Une larme roule sur ta joue

Sortie Capture été 2016 ✿ Solo

Pourquoi fallait-il que ça se termine comme ça ? Pourquoi fallait-il que le point final soit aussi amer ? Pourquoi avait-il réagit comme ça ? Pourquoi est-ce qu'il ne pouvait pas comprendre ? Pourquoi est-ce que ce fut ces mots là qui fusèrent ?

Elle se savait aussi responsable que lui. Elle savait que ses mots avaient dépassé sa pensée. Elle savait qu'elle était allée trop loin. Elle savait qu'elle l'avait blessé. La porte qui claque comme un point d'orgue le lui avait fait comprendre. Elle avait eut un si fol espoir. Et encore, encore une fois, son cœur se brisait. Elle allait finir par être habituée à ce sentiment atroce. Et le pire était que tout le lui rappelait. Elle avait l'impression que le monde entier se liguait contre elle. Elle avait l'impression que, que, que …

Pourquoi le ciel avait-il cette même exacte nuance de bleu que ses yeux ? Pourquoi le murmure du vent lui rappelait-il ses murmures à lui ? Pourquoi la chaleur du soleil lui rappelait-elle celle qui saisissait son ventre quand il lui souriait ?

Sa joue se posa contre celle de Ladon, enroulé autour de son corps comme à son habitude. Elle se tenait à la proue du bateau, les légers roulements sous ses pieds la berçait et calmait le tumulte de sentiments dont elle était la victime. Après tout, elle avait déjà bien trop pleuré.

Ne lui avait-elle pas dit ? Elle était indépendante. Elle n'avait pas besoin qu'il surveille ses fréquentations. Elle n'avait pas besoin qu'il soit toujours derrière elle pour la protéger. Elle était forte. Pas vrai ? Oui, très forte. C'est pourquoi elle se cachait derrière ce sourire si pâle. C'est pourquoi elle se cachait derrière des faux semblants. C'est pourquoi elle n'arrêtait pas de répeter que tout allait bien.

Mais si tout allait bien, pourquoi avait-elle si mal ?

Pourquoi avait-elle l'impression que le moindre mouvement était tellement difficile ? Pourquoi n'avait-elle qu'une seule envie ? Celle de se blottir sous une couette, malgré la chaleur, et de rester ainsi pour toujours.


La sirène résonna, réveillant Max, assoupie sur l'une des chaises longues mises à la disposition des voyageurs. Un peu dans les vappes, elle débarqua à Port Tempère et récupéra son sac. Elle siffla un bref coup, souriante de voir Apa sortir de l'eau avec agilité. Elle posa sa main sur sa tête en une douce caresse avant de libérer son équipe. Puff vint immédiatement se cacher sous son chapeau pendant que Smaug regardait autour de lui avec toute la candeur d'un enfant. Il s'amusa un instant à courser sa queue avant de s’asseoir et de la regarder, attendant la suite des opérations. Elle essuya quelques regards surpris quand Nessie apparut. Le Dragon était sacrément impressionnant, il avait encore grandit et la cicatrice qu'il portait sur la tête droite montrait sa puissance. Mushu était déjà étalé dans sa sacoche pendant que Rae et Naor partait en éclaireur, le Togetic veillant à rester à la vue de sa dresseuse pendant que le ninja commençait à chercher les meilleures cachettes. Tooth, à ses pieds, bêlait, de toute évidence épuisé par le voyage, qu'il avait passé dans sa pokeball. Décidément, son Wattouat ne s'arrangeait pas au niveau de la paresse. Et enfin, Apsy, dans ses bras, se tenait étrangement calme.

Elle arriva assez vite, habitude oblige, à son train pour la capitale. Elle fut obligée de rentrer une grande majorité de ses pokemons mais elle garda son Draby à ses cotés. Depuis qu'il avait décidé de devenir son Ninja gardien, elle avait du mal à passer des moments juste avec lui. Il disparaissait toujours. Elle savait qu'il la suivait en permanence, même quand elle ne le savait pas, néanmoins, elle avait besoin de ce genre de petits moments, où ils étaient côte à côte, sans rien dire, juste à se comprendre sans un regard, sans un mot. Elle sentait la petite patte de son Dragon sur son bras et ça voulait dire tellement de chose, ça voulait dire qu'il était là, qu'il la soutenait, qu'il l'aiderait toujours, qu'il la protégerait toujours.

