Annabelle M. Foston
« Babe, I'm gonna leave you. »
Qu'est-ce que tu es belle Annabelle ! Tu as tendance à l'ignorer, cette beauté. Tu es plutôt du style garçon manqué mais cela ne veut pas dire que tu te néglige. Tu aimes les vêtements confortables mais aussi chic, on te voit souvent en short et en t-shit-large l'été, puis en jean et en pull oversize l'hiver. T'es en permanence obsédée par tes cheveux : tu les lisses tout le temps, mais pourquoi ne laisses-tu pas tes petites frisettes faire leur vie ? Elles sont adorables. Comme tes grands yeux malicieux et ton nez qui te fait tant complexé, tes grosses petites joues. Tu as des complexes étranges mais qu'est-ce que tu es fière du reste de ton corps ! Tu es grande, 1m70, tu es svelte et musclée. Tu as un corps pulpeux : lèvres, fesses et cuisses, tu sais que je les adore. Ta peau brunie est délicate malgré le fait que tu fasses un peu d’eczéma. Ça fait tout ton charme.
Tu fais semblant de ne pas le savoir, mais tu es une séductrice. Mais les femmes te font tellement perdre la tête que tu peux devenir très maladroite, dans les gestes comme dans les mots. Pourtant, tu es complètement différente avec les hommes : tu es assurée, joviale et chaleureuse. Tu rigoles beaucoup, tu montres toujours ta joie de vivre et ton optimisme. Tu es quelqu'un de très confiant d'apparence et qui n'hésite pas à réclamer ses droits et le respect. Tu t'affirmes, mais au fond, tu doutes beaucoup de toi-même. Ton point faible, ce sont les gens que tu aimes : tu es très protectrice, tu n'es pas très démonstrative mais quand tu aimes, c'est pour de vrai. Il est hors de question que l'on fasse du mal à tes protégées. Tu as un grand cœur et un immense sens du sacrifice et de la justice. Tes valeurs, tu y tiens et tu peux te montrer très féroce quand on ne les respecte pas.
ACTE I : MA FAMILLE
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Ah, Sinnoh. Une région froide presque austère par ses ambiances automnales et hivernales mais aussi noble et attachante par ses habitants, ses pokemons et ses paysages grandioses. Cette immense île n'est pas fait pour Annabelle.
« Annabelle, debout ! »
Cette dernière habite à Bonville. Un patelin fort agréable variant entre soleil timide et pluie abondante. Il fait bon vivre là-bas, mais pas pour Annabelle. Quinze longues années à servir ce cher bar familial et à écouter les passionnantes aventures des dresseurs, dresseuses et d'autres aventuriers, aventurières en tout genre. La demoiselle ne peut que rêver d'aventures palpitantes dans d'autres régions que dans ces terres mouillées et froides. Plus elle grandit, plus son désir de partir loin lui ronge. Annabelle peut très bien fuguer. Prendre ses clics et ses clacs et partir voir le Professeur Sorbier pour la guider dans ses premiers pas. Quinze ans, c'est l'âge idéal pour partir, bien que la plupart des dresseurs s'en vont à l'âge de douze ans, à peine pré-pubère. Qu'est-ce qui peut bien retenir Annabelle ?
« Annabelle, peux-tu aller réveiller tes frères et sœurs maintenant ? Je peux nettoyer toute seule. »
La fratrie. Sa mère ne supporterait pas de perdre un de ses enfants. Pour elle, ils sont destinés à tenir ce bar et ce, pendant des générations et des générations. Puis, il faut bien s'occuper d'Enzo. L'adolescente se l'est promis, et la famille passe avant tout. Ceci dit, Annabelle commence à s’étouffer. Elle a beau aimer ses chairs mais elle se sent opprimée, enfermée. Sa mère ne veut rien entendre, même si elle remarque petit à petit la fatigue et la tristesse de sa fille. Annabelle se sent incomprise et désemparée. Un jour, il faudra que cela cesse.
« Annabelle, va faire quelques courses s'il te plaît. Machopeur t'accompagne. »
Et ce jour-là fera partie de la renaissance d'Annabelle Makila Foston.
Il fait bon vivre à Bonville aujourd'hui. Le soleil laisse apparaître ses quelques rayons même si la chaleur n'est pas au rendez-vous. Voilà notre protagoniste le visage crispé, se retrouvant avec de nombreux sacs en plastique pleines d'affaires. Elle devrait retourner au bar-restaurant préparer le repas pour toute la petite famille. Mais aujourd'hui, c'est différent. La métisse se tourne vers Machopeur pour lui faire une proposition.
« Dis moi Machop', ça te dit qu'on se pose tranquill'ment sur la Route 10 ? Genre, j'sais pas, il doit y'avoir pleins d'p'tits coins sympa. »
Machopeur semble légèrement réticente. Elle grimace alors qu'Annabelle lui tire par le bras.
« Alleeez quoi ! On va grignoter un peu avant d'rentrer. On l'mérite bien non ? On fait toujours tell'ment d'effort pour la famille ! Limite c'est de l'« exploitage », pour nous deux. On mérite une pause. »
En vérité, la demoiselle essaie surtout de se convaincre elle-même, et c'est gagné. Le couple s'en va donc se poser quelques parts dans les hautes herbes. L'adolescente a déjà prévu le coup. Elle a prévu quelques petits snacks pour elle-même et son amie. Une fois leurs fesses au sol, Annabelle déballe un premier paquet où se trouve toutes sortes de friandise. Elle en met quelques une dans ses mains qu'elles met dans son dos pour ensuite interpellé le pokemon mauve qui semble captivé par le décor.
« Alors Machop', quelle main ? »
Cette dernière réfléchit longuement avant de finalement choisir la main droite. Annabelle lui tend alors une petite boite de Lava Cookie. Machopeur semble enchantée, la remercie du regard et mange en même temps que sa partenaire avec beaucoup plus de calme que celle-ci.
« …Lapo ? »
Brusquement, un Laporeille sauvage apparaît des hautes herbes. Le couple sursaute, fixant béas le lapin. Ce dernier, sans pression, s'approche du petit groupe et piquant un lava-cookie à Machopeur. Quelques secondes de silence, Annabelle se rend finalement compte que ce pokemon sauvage vient de voler le Machopeur de famille. Celle-ci entame un douloureux deuil pour son lava cookie. L'adolescente se relève brusquement avant de crier après le Laporeille qui, une fois la friandise engloutie, tire la langue avant de filer lâchement.
« OH LA GARCE. »
La métisse s'en va courir après la bestiole suivit de Machopeur qui n'oublie pas les courses. Le pokemon Normal court beaucoup trop vite pour elle, et en profite même pour la narguer en haut d'un arbre. Il semble bien là-haut, et semble déterminé à taquiner l'humaine jusqu'au bout. Cette dernière prend un air commun chez les dresseