Enju Kōmei
Nom. Kōmei
Prénom. Enju
Âge. 26 ans
Région d'origine. Johto
Ambitions futures. Toiletteur Pokémon
La vie est un chapelet de petites misères que le philosophe égrène en riant.
évolution envisagéeGrade 0.Apprenti Toiletteur
Tout juste arrivé dans le Salon de Toilettage, l’apprentissage du métier commence ! Les erreurs ne manquent pas mais les employés sont toujours là pour rattraper la situation. Après tout, on apprend aussi en faisant des erreurs.
Grade 1.Employé au Toilettage
Fini l’apprentissage, place à l’expérience ! Les différentes facettes du toilettage sont connues mais les gestes restent scolaires. Un employé comme les autres, au travail ni remarquable, ni pour autant mauvais.
Grade 2. Toiletteur Confirmé
Les gestes se font plus assurés, plus gracieux. Pokémon et clients apprécient le travail et reviennent volontiers. Les collègues ont confiance et n’hésitent pas à glaner quelques conseils. Quand on aime son travail, on le fait bien !
Grade 3. Responsable des Équipes
Le professionnalisme a été reconnu et la maîtrise des différentes facettes du toilettage permet de gérer les équipes du salon en vogue. Clients et collègues apprécient le travail bien effectué et étudié pour la meilleure efficacité.
Grade 4. Expert Toiletteur
Les clients et leurs Pokémon viennent de tous les coins pour pouvoir apprécier un travail d’expert ! Le travail est reconnu, une véritable référence dans le monde du toilettage des Pokémon !
Grade 5 et 6. Gérant du Salon de Toilettage
Devenir gérant d’un salon de toilettage, le rêve de tout bon toiletteur ! S’il faut gérer tout le magasin, ça n’empêche quand même pas de s’occuper soit même des Pokémon de certains clients, pour leur plus grand plaisir.
Description
À travers la haie de bambous qui enceint la propriété des Kômei, cachant sommairement la maison et ses habitants de la vue des curieux, il est difficile de ne pas le voir. Assit sur l’Engawa côté jardin de la maison familiale, ses jambes pendant dans le vide, tout son être semble se démarquer de cette estampe japonaise tout en s’y fondant à la perfection. Enju Kômei. Alors qu’il caresse d’une main distraite un Miaouss roulé en boule à côté de lui, tournant de l’autre main les pages du livre posé sur ses genoux, un sourire flottant sur ses lèvres, il semble être le calme même dans ce cadre évoquant la paix à tous les niveaux. Seul contraste dans ce tableau, le jeune homme se démarque par ses cheveux rouge brique, flamboyants sous les rayons du soleil, héritage paternel qu’il porte un peu en dessous des épaules, rabattus sur le côté droit de son visage, agrémenté de quelque décoration singulière. Couplés à ses yeux qui reflètent plusieurs nuances d’une couleur proche de l’abricot clair et à son Kimono assorti à ceux-ci, il semble posséder une aura surnaturelle, comme s’il n’appartenait ni à ce monde, ni à ce temps.
Ce dernier point semble d’ailleurs confirmé par son comportement à certains égards. Les voisins qui l’ont vu grandir le décrivent facilement comme étant un garçon excentrique, préférant la compagnie des Pokémon et des livres que de celle des autres personnes. De ces livres, il semble d’ailleurs avoir retiré un semblant d’esprit chevaleresque. S’érigeant comme le défenseur des dames et le protecteur des faibles, il n’hésite pas à se ridiculiser en jouant le chevalier, mimant une épée avec un bâton et s’exprimant avec un langage passé n’existant plus que dans les livres. S’il fait ça avant tout pour s’amuser et amuser la galerie, ça ne manque pas de finir par exaspérer ou par agacer, sachant qu’il lui arrive régulièrement d’utiliser cette comédie pour des situations exigeant un sérieux important. Un comportement loin d’être digne d’un adulte qui fait se demander comment il peut progresser dans la vie.
Mis en scène excentriquement, ce comportement chevaleresque n’en est pas moins l’expression de son caractère. Au fond de lui se trouve une réelle et sincère envie d’aider autrui et ceux qui peuvent être dans le besoin, qu’ils soient humains ou Pokémon. Dans le voisinage, il est bien connu comme étant quelqu’un toujours prêt à donner son temps si quelqu’un le lui demande. Et si ce quelqu’un est une femme, il y mettra davantage d’ardeur, toujours prompt aux compliments charmeurs.
Forts de cette description, on aurait pu se l’imaginer revêtu d’une armure éclatante et d’une longue cape, déclamant des discours passionnés pour faire entendre sa voix, mais cette image est vite effacée car les enfants du quartier assurent que, même s’il apprécierait de porter un tel accoutrement de temps en temps, il est trop frêle pour supporter le poids d’une véritable armure. Aussi, disent-ils, il s’habille normalement ou presque. « Normalement », disent-ils. Mais ces enfants qui s’habillent de vêtements traditionnels ont-ils la même notion du normal ? Visiblement non, car les vêtements d’Enju, s’ils sont aussi traditionnels que ceux des enfants, n’en sont pas moins étranges pour un non-natif de Rosalia. Kimono et Yukata semblent peupler sa garde-robe, aussi bien ceux en soie, brodés à la main, transmis de génération en génération et auxquels il apporte le plus grand-soin que ceux de moindre qualité, plus fantaisistes, vendus à bas-prix généralement aux touristes de passage. Parait-il, à certaines occasions, il lui arrive de porter d’autres types de vêtements mais, a-t-on rapporté ses mots, il préfère le confort des Kimono à l’étroitesse des pantalons.
Tout le monde s’accorde à dire qu’il est très attaché aux traditions et qu’il les pratique volontiers, ayant appris les danses, les chants et les instruments traditionnels. Né dans une ville qui en est pleine et d’une famille qui y vit depuis probablement toujours, on pourrait ne pas s’en étonner mais il n’est pas rare de voir les jeunes gens s’en détourner, disent les plus vieux. Néanmoins, Enju est l’opposé de ces jeunes. Ayant toujours baigné dans les traditions, il s’est forgé une assiduité remarquable quant à la réalisation de ces coutumes et à leur préservation. Ainsi a-t-il un grand respect, presque exacerbé, envers les aînés, envers les Pokémon, envers la nature… En réalité envers tout ce qui fait l’objet de ses coutumes et rituels, si bien que souvent, ses actions et fils de réflexion semblent étranges, insondables, aux yeux des non-initiés, et parfois même à ceux qui pratiquent les mêmes traditions.