Et c'était tellement ce dont Max avait besoin actuellement que sa gorge se serra. Elle était heureuse de ne pas avoir à parler actuellement.


Dernier arrêt. Terminus. Illumis. Ville de lumière. Capitale. Souvenirs. Joie. Tristesse.

C'est comme une vague qui submerge Max quand elle pose le pied sur le quai. Un an. Un an et ds poussière qu'elle est partie dans l'espoir de devenir heureuse. Elle étouffe un rire. Heureuse ? Peut-elle vraiment se considérer heureuse actuellement ? Elle a des amis merveilleux. Elle a une équipe qui est sa petite famille à elle. Elle a des liens forts. Elle a un projet d'avenir. Mais son cœur est en miette. Comme pour lui rappeler que toujours, autour d'elle, tout se brise.  

Sa main bandée lâcha son sac alors que ses jambes s'enclenche toutes seules. Elle se précipita dans les bras de sa mère. Elle l'avait vu dès l'instant où elle était descendue. Et là, tout allait bien d'un coup. Il n'y avait plus que les doux mots qu'elle prononçait à son oreille. Il n'y avait plus que ses bras autour d'elle. Il n'y avait plus que ce réconfort que l'on ne trouve que dans les bras de sa maman.

- Je suis rentrée.

Il y avait des perles au coin de ses yeux. Elle ne saurait dire si c'est la joie des retrouvailles ou si toutes les émotions desquelles elle est le pantin depuis quelques mois qui se manifestent. Toujours est-il que elle sourit au travers des quelques larmes qui lui échappent. Naor arrive, ses bagages dans les mains.

Elisa regarde le petit pokemon avec un sourire avant de regarder sa fille. Elle a grandit. Elle est fière. Son bébé est rentré.


La ville est exactement comme elle s'en rappelait.  Toujours les mêmes hauts buildings, toujours le même rythme. Toujours cette même énergie. Les deux femmes se faufilent avec l'aisance des habituées dans les rues bondées jusqu'à arriver dans le quartier Cyan. Leurs pas ralentissent et Naor peut admirer la place sur laquelle Max a grandit.

Au centre, une fontaine rafraîchit la place. Quelques enfants jouaient avec l'eau. Naor s'approcha pour observer de plus proche cette mini-piscine. Max le laissa faire avec un sourire avant de siffler un coup pour qu'il revienne vers elle. Il était à peine dix-sept heures. Encore quelques heures avant le service du soir. Elle allait pouvoir reprendre ses marques tranquillement, présenter son équipe à ses parents et surtout rencontrer Enzo, ce petit bout de chou qui était désormais son petit frère.

Il y a un brin d'appréhension dans le geste de sa main qui pousse la porte de la Palette d'Or. Elle est de retour à la maison. C'est toujours ce petit restaurant familial aux grandes baies vitrées qui laissent entrer le soleil. C'est toujours les mêmes petites tables en bois brut, les mêmes chaises. Les cousins ont changés, maintenant ils sont bleus. Aux murs, elle reconnaît certaines de ses aquarelles qu'elle a consciencieusement envoyé au cours de l'année. Elle rougit doucement. Jack s'approche d'elle, un petit couffin dans les bras et lui ébouriffe les cheveux avec ce même air gêné. Ils savaient bien qu'ils ne se connaissent pas trop mais ils font désormais partie de la même famille.

Il lui tendit le précieux couffin. Attentionnée, Max rencontra son petit frère. Enzo. Un regard bleu ciel qui lui rappelle douloureusement un autre. Ce fut à elle ensuite, de présenter ses précieux amis. Son équipe se présenta tour à tour. Elle regarda les présentations avec un nœud à l'estomac. C'était un moment important. Heureusement, l'équipe avait compris et même Friggy se contenu pour ne pas s'attaquer à la chambre froide.

