Oups, excusez-moi, je tenais la fiche à l'envers. Je disais :

Pour ce qui est du point de vue physique : sers-toi de tes yeux, woh ! Bref, Cannelle est une jeune dame de 28 ans, mais qui fait bien plus jeune. Du fait, on la prend souvent pour une adolescente, ce qui l'exaspère un peu à la longue.

Cannelle n'est pas rouquine de naissance, arborant normalement un châtain clair, mais hé, les colorations pour cheveux ont été inventées pour une bonne raison, autre que celle de pourrir le fond votre baignoire.
Son regard pétillant vous toise du haut de son mètre soixante-six, surplombé par ses sourcils ronds. Eux non plus ne sont pas naturellement de cette teinte, ni même de cette forme, elle se les épil-
HÉ, ESPÈCE DE BALANCE, tu vas arrêter ? Tout le monde va croire que je mens sur tout et suis obnubilée par les apparences.
Alors, certes non, mais tu te les épiles, tes sourcils.
Je- OUI. Mais c'est trop chou, non ?
*soupir* Ouais ouais. C'est sûr. Bref, je continue. Ses tâches de rousseur sont par contre 100% naturelles -tu vas t'en prendre une-, et son allure athlétique reflète bien son excellente condition physique -ouais, mieux-.

Enjouée et taquine, elle s'enthousiasme facilement, mais garde les pieds sur terre quoi qu'il arrive. Une Cannelle sérieuse et grave, c'est un spectacle rare mais qui vous marque. Quand la situation l'exige, elle se montre réfléchie et très attentive aux besoins des autres. Elle aime inconditionnellement celles et ceux qui lui sont proches. À l'inverse, si elle ne vous apprécie pas, elle le dira sans ménagement.
Cannelle est en effet une personne assez honnête avec les autres. OK, elle est très franche. OK, elle a le tact d'un chasse-neige -mais comment t'y vas, vends-moi mieux que ça, quoi !-
C'est aussi une tête de linotte avérée et une grosse flemmarde, ce qui pourrait expliquer son activité tardive dans le domaine de la médecine.
Tu comprends pas. Il faut attendre LE bon moment pour se lancer, tu vois ?
On en parle de tes années de médecine ratée parce que madame s'est dit que « ça va passer easy sans réviser » ?
… Continue la description.

Bien, quoi d'autre ? Elle se débrouille bien en bricolage, en calcul mental et en cuisine, mais dessine mal et n'est pas très versée décoration. Sinon, ses goûts.
Elle aime :
- sa famille, ses amis
- les sucreries. Étrangement, pas celles à la cannelle (feinte!)
- les enfants, et les jeux d'enfants
- les câlins ♥
- les poses ridicules -ELLES SONT CLASSES MES POSES !-
- les Musou
- le industrial metal de Johto

Elle n'aime pas :
- le urban metal d'Hoenn
- les hypocrites
- la viande aviaire
- le froid
- les T-RPG
- le quatrième mur

Année -28 :
« - Joli bébé, madame ! 3,2 kg pour 48 cm, et elle est en pleine forme !
- J'entends ça, oui. Quelle énergie, tu seras une battante, ma fille !
- Quelle magnifique petit ange ! On a bien travaillé, chérie.
- « On » ? À part t'évanouir dans la salle d'accouchement, tu n'as pas fait grand-chose.
- J'étais là, en soutien.
- Un soutien évanoui ?
- Oui bon, enfin... Mais ne t'inquiète pas, je m'occuperai très bien de notre petite Cannelle.
- Ho, toi, tu feras un très bon papa poule, aucun doute !
- Gouzi gouzi ! Prrrrrrrrrrttttt !
- Ha ha, tu vois ? … Docteur ?
- Un souci ?
- Quand est-ce que je pourrai reprendre le travail ? »

Année -23 :
« - J'y vais. Chéri, tu t'occupes bien de Cannelle, hein ?
- Bien sûr !
- Et vous me ferez le plaisir de ne pas jouer aux jeux vidéo toute la journée.
- Mais non, enfin. Papa est très strict là-dessus, pas vrai Cannelle ?
- Voui papa ! »
La mère de la jeune enfant ne put s'empêcher de lever un sourcil incrédule, mais un bref coup d’œil à l'horloge mit fin à cette moue suspicieuse. Elle embrassa sa fille sur le front, repoussa son mari d'un « quand tu te seras rasé », et tourna les talons hauts.
« - Je reviendrai vers 22 heures. J'y vais, soyez sages !
- Voui meuman !»