Peut-être est-ce une conséquence de ces traditions qu’on lui a inculquées, il a pour réputation d’exécrer les combats Pokémon. À ses yeux, obliger les Pokémon à se battre et un crime, et si les humains veulent les faire combattre, Enju préconise qu’ils se battent eux-mêmes avant tout. Ainsi refuserait-il tout combat, rigolant aux injonctions le traitant de couard et de dégonflé, y répondant en proposant un combat « de dresseurs ». Rare sont ceux ayant déjà accepté sa proposition mais la rumeur prétend que jamais encore ne s’est-il fait mettre à terre par les téméraires qui aurait acceptés de se battre. Après tout, il est de notoriété publique que ce jeune homme a appris à se battre auprès de quelques maîtres d’arts martiaux traditionnels de Johto et s’y entraine avec ardeur chaque matin, laissant des muscles bien dessinés sur son corps. Sa seule motivation et d’éviter à ses Pokémon d’être blessés, n’hésitant pas à se blesser à leur place si nécessaire.
Cependant, cette aversion pour les combats, il ne cherchera jamais à l’exprimer s’il n’en est pas obligé. Il se fait toujours discret sur ce qu’il pense et ressent, n’en parlant que si on le lui demande, n’affirmant jamais ses opinions sans cela. Ainsi le trouve-t-on un peu insipide et peut-être en est-ce une conséquence, mais il semblerait que jamais n’a-t-il noué de vrai lien avec qui que ce soit. Au fond de lui, il doit se sentir bien seul, même si sa bonté, sa capacité à écouter les autres et à défendre les autres a de quoi le rendre populaire. De plus, s’il apprécie aider les autres, lui-même ne cherche jamais d’aide, n’exprime jamais s’il a besoin d’aide, préférant s’en occuper seul dans son coin.
Au-delà du dégoût des combats, le fait d’avoir grandis dans un quartier traditionnel, ancré dans l’ancienne culture, a eu sur lui un effet que l’on peut retrouver chez les personnes âgées. Tout le monde s’accorde à remarquer qu’il est très mauvais avec la technologie, s’émerveillant pour des objets ancrés depuis plusieurs années dans la vie quotidienne de tout un chacun et plus que ça, ne sachant pas les utiliser. Autant cela amuse que cela exaspère, lui-même préfère se passer de la technologie tant qu’il en a la possibilité mais se voit parfois obligé de demander de l’aide pour de simples tâches.
Ses premières amours besogneuses furent l’élevage des Pokémon mais il n’y resta pas longtemps, dépassant à peine le stade des études et de l’apprentissage. Si tout d’abord il s’occupait volontiers des Pokémon pour autrui, appréciant le contact de tant de Pokémon différents auprès desquels il en apprenait toujours plus, il fut rapidement déçu par la mentalité des clients qui ne s’intéressaient aux Pokémon qu’il élevait avec amour uniquement pour le combat, dénigrant volontiers si les performances n’étaient pas aux rendez-vous. C’était ainsi qu’Enju voyait les choses et son abandon déçu ses proches qui s’imaginer déjà voir une pension Pokémon ouvrir dans leur chère ville.
L’apprentissage de l'élevage ne fut cependant pas une perte de temps à ses yeux. Pendant celui-ci, il découvrit une merveille de la nature qui le fascina : les Pokémon chromatiques. Ces Pokémon aux allures particulières, aux couleurs différentes de celles de leurs autres congénères, semblaient lui avoir retourné le cerveau. Ses voisins n’en pouvaient plus. Lorsqu’il en avait vu un pour la première fois, sorti d’un œuf de la pension où il était en apprentissage, il n’avait cessé de le prendre en photo, et bien entendu, de les montrer à tout le monde. Parait-il, ceci fut le point de départ de deux passions : la photographie qu’il exerce en amateur, n’hésitant pas à envoyer de temps à autres certains de ses clichés à des concours proposés par des magazines, et le Shiny Hunting, la recherche des Pokémon chromatiques. Quant à ce dernier point, une différence de taille se fait entre lui et la majorité des autres passionnés. S’il les recherche, ce n’est pas pour les capturer avec des Poké Ball, mais uniquement avec son appareil photo, préférant les laisser vivre en liberté et en prendre des photographies plutôt que de les avoir dans des Poké Ball.
En parlant de Poké Ball, Enju est de ceux qui n’aiment pas garder ses Pokémon enfermé dans leurs Balls. Il préfère laisser ses amis à quatre pattes libres de se balader aux grés de leurs envies et ne les enferme que si nécessaire. Si lui-même n’en voit pas l’utilité, il peut comprendre que certaines personnes, notamment celles possédant des Pokémon imposants, préfèrent les transporter dans des Poké Ball. Mais les Poké Ball, ce n’est pas pour lui, aussi bien pour y mettre ses Pokémon que pour en capturer des nouveaux, sachant que les trois qu’il possède lui causent déjà assez de soucis.
Et tout cela, ce n’est que ce que les autres ont dit. Commérages, est-ce vraiment vrai ou un peu exagéré ? Une seule façon de le savoir : allez donc rencontrer Enju Kômei et discuter avec lui !
Histoire
Couché, à la façon d’un chat, les pattes repliées sous le corps, sur le bois de la terrasse, l’Évoli bâilla. De toute évidence il avait envie de dormir. Sa contrariété quant à la question que l’on venait de lui poser était visible à ses oreilles. Si l’une des deux était encore dans une position normale, l’autre était tirée en arrière, légèrement penchée sur le côté.
« Qu’est-ce qui vous a fait migrer ici, toi et ton dresseur ? » C’était pourtant une question somme toute banale qui n’était censé n’avoir rien d’agaçant. Mikado dévisagea son interlocuteur Pokémon quelques secondes avant de répondre.
« Ce n’est pas mon « dresseur », c’est mon « frère ». » Il soupira puis leva les yeux au ciel en voyant l’air interloqué de l’autre Pokémon. Personne ne comprenait jamais ce fait, et pourtant, même s’ils ne sont pas de la même race, Mikado considère Enju comme son frère, non comme un dresseur, et il savait très bien qu’il en est de même pour l’humain.
« Mais puisque tu veux savoir, je vais te raconter. Touuut depuis le début. Peut-être que tu comprendras mieux ainsi. »
Une lueur malicieuse brillait dans les yeux du Pokémon évolutif. Il aimait raconter son histoire et celle de son frère, les deux étant étroitement liées par le fait qu’ils étaient toujours ensemble. Par ce long récit, il espérait que les autres Pokémon puissent comprendre et accepter le lien fort qui unit les deux. Et puis, ça permettait aussi de répondre à la question posée.
« Tout ça a commencé il y a fort fort longtemps, alors que je n’étais même pas encore un œuf, et que toi non plus probablement. » Comme Enju le faisait de temps en temps, Mikado avait décidé de déclamer son histoire sur le ton d’un conteur racontant une ancienne légende. Il savait que ça ne durerait pas, qu’instinctivement il reviendrait à un ton plus commun puisqu’il n’a jamais été bon à ce genre d’exercices.
« À l’époque mon père faisait des prestations dans la salle de danse de Rosalia, accompagnant une humaine du nom de Mariko. C’était une humaine aux longs cheveux noirs soyeux et aux yeux qui faisaient penser à deux baies Pecha bien juteuses… » Il s’arrêta un instant, bavant légèrement à l’idée de planter ses crocs dans une douce baie Pecha.