Max réintégra sa vie Illumisienne comme si elle ne l'avait jamais quitté. Ce soir là, elle fit partit du service comme elle l'avait toujours fait. Seule différence, le constant regard qu'elle avait sur son équipe. Chacun trouva sa place. Naor trouva refuge dans les hauteurs, Smaug et Rae devinrent rapidement la coqueluche des enfants, Ladon et Nessie se tinrent tranquillement à l'extérieur, trop imposant pour profiter de l'intérieur. Puff ne quitta pas la place qu'il possédait autour de sa tête. Apa et Apsy profitèrent de la fontaine, amusants les touristes de quelques acrobaties. Friggy, étrangement, se découvrit une passion pour la cuisine et surtout pour les friandises qu'Elisa lui promettait s'il faisait ce qu'elle voulait.

Une parfaite machine bien huilée.


Sa chambre n'avait pas changé d'un poil. Toujours les mêmes murs blancs recouverts de photos et de dessins. Son regard s'assombrit à la vision du coin noir et blanc. Terrible période. Mais elle se devait d'en conserver le souvenir, ne serait-ce que par respect pour Anthony. Elle ajouta à tout ça ses clichés de l'année, recouvrant un peu plus les murs de sa chambre. Son équipe avait trouvé dans sa chambre un parfait doublon de sa chambre à l'académie et s'était installée comme à son habitude pour dormir.

Le lendemain matin, Max demanda à sa mère de garder un œil son équipe, tout en précisant qu'elle était indépendante et qu'il n'y aurait probablement de problème. Accompagnée par Smaug et Naor, Max changea de quartier pour se rapprocher de la zone médicale. Elle allait à l'hôpital. Sur le chemin, elle eut l'heureuse surprise de revoir certaines de ses connaissances. Madame Claire, cette vielle dame chez qui elle avait passé tant de temps après l'avoir aidée à porter ses courses. Estelle, cette ancienne camarade de classe. Monsieur Aubert, le marchant de glace. C'était comme si rien n'avait changé.

Qu'est ce qu'elle n'aurait pas donné pour se promener ici, sa main dans celle d'Alban, avant de voir les silhouettes d'Anthony, Elena et Thomas apparaître au bout de la rue ?


Sa main violacée et douloureuse était posée sur le bureau du Docteur Jean. Il mordillait sa lèvre inférieure, intriguée par l'avancé de sa blessure. Il l'écouta énoncer ses symptômes, fit quelques tests, appela des collègues … Rien à faire, il ne savait pas quoi faire. Il la rebanda avec soin avant de lui jeter un regard triste. Il ne savait pas quoi faire. Il allait y réfléchir. Demander l'avis de collègue par delà les mers. Il allait tout faire. Il ne connaissait pas les résultats. Il ne savait comment est ce que le poison allait évoluer. Il n'avait aucune idée de ce qu'il lui arrivait. Il parla de cas unique.

Le Docteur Jean la suivait depuis l'accident. Et jamais, pas même à son réveil, il n'avait eut l'air aussi affolé par l'état de sa main. Une autre raison qu'elle avait de bannir le poison de son existence. Il était retord, vil et blessait toujours à la faim.

Comme l'amour.


Elle n'était pas immédiatement rentrée. En compagnie de ses deux pokemons, elle se tient debout, devant cette route qui a changée sa vie. Va-t-elle oser ? Ou va-t-elle fuir, comme elle le fait si bien ?

© BB Dragon

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Smaug la regarde comme intrigué. Pourquoi hésite-t-elle ? Ça à l'air marrant là bas. Le petit Caninos blanc a du mal à comprendre son humaine, elle paraît toujours tellement loin d'eux. Elle a l'air toujours tellement triste. Elle le cache à tous derrière de grands sourires, mais il sait lui, parce qu'il est celui qu'elle prend dans ses bras la nuit pour pleurer. Parce qu'il est son soutient. Parce qu'il sait.  

Elle avança, lui fait un léger sourire. Il y a quelque chose d'étrange dans son sourire. Comme si ce n'était pas vraiment son sourire à elle, comme si elle l'empruntait. Comme si c'était pas elle. Et c'était probablement pas elle. Il échangea un regard intrigué avec Naor. Le ninja a le visage fermé. Il sait quelque chose que lui ne connaît pas. C'est normal, il est avec Max depuis longtemps. Mais Smaug ne peut retenir la pointe de jalousie dans son cœur.


