Ce n'est pas parce que tu as grandi dans un monde hivernal où tout est drapé d'un épais linceul blanc que tu as tendance à rester de glace, ignorant tes émotions et les autres. Au contraire tu es un véritable bourdonnement, Florin. Tu as un profond intérêt pour tout ce qui t'entoure, que ce soit parce qu'il s'agit d'un nouvel objet, que tu as repéré un assemblage de couleurs qui repose tes yeux, ou qu'une forme un peu originale ait attiré ton attention. Ta nature joviale te rend enclin à courir un peu partout pour observer le monde qui t'entoure avec ces orbes brunes curieuses et avides de découverte qui te servent d'yeux. Tu veux regarder, sentir, toucher, goûter et entendre encore et encore, jusqu'à en avoir le tournis et à ne plus savoir où donner de la tête.

Mais ce n'est pas pour cela que tu es une boule d'énergie prête à fondre sur sa proie tel un roucarnage affamé. Au contraire, même si l'on te voit trottiner un peu partout, ta démarche reste toujours plus assurée que précipitée, le dos bien droit comme on te l'a enseigné. En effet, ce refrain déchaîné de sensations, c'est dans ta tête qu'il se joue sans cesse, des pensées fleurissant l'une après l'autre comme autant d'idées ou de pistes pour des créations futures. Tu n'as pas forcément le temps de te mettre à rêvasser sur tout ce qui te vient alors tes bonnes idées sont consignées dans ce carnet qui te suit un peu partout et auquel tu tiens énormément. Accompagnées d'une esquisse ou d'un schéma tracé à la va-vite, c'est un peu ton trésor.

Même si tu peux te concentrer sur ce qui t'intéresse et ignorer toutes les idées parasites qui peuvent fourmiller dans un esprit aussi fécond que le tien, ce manège qui semble ne jamais t'arrêter te donne parfois des migraines et contribue sans doute à quelques nuits blanches, ne facilitant pas ton sommeil. C'est pour ça que tu sors souvent au clair de lune, pour sentir la douceur de la brise qui fait remuer ces touffes brunes et mi-longues qui couvrent ta tête pour la protéger du froid. Ou pour te retrouver grelottant dehors à te demander si un hypnose ne serait pas le bienvenue lorsque tu étais encore à Frimapic.

Garçon charmant, bien qu'oubliant parfois les règles de la politesse, tu t'es déplacé depuis les contrées enneigées au Nord de Sinnoh pour suivre les cours de la Pokémon Community. Ton rêve, c'est bien entendu de faire vibrer ta corde artistique avec tes Pokémon et ceux des autres en suivant le parcours de coordinateur Pokémon, celui où ton caractère soigné et méticuleux peu briller, lorsqu’il est accompagné de la dose d'effort que tu fournis pour arriver à tes fins.

L'art, ça te connait depuis quelques temps déjà et c'est dans ce monde créatif que tu te plais et que tu t'épanouis. Que ce soit de la peinture, de l'écriture ou encore de la sculpture sur glace, tu as essayé mais, ce que tu veux vraiment, c'est te consacrer à tout ça en créant un lien important avec les Pokémons, ces créatures un peu mystérieuses qui apportent au monde une diversité dont tu ne peux que te délecter. Toutes ces petites babiolles que tu as créé, enfant curieux, elles t'ont fait chaud au coeur lorsqu'elles ont rendu les autres heureux.

Pour toi, l'important dans la beauté dégagée par l'art, c'est cette part d'harmonie - ou, au contraire, de chaos - dans l'objet créé. Et pour ça, tout est important, que ce soit la couleur ou la texture considérée. Après, tu ne t'y connais encore pas trop - tu es là pour apprendre de toutes façons - mais c'est pour en savoir plus sur tout ça que tu aimerais bien finir par te spécialiser dans le domaine de la mode, plus que dans ces concours qui, s'ils te semblent intéressants, te sont encore un peu inconnus.

Entre originalité créatrice et excentricité, il n'y a qu'un pas à franchir et cela se reflète plutôt bien dans ton style vestimentaire. Dire qu'il est de mauvais goût serait une exagération mais la variété de motifs et de couleurs de ta casquette fétiche ou de cette veste que tu portes tant peuvent choquer au premier abord, rompant avec la monotonie d'une tenue plus uniforme. C'est un peu comme ces deux petits tatouages en forme de larme sous ton œil gauche : lorsque l'on n'est pas habitué, il faut un temps d'adaptation.