« E-et mon père était un fier et gracieux Pyroli à la fourrure flamboyante plus douce qu’une fourrure de Pashmilla. Tous deux s’entendaient à merveille et vivaient dans une harmonie que tout le monde leur enviait, de plus, il étaient grandement admirés dans leur travail et connus à travers le monde entier ! » L’exagération dans les propos de l’Évoli était palpable, et il le savait, mais fit cependant comme si de rien était. Puis soudain, pour continuer ses propos, il prit un ton et un air dramatique.
« Jusqu’à-ce qu’un jour ! Un jour… Un vil mâle humain et son perfide acolyte Roucoups débarquèrent de nulle part pour tenter de dérober l’humaine de mon père ! Cet humain, ses cheveux étaient d’un rouge indicateur de sa malveillance et ses yeux reflétaient ses mauvaises intentions vis-à-vis de Mariko… Alors que les admirateurs des deux danseurs ne faisaient que les saluer à la sortie de la scène, lui les attendait à la sortie de leur loge ! Heureusement, ni Mariko, ni Pyroli, ne se laissèrent abuser par cet humain, mais il était persistant, têtu comme une mule, et revint chaque jour tenter d’accomplir sa sinistre besogne. Jour après jour, ni mon père, ni son humaine ne cédèrent face à lui. » Il marqua une pause et poussa un léger soupir. À le voir, il avait presque pu sembler croire qu’il a vécu ce moment et qu’il se rappelait d’un mauvais souvenir.
« Les deux héros faisaient de leur mieux pour résister au vil humain jusqu’à un soir où, alors qu’ils rentraient chez eux, des renforts arrivèrent ! Un vaillant Caninos et son humain en bleu étaient venus pour sauver Pyroli et son humaine ! Mais horreur ! Désespoir ! Mariko s’érigea pour qu’on n’emporte pas son offensant ! Quel coup du sort ?! Quelle dérive du syndrome de Stockholm ?! »
Une nouvelle pause de la part du Pokémon, durant laquelle il ferma les yeux. Encore une fois il émanait de lui une sensation d’agacement, qui pouvait parfaitement se comprendre si l’on en croyait l’histoire qu’il racontait. L’air de théâtralité avait disparu lorsqu’il posa à nouveau ses yeux sur son interlocuteur et sa voix était devenue plus neutre.
« Et donc ils se marièrent. » Quoi ? Comment ?! Combien de chapitre ont été oubliés avec une seule phrase ?! Mais un tel bond ne semblait pas déranger Mikado qui faisait comme si rien de particulier ne s’était produit et continuait son récit.
« L’humain en question, dont le nom était Tsubasa, épousa l’humaine de mon père, ce qui ne manqua pas d’agacer celui-ci. Il n’aime pas Tsubasa. Il ne l’a jamais aimé et depuis ça ne s’est pas amélioré. Mais entre faire avec ou quitter sa chère et tendre Mariko, le choix était vite fait. Il fit avec. »
Un petit sourire se dessina sur le visage de l’Évoli. Visiblement, ses souvenirs l’amusaient. Pour peu, on aurait pu croire qu’il se moquait de son père après avoir parlé de sa voix.
« Puis bientôt c’est là que nous arrivons, Enju et moi. Mariko et Tsubasa vivaient ensemble depuis plusieurs années quand elle finit par avoir un œuf dans son ventre. C’est bizarre les humains, ça ne pond pas les œufs, ça les fait éclore dans le ventre… Mais bon. À peu près dans la même période, mon œuf arriva chez les deux humains. Où est-ce que mon père l’a trouvé ? On n’en sait rien. Mais il était là. J’étais là. »
Nouvelle pause. Mikado était intrigué, il se demandait d’où venaient les œufs de Pokémon. À dire vrai il n’y avait jamais pensé, il n’y avait jamais réfléchit, mais ça l’étonnait. Il savait que pour les humains il fallait un mâle et une femelle, mais pour les Pokémon ? Il n’avait pas de maman, alors fallait-il vraiment un mâle et une femelle comme le disaient les humains ? Ou bien les œufs de Pokémon apparaissent-ils ailleurs ? Dans le sol peut-être ? Et les Pokémon les sentent et les déterrent. C’était une explication plausible, se dit-il. Finalement, il accepta cette explication comme étant la vérité.
Arrivé à sa conclusion, il reprit enfin, tout fièrement.
« On est nés tous les deux presque en même temps, mais c’est quand même moi l’aîné ! Enju et moi, on ne se lâchait pas. On ne s’est jamais lâchés ! » Le Pokémon avait totalement abandonné tout air théâtrale, préférant s’exprimer de façon enthousiaste puisque les souvenirs qu’il évoquait le rendaient joyeux.
« Enfants, Mariko habillait Enju avec des Kimono et des Yukata et elle m’habillait avec des rubans et des nœuds. Si papa ne voyait aucun problème à ces faits, Tsubasa, lui, craignait que d’habiller son fils ainsi finisse par lui donner l’habitude de s’habiller comme une femelle lorsqu’il serait plus âgé. Elle répliquait qu’elle ne le ferait que tant qu’il ne serait qu’un bébé, qu’il n’aurait pas le temps d’y prendre goût et que de toute façon, à son âge, il ne faisait pas encore la différence entre ces vêtements ou d’autres, des vêtements de femelles et des vêtements de mâles, ajoutant qu’il était trop mignon vêtu ainsi.
Et elle n’était pas la seule à le trouver adorable ainsi. À la salle de danse où on passait nos journées, toutes les humaines nous trouvait mignons, et même les collègues de mon père. Quelle popularité nous avions déjà alors que nous étions encore si jeunes… » Il soupira et rougit un peu.
« Même si je n’étais pas destiné à devenir danseur comme Pyroli, puisque Enju était un mâle et non une femelle, il m’a quand même apprit à danser, ainsi que les autres Pokémon de la salle de danse. J’étais doué, disaient-ils tous, surtout Voltali. Elle disait que c’était dommage que mon humain soit un mâle, sinon j’aurais pu suivre les traces de mon père… D’autant plus que, si Enju ne savait pas encore se déplacer sur deux pattes, il commençait déjà à connaître par cœur les mouvements de danse des humains. » La fierté se lisait sur son visage tandis qu’il levait la tête et que ses oreilles descendaient légèrement à l’arrière de sa tête.
« Puis bientôt il eut l’âge d’aller à l’école. Ses parents l’envoyèrent dans une école primaire du quartier où nous vivions. À partir de ce moment, nous n’étions plus si souvent ensemble puisque l’école n’était pas ouverte à l’accueil des Pokémon. Alors je passais mon temps à l’attendre dans la salle de danse, avec papa et Mariko. Même si je jouais et j’apprenais avec Voltali et les autres, ce n’était pas pareil qu’avec Enju. Je m’ennuyais sans lui. Puis quand venait l’heure pour lui de sortir de l’école, je me dépêchais d’être là, à l’attendre à la sortie, heureux de pouvoir le retrouver. » Sa queue s’agitait légèrement à la réminiscence de ces souvenirs.