Et voilà. Ses pieds l'on mené ici. Après tant d'années voilà qu'elle revient ici. Son cœur se serre. Elle revoit le visage heureux d'Anthony qui la guide dans le parc pour enfant. Elle se rappelle que sous le regard amusé de Cap, ils ont joué une bonne heure ici. Sa main glisse sur la rambarde qui la sépare de cette petite aire de jeu. D'un geste mainte fois répété, elle saute par dessus. Rien n'a changé ici. Elle s'installe sur la balançoire, comme elle le faisait si souvent quelques années plus tôt. Le grand avantage de cette route était son coté désertique. Personne ne venait jamais ici, le regard surpris de l’hôtesse d’accueil quand elle l'avait vu lui avait confirmé que c'était toujours le cas.

Elle se revoyait, quelques années plus tôt, innocente et heureuse, sa main dans celle de son grand frère de cœur, avançant comme si rien ne pouvait les arrêter. Comme s'ils étaient les rois du monde.

Et tout s'était écroulé. D'un seul coup.

Elle ravala ses larmes, passa sa main dans le pelage de son Caninos avant de se relever.

Peut-être était-il temps qu'elle lui dise définitivement adieu ?

La forêt s'étalait face à elle. Le parc de son enfance était derrière elle. Il n'y avait plus que la forêt. Il n'y avait plus que son cœur en lambeau. Pourquoi finissait-elle toujours avec le cœur en lambeau à cause des garçons qu'elle aimait le plus au monde ? Pourquoi est ce qu'ils la quittaient toujours ? Était-elle si peu appréciable ? Pourtant, pourtant, elle avait toujours fait de son mieux.

Rageusement, elle essuya les gouttes qui perlaient dans le miel de ses yeux.

Elle s’enfonça dans les bois. Flash de souvenir. Elena, Thomas, Anthony et elle.

- Eh ! On fait un test de courage ? Ce soir, on sort et on vient dans la forêt en pleine nuit.

Elle se rappelle du frisson de peur à l'apparition du Spectrum. Elle se rappelle des rires de Thomas caché sous un drap blanc qui les poursuit pour les effrayer. Elle se rappelle du contact d'Anthony. Elle ne sait pas si elle rit ou si elle pleure. Le monde est-il flou parce que ses lunettes sont tombées ou parce que ses yeux sont si pleins de larmes qu'elle ne peut plus voir ?

Elle avance malgré tout. Elle sait où elle va, elle sait. Après tout, elle est venu ici tellement de fois. C'était leur endroit préféré. Enfants pour jouer. Ado pour s’entraîner. Après tout, n'avait-il pas les rêves plus gros que le ciel ? Ne voulaient-ils pas devenir, ensemble le prochain conseil 4 de Kalos. Mais comme toujours, le rêve s'est écrasé comme un verre de cristal sur le sol.

Il n'y a plus rien d'autre que les cris. Plus rien d'autre que les pleurs. Pourtant, Max avance. Peu importe si elle ne voit plus. Peu importe si elle sent que le sol sous ses pieds devient marécageux. Plus rien n'importe. Plus rien n'importe que de retrouver cet endroit. Elle est peut-être folle, mais ce besoin est irrépressible. Son esprit est comme malade. Son esprit ne sait plus rien. Son esprit est en proie à tellement de choses.

Comment a-t-elle put envisager de sacrifier des Kabuto pour de l'argent ?

Comment a-t-elle put dire de telles horreurs à Alban ?

Comment a-t-elle put ainsi mettre son meilleur ami à l'écart ?

Comment a-t-elle put penser que voir sa main se faire paralyser était une bonne chose ?

Comment a-t-elle put arriver à ce niveau de non-confiance en soi ?

Qu'est ce qu'il ne va plus chez elle ?

Qu'est ce qui s'est brisé ?

