Nos parents ont divorcé quand nous avions 8 ans. C'est arrivé sans prévenir et j'ai eu beaucoup de mal à l'admettre. Alors que j'enchainais crises de colère sur crises de larmes, ma sœur, elle , l'a vite accepté. Elle était plus sensible que moi à ces choses-là et l'avait vu venir ; surtout elle avait compris que nous ne pourrions rien y changer. Devant sa passivité face à cet acte que j'apparentais à la trahison de nos parents, c'est contre elle que j'ai tourné mes colères. Nos relations se sont vite détériorées. J'en venais facilement aux mains et ma mère devait toujours nous séparer. A cette époque j'étais en colère contre toute ma famille : nos parents qui ne nous aimaient plus et nous abandonnaient, ma sœur qui ne réagissait pas contre ça, ma mère qui prenait toujours le parti de ma sœur, mon père qui n'osait pas contredire ma mère... Mes souvenirs d'une famille heureuse et unie, ma complicité sans équivoque avec ma sœur, tout cela semblait appartenir désormais à un autre monde dont j'étais séparée par un mur infranchissable. Je me souviens de ma fureur, de toute la haine que je portais en moi à cette époque : j'en voulais aux autres mais surtout à moi pour ne pas être capable de faire quelque chose contre la situation. Mon impuissance m'exaspérait tandis que j'essayais de la cacher.
Quand mon père nous a annoncé qu'il déménageait à Hoenn (et que ma mère restait au Kanto), ils nous ont laissé le choix duquel suivre. Ma sœur a voulu rester car elle "ne voulait pas quitter ses amies", moi j'avais coupé les ponts avec mes amies suite au divorce et, rester avec ma mère et ma sœur (sa favorite) me semblait intenable. Rien ne me retenait, j'ai donc décidé de partir. Je n'ai jamais regretté ce choix, mais le jour du départ je n'ai pas eu le courage de regarder en face les visages de ma mère et ma sœur en pleurs. Leurs embrassades m'ont donné un petit pincement au cœur que j'ai gardé les jours suivants notre séparation. Bien qu'on déclare détester notre famille on l'aime toujours ; et moi, ce jour-là j'ai ressenti à quel point ma mère et ma sœur m'étaient essentielles.
Mon père était chercheur pokémon et son nouveau poste se situait à Vermilava. J'ai donc débuté une toute nouvelle partie de ma vie dans cet nouvel univers. Pour moi qui, auparavant, n'était jamais sortie de ma ville, ces nouveaux paysages avaient un côté fantastique et prometteur d'aventures. C'est d'ailleurs lors d'une de mes escapades que j'ai rencontré Idalienor.
Mon père et moi avions emménagé seulement depuis quelques jours et j'avais profité d'une pause dans le déballement des cartons pour aller explorer les alentours. Notre maison était située à la limite de Vermilava et je ne mis donc pas beaucoup de temps pour atteindre la forêt. Elle n'avait pas cessé de me fasciner depuis notre arrivée. Avant, nous vivions en ville et je n'avais jamais vraiment eu l'occasion de m'y promener. La forêt avait donc gardé à mes yeux tout son caractère mystérieux et je m'attendais à ce qu'à tout instant une sorcière, une créature mythique ou un pokémon rare sorte de la lisière des bois. J'associais "forêt" à "découverte", c'était pour moi le lieu de commencement des grandes aventures : rien que d'y penser je sentais mon sang bouillir dans mes veines et j'accélérais le pas.
Alors que j'allais m'engager sous les arbres, un pokémon sortit en trombe de la forêt. Il était suivi de près par une fille de mon âge. Rapides et concentrés sur leur objectif, aucun ne m'accorda pas un regard et ils me dépassèrent si vite que je dus me retourner pour voir à quoi ils ressemblaient.
La jeune fille avait des cheveux châtains divisés en deux couettes qui s'agitaient au fur et à mesure de sa course. A en juger par l'état de ses habits et les griffures visibles sur ces vêtements, elle et le pokémon devaient avoir commencé la course bien avant la lisière... et ne pas avoir emprunté des chemins déjà tracés ! D'ailleurs quelques feuilles restaient obstinément attachées à ses cheveux malgré sa vitesse de course. Car elle courait vite ! Bien que le pokémon était toujours en tête, j'étais épatée par l'allure à laquelle elle le suivait. En une dizaine de secondes elle s'était éloignée d'une centaine de mètres et elle se rapprochait à une vitesse incroyable du vieux chêne. En effet, ils semblaient se diriger vers un vieux chêne qui bordait le chemin d'où je provenais.