La porte se referma sans bruit, et on put entendre peu de temps après un puissant moteur vrombir de l'autre côté.
Le silence revenu, il ne fallut pas trois secondes pour que Cannelle et son père se précipitent vers la télé.

« - Cette fois papa, ze vais te battre avec la carapace rouze et ze prends Yoshi !
- Ha ha, tremble devant le roi Koopa ! »

Année -20 :
« - Bonjour, Cannelle, bonjour, M. Darucini. Madame n'est pas là ?
- Bonjour, M. le proviseur ! Non, elle travaille.
- Je vois. Enfin, asseyez-vous, et parlons de Cannelle.
- Elle a fait quelque chose de mal ? Tu as fait quelque chose de mal, Cannelle ?
- …
- Non, rassurez-vous. C'est juste que... c'est une petite fille maline, et même intelligente, et je ne peux pas dire qu'elle soit turbulente, seulement... Je pense qu'elle a un potentiel qu'elle n'exploite pas, il suffit de regarder ses bulletins : ses résultats sont vraiment en dent de scie. Et il y a autre chose. J'ai l'impression qu'elle ne fait jamais ses devoirs.
- Ha bon ? Mais qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
- … Le fait que ses cahiers soient vides est un bon indicateur, je dois vous avouer. C'est vous qui vous chargez de la petite à la maison, je ne me trompe pas ?
- Oui, et hum... Bien sûr que je lui fais faire ses devoirs, hein, Cannelle ?
- … « Allez, la revanche ».»

Le père déglutit douloureusement, tandis que le proviseur plissa les yeux d'incompréhension.

« - Plaît-il ?
- On fait les devoirs une fois que papa a eu se revanche.
- Je ne suis pas sûr de comprendre, Cannelle.
- Quand je lui mets une trempe à Mario Kart, papa veut avoir sa revanche. Il dit « Allez, la recanche ». Et des fois, il met du temps à avoir sa revanche.
- Une « trempe », n'est-ce pas ? Je crois qu'en plus de ne pas te faire faire tes devoirs, ton papa t'apprend un vocabulaire bien fleuri. »

Année -17
« - Je suis rentr... Encore en train de jouer ? Il est presque 22 heures !
- Désolé chérie, le tournoi est pour bientôt.
- Et y a du cash prize à la clé, mamounette !
- Du quoi ?
- Une récompense pour les vainqueurs.
- KO, ma fille !
- Rhaaaaaaaa !
- Il te manque des années d'expérience pour espérer me battre.
- Muh ! M'en fiche, je te mets 100-0 à Mario Kart !
- Bon allez, éteignez-moi cette console. Chéri, prépare le dîner. Cannelle, aide-le ! »

Quelques dizaines de minutes plus tard, la petite famille était réunie autour d'un gros plat de pâtes au fumet exquis.

« - Dis-moi, Cannelle...
- Mffouui, Mamfan ?
- On ne parmfe pas la bwouffe pleine !
- Ha ha, tu peux parler toi ! Bref. Cannelle, tu as onze ans maintenant. Tu as l'âge de faire un voyage Pokémon. Ça ne te dirait pas de tenter l'aventure ?
- Ben... À Rhode, il n'y a pas de Ligue. Il faudrait que j'aille à Kanto ou Kalos, et c'est loin !
- Oui, ma chérie, mais c'est une épopée formidable que tu raterais.
- Ta mère a raison, Cannelle ! La première fois qu'on s'est rencontrés, elle et moi, c'était à Unys, lors d'un combat Pokémon. C'était un match très serré !
- Ce n'était pas la plus romantique des rencontres, mais c'était marquant, il n'y a pas à dire. Qui sait, tu pourrais faire de belles rencontres.
- Oui, je sais tout ça, mais je... Je sais pas, ça me donne pas très envie. Je suis bien avec vous.
- *soupir* Et qu'est-ce que tu comptes faire ?
- Je... ne sais pas encore. Je veux rester avec vous jusqu'à trouver ma voie. »