Elle essuie ses larmes, enfile les lunettes que, compatissant, Naor lui tend. Elle se fiche de la boue qui l'entoure et s'installe entre ses deux pokemons. Ses mains entourent ses genoux comme si elle voulait se construire un cocon de sérénité. Comme si ça marchait. Ce genre de conneries ne marchait que dans les films. Elle n'était pas l’héroïne d'un roman ou d'un jeu vidéo. Son histoire a elle pouvait très bien mal se terminer. Sa vie était parsemée d'obstacles et il n'y avait qu'elle qui pouvait les franchir.

Mais la question n'était plus est ce qu'elle pourrait les franchir, c'était désormais est-ce qu'elle voulait les franchir ? Voulait-elle franchir ses peurs ? Voulait-elle avancer sur le chemin de la guérison ou simplement s'enfoncer dans une déprime infinie ? Elle allait devoir se relever. Elle allait devenir quelqu'un. Sa présence ici montrait qu'elle en voulait non ?

Elle allait aller au bout de sa décision.

Elle se relève. Elle est pleine de boue mais peu importe. Elle avance. Elle est prête à avancer. À devenir quelqu'un d'un peu mieux. Quelqu'un de plus courageux. Ça commençait par dire au revoir à Anthony. Définitivement. Faire son deuil. Enfin.

Son pas se fit plus rapide. Plus déterminé. Elle courrait même. Elle y arriva essoufflée. Elle ravala un sanglot en regardant autour d'elle. Rien ne pouvait prouver le drama dont elle avait la spectatrice et la victime. Rien en témoignage. Rien d'autre que ses souvenirs. Rien d'autre que les battements de son cœur qui se bat. Rien d'autre qu'elle, elle et ses yeux miels, elle et ses cheveux roses, elle et son cœur un peu trop grand, elle et sa mémoire. Il n'y a qu'elle.

« Ce n'est plus Nous. C'est plus que Moi. Toi, tu es partit. Mais, ne m'aimais-tu pas ? N'avais-tu pas promis que ça serait Nous pour l'éternité ? Que rien ne nous séparerait. Pourtant, ça fait trop longtemps que tu es partit et que tu m'a laissée toute seule. Toute seule avec mes peines et mon cœur en miette. Est-ce que ça se serait mieux passé avec Alban si tu avais là. Je n'en doute pas. Je n'en doute pas. Tu me manques. »

Mots murmurés au vent.
Mots qui pleurent.

Elle ne pleure pas elle. Seul son cœur en est encore capable. Ses yeux sont secs quand elle revoit la scène comme dans un rêve derrière ses yeux fermés. Le Drascore qui s'approche. Ses yeux rouges sang qu'elle ne fait qu’apercevoir. La douleur dans sa main. Les mots d'Anthony à son oreille. Il n'a même pas put voir son assassin. Est-ce que c'est mieux ? Est-ce que c'est pire ? Comment savoir, elle n'est pas Anthony. Elle est en vie, elle. Et elle fout tout en l'air. Le cadeau qu'il lui a offert, elle le détruit à petit feu.

Comment peut-elle ?

Elle rouvre les yeux. Devant elle, elle reconnaît la pré-évolution de Dracsore, Rapion. Il joue avec son Caninos shiny. Ils ont l'air de bien s'amuser. Pourtant.

Elle crie.

© BB Dragon

Une larme roule sur ta joue

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Tout sembla s'éteindre autour d'elle. Les couleurs devinrent plus fades. Le ciel s'assombrit. Les bruits se tassèrent. Le monde rapetissa jusqu'à se concentrer sur les deux pokemons à coté d'elle. Jusqu'à ce que la patte de Naor se pose sur son bras.

Suite à son cri, les deux pokemons se s'étaient retournés, surpris pour la fixer. Elle avait paniqué. Totalement. Elle avait reculé. Jusqu'à ce que son dos se cogne contre un arbre. C'est une déferlante de sentiments qui la prit. Son cœur battait fort contre sa poitrine. Ses yeux s’écarquillèrent. Son souffle s'accéléra. Comment réagir ? Il ne semblait pas dangereux mais elle ne savait que trop bien les dangers de ce pokemon. Elle siffla doucement.

- Smaug. Ici.

