Sauvetage improvisé Cours spécialisé Petite absence. Le début du cours ne m'a pas réussi, j'ai tellement somnolé que je n'ai pas le moindre souvenir de ce qui s'est dit ici bas. En toute honnêteté, ce n'est pas mon genre de rater une leçon, et je dois pouvoir compter mes écarts sur dix bons doigts : d'un sens, ma fatigue s'est jouée plutôt discrète, et je n'ai plus qu'à remercier mon équipe d'avoir perpétué son chahut pendant une bonne partie de la nuit. D'ailleurs, pas de méprise, même si je ne suis point le centre de l'attention, mes gestes mesurés ne sont pas preuve de lenteur et de fatigue car, tout l'inverse, je porte une attention particulière à un repos suffisant. Bref, c'est tout une gestion : comme l'alimentation, prendre correctement soin de son corps ne mange pas de pain. Tout ça pour preuve que j'ai bien du mal à émerger : à priori, le professeur a téléporté la classe sur le terrain pour, si j'ai bien compris, s'occuper d'une bande de pokémons sauvages en déroute. Pas de surprise chez moi, le cas pratique devait bien attendre que je sois en mauvaise forme, mais peu m'importe désormais. Je ne m'en offusque plus, je prends la péripétie comme elle vient et advienne que pourra. Plutôt que maudire une deux-cent-soixantième fois le karma, je me montre pragmatique et conciliant, je secoue ma mine fatiguée et me plonge dans le feu de l'action : d'ailleurs, pas bien loin, une élève m'a l'air en fâcheuse posture avec ses pokémons. Bref, une opportunité de faire le boulot demandé. Je m'avance, j'évalue les circonstances : ma camarade a tenté d'ériger un barrage et d'évacuer les pokémons sauvages, ce qui est en soi une approche assez classique de la situation. Le soucis, c'est qu'elle perd progressivement le contrôle et qu'au bout de cinq minutes, le problème sera redevenu tel quel. A mon goût, l'idée du barrage est bonne, la complexité est de l'appliquer de manière efficace : je n'ai pas trente-six pokémons à mettre à disposition, aussi une bonne répartition est de mise dans tout ce chaos. Je profite d'un prompt moment pour réfléchir, puis j'attrape quatre de mes pokéballs : selon la stratégie qu'on adopte, Minos, Diana, Juno et Mars ont plus de chances de se montrer utiles que le reste de l'équipe. On fera avec ça. Je m'approche du bord, puis je démarre le briefing. Il vaut mieux que ça soit bref, mais les troupes ont intérêt à savoir ce qu'elles font : ma camarade ne tiendra pas longtemps, un peu d'aide sera la bienvenue. «Mars, tu vas aider à maintenir le barrage avec le Manzaï. Tu n'as pas le droit de fléchir.» Il acquiesce et file. «Diana, tu vas utiliser Poudre Dodo sur tous les Tauros et veiller à ce qu'ils restent calmes jusqu'à la fin de l'opération. Reste à bonne altitude.» Elle virevolte. «Quant à vous..» Je croise les bras. «Juno, tu vas attacher solidement les entremêlés à l'aide de ta toile. Aide-toi du terrain à proximité pour les empêcher de chuter, sinon ça risque de devenir compliqué.» Je me tourne enfin vers Minos. Il est plutôt jeune, mais bien plus téméraire que le reste de l'équipe : dernier arrivé, il s'est toutefois établi comme maillon fort du groupe d'insectes, et je dois dire qu'avec les caractères de Mars et Ceres, c'était pas gagné. En soi, il n'a rien d'une mauvaise tête : c'est un compagnon adorable, très protecteur et mature pour son âge, mais il garde quand même cette petite instabilité propre aux Insécateur en général. Bref, rien ne m'empêche de mettre ses atouts à disposition de l'objectif, et je dois dire qu'il en a plus d'un. «Minos, tu vas aider le Férosinge à déplaçer les Tauros.» Je jette un regard en contrebas. «Puis.. Dès que Juno est prête, je compte sur toi pour sectionner les cordages et les libérer. Bonne chance.» Il est déterminé, c'est tout ce qui compte. Mon équipe se met en place et, rapidement, renverse les mauvaises circonstances qui allaient s'instaurer : le barrage tient mieux, les pokémons en suspension commencent à être détachés et, mieux encore, l'évacuation se déroule à merveille. La synergie entre mon équipe et celle de ma camarade est correcte, mais je ne m'autorise pas pour autant à l'accalmie : la mission n'est pas terminée, et milles et unes interventions pourraient nous remettre dans le pétrin. L'important, ceci dit, est que notre boulot à l'échelle du duo soit effectué sans compromis, aussi je pense bien m'appliquer à répondre aux éventuels pépins. Sans attendre, je me rend aux côtés de ma camarade : impossible de mettre un nom sur son visage, mais elle n'a pas l'air bien antipathique. Le succès de la mission repose sur la communication, et je n'ai pas le temps de faire du chichi sur mes soucis sociopathes : je me présente, toujours un œil figé sur les pokémons qui s'affairent en contrebas. Je lève la main. «Je m'appelle Ren. Je me suis permis de t'aider, ça a l'air de marcher pour le moment. Le danger, c'est que des Tauros résistent au sommeil, ou qu'un remous vienne casser le barrage.» Je prends place à côté. «L'évacuation risque de prendre du temps. Il faut garder l’œil ouvert. Une idée pour optimiser tout ça ?» |