Cela ne te gêne pas vraiment. Après tout, tu as tendance à être assez sympathique avec les gens que tu rencontres. C'est un peu toujours ce même désir de savoir et d'en voir encore plus qui fait surface. Mais il ne faut pas croire qu'il ne t'apporte que du bien. Un peu trop curieux, tu es capable de te fourrer dans des ennuis juste pour avoir voulu vérifier une rumeur, explorer un endroit jusque là interdit ou avoir posé la question de trop.

Et puis, il faut dire que tu apprécies les facéties et que tu aimes bien t'amuser un peu, comme tous les enfants de ton âge même si, du haut de ton mètre soixante, tu te considères déjà grand. Tu ne dirais pas non à des blagues idiotes comme le fait de demander à un Smogo de lancer l'attaque Purédpois à l'intérieur des bâtiments.

Saupoudrez tout ça d'un sens du spectacle assez poussé et ça pourrait être sympathique pour monter une petite activité extra-scolaire... si tant est que tu sautes le pas, ce qui n'est pas dit. Sinon, il t'arrive d'essayer de jouer un peu d'autres personas en fonction des situations, question de mise en scène. Pas forcément très doué, tu admettras volontiers que tu racontes un peu n'importe quoi lorsque tu le fais mais lancer des répliques cool ou d'autres choses comme ça, ça t'intéresse.

Finalement, tu aimes énormément les Pokémons, Florin. Ce n’était pas forcément très difficile à deviner mais certaines personnes estiment que, tant que leur rêve est atteint, ce n’est pas grave si leurs Pokémon ne sont pas heureux. Et, ces personnes-là, tu ne peux pas vraiment les supporter. A bon entendeur.
 

C'est la neige scintillante de Frimapic qui piqua pour la première fois la curiosité du jeune Florin, natif d'ici. Dans les bras de sa mère, ayant pris quelques congés de son travail au Centre Pokémon local pour s'occuper de lui juste après sa naissance, ses yeux s'illuminaient en voyant les flocons tomber les uns après les autres par la fenêtre et être emportés par le vent, comme autant de petites merveilles qu'il voulait saisir de ses bras de bébé, incapables de lui donner satisfaction.

Cette neige, c'est celle qu'il a modelé avec ses amis près l'école, créant des bonhommes de neige avant d'aller se réfugier bien au chaud près du Chartor de la maison et de réchauffer ses mains un peu engourdies auprès de lui. Des petites répliques d'humains, avec quelques boules de neige et une carotte givrée pour le rendre plus crédible mais également des Pokémon en neige. Le climat, propice à de telles créations leur permettait de passer plusieurs jours à façonner cette étrange matière pour lui donner la forme qu'ils désiraient sans la faire fondre et, si l'effet de groupe faisait qu'ils abandonnaient beaucoup de ces créations avant de les avoir rendues vraiment présentables, Florin s'arrangeait toujours pour trouver un petit moment par-ci ou par-là, pour les continuer.

C'est aussi avec la neige qu'il fit ses premières bêtises, gâmin facétieux qui, bénéficiant de la courte-échelle de ses amis, s'arrangeait pour déstructurer la neige au sommet des portes de façon à ce qu'elle tombe sur la pauvre âme qui aurait la malchance de sortir de la maison pendant qu'eux seraient bien au chaud en train de déguster un croissant fraîchement sorti du four cuisiné par son père, pâtissier. A moins qu'ils ne se soient fait attrapé et qu'on les prive lui et ses amis de ces douceurs qui séduisaient les dresseurs tentant de se qualifier pour affronter la Ligue Pokémon locale.

Des journées furent passées à regarder les batailles de ses dresseurs contre Gladys, la championne locale. Une sorte d'entité un peu distante dans les yeux des enfants qui l'admiraient, même si Florin n'avait pas vraiment envie de s'occuper d'une Gym plus tard, comme sa mascotte de ses premières années. La valse de ses types glace se défendant contre toute forme d'adversaires et leurs attaques, parfois merveilleuse pour le jeune enfant, permirent la naissance d'un amour profond pour les Pokémon, même s'il n'en avait pas à lui.