Le chiot la regarda avec des grands yeux surpris avant d'obtempérer et de venir à ses pieds, laissant le Rapion face à elle. Comment le faire partir ? Comment lui faire comprendre qu'elle voulait qu'il parte. Il s'approchait. Pourquoi s'approchait-il ? Il voulait l'attaquer. C'était sur. Il n'attaquerait pas Smaug. Elle le protégerait. Elle ferma les yeux, se recroquevillant dans une vaine tentative d'esquiver l'attaque qui suivrait.

Elle n'arriva jamais.

Elle rouvrit un œil surpris, pour voir le petit pokemon la regarder avec un air profondément perplexe. Elle n'y comprenait rien. Elle se laissa glisser, se retrouvant assise face à ce pokemon qui hantait ses pires cauchemars depuis plus de trois ans. Pourquoi est-ce qu'il n'attaquait pas ? Pourquoi remettait-il tout en compte ? Pourquoi lui faisait-il ça ? Pourquoi brisait-il tout ce qu'elle avait construit ? Pourquoi n'était-il pas méchant ? Elle essuya rageusement les larmes qu'elle sentait couler sur ses joues. Elle en avait tellement marre. Tellement marre d'être cette pauvre fille tellement fragile que la moindre chose la faisait tomber en larme. Ne pouvait-elle pas être forte ? Pourquoi était-elle incapable de surmonter ses peurs.

- Pourquoi tu fais ça ?

Comme si son esprit n'était pas suffisant pour lui rappeler les événements de cette journée noire, cette journée rouge. Il fallait qu'il vienne, lui et ses grands airs innocents pour la torturer. Pour briser toutes ses inventions. S'ils n'étaient pas méchants, pour quelle raison avaient-il tué Anthony ? Hein. Pourquoi.

Pourquoi.

Un contact humide sur sa joue la fit sursauter. Smaug tentait comme il pouvait de lui remonter le moral. Elle posa sa main bandée sur sa petite tête blanche. Elle sentait la présence de Naor au dessus d'elle, dans l'arbre contre lequel elle s'appuyait. La présence discrète du dragon ne la rassurait pas entièrement mais elle savait qu'elle n'était pas seule. Elle n'était pas seule. Elle n'avait pas à l'affronter seule. Mais il y avait-il un combat autre que celui contre elle-même ?

Probablement pas.

Mais elle se devait de le gagner. Alors frissonnante, tremblante, elle avança sa main bandée vers le scorpion. Il ne l'attaquerai pas, elle en avait l'intime conviction. Il n'était certainement pas méchant, ses yeux reflétaient parfaitement la douceur du petit pokemon. Il sentait qu'elle avait peur. Il ne savait probablement pas pourquoi mais il sentait sa peur. Elle irradiait la peau par tous les pores de sa peau.

Du bout du doigt, elle toucha l'écaille centrale de la tête du Rapion. Elle souffla profondément. Elle l'avait fait. Elle avait réussit à surpasser sa peur. Enfin. Elle eut un petit sourire.

Puis un léger bruit se fit entendre face à eux, brisant le moment. Elle releva les yeux pour croiser des rubis bien connu. Comment aurait-elle les oublier ? Ils la hantaient. Toujours derrière elle quand elle se pensait en sécurité. Toujours derrière ses paupières closes dans les nuits de terreur. La créature de ses cauchemars étaient juste devant elle. Et elle était incapable de bouger. Le petit Rapion face à elle s'éloigna pour s'avancer. Sa … mère ? Au vu de la foule de Rapion plus ou moins vieux qui tournait autour de la créature, c'était largement probable.

Est-ce qu'elle … Anthony et elle se serait avancer dans la zone du nid de … Elle savait bien que les mères défendaient farouchement leurs enfants. Était-il possible que ? Toute sa haine était lancée contre une mère qui défendait ses petits ? La tendresse à laquelle elle assistait n'était pas faite. La douceur de cette Drascore alors qu'elle reniflait le Rapion qui s'était présenté à elle, ce n'était pas du flan.

Tout se brisait. Tout ce qu'elle croyait savoir venait simplement de se briser en mille morceaux.