« Alors qu’il grandissait, Mariko l’habillait toujours avec des Kimono et des Yukata et il en redemandait même. Tsubasa, bien sûr, n’appréciait pas ça et tentait de changer les habitudes de son fils en vain. Alors au moins, il l’obligeait à se vêtir de modèles pour hommes, un bon compromis auquel ils sont arrivés et auquel Enju s’est toujours tenu depuis.
Ça me rappelle qu’Enju et moi n’avons combattu qu’une fois, alors qu’il était en école primaire. Alors que nous revenions de l’école et qu’il me racontait ce qu’il avait fait de sa journée, un de ses camarades de classe et le Roucool qui l’accompagnait nous défièrent. Nous ne nous étions jamais battus avant, alors on se devait d’essayer, puisque les combats Pokémon semblent être le sport international par excellence. Le déroulement du combat ne m’est pas resté en mémoire, mais au fond ça importe peu. Je me souviendrais toujours de l’air horrifié d’Enju lorsqu’il a fait arrêter le combat. Il avait les larmes aux yeux lorsqu’il vint me prendre dans ses bras. L’autre garçon ne comprit pas pourquoi le combat s’arrêtait, il ne comprit peut-être jamais, mais ça ne l’empêcha pas de traiter Enju de dégonflé, de lui dire qu’il comprenait maintenant que s’il s’habillait en Kimono c’était bien parce qu’il était une fillette. Je lui aurais volontiers fait ravaler ses paroles à coups de crocs mais je ne voulais pas quitter l’étreinte de mon frère.
Sur le chemin de retour à la maison, il m’expliqua ses raisons pour avoir mis fin à l’affrontement. Entre deux sanglots, alors qu’il me caressait d’une main tremblante, il me disait qu’il n’aimait pas me voir si violent, qu’il ne souhaitait pas me voir blesser, ou me voir blesser d’autres Pokémon. Ajouta-t-il, les combats de Pokémon devraient être interdits, que c’était criminel d’obliger les Pokémon à se battre entre eux, qu’il ne me ferait plus jamais me battre. Et en effet, depuis je ne me suis plus jamais battu, et à mes yeux, ce n’était pas plus mal, car quand je vois les Pokémon qui se battent, dehors ou à la télévision… Je n’ai pas envie de finir comme eux ! » Lui-même horrifié par cette perspective, il secoua la tête vivement. C’était tout de même étrange, pour un Pokémon, de ne pas vouloir de combat, sachant que la plupart vivait en combattant.
« Cependant, si je ne me battis plus, il en fut différent pour mon frère. Généralement, si les humains veulent se battre, ils le font par l’intermédiaire des Pokémon qui les accompagne. Mais Enju, pour sa part, a décidé que si combat il doit y avoir, ce devait être aux humains de se battre, et non aux Pokémon de combattre entre eux pour les humains. Ainsi, il a pris des cours auprès d’autres humains, auprès d’adultes qui savaient se battre. Il voulait apprendre à se battre lui aussi, même s’il ne devait jamais mettre ses capacités à l’épreuve. Je venais avec lui, à ses cours qui se passaient après sa journée d’école. Je regardais ce qu’ils faisaient, comment ils se débrouillaient pour se battre, et je voyais que c’était bien différent de la façon dont nous, Pokémon, nous battons, et ce ne sont pas des mouvements qu’un Pokémon comme moi peut effectuer.
Mais, apprendre à se battre, ne l’a pas aidé à se faire des amis. Que ce soit à l’école primaire, où l’histoire de son abandon avait fait du chemin et n’avait pas arrangé sa réputation qui n’était déjà pas très reluisante puisqu’enfant il était plutôt timide, ou au collège où les combats Pokémon avaient trop de succès pour lui laisser une chance. Je n’avais pas d’amis non plus, mais pour moi, c’était moins important. Enju était néanmoins doué à l’école, faute d’être populaire. Alors pour passer le temps, il a commencé à se plonger dans les livres qui traînaient à la maison. Moi, je ne comprends rien à ce qui y est écrit, les livres ce n’est pas pour les Pokémon s’il n’y a pas d’image. Mais puisqu’Enju sait lire ces traces qui me sont incompréhensibles, il me lisait ces histoires. C’était des histoires sur de braves humains et de braves Pokémon dont certaines se passaient dans un monde qui n’est pas le nôtre ou qui y ressemble. J’aimais écouter ces histoires, et lui, aimait les lire. » Une pause. Était-il triste de la situation qu’avait vécue son compagnon humain ? Ou bien repensait-il à ces histoires qu’on lui racontait ? Son visage reflétait une douce mélancolie indéchiffrable tandis qu’il se nichait plus confortablement sur le bois.
« Derrière notre maison de Rosalia, il y avait un jardin bordé par une haie de bambous. Derrière cette haie, il y avait une ruelle qui circulait entre les maisons. Souvent des enfants et des Pokémon y passaient, même s’ils ne venaient jamais s’amuser avec nous. Un jour, nous étions sur l’Engawa donnant sur le jardin, Enju lisait, je l’écoutais. Puis soudain, nous entendions des cris, des pleurs et des rires. Intrigués, alertés, nous sommes sortis du jardin plutôt timidement pour voir ce qui troublait notre tranquillité. Ce que nous avons trouvé, une fille qui se faisait embêtée par un garçon sans que personne ne fasse rien. Alors Enju prit un bâton qui traînait et le pointa vers le garçon ! »
L’Évoli se mit sur ses quatre pattes, pointant sa patte droite avant dans le vide devant lui, l’air en colère.
« « En garde mécréant ! Grand mal vous a fait de venir marauder sur ces terres ! » C’était les mots qu’Enju avaient lu dans le livre que nous lisions juste avant d’être dérangés. À l’époque, nous ne comprenions pas tout, mais nous étions conscients qu’il était question de punir un vilain garçon. Que ce soit la fille ou le garçon, ils en étaient bouche bée. Peu assuré, le garçon tentait de se montrer méchant, mais Enju répliquait avec un ton de chevalier outré et des phrases pleines de mots que ni l’un ni l’autre ne comprenaient et qui n’étaient pas forcément dans le contexte. Finalement, Enju fut vainqueur de la rencontre par abandon, puisque le garçon parti en traitant Enju de bizarre et de cinglé. Cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Il était juste content d’avoir vaincu, d’avoir gagné son premier combat. Puis, il se tourna vers la fille, avec un grand sourire, et s’inclina comme un gentleman en lui disant quelques mots rassurants et charmeurs tels qu’il avait pu en lire dans ses livres. Elle aussi le regarda bizarrement et le traita de cinglé avant de partir. Ça, par contre, ça ne le laissa pas indifférent. Il me dit que ça faisait mal d’être rejeté par la personne qu’il venait de sauver. » Plus calme, le Pokémon quadrupède se recoucha doucement sur la terrasse, recherchant la chaleur de la place qu’il avait délaissée.