Finalement c'est le pokémon qui atteint l'arbre en premier. Il était maintenant immobile attendant la jeune fille, et je pouvais aisément l'observer bien qu'il soit un peu loin. Il mesurait plus de 1m de haut et bien que je devais probablement le dépasser en taille sa carrure imposante me faisait penser le contraire. Sa fourrure blanche et sa corne bleue en forme de faucille me permirent de le reconnaître assez facilement. "C'est donc un absol, c'est la première fois que j'en vois un en vrai ! Mon père m'avait montré des images mais il est encore plus majestueux en réalité !". Alors que je continuais à l'observer, je remarqua que la fille était à son tour arrivée à l'arbre. Elle reprenait son souffle sous le regard protecteur de l'absol. Lorsqu'elle se retourna, elle m'aperçut et commença à me faire de grands gestes pour m'inviter à approcher.
" - Salut, déclarai-je, arrivée à sa hauteur
- Salut, me répondit-elle en souriant. Désolé pour tout à l'heure, tu viens d'être témoin de ma 68ème défaite contre Absol à la course à pied !
- Défaite ou victoire c'était impressionnant ! Je m'appelle Ariania, je suis arrivé il y a 3 jours à Vermilava.
- Moi, c'est Idalienor !"
A partir de cette après-midi, on s'est revue de plus en plus souvent à la forêt, puis chez elle et chez moi. Toutes deux de caractère "agité", comme disaient les adultes, on passait nos après-midi à courir à l'aventure dans les bois, surveillées inlassablement par Absol (pour, selon moi, son plus grand malheur) et aucun jour ne passait sans que nous découvrions à la forêt quelque chose d'extraordinaire. Nous devenions de plus en plus proches et je la considérais bientôt comme ma sœur. J'ai aussi des très bons souvenirs avec sa mère qui souriait toujours à nos bêtises. Car on en a fait ! Je me rappelle particulièrement d'une blague au pauvre Absol. Comme tous les jours après l'école, nous avions déposé nos affaires chez Idalienor et après avoir attrapé les sandwiches que nous avait préparés sa mère, nous étions parties en courant vers la forêt en se criant que la dernière arrivée devrait refaire l'aller-retour. Cela faisait environ six mois que j'avais emménagé et j'étais maintenant capable de me maintenir à sa vitesse (même si je ne l'avais toujours pas battue). Absol nous suivait de loin, sans doute trop fatigué aujourd'hui pour courir, et nous sommes donc arrivées bien avant lui à la lisière. Je m'étais encore fait battre (et ayant moyennement envie de faire l'aller-retour toute seule) je proposa à Idalienor de faire une petite blague à Absol. Absol était en effet doté d'un fort côté "mère-poule", ce qui avait dû lui valoir d'être désigné comme notre gardien-attitré alors que la famille d'Idalienor possédait d'autres pokémons. Jamais il n'avait failli à cette mission. On décida donc de rentrer dans la forêt avant lui, alors que, normalement nous devions l'attendre, et de se cacher derrière les arbres pour observer sa réaction. Autant vous dire que je ne le referai pas. Si vous avez déjà vu un absol en colère, vous me comprendrez. J'avais trouvé plus impressionnant que mon père en colère. Le plus drôle c'est que Absol était le pokémon de la mère d'Idalienor qui, elle, ne se départissait jamais d'un grand sourire et n'avait jamais élever la voix contre nous, alors qu'en comparaison Absol nous ramena de force à la maison et nous empêcha de ressortir pendant plus d'une semaine. De quoi nous faire passer le goût des blagues ! Ceci dit je n'ai pas non plus trop regretté, car je me rappelle encore de sa tête ahurie quand, après nous avoir cherché désespérément au plus profond de la forêt, il nous avait retrouvées tranquillement assises dans le champ bordant la clairière. J'avais regretté de ne pas pouvoir prendre une photo... son explosion de colère était arrivée quelques microsecondes après et j'avais alors plutôt regretté de ne pas avoir un bouclier. Bref, voilà pour l'anecdote !
Les journées se sont donc ainsi enchainées pendant deux ans : des journées remplies de bonheur, de rire, qui se ressemblaient toutes mais dont on ne se lassait jamais. Mes mauvaises années semblaient être derrière moi, mes contacts avec ma sœur et ma mère étaient de plus en plus distendus tandis que ma complicité avec Idalienor augmentait de jours en jours. J'étais ce qu'on peut appeler une enfant heureuse. Cependant, la vie n'est pas toujours tendre et le destin décida de me faire apprendre ce proverbe.