Année -10
« Haaaaaaaaaaaaaa, je suis en retard »
Cannelle descendit les escaliers quatre par quatre, manquant de peu un magnifique vol plané à trois mètres de hauteur.
« - P'pa, le petit déjeuner est prêt ?
- Et oui ma jolie, je suis toujours à l'heure, moi.
- C'est pas plutôt que tu as passé toute la nuit sur ta nouvelle console ?
- Le petit déjeuner est prêt quand même, de quoi tu te plains ? Et tu ne peux pas m'en vouloir, ces graphismes en HD, c'est incroyable ! 720P HD ready, ma fille !
- J'avoue, c'est super-joli. Maman t'a passé un savon quand tu t'es ramené avec cette télé hors de prix, mais moi je dis que ça valait le coup.
- Pas vrai ? PAS VRAI ? Haaaaa... J'aimerais tellement que sorte un nouveau Street Fighter sur ces consoles.
- J'crois que tu rêves un peu, p'pa. On joue ce soir, hein ? Je file à mon boulot ! »

Avalant le fond de sa tasse, elle attrapa d'un geste leste son sac, et alla vers son père en trottinant pour lui embrasser la joue.

« - Haaa, tu piques !
- Si seulement ces poils avaient plutôt décidé de s'installer sur mon crâne...
- T'inquiètes p'pa, t'es canon ! »

Cannelle fit un claquement de langue complice en pointant ses deux index vers son père. Elle partit prestement et claqua la porte. Ce qui ressemblait à un miaulement plaintif se fit aussitôt entendre. Un Nounourson apparut au coin du canapé, la mine renfrognée. Du moins, aussi renfrognée que ne pouvait l'être l'adorable bouille de ce Pokémon.

« Ho, mon pauvre Dio, elle a encore oublié de te nourrir. Allez, viens là. »

Année -6
« Haaaaaaaaaaaaaa, je suis en retard »
La suite ne mérite pas grande explication, Cannelle s'est pointée en retard à ses partiels et s'est méchamment plantée, pour la troisième fois consécutive.

Il y a six mois
Un soleil de plomb baignait la ville de Phénacit. À l'ombre, près d'un des canaux qui traversaient la ville, deux jeunes dames se délectaient d'une glace salvatrice.

« -Hé, Aneth.
- Oui, Cannelle ?
- C'est décidé. Je vais à Lansat.
- Hum, ça y est, après tellement de gamelles à la fac que je n'ai sans doute pas assez de doigts pour les compter, tu vas te bouger le popotin pour devenir une pharmacologue à la dure ? »

Cannelle n'eut aucun mal à deviner le sourire goguenard de son amie malgré le voile de cheveux bouclés derrière lequel il se cachait.

« - Hé, ça demande plus d'implication que d'avoir les fesses vissées sur un siège d'amphi. Je travaillerai sur le terrain et me ferai un nom à la seule force de ma volonté et de mes petits bras musclés.
- Je doute pas une seconde que t'y arriveras, ma belle. Si t'as besoin de bons plans pour du matos ou quoi, hésite pas, je pense que je pourrai t'avoir de bons prix dans mon labo.
- Même pas un petit truc gratuit ?
- Si la pharmaceutique faisait des trucs par altruisme, ça se saurait. Et tu pars quand sinon ?
- Dans six mois (radine).
- Hm, je suis la première au courant ?
- Non (radine), je l'ai déjà dit à mes parents, et aussi à Sumac. Alors, lui, tu t'imagines bien, il a dit qu'il était à fond derrière moi et qu'il me soutenait, je cite, « avec la puissance de cinquante galaxies ». Ma mère... a plutôt bien pris la chose. Je dirais même qu'elle est ravie de voir que je me bouge un peu et que j'aie des projets. Mon père... je crois qu'il a plus de mal à couper le cordon...
-...
- … Moi aussi, je t'avoue. »

Il y a deux jours, au Port Amarrée
C'est un soleil radieux qui éclairait la ville portuaire. Même à Alola on ne pouvait rêver d'un mois d'hiver aussi doux.
Un son assourdissant et grave s'échappa du sifflet d'un immense paquebot. Le Libra 2, flambant neuf, semblait émaner d'une fierté que l'on ne prêterait pas d'ordinaire à un objet inanimé. Sur les pavés ensablés du quai, un couple assez âgé faisait ses dernières recommandations à une jeune dame, déjà cernée par d'encombrants bagages.