« Malgré la réaction des autres humains de son âge, il apprécia cette sensation d’accomplissement que l’on ressent lorsqu’on aide quelqu’un. Alors, il se décidé à devenir un chevalier, un bon samaritain aidant les âmes en peine. Ses âmes en peine étaient les voisins de quartier, ceux qui avaient du mal à porter leurs courses, qui n’avaient pas le temps de s’occuper de leur jardin, qui avait des difficultés à effectuer certaines tâches. Bientôt on vint même le trouver pour lui demander de l’aide, ce qui ne plut pas à Tsubasa, mais Mariko ne voyait pas le mal dans l’avidité de son fils à aider les autres. À force, il devint compétent dans divers domaines tels que le jardinage, le bricolage et d’autres choses de la vie de tous les jours ou un peu moins communs. J’aurais bien aimé l’aider mais bon, c’est difficile pour un Pokémon comme moi de, par exemple, changer une ampoule. Mais je faisais ce que je pouvais.
Et puis… » Soupire. Le souvenir de l’Évoli ne semblait pas particulièrement lui plaire mais il continua son histoire.
« Nous continuons de grandir, et bientôt Enju atteint la période de sa vie qui est nommée l’adolescence. Il commençait à faire plus attention à comment il s’habillait et ce à quoi il ressemblait, choisissant avec soin ses tenues, faisant attention à ses cheveux qu’il commençait à porter d’une longueur relative. En plus de ça, il devenait plus sociable avec les autres humains qui semblaient s’intéresser davantage à lui, surtout les femelles qui le trouvaient gentil, aimaient son côté serviable et chevaleresque lorsqu’il n’en faisait pas trop. Bien sûr, ma présence aidait à sa popularité. Un garçon avec un Évoli, ça fait toujours son petit effet.
Au fur et à mesure qu’il passait du temps avec ses amies, les petites-amies qu’il a pu avoir, il me délaissait, s’occupait moins de moi, ne me lisait plus tant d’histoires… Trop souvent je me sentais seul, même quand j’étais avec lui, car soit il était accompagné et avait son attention pleinement tournée vers ses nouveaux amis, soit je le savais avoir l’esprit ailleurs.
Et même lors de nos promenades régulières, seuls tous les deux, je ne pouvais pas me dire qu’il appréciait vraiment ma compagnie, comme s’il voulait être n’importe où ailleurs qu’ici avec moi. Mais ceci ne dura qu’un temps et ce retour à son état normal fut probablement initié par une rencontre des plus inattendues.
C’était lors d’une de nos promenades habituelles. Comme nous le faisons souvent, nous nous baladions hors des chemins battus qui entouraient Rosalia. Ces promenades avaient toujours été ponctuée de rencontres avec d’autres Pokémon ou des saluts bruyants. Cependant, ce jour-là, les cris que nous entendions n’étaient pas les salutations que nous avions l’habitude d’entendre. Au contraire, c’était des miaulements des plus déchirants, des pleurs, des appels au secours… En source de ces cris, nous avions trouvés un Miaouss paniqué, aux côtés d’un Persian gravement blessé qui semblait être sur le point de rendre l’âme.
Tout de suite Enju s’est précipité aux côtés du Pokémon, comme l’homme au grand cœur qu’il a toujours été, et a prodigué les premiers soins à celui-ci, n’hésitant pas à déchirer des bandes de tissu de son Kimono pour en faire des bandages et panser les plaies du Persian. Mais il fallait aussi compter avec le Miaouss qui n’appréciait pas du tout la présence de cet humain au côté de son frère. Malgré tout ce que je pouvais faire pour l’en empêcher, ce Miaouss s’attaquait à mon frère pour protéger le sien, lui enfonçant crocs et griffes dans le bras alors que tout ce qu’il voulait faire c’était sauver ce Pokémon. Heureusement, Enju tenait bon mais il avait le bras tout ensanglanté lorsqu’il ramena les deux chez nous. » Pendant ce récit, le visage du Pokémon était passé par plusieurs expressions. De l’ennui à la tristesse, puis l’horreur et le trouble. On pouvait très bien voir que ce qu’il avait vu et vécu l’avait choqué, il se tassait un peu sur lui-même. Après quelques secondes de silence, il secoua la tête et reprit.
« Enju aurait très bien pu apporter ces deux Pokémon auprès d’un centre. Ils se seraient très bien occupés d’eux là-bas et les auraient soignés convenablement, mais… Cet idiot a toujours préféré faire les choses lui-même. Bien sûr, je n’ai pas questionné sa décision. Moi-même, très inquiet pour eux, je voulais m’assurer de leur rétablissement. Nous nous sommes occupés d’eux, de Persian surtout, comme nous pouvions. Petit à petit, il a guérit, sous les soins, la protection et les attentions d’Enju. Il avait recommencé à prendre soin de moi, de nous, comme il se le devait. Certes il ne délaissait pas ses amies humaines, mais il les voyait moins souvent et surtout, n’y pensait plus tout le temps.
Persian et Miaouss ne quittèrent plus la maison. Ils furent nommés respectivement Mejojo et Auger. J’avais un peu peur qu’avec ces nouveaux arrivants Enju me délaisse un peu plus, que notre relation privilégiée change drastiquement, mais il n’en fut rien. S’il s’occupait certes d’eux, je restais son frère bien aimé et son confident privilégié. Et puis, je me suis rapidement bien entendu avec eux deux et ils appréciaient Enju. Mejojo était reconnaissant envers nous de l’avoir soigné et de leur avoir donné un toit où vivre, et Auger était surtout heureux que l’on s’occupe bien de son frère. » Il regarda dans le vague, ajoutant comme pour lui-même qu’il avait toujours trouvé qu’Auger était trop protecteur envers son frère et que ça en était presque inquiétant.
« Les études principales d’Enju arrivaient à la fin et tout le monde lui rabâchait les oreilles avec la même question : qu’est-ce qu’il allait faire après ? Mariko et Tsubasa s’inquiétaient beaucoup et Enju était lui-même touché par une angoisse croissante de savoir ce qu’il allait faire de sa vie. L’avancée des jours lui était difficile, il redoutait le lendemain et devenait un peu plus sombre chaque jour. Il me faisait peur et je ne comprenais pas pourquoi il se mettait dans cet état-là. Moi qui n’avais pas besoin de travailler, je ne comprenais pas pourquoi les humains devaient s’embêter autant pour trouver un emploi, surtout que, d’après ce que j’avais compris, les humains ne travaillaient pas avant d’avoir terminé leurs études, et Enju n’avait pas encore terminé les siennes puisqu’il était question qu’il change d’établissement.