Peu après mes 10 ans, mon père partit en expédition à Kalos : un confrère l'avait invité à venir visiter les centre pokémons de Illumis et "ce sera l'occasion de partager ses recherches" m'avait-il dit. Il faut avouer que je n'y connaissais pas grand chose, je n'avais jamais mis un pied dans un centre pokémon ou dans son laboratoire et le métier de chercheur pokémon était, à mes yeux, très abstrait. Mon caractère aventurier avait d'ailleurs contribué à me désintéresser totalement de la chose : quel est l'intérêt de rester enfermer dans un laboratoire à "étudier des espèces de pokémons" quand on peut les voir dehors ? Non, franchement je ne comprenais pas la passion de mon père. Ceci-dit, cela ne m'a pas empêché de lui souhaiter bonne chance lors de son départ de Vermilava et de lui assurer que (même si je n'y comprenais rien) j'étais sure que ses recherches étaient passionnantes et qu'elles enthousiasmeraient tous les chercheurs de Illumis.
Il était convenu que je dorme chez Idalienor jusqu'à son retour afin que je ne me sente pas trop seule en son absence. Cela ne fut pas le cas ! Nous passâmes toute la première semaine à explorer une grotte et nous nous sommes tellement amusées que je ne vis pas le temps passer.
Au bout de deux semaines, mon père était censé nous appeler pour nous informer de la date exacte de son retour, mais nous ne reçûmes aucun coup de fil. Les premiers jours, je ne me suis pas inquiétée, mon père était quelqu'un de très distrait : il avait sûrement oublié de nous prévenir qu'il restait plus longtemps. Mais après une semaine, l'angoisse monta, mêlée à une incompréhension totale de la situation. Pourquoi ? Ce n'était pas normal. Mon père n'était pas distrait au point de rompre ses engagements aussi longtemps. Une semaine c'était trop. Beaucoup trop... La mère d'Idalienor se voulait rassurante mais mon sentiment de malaise s'amplifiait de jour en jour. Mon père ne nous avait indiqué aucun contact téléphonique, je n'avais aucun moyen de communiquer, je ne pouvais pas m'assurer s'il allait bien. Pour la première fois, je pris conscience de la distance qui me séparait de ma famille : mon père à Kalos, ma mère et ma soeur dans le Kanto. Même si je brûlais d'envie de les voir, même si j'aurais fait n'importe quoi pour les rejoindre, c'était impossible. L'impuissance que j'avais ressentie lors du divorce de mes parents réapparaissait mais encore plus grave à mes yeux. Je dormais mal, hantée par ces questions sans réponse, espérant toujours entendre la sonnette tinter et découvrir mon père sur le palier. Mon désespoir augmentait de jour en jour et très vite les paroles rassurantes de la famille d'Idalienor n'eurent plus aucun effet. Il faut dire que, bien qu'ils essayaient de ne pas le laisser paraître, les parents d'Idalienor aussi commençaient sérieusement à s'inquiéter jusqu'à en prévenir la police.
Malheureusement, mon sentiment n'était pas erroné et le 20ème jour exactement après son départ, des policiers vinrent nous apprendre que mon père était mort dans un glissement de terrain. Apparemment, une expédition aurait mal tourner à cause de mauvaises conditions climatiques ; apparemment, cet accident aurait fait une vingtaine de morts (toute l'équipe sans exception) mais vu qu'il avait eu lieu dans une région éloignée de la capitale l'information n'avait pas été reléguée jusqu'à nous ; apparemment, les policiers avaient dû mené toute une enquête pour retrouver cette conclusion ; apparemment, l'ami de mon père, qui était aussi le directeur d'un des centres pokémons, était mort aussi ; apparemment, ce centre allait fermer ; apparemment, on ne pourrait pas ramener le corps de mon père ; apparemment, il n'avait pas été retrouvé... "Apparemment", "apparemment", "apparemment", "apparemment" !!!!! Que des mots !!! Pas de preuves, pas d'images !!! Que des mots que tu es censée croire, que des faits que tu es censée accepter !! Comment comprendre que son père est mort quand la dernière fois qu'on l'a vu il était vivant ?! Comment est-on censé surmonter l'épreuve quand on n'arrive même pas à croire la situation ?! Qu'espère-t-on donc comme réaction d'une petite fille à qui on annonce que son père est mort dans un endroit tellement lointain qu'elle ne sait même pas le situer sur une carte ?! Comment peut-on enlever à une enfant l'espoir que la personne qui sonne à sa porte est son père qui rentre en annonçant "Désolé je suis en retard" ?! Comment