Calliope était placée, selon elle, de façon stratégique. Dos à la porte, elle pensait avoir la force nécessaire pour retenir le lion dans la cage qu’elle venait d’improviser, uniquement pour le garder que pour elle. Cependant, elle savait très bien qu’elle ne pourrait faire face à la volonté du garçon. En effet, la rouquine connaissait ses véritables sentiments et devinait par avance la réaction qu’il aurait vis à vis de cette nouvelle. En prenant juste l’instant d’une seconde sa place, Callie savait que elle, elle ferait tout pour rejoindre l’être aimé. Et cela par tous les moyens possibles… Alors, pourquoi serait-ce différent avec Leo ? Les yeux rivés sur le sol, la demoiselle tentait de trouver une solution de secours, afin de finalement lui cacher la vérité. Malheureusement, elle en était incapable… Elle ne pouvait mentir de la sorte à son ami. Il devait apprendre la nouvelle et cette lourde tâche revenait à la préfète. Etait-ce un moyen, ou plutôt, une tentative pour se mettre en sécurité ? Ou alors prouver sa loyauté ? Il y avait un peu de tout cela, dans ses pensées… Et c’était horrible car Calliope se sentait vraiment égoïste. Un sentiment jusqu’alors méconnu car elle avait tout fait pour le chasser d’elle. Callie voulait être bonne et juste. Elle était là pour les autres, comme toujours. Elle ne pensait à elle qu’en dernier. Voilà pourquoi, d’une certaine manière, elle se retrouvait dans cette position. Parce que pour elle, Leonidas ne devait pas rester dans l’ignorance. Car si elle avait été à sa place, elle aurait aimé le savoir, le plus rapidement possible.
Une inspiration, une assez grande pour rassembler son courage et lui avouer ce secret. Sa voix se bloquait aux premiers sons, mais elle se rattrapait bien vite, précisant par un prénom ce sujet
elle. Cela lui avait brulé la gorge tout en la compressant. Une sensation vraiment désagréable. Puis, venait ces fameux picotements au niveau du nez. Ainsi que les yeux, qui devenaient rouges. La tristesse la submergeait entièrement à présent et elle se forçait à relever la tête afin d’y observer la réaction de son interlocuteur. Cette révélation faisait l’effet d’une bombe. Face à elle, Leo se transformait. Et c’était inévitable. Elle le voyait se décomposer, littéralement… Il ne se tenait plus droit, plus aussi fier. Le lion se transformait en lionceau orphelin. Perdu. Sans défense. Et surtout, vulnérable… Chacun de ses attributs marquaient la jeune fille d’une trace indélébile, la laissant deviner avec aisance qu’Estelle comptait toujours dans cœur de Leo. Une déception. Certes, elle s’en était doutée, mais voir la réalité en face était bien plus douloureux qu’elle ne l’aurait imaginé. Le silence était tombé d’un coup mais elle n’arrivait à rien n’ajouter à ses propos. Elle voulait simplement que le garçon réagisse. Qu’il s’exprime davantage au lieu de laisser son corps se morfondre. Au lieu de laisser Callie deviner ce qu’il ressentait.
Il y avait une certaine distance entre les deux adolescents. Mais elle était très vite réduite à néant. Car le blond s’était vivement rapprocher. Elle le reste, Calliope ne l’avait pas vu venir. Un poing, brutal, venait de s’abattre du côté gauche de sa tête. Bien entendu, la rouquine sursautait. Et pour la première fois de sa vie, Leonidas lui faisait
peur. Pourquoi avait-il une réaction aussi violente ? Parce que Calliope l’empêchait de partir, tout simplement. La main de cette dernière se resserrait sur la poignée de la porte, prête à se défendre totalement. Il ne s’échapperait pas. Pas cette fois-ci. Mais sa volonté à lui était bien plus forte. Assez pour effrayer la malheureuse préfète qui ne reconnaissait plus le blond. Il voulait savoir… Désireux de connaître la position de sa bien-aimée, il n’hésitait pas à se montrer oppressant vis à vis de la rouquine. Celle-ci se rabattait sur elle-même, la crainte l’envahissant totalement. Leo était vraiment devenu un…
animal. Alors, Calliope retirait sa main de la poignée, totalement abattue. Elle détournait finalement le regard du visage du garçon, la joue plaquée contre la porte. Ses mèches de cheveux venaient cacher son visage meurtri tandis que son cœur tambourinait dans sa poitrine. La respiration forte, elle arrivait cependant à articuler un mot.