Puis un jour, il se décida. Alors que nous étions tous attablés pour le repas, il nous dit, à Mariko, Tsubasa, Pyroli, Roucoups, Auger, Mejojo et moi, qu’il avait décidé de ce qu’il voulait faire comme métier. Son choix s’était porté sur le métier d’éleveur. Il avait d’ores et déjà envoyé son dossier d’inscription à une école à Doublonville et avait été retenu pour faire partie de ses élèves et avait même trouvé un éleveur pour le prendre en apprentissage. Tout le monde fut étonné, car personne ne l’avait vu s’activer pour faire tout ça, personne ne s’en était douté, surtout pas moi qui était toujours avec lui. Pour justifier son choix, il nous indiqua qu’il avait toujours aimé s’occuper de Pokémon, chose à laquelle personne ne pouvait trouvé à redire, et qu’alors le choix était assez simple, il s’occuperait de Pokémon pour son travail. C’était si soudain, et tout était déjà réglé, nous étions tous bouche bée mais heureux qu’il ait pu trouver sa voie. » A le voir, ce souvenir le choquait visiblement. Était-ce le métier choisi ? Ou le fait que celui qu’il considérait comme son frère avait tout fait dans son coin, sans en avoir parlé à qui que ce soit, surtout pas à lui ?
« Les études qu’il faisait, elles me plaisaient tout autant qu’à lui. S’il passait une semaine à l’école, là où bien sûr je n’avais pas le droit d’aller, il passait la semaine suivante chez un éleveur qui lui apprenait son travail. Et là-bas, je l’accompagnais, Mejojo et Auger venaient aussi de temps en temps. Ça lui plaisait beaucoup, à Enju, de travailler avec les Pokémon, d’en rencontrer d’autres, et nous aussi. Nous nous amusions bien et découvraient d’autres Pokémon, d’autres façon de vivre avec les humains.
Mais au bout de quelques mois déjà, il commençait à ne plus apprécier certains aspects de son travail. Il ne disait rien, mais je voyais bien que ça ne lui plaisait pas totalement. Je crois que ce sont les dresseurs qui venaient pour s’offrir leurs services qui le dépitaient. Leur objectif est d’avoir des Pokémon forts et performants en combat, et le combat est une chose que méprise Enju, il aurait probablement aimé ne pas voir autant de dresseurs venir uniquement pour ça. Prendre soin des Pokémon, s’assurer de leur bien-être, était ce qui lui importait le plus. Mais apparemment, la réalité du métier tournait parfois un peu trop autour de leur entrainement au combat.
Néanmoins, malgré son mal-être grandissant dans sa formation, il la continuait. Fort, il passait outre ses sentiments. Peut-être se disait-il que ça n’était qu’un passage, que ça n’arrivait pas toujours, et qu’après tout, le travail avec les Pokémon valait largement ces désagréments. Mais j’aurais aimé le voir autrement, plus joyeux. » Évoli était triste, ça se voyait. On pouvait bien comprendre que de voir son frère de cœur malheureux dans son travail ne lui plaisait pas, le rendais triste et malheureux lui aussi. On ne pouvait qu’espérer que cette situation ne s’était pas arrêtée là et que ça s’était amélioré depuis. Mikado continua, apportant des réponses à ces espérances silencieuses.
« Pendant ces jours, je le voyais rarement vraiment heureux. Cependant, pendant un moment, une chose changea la donne. À la pension, les éleveurs et Enju étaient parfois amenés à s’occuper d’œufs trouvés par les Pokémon qu’on leur confiait. Avec lui, Auger, Mejojo et moi avons vu de nombreux Pokémon sortir d’œufs, mais un de ceux qui sorti fut plutôt inattendu. Ce Pokémon avait une couleur toute différente de celle des autres Pokémon de son espèce et dégageait comme une… aura… lumineuse. Sur le coup, ni Enju ni moi ne comprenions pourquoi ce Pokémon était ainsi, mais le maître d’Enju, lui, si. Il en avait vu d’autres, quelques-uns, pendant ses années de métier. Un Pokémon chromatique. Nous n’avions pas manqué d’en entendre parler, de ces Pokémon très rares et particuliers, mais nous n’en avions encore jamais vu auparavant.
Cette découverte était fascinante ! De toute évidence, elle avait beaucoup plus intéressée Enju que moi, cependant. Ce Pokémon semblait l’avoir véritablement envoûté, je ne l’avais jamais vu ainsi et j’en étais… jaloux… Mais vraiment. Plus jeune, il avait reçu un appareil photo qu’il n’avait presque jamais utilisé. Le soir même de l’éclosion il le ressorti du placard où il était rangé et le lendemain, il mitraillait le Pokémon avec son appareil photo, sans même penser à faire une seule photo d’autres Pokémon, et encore moins de moi. Et de Mejojo et Auger. Plus que ça ! Il en parlait à tout le monde, de ce Pokémon chromatique ! Il montrait les photographies à tout le monde ! « Vous avez vu comme il est mignon » et patati et patata…
Je crois qu’il se découvrit une passion pour la photographie. Si tout d’abord je me plaignais de ne pas être pris en photo, bientôt je fus surprit par le clic de l’appareil dans des moments plutôt inattendu, comme quand je m’endormais. « Tu étais mignon, comme ça, » me disait-il, avec son grand sourire. Le bébé Pokémon fini par retourner chez l’humain qui accompagnait le Pokémon qui avait trouvé l’œuf mais l’appareil photo ne retourna pas dans le placard. Il continua à prendre des photos de temps à autres.
Après quelques années de travail, mon cher frère humain obtint son diplôme, ce diplôme tant convoité lui permettant d’être appelé éleveur de Pokémon. Plus qu’un simple titre, l’éleveur chez qui il travaillait pendant ses études lui proposa de continuer à travailler avec lui, lui offrant un travail qu’il accepta. Tout le monde était heureux pour lui. C’était une chance qu’il avait là, une bonne situation, il entrait enfin dans la vie active et serait bientôt pleinement indépendant. Mais Enju ne pensait pas pareil, il n’arrivait pas à apprécier vraiment son travail. Si bien que deux mois après avoir obtenu son diplôme, il quitta son employeur. » Un nouveau soupire. Décidément, cette longue histoire d’une vie en apportait de nombreux de différentes teneur. Ici, c’était un soupir de soulagement. Prit dans l’histoire, on serait intéressé par la suite, mais Mikado resta silencieux plusieurs secondes, de longues secondes. L’histoire se termine comme ça ? Non ! Ce n’est pas possible ! On n’est même pas encore là !