lui faire comprendre que plus personne ne s'assiéra en face d'elle à table le matin et la regardera s'empiffrer de toasts chauds dégoulinant de confiture ?! Que plus personne ne l'attendra à la maison ! Que lorsqu'elle rentra, il n'y aura que le silence et la pénombre pour lui répondre ?! "Mort" est tellement abstrait que si tu ne la vois pas de tes yeux elle n'existe pas. Mon père était "mort" mais qu'est ce que "mort" veut dire ? Pour moi, il avait juste disparu. Qui sait s'il ne réapparaîtra pas un jour ? Quelqu'un peut-il affirmer que la mort est fatale ? Qui saurait me dire ce qu'il se passe quand on est mort ? Personne ! Alors épargnez-moi vos grands discours ! Non, même pas de corps, même pas une tombe, sa mort était trop éloignée pour être réelle... Je ne me souviens plus de ce que j'ai fait après la visite des policiers, j'ai dû piquer une crise de colère, enchaîner par une crise de larmes, je suppose... Je me rappelle juste de ce flot de paroles qui m'envahissaient la tête, mon père était mort, mon père n'était pas mort, ils mentent, ils se trompent... Je n'arrivais pas à l'accepter, même pas à le concevoir. Après la période de la colère, celle des larmes, après le chagrin, l'incompréhension, après les questions sans réponses, l'automatisme. Je ne me rappelle pas de cette période, je vivais comme un robot, un automate. Quand ma mère est venue me chercher, quand Idalienor m'a dit en revoir, quand je me suis promenée une dernière fois dans le bois, quand je suis arrivé dans mon ancienne maison, quand j'ai revu ma soeur, quand je me suis installée dans ma nouvelle chambre, quand j'ai posé la photo de mon père sur mon bureau, quand j'ai dormi la première fois à Kanto, je n'ai rien ressenti. J'étais vide. J'étais vidée. C'était comme si je n'appartenait plus à ce monde. Je faisais ce que l'on me demandait ou je ne faisais rien, un vrai automate. Deux mois ont passés, dans mon état de somnolence je n'adressais presque jamais la parole avec ma mère et ma soeur. De ce fait je vivais avec deux étrangères. Elles prenaient soin de moi bien sur ! Mais j'étais incapable de les considérer comme ma famille. Ces dernières années, trop éloignées sans doute, nos relations s'étaient amoindries au point que sans mon père pour me le rappeler j'aurais sans doute oublier leur existence. De ce fait, alors que je revenais peu à peu à moi, je me rendais compte que je ne me sentais pas à l'aise dans cette maison avec elles. Elles avaient vécu à deux pendant des années et je me sentais vraiment comme une étrangère dans cet univers.
Assez ironiquement, le problème de la maison fût vite réglé : en effet, trois mois à peine après mon arrivée, on déménageait pour Sinnoh. Cause : mutation, sans plus de détails. Nouvelle destination : Celestia. Autant vous en dire que ce déménagement ne m'a fait ni chaud ni froid, je n'étais pas le moins du monde attachée au Kanto, et Sinnoh, Johto ou Unova peut m'importait. Cependant ce déménagement fût en somme une bonne surprise : là-bas je n'eus aucun mal à me faire des amies, et je recommençais à passer mes journées à l'extérieur. Celestia n'avait pas de forêt mais des ruines. Je redécouvrais la plaisir d'explorer un terrain inconnu, comme la forêt à Vermilava, les ruines promettaient des aventures et des rencontres extraordinaires. Selon certains, il y avait même des pokémons légendaires dans ces vestiges ! Bref, la ville me plût immédiatement. Je passa donc trois années paisibles, mes relations avec ma mère et Eliane s'améliorèrent, bien qu'elles ne redevinrent jamais comme avant le divorce. Quand à Idalienor, nous avions perdu contact, elle m'avait bien envoyé une lettre après mon départ de Vermilava, mais je ne lui avais pas répondu... Je regrettais un peu, elle me manquait souvent mais je ne voyais pas vraiment quoi lui écrire... Je n'aimais pas vraiment reparler du temps où mon père était encore vivant et je ne savais même pas ce qui s'était passé dans sa vie depuis trois ans... J'hésitais et je ne faisais rien, attendant toujours une occasion qui n'arriverait sans doute jamais... C'est à cette époque que Madame est arrivée. Madame c'était notre nouvelle voisine, elle emménagea pendant l'été et ma soeur et moi vinrent l'aider pour ses cartons.
"- Tu as bien le cadeau de maman, me demanda Eliane alors que l'on sonnait à la porte,
- Oui, oui ne t'inquiètes pas, lui répondis-je en désignant la boite que je tenais à la main."