Pourquoi s'approchait-il à nouveau ? Pourquoi est-ce que la Drascore et ses petits s'éloignaient ? Pourquoi la tête du Rapion venait-elle chercher sa main ? Pourquoi est-ce que Smaug sautillait de joie à coté d'eux. Pourquoi est-ce que Naor était descendu de son arbre pour se présenter au Rapion ? Pourquoi agissaient-ils comme s'il faisait partit de la famille ? Est-ce que c'était ça la solution ? Vaincre le mal par le mal. Elle pensa un instant à l’œuf que Josh lui avait confié. C'était probablement une bonne idée non ?

Elle attrapa l'une de ses pokeballs et nerveusement, la tendit au pokemon violet. Plus de retour en arrière. Elle avancerait. Elle deviendrait forte. Et ça passait par accepter ses peurs et les confronter.

- Tu crois que … ça te plairait de venir avec nous ?

C'était probablement les mots les plus durs qu'elle n'ai jamais eut à dire. Mais ils étaient sortis, vibrants, faibles, tremblants. Et sa main qui se tendait vers lui, offrande et promesse. Elle allait grandir et elle voulait qu'il vienne avec eux.

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Une larme roule sur ta joue

Sortie Capture été 2016 ✿ Solo

Il y a des jours où l'on se lève sans songer un seul instant que notre univers sera probablement sens dessus dessous d'ici quelques heures. Peut-être que finalement, Max n'aurait pas dût oser passer la porte de cette route qui l'avait tant marquée. Peut-être aurait-elle dut faire demi-tour et rentrer chez elle. Peut-être aurait-elle put continuer à vivre dans son déni, dans son petit monde parfait remplit d'illusion. Les yeux rivés dans ceux de ce fantôme de ses peurs, elle avait peur, elle avait envie, elle ne savait pas si tout allait bien ou si tout allais mal. Prenait-elle la meilleure décision de sa vie ? Prenait-elle la pire ? Elle n'en savait rien.

Tout était tellement flou dans le tourbillon des sentiments dans lequel elle était enveloppée. Plus rien n'existait. Elle sentait juste la chaleur de Naor dans son dos, fidèle protecteur, celle de Smaug contre sa cuisse, et devant elle, cette famille. Elle venait de proposer à ce pokemon dont elle avait si peur de rejoindre sa petite famille, de rejoindre ce qui était son support, ses piliers, sa famille, ses amis. En échange de cette place dans son monde, la Rapion devait se séparer de sa famille, de tout ce qu'elle connaissait. Pour une affection que Max n'était même pas sure de pouvoir donner. Elle ne savait même pas si elle serait capable de surmonter la peur que lui procurait ce pokemon. Pourtant, elle ne recula pas sa main quand la Rapion tapa sa tête contre la pokeball. Elle ne trembla pas quand la pokeball effectua les trois vibrations traditionnelles. Elle se tint droite. Planta son regard ambré dans le sanguin de la Drascore. Elle était incapable de dire quoi que ce soit, alors elle se contenta d'un léger signe de la tête. Elle récupéra ses affaires et se retourna.

Dos à la Drascore. Totalement vulnérable. Totalement à sa merci. Tout pouvait se terminer. Tout pouvait continuer. Elle continua d'avancer dans cette terrible forêt qui avait été son terrain de jeu. Et rien ne se passa. Et tout continua. Un léger sourire se posa sur lèvres. C'était un horrible sentiment. Un terrible sentiment. Atroce. Abominable. Mais nécessaire. Savoir qu'au final s'était leur faute, que c'était une de leurs erreurs qui avait mené son si cher ami à la mort, c'était horrible. Mais c'était aussi étrangement rassurant. Le monde n'était pas si mal, il n'était pas si mauvais. Il n'existait pas des êtres vivants foncièrement mauvais. Il y avait des raisons derrière les actes. Si la Drascore avait attaqué c'était pour protéger ses petits. Si Alban avait dit tout ça, si Alban avait agit ainsi, c'est qu'il avait ses raisons.