« Cette décision ne plut pas vraiment à Tsubasa, mais en vrai, Mariko était contente de voir son petit garçon rester au nid encore un peu plus longtemps. Mais au nid, nous ne faisions pas grand-chose. Je me demandais combien de temps notre quotidien se résumerait au levé, repas, couché, entrecoupés de moments de paresses ou de lecture. Au fur et à mesure que les mois passaient et que Enju ne semblait rien fait pour changer sa situation, ses parents s’impatientaient. Mariko plaisantait même à moitié, demandant si son fils ne préférerait pas faire une carrière en tant que danseur dans la salle où elle travaillait avant. Lui-même n’y répondait pas, se contentant de sourire à ces mots. Pour ma part, le fait de devoir travailler avec Enju dans la salle de danse ne m’aurait pas déplu. Le seul problème c’est qu’évoluer, ça ne me donnait pas vraiment envie.
Puis un jour, un autre jour, soudainement, aussi soudainement qu’il avait décidé de ses études, il décida de partir en voyage. La décision ne fut probablement pas prise aussi soudainement que ça, mais elle fut annoncée et mise à exécution très rapidement. Le soir même où il disait ça, son sac était déjà prêt, avec toutes les affaires dont nous pouvions avoir besoin lors du voyage et il avait prévu de partir le lendemain matin. Il nous vendit ce voyage comme un périple initiatique où il irait parcourir le monde et le découvrir. « Mais ce genre de choses ne t’a jamais intéressé » disait Tsubasa. Et c’était vrai. Jamais avant Enju n’avait souhaité partir, comme un certain nombre des enfants du quartier. Nous autres Pokémon étions tout autant abasourdis par cette décision que ses parents. D’autant plus que c’est nous qui serions obligés de le suivre jusqu’au bout du monde. Que faire contre sa détermination ? Nous avions tous difficilement le temps de trouver des arguments pour l’en dissuader.
Et c’est ainsi que, âgé de 23 ans, Enju entama son voyage initiatique de pas vraiment dresseur de Pokémon, et nous emmenant, Mejojo, Auger et moi, avec lui. Quitté Rosalia, nos pérégrinations me semblaient totalement dues au hasard et j’avais l’impression de marcher pendant des heures pour aller nulle part. Cher Enju avait décidé qu’emprunter les chemins battus n’était pas assez bien pour lui et nous nous salissions les pattes dans la boue et la gadoue à passer notre temps dans les champs, les forêts et même la montagne…
C’était vraiment épuisant et au départ nous ne parcourions pas beaucoup de chemin. Ni Enju ni moi n’avions l’habitude de parcourir de longues distances, de marcher toute la journée. Pour Mejojo et Auger c’était plus facile. Ayant passé une bonne partie de leur vie dans la nature, ils avaient forcément plus l’habitude de ce genre de choses que nous. Je voulais rentrer, ou au moins prendre les chemins, mais Enju disait qu’il voulait voir des Pokémon et qu’en se cantonnant aux routes, nous n’en croiserions que peu. Certes, mais à quoi bon ? Les Pokémon qu’on voyait, parfois il les prenait en photo, comme pour compléter un Pokédex photographique, mais ne semblait jamais satisfait. Je pouvais comprendre son envie de voir plus de Pokémon, mais je me sentais vexé, comme si nous ne lui suffisions pas.
Pour la première fois depuis notre naissance, je ne comprenais pas Enju. Je ne comprenais pas ce que nous faisions dans la nature et le froid alors que nous aurions pu être confortablement installés sur le tatami de la maison de Rosalia. Je ne comprenais pas pourquoi nous devions dormir dans une fine couverture sous une tente alors que nous aurions pu dormir dans un bon lit sous un toit protecteur. Je ne comprenais pas ce qui l’avait poussé à faire ce voyage, j’en avais plein les pattes, je voulais rentrer.
Je me plaignais beaucoup, j’étais le seul à le faire, au grand désespoir d’Auger. Mais je savais qu’Enju me comprenait, que lui aussi, même s’il ne disait rien, n’appréciait pas beaucoup ce voyage. Cependant, il persistait, têtu comme il était. Je ne comprenais pas quel était son intérêt à prendre des photos de Pokémon, sachant qu’une partie, il les avait déjà vu et en avait même certain en photo déjà. Et puis, pour ce genre de voyage, les humains, d’habitude, capturaient des Pokémon plutôt que de simplement les prendre en photo.
Et puis, plus que de prendre uniquement des photographies de Pokémon, il abusait de l’utilisation de son appareil photo. Limite, il prenait en photo tout ce qu’il voyait, encore une chose que je ne pouvais pas comprendre. En plus, cet appareil photo et cette manie de tout photographier lui causait du souci.
Il ne comptait pas les photos et dépensaient les pellicules comme Auger et Mejojo vidaient les briques de lait, mais il a vite semblé, lorsque nous nous rendions dans des villes, que trouver des pellicules vierges étaient difficile. De fait, les villes étaient bien différentes que ce dont nous étions habitués, de notre petit quartier de Rosalia. Il semblait même que celui-ci avait été laissé sur place par l’évolution de la société humaine.
Bien sûr nous avions déjà remarqué ça, mais pas au point que nous ayons l’impression de venir d’une époque datant d’il y a plus de cent ans. Nous ne manquions d’être perdus lorsque nous arrivions dans une nouvelle ville, nous qui n’avions connu que Rosalia et une partie de la périphérie de Doublonville… Et puis, les autres humains regardaient souvent Enju avec pour air de le trouver bizarre, aussi bien pour ses vêtements que pour sa façon de s’émerveiller de ce qui semblait naturel pour eux, et ça ne me plaisait pas beaucoup.
Mais lui, ne s’en inquiétait pas. Après tout, il avait l’habitude d’être regardé de travers et préférait découvrir ce monde dans lequel il vivait et qu’au final il ne connaissait pas. Un jour, me dit-il, qu’il savait pertinemment qu’ils avait toujours été un peu en dehors du temps, dans la famille, qu’il l’avait découvert à l’école et au travail, surtout technologiquement, mais pas que c’était à ce point. Si à la maison, on disposait de quelques petits outils technologiques de base, une télévision qui servait à peine, un réfrigérateur, Enju, qui devait pouvoir être capable d’utiliser ce que les humains avaient inventés, ne se débrouillait pas du tout, et préférait même, instinctivement, faire sans la technologie s’il le pouvait.
Ainsi, nous ne passions presque jamais en ville, seulement lorsque nous avions besoin de quelque chose, de la nourriture, ou des pellicules pour l’appareil photo. Et lorsqu’il demandait où il pouvait trouver une boutique qui en vendait, on lui riait presque au nez. Il ne se démontait pas et continuait de chercher. Souvent, il n’en trouvait pas, mais quand il en trouvait, il en achetait par sachets entier.
Par la même occasion, il découvrit également des magazines de photographie. Dans ceux-ci, il trouvait des astuces qu’il nous lisait quand bien même nous n’en avions rien à faire et qui lui permettaient de faire de meilleures photographies. Ça lui plaisait, et à mes yeux, c’était le principal. Et puis, dans ces magazines, il y avait aussi parfois des concours de photographies ouverts aux lecteurs. Ça l’enthousiasmait, et quand il pouvait, il participait, se rendant dans une des rares boutiques pour faire développer quelques photographies et apprendre, par la même occasion à le faire lui-même. Il les envoya aux magazines, et quelques-uns de ses clichés ont été publiés ! Il nous les montrait, tout fièrement, et, oh, j’étais sur l’une de ces photos.