_ Pourquoi… ?
C’était une question à la fois simple et idiote. Pourquoi voulait-il savoir ? Qu’allait-il vraiment faire une fois la position d’Estelle connue ? C’était pourtant évident. Callie n’avait pas pour autant l’occasion de se donner ses propres réponses car le second poing venait de frapper, la faisant totalement prisonnière. Elle en avait sursauté et fermé les yeux, laissant ses larmes s’échapper en silence. Elle tremblait aussi, incapable de se retenir. Elle était à la merci de Leonidas et n’avait plus le choix que de partir pour lui laisser le champ libre. Devait-elle vraiment ? Or, ce moment d’hésitation la laissait vivre un virement de situation auquel elle ne s’était pas attendue. La pression qu’exerçait le garçon avait totalement disparu, permettant à Callie de se redresser doucement afin de constater que son interlocuteur était lui aussi en train de pleurer, les larmes tombant sur son épaule. Ce n’était plus un lion prédateur. Il était revenu lionceau. Au début, la rouquine ne comprenait pas trop jusqu’à ce qu’il exprime une volonté qui faisait rater à son cœur un battement. Avait-elle bien entendu ? Lui demandait-il vraiment cela ? Elle n’osait le croire et pourtant, c’était bien vrai. Il la suppliait. Des mots à la fois troublants et forts.
La position que Callie tenait était à la fois inconfortable et agréable. Leonidas était assez proche pour lui permettre de savourer un moment de proximité. Mais sa façon de l’emprisonner l’avait forcé à se rabattre sur elle-même en se recroquevillant un peu. Alors, elle poussait sur genoux et regagnait de la hauteur. Sauf qu’elle poussait encore, jusqu’à aller sur la pointe de ses pieds. Assez pour arriver à glisser ses bras de chaque côté de la nuque du blond, pour permettre à son visage de se mettre à la hauteur du sien et de laisser sa joue se frotter sur la sienne pour que son nez puisse se nicher confortablement sur son épaule. Calliope enlaçait tendrement Leonidas, le serrant doucement contre elle.
_ C’est justement ce que j’essaie de faire…
Une confession plutôt évidente. Sa tête toujours contre l’épaule garçon, Calliope se laissait transporter un moment dans son univers. Celui où justement, elle se sentait heureuse car elle était contre celui qu’elle aimait. Coupée du reste du monde, son cœur s’apaisait et ses larmes disparaissaient. Ce moment, elle désirait qu’il dure une éternité. Que ces bras protecteurs lui soient réservés. Si du moins, ils se refermaient contre elle pour de bon… L’odeur était si agréable… Durant cette étreinte, Callie se rendait compte enfin d’une chose : qu’elle pouvait se montrer utile. Qu’elle pouvait se racheter en offrant son soutien à Leo, chose qu’elle n’avait pas fait à la rentrée et qu’elle avait amèrement regretté. Et en plus, c’était le garçon lui-même qui lui quémandait cette aide ! Il se tournait enfin vers elle… Tu vois, jeune lion, tôt ou tard, on a toujours besoin de quelqu’un. On ne peut rester indéfiniment seul pour régler ses problèmes.
_ Je suis désolée Leo… Mais… Il fallait vraiment que tu le saches. Je ne voulais pas te laisser dans l’ignorance car cela aurait été égoïste de ma part. Commençait Callie tout en se redressant. Regarde-moi… Je t’en prie, regarde-moi ! Quémandait-elle en positionnant finalement ses mains sur les joues du garçon pour le forcer à la voir. Elle en profitait pour passer ses pouces sur ses joues et essuyer les larmes de son ami tout en posant son front contre le sien. Tu l’aurais su d’une autre manière et je ne le voulais pas. Parce que cette fois-ci, je voulais être sûre d’être là. Pardonne-moi… Je-Je…
*Pardon Leo… D’être d’une certaine manière si égoïste. Et pardon de ne pas être capable d’avouer encore mes sentiments. Même si ce n’est pas le bon moment.*
Incapable de terminer, la tête de la jeune fille se rabattait sur le torse du garçon.