Jouer avec Chartor au lieu de simplement se réchauffer grâce à lui devint facilement quelque chose de spontané et régulier, au fur et à mesure qu'il devenait familier avec ce concept de Pokémon qui, on doit l'admettre, l'avait un peu terrifié lorsqu'il était plus jeune. Toute cette diversité, tous ce potentiel, c'était quelque chose qui semblait immensément vaste et qui, pourtant, est devenu plus proche, beaucoup plus proche.

Des livres étaient lus, des questions étaient posées. L'ancien temple qui trônait au dessus de la ville, exploré. C'était des années de découvertes, guidées par une soif d'apprendre, d'en savoir plus, toujours plus sur les Pokémon. Et puis, un petit rêve, un petit quelque chose qui faisait que devenir Professeur Pokémon semblait être un futur intéressant, un futur qu'il voulait atteindre.

Mais tout n'était pas que Pokémon. Les journées d'un enfant, quel qu'il soit, restent rythmées par d'autres apprentissages, d'autres devoirs. C'est ainsi qu'il découvrit des activités manuelles lors de ses journées en cours, apprenant à fabriquer des gants à offrir à sa mère ou s'amusant à dessiner de tête le Blizzi de Gladys, tout mignon.

Associé à sa curiosité naturelle et son amour des choses, tout ça lui plu fortement, au point qu'il se mit à pratiquer également en dehors des cours. Fabriquer des choses, de petites créations à lui, il aimait ça. Ca pouvait ne pas être grand chose, rien de plus qu'une petite statuette de glace sculptée soigneusement pour représenter une Pokéball à offrir à son amie qui désirait tant affronter la Ligue Pokémon lorsqu'elle serait plus grande. Ou une petite babiole en bois représentant un flocon de neige offert à Chartor pour qu'il puisse voir ce qu'il faisait fondre de plus près.

Voir des sourires illuminer le visage des gens lorsqu'il leur offrait de petites babioles, c'était quelque chose de précieux, qui l'encourageait à continuer. Un jour, il tricota même une écharpe pour la championne, qui le remercia en lui disant qu'il avait du goût. Avait-il bon goût ? Il ne savait pas vraiment, mais cette remarque fût une sorte de déclencheur. Qu'une personne qu'il avait tant admiré lui fasse un compliment sur quelque chose qu'il avait produit lui-même, c'était vraiment un progrès marquant pour Florin.

Il plongea au milieu de ce monde artistique, tentant de faire les choses comme il le pouvait, offrant des bonnets en laine à ses amis et de petites choses comme ça. Et il n'en ressortit plus, captivé qu'il était par ce qu'il faisait. Chercher une idée, trouver comment la réaliser, il adorait ça, même s'il était très limité et qu'il n'était pas encore familier avec tout ça.

Les Pokémon étaient toujours là. Mais ce rêve d'enfance, celui de devenir chercheur Pokémon, s’envola bien vite en faveur d'une voie plus artistique que scientifique, bien que la rigueur soit de mise dans les deux cas. Face à ces rêves fondés sur bien peu de choses, quelques chimères imaginées ça et là par un esprit créatif, la réalité de ces visages qui s'illuminaient et des objets qui étaient créés, de ce qui se trouvait entre ses deux petites mains, était bien plus concrète.

Désireux de réaliser ce nouveau rêve, même s'il n'était pas encore bien défini, Florin fouilla un peu partout à la recherche d'une information : où pourrait-il faire ça ? Il était encore un peu trop jeune pour explorer le vaste monde seul, surtout sans jamais avoir essayé auparavant, alors il ne pouvait pas vraiment bouger de Frimapic, pas obtenir de Pokémon à lui avec lequel partager ses expériences et ses rêves. Chartor était son ami, certes, mais il n'était pas à lui.

Petit garçon, rêvant d'indépendance, d'individualité au sein de toute cette neige inébranlable, il voulait partir. Ailleurs. Et ses parents finirent par accepter ce souhait, celui de s'émanciper et de travailler sérieusement pour son avenir, où que ce soit. Alors, quand il découvrit la Pokémon Community, cet établissement qui permettait à des enfants comme lui d'obtenir leur premier pokémon et d'apprendre tout le nécessaire pour travailler avec eux, ils ne refusèrent pas.

C'est ainsi que Florin arriva à la Pokémon Community, dans l'espoir de rejoindre les rangs des élèves Coordinateurs pour y faire vibrer son talent artistique en communion avec des Pokémon qu'il pourrait chérir et des camarades qui, pour certains, partageraient ses intérêts.