Elle ne voulait pas lui pardonner encore, pas alors qu'elle était si bouleversée, pas tant qu'elle se sentait si coupable. Elle avait besoin de temps et elle avait peur. Peur qu'il ne la déteste. Peur que tout soit finalement finit. Peut-être avait-elle vraiment tout gâché. Peut-être avaient-ils tous les deux besoin de temps pour se remettre, pour panser leurs blessures. Tout finirait pas guérir. Ils avaient juste besoin d'un peu de temps. Juste un peu plus … Pour reprendre confiance. Pour récupérer les morceaux de confiance en elle.

Mais tout finirait par revenir à la normale.


Ulith, la petite Rapion, resta principalement dans sa pokeball pour la fin du séjour de Max à Illumis. Elle n'osa pas la présenter à sa famille. Elle la laissa sortir lors de rares ballades en ville et dans sa chambre. Elle tenta, avec toute sa force et son énergie de prendre sur elle, de dépasser les années de terreur et de haine. Mais le chemin était long et empli d'embûches. C'est pourquoi, elle décida, le soir précédant son retour pour Touga, d'expliquer la situation à la pokemon. Elle n'avait pas le droit d'agir ainsi envers elle sans qu'elle ne sache pourquoi. Elle lui expliqua en long, en large et en travers ses difficultés, comment elle se sentait. Elle esquissa un sourire désolé.

Et elle se sentit encore plus mal quand la petit Ulith, compréhensive, hocha doucement la tête, acceptant son sort sans mal. Juste avec élégance. Juste … ça lui faisait si mal. Si mal, si peur qu'elle soit incapable de surmonter jamais cette terreur, qu'elle ne soit à jamais incapable d'accepter Ulith. Elle ne voulait pas. Elle voulait réussir à la prendre dans ses bras. Elle voulait la voir comme un véritable membre de son équipe. Comme un membre de sa famille.

Elle posa doucement sa main sur l'écaille principale de sa tête. Exactement le même touché que lors première fois. Ça avait un symbole important. Un symbole vraiment important. Pour elles deux. Et elle le savait. Le regard qu'elles échangèrent fut comme la preuve de cette promesse qu'elles se faisaient. Elles réussiraient à s'entendre.


Max resta un long moment blottie dans les bras de sa mère sur le quai de la gare. Elle était tellement bien là. Elle se sentait comme protégée. Elle se sentait comme aimée. Elle était protégée. Elle était aimée. Elle savait mieux que quiconque, mieux que n'importe qui à quel point une mère était prête à tout pour son enfant. Elle embrassa le front du petit Enzo, enlaça un bref instant son beau père avant de saisir ses affaires, et exactement comme un an plus tôt, elle monta dans ce train, première étape du deuxième chapitre du nouveau livre de sa vie, un livre sobrement intitulé Pokemon Community.

Elle esquissa un sourire. Elle détestait les départs. Elle n'aimait pas partir. Mais c'était nécessaire. Elle devait grandir. Elle devait progresser. Elle jeta un regard sur le reflet que lui renvoyait la vitre du train. Un an plus tôt, elle était perdue dans ses grands gilets et cachée derrière ses lunettes rouges et son allure de fillette sage avec son sage carré. Aujourd'hui, elle plantait directement ses yeux dans ceux de son reflet, sa myopie corrigée par des lentilles. Elle avait toujours cette allure de parfaite jeune fille, avec sa jupe bien plissée et sa chemise rentrée dans sa jupe. Elle avait toujours et aurait probablement encore longtemps cette allure d'écolière. Elle l'aimait bien. Ça lui allait bien. C'était rassurant. Mais désormais, elle se sentait un peu plus femme. Un peu plus confidente.

Elle se découvrait, apprenait à se connaître, à s'apprécier. Elle n'était pas optimiste au point de croire qu'elle réussirait à tout arranger. Elle savait qu'elle aurait trop peur pour se confronter à Alban. Mais elle ferait ce qui en son pouvoir pour régler le problème avec Ulith. Elle deviendrait plus forte. Plus confidente. Plus puissante. Plus sûre. Elle deviendrait pour les autres ce qu'ils étaient pour elle. Elle voulait rendre tout ce qu'on lui donnait. C'était ça plus que tout le reste son objectif de l'année. Rendre au centuple tout ce que ses amis avait fait pour elle.  

© BB Dragon