Si je n’ai pas beaucoup apprécié ce voyage, je me dois malgré tout d’avouer que j’ai pris plaisir à certains moments. Par exemple, il y a un moment qui m’a marqué. Un jour, nous avons pu voir à nouveau un Pokémon chromatique. Enju était si heureux, si excité, comme lorsqu’il était petit et qu’il découvrait les jouets au pied du sapin à Noël ! La première fois que nous en avons revu un, il avait les larmes aux yeux et était tout maladroit avec son appareil photo, j’ai cru qu’il ferait fuir les Pokémon avant d’avoir pu en prendre une photo. Ces Pokémon, c’était pour ça qu’il avait voulu faire ce voyage, avait-il dit ce jour-là. » Si Mikado avait semblé très contrarié lorsqu’il parlait du début du périple, il s’était calmé et à présent il souriait doucement, projeté dans ce souvenir où il voyait la joie de son frère et où il était tellement heureux pour lui.
« Nous sommes finalement rentrés après deux ans de voyage, des souvenirs plein la tête et les pattes pleines de photographies. C’est peu dire, mais nous étions vraiment heureux de rentrer, tous. Voyager ça forme la jeunesse, mais on est quand même jamais mieux que chez soi, dans le cadre bienveillant dans lequel on a fondé sa vie.
Mais bientôt, les questionnements que nous avions laissés lorsque nous sommes partis en voyage revinrent. Qu’est-ce qu’Enju allait faire de sa vie ? Pour nous, ça nous était égal. Mejojo, Auger et moi-même l’aurions suivi jusqu’au bout du monde, ce que nous avions d’ailleurs déjà fait. Mais je m’inquiétais pour lui. À son âge, les humains étaient censés avoir quitté le nid familial, où en être sur le point. Or, lui, il passait la majorité de son temps à lire dans sa chambre, nous contant des histoires que nous connaissions déjà.
Vu sa passion, j’entendais parfois ses parents se demandait s’il comptait devenir photographe. Ça aurait été un choix logique que j’aurais approuvé, et qui n’aurait pas manqué de faire plaisir à Enju, mais il ne se sentait pas compétent pour devenir photographe professionnel, disait-il à ses parents. Alors nous n’avions plus qu’à attendre qu’il nous annonce une de ses soudaines décisions.
Cette annonce vint plusieurs mois après notre retour. J’espérais la voir venir, mais cette fois encore, elle arriva soudainement. Seul Mejojo l’avait remarqué, ayant vu Enju s’activer depuis quelques temps, ce qui ne manqua pas de me frustrer.
Il nous annonça qu’il voulait partir, pour de bon, aller à Lansat et y devenir toiletteur Pokémon. Là-bas, il avait déjà trouvé quelqu’un qui pourrait le prendre et lui apprendre les ficelles du métier. Aussi, on nous avait déjà trouvé un logement, tout était prêt pour notre venue. Et on partirait, cette fois encore, le lendemain.
Donc voilà. Nous avons déménagé ici, il n’y a pas très longtemps. Enju travaille pour devenir toiletteur Pokémon, et nous l’accompagnons du mieux que nous pouvons. C’est ce que tu voulais savoir, non ? »
Le récit terminé comme ça, l’Évoli regarda le Pokémon qui lui avait posé la question d’un air satisfait. Il semblait jauger sa réaction avec un air se voulait dédaigneux, hautain. Puis soudainement, il se leva.
« Bon, Enju ne va pas tarder à sortir du travail. Tu m’excuseras, mais j’aimerais aller le cueillir à la sortie du toiletteur. »
Et sur ce, il quitta la terrasse et s’enfonça dans la ville.
Surnom. Mikado
Espece. Évoli (♂)
Nature. Jovial et fidèle
Description. Il est le fruit de l'amour de deux Pokémon de la salle de danse de Rosalia. Resté avec son père, il lui a apprit les différentes danses traditionnelles qu'il sait effectuer avec brio. Ce talent, il n'hésite pas à le mettre en pratique lorsque quelqu'un qui lui est cher semble triste.
Lui-même généralement de bonne humeur, il n'hésite pas à s'exprimer quand quelque chose ne va pas. Il est très affectueux mais aussi très protecteur.
Son point faible, c'est une place au soleil sur une terrasse au calme. Il n'y résiste jamais et serait capable d'y dormir des heures.
Il considère Enju comme son frère et lui porte un amour et une fidélité indiscutable. Il est prêt à tout pour lui et à force de le côtoyer, il a prit certains de ses traits de caractère. Ainsi il est lui aussi un chevalier servant, toujours prêt à aider les autres Pokémon et aime écouter les histoires de chevaliers, même s'il les a déjà entendues plusieurs fois.
Surnom. Mejojo (prononcer “Méyoyo”)
Espece. Persian (♂)
Nature. Calme
Description. Mejojo est un Pokémon qui ne montre pas son affection. Il a tendance à rester dans son coin et à y faire ses petites affaires en laissant les autres faire ce qu'ils veulent de leur côté. Mais s'il daigne rester en votre présence, c'est qu'il vous apprécie, car il n'hésite jamais à montrer son dédain pour quelqu'un.
Malgré tout, il est attentif à tout ce qui se passe, même quand il semble ne pas faire attention à quoi que ce soit. Cependant, tout ce qu'il peut voir ou entendre, il le garde pour lui, ne communiquant jamais vraiment plus que nécessaire avec les autres.
Son petit frère l'exaspère souvent mais au fond, il l'aime beaucoup et le protège même si Auger clame que c'est lui qui protège Mejojo. Il a un péché mignon pour les pêches et se laisse aller à exprimer son contentement lorsqu'il en dévore.
Physiquement semblable à n'importe quel Persian, il est néanmoins reconnaissable à une estafilade sur son visage, partant du côté gauche de son front pour terminer un peu en-dessous de son œil droit.
Surnom. Auger (prononcer “Audjeur”)
Espece. Miaouss (♂)
Nature. Surprotecteur et jaloux
Description. Sa vie tourne exclusivement autour de Mejojo. Il est à la fois son modèle et sa raison de vivre et d'agir, capable des pires atrocités pour lui. En soit, il est loin d'être contre l'utilisation des crocs et des griffes, même si Enju le réprimande souvent d'être agressif.
En dehors de son amour inconditionnel pour son frère, c'est un gentil Pokémon qui croque la vie à pleine dans ainsi que les poissons.
Un peu malicieux, il aime aussi jouer des tours aux autres, mais se fait souvent réprimandé, que ce soit par son frère ou par Enju, pour ça.
Pseudo ou prénom. Thyerus
âge. 24 ans
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Quelque chose à ajouter ? Enfin finiiii !! Merci d'avoir attendu.