« - Et mange de façon variée et équilibrée, hein ?
- Oui, m'man, t'inquiète pas, je suis une grande fille maintenant !
- Envoie-nous des messages souvent !
- Bien sûr p'pa ! Je vais bombarder ton pokématos de SMS !
- Fais attention à ne pas le perdre, il est tout neuf.
- Oui m'man, encore merci pour ce beau cadeau !
- Où dois-je amener vos bagages, madame ? »

Un groom se tenait juste derrière Cannelle. Son regard trahissait un certain dépit à l'idée de devoir transporter ces valises qui semblaient peser la moitié du paquebot.

« Cabine heuu... -elle regarda ses billets- 151-64, s'il vous plaît ! Et je garde ce sac avec moi. »

Se vidant les poumons dans un long soupir, l'employé s'exécuta et emporta l'attirail sur un chariot chancelant.

« Bon, je crois qu'il va vraiment falloir que j'y ail- »

La jeune phénacitienne ne put finir sa phrase. Sa mère l'enlaçait tendrement. Cannelle fut un peu décontenancée, il était rare que « la matronne », comme elle l'appelait, soit aussi démonstrative. Après quelques secondes d'affection silencieuse, le visage aux cheveux grisonnants finit par s'éloigner des épaules de la jeune dame, révélant des yeux humides et rougeoyants.

« - Fais bien attention à toi, hein ? dit-elle d'une voix cassée.
- T'inquiètes pas m'man, t'inquiète pas, lui répondit sa fille doucement en lui tenant la main. P'pa... On se fera des parties en ligne, hein, fais chauffer ton Necalli.
- Ta Karin n'a aucune chance ! »

Un autre câlin plus tard, Cannelle s'éloigna à reculons de ses parents, dans un flot de « au revoir » et « je vous appellerai ». Au fur et à mesure, ses pas se firent plus rapides, ses phrases plus espacées. Un autre coup de sifflet du paquebot la décida à se retourner prestement et à monter sur le pont. Il ne fallut que quelques minutes pour que l'imposant navire ne se mette à avancer. Parents et enfant s'éloignèrent progressivement avec forces mouvements de bras. Cannelle ne s'était toujours pas départie de son sourire. Ses géniteurs définitivement hors de vue, elle chercha une porte pour accéder aux chambres, se perdit douze minutes dans les couloirs, déclina deux défis de la part de dresseurs zélés et une avance peu subtile d'un énième excité et finit par trouver la cabine qui lui était allouée.

Une salle au confort sommaire mais suffisant, avec un matelas sur lequel se trouvait Bento, son Caratroc manifestement peu rassuré, et Dio, le Nounourson qui la regarda avec inquiétude. Sans prévenir, Cannelle s'étala d'un saut sur son lit, face contre drap, laissant à peine le temps à ses compagnons de faire place.

Après quelques secondes sans bouger, les deux Pokémon purent entendre des sanglots étouffés s'échapper de la jeune dame. Un peu désemparés face à cette situation nouvelle, ils décidèrent après un bref échange de regards de se rapprocher de leur dresseuse. Sans jamais décoller son visage du matelas, elle tâtonna des deux mains dans leurs directions et les caressa affectueusement.

Brisant la triste atmosphère, un jingle bruyant et agressif à base de ZUN-trompettes jaillit du pokématos niché dans la poche de Cannelle. Délaissant ses deux amis, elle sortit l'appareil de là où il se trouvait, et déchiffra l'écran de ses yeux embués. Deux messages non-lus de papa, et un SMS tout frais de Sumac. Composant maladroitement son code de verrouillage, elle lut sa missive électronique.

« Je crois que tu es dans ton bateau maintenant. Courage ma chérie, crois en toi ! YES WE CANNELLE ! »

Elle laissa échapper un petit rire alors que coulait une dernière larme sur ses joues rougies.

« Pfff, t'es bête ! »