La porte s'ouvrit soudain et une vieille dame en tenue de chantier nous observa pendant quelques secondes, avant de déclarer :
"- Bonjour ! ah je suppose que vous êtes mes petites voisines ! Entrez je vous en prie."
En pénétrant dans la maison, l'atmosphère fit ressurgir un vieux souvenir.. des cartons dans tous les coins des pièces, des affaires étalées sur tous le sol, mon père qui me présente la maison en souriant : "Regarde voici notre petit chez-nous, je suis sûr que nous allons passé là les plus belles années de notre vie !".. Je secoua la tête pour effacer le souvenir et je me concentra sur la vieille dame.
Elle était très joviale, c'était, à mes yeux, une personne gentille et comique et après seulement quelques phrases échangées nous étions tout à fait à l'aise avec elle.
"- Vous remercierez votre mère pour les cookies, ils sont tout bonnement délicieux, déclara-t-elle en nous proposant la boite,
- Bien sûr, la cuisine de maman est la meilleure de toute la ville, répliqua Eliane,
- Et sûrement de tout le pays ! renchéris-je,
- D'ailleurs, vous deux, vous êtes jumelles non ?
- Oui, en effet, mais peu de personnes le remarque car Ariania est trop petite !
- Eh ! J'ai grandi ! C'est surtout que l'on ne se ressemble plus !
- Ce n'est pas à l'aspect physique que l'on devine que vous êtes jumelles, on sent entre vous la grande complicité type des jumelles ! déclara-t-elle."
On n'osa pas lui dire qu'elle se trompait, qu'on ne vivait l'une avec l'autre que depuis 4 ans et que il n'existait pas de "grande complicité" entre nous mais bon elle avait l'air sûre d'elle, elle était gentille et que quelqu'un nous considère comme des jumelles n'était pas désagréable. On passa le reste de la journée à organiser son salon. Et j'y retourna après régulièrement pour discuter un peu avec elle. En effet, elle était passionnée et passionnante : elle vivait pour son métier (elle était archéologue) et je pouvais l'écouter des heures entières. Elle me faisait connaître un monde merveilleux plein d'aventures et d'énigmes. Avec elle, les promenades dans les ruines de la ville ressemblaient à des promenades dans un monde inconnu. Elle me transmettait sa passion : le monde de l'archéologie ressemblait au monde de mes rêves, il me passionnait.
J'ai commencé à sécher les cours pour pouvoir accompagner Madame (personne, même moi, ne connaissait son nom donc tout le monde l'appelait Madame) dans ses explorations, j'étais de moins en moins présente en classe et mes notes étaient en chute libre. Ma mère décida qu'il était temps de faire quelque chose, alors un soir, quand je suis rentrée, elle m'a dit :
"- Pour l'instant, à part si tu en vois une troisième, tu as deux options : soit tu décides de reprendre les cours et de ne garder l'archéologie que comme un passe-temps, soit tu es persuadée que plus tard tu veux devenir archéologue et dans ce cas-là je t'envoie dans une école spécialisée."
Je n'ai pas hésité : "archéologie" vs "école" : winner "archéologie" 100 contre un !!
Devant cette réponse ma mère me tendit une brochure : Pokémon Community. "C'est la meilleure école que j'ai trouvée : elle a une bonne réputation, tu peux y être intégré en cours d'année, elle dispose d'un internat et elle possède un cursus scientifique archéologue." Et comme ça, en quelques jours, mon départ et les formalités ont été réglés. Je quittais Sinnoh à la fin de la semaine, mon billet de bateau était pris, j'étais inscrite comme nouvelle élève à l'école. Avant de partir je décida d'envoyer une lettre à Idalienor : en effet, l'école était beaucoup plus proche de Hoenn que Sinnoh, je pourrai peut-être profiter des vacances pour aller les voir ? Cela faisait tellement longtemps on aura plein des choses à se raconter ! Et puis ça me ferait plaisir de les revoir elle et ses parents !
Vint le moment de départ : je dis en revoir à ma mère et ma sœur en leur promettant de leur envoyer des nouvelles dès que je serai arrivée, je passa également saluer Madame, elle m'avait aidé à apprendre les basiques d'archéologie pendant la semaine : ils allaient tous me manquer. Cependant, quand je quittai Celestia ce n'était pas de la tristesse que je ressentais mais de l'excitation ! Je suis souvent partie de chez moi pour d'autres régions mais jamais seule. Cette fois je suis seule, c'est mon aventure ! J'ai hâte d'y être !