. Elle se retrouva directement en face d'un Tentacool à l'allure peu commode qui balançait ses tentacules en sa direction. Elle dut réfléchir aux différentes attaques que pouvaient utiliser Plum ouvrit grand la bouche pour envoyer un vent glacé censé ralentir l'ennemi, lui offrant maintenant une chance de remonter sur le dos de son amie. « C'est que c'est coriace ces bestioles ! Je veux pas finir rôti au fond de l'eau par une de ces lampes de poche non plus ! » Face à la proposition d'Amaoka, Belle fut absolument offusquée.
« Aider les autres alors qu'on doit sauver nos mouilles ? Mais vous êtes pas bien ou quoi ! Il faut qu'on sorte d'iciiii ! » Belle réalisa qu'Amaoka semblait mal à l'aise, sans nul doute, mais enfermée dans un corps aussi pataud que celui de Plum, son charme avait opéré. Le petit Hypotrempe leur traça un chemin avec des meubles leur permettant d'accéder aux escaliers. Elle lui fit un petit bisous pour le remercier, bien geler comme Plum sait les faire. « Merci mon chou ! » Elle balaya du regard les escaliers et tous les pokémon présents avant de soupirer. « Qu'est-ce qui leur prend à tous ces gens de s'aider ainsi ? C'est pas la journée de la solidarité que je sache ! » Elle accéda aux hauts des escaliers en bondissant sur les têtes des Pokémon devant elle, beaucoup de plaintes retentirent ainsi que des insultes mais tant pis, il fallait sauver sa vie et celle de ses nouveaux compagnons !
Arrivée en haut elle réalisa que c'était barricadé. Il fallait absolument trouver une solution mais pour cela, rejoindre les autres. Elle regarda la foule agglutinée devant elle et créa un toboggan de glace surplombant leurs petites têtes. Elle laissa échapper un « YOUHOUUU » sur la descente avant de reprendre un visage sérieux. « Il va falloir trouver autre chose. Si on offre des gâteaux aux méchants Pokémon ils vont peut-être devenir gentils... non ? » Une panique de plus en plus grande naissait, des Pokémon finissaient au fond de l'eau, d'autre se noyait paralysés et il ne leur restait que peu d'espace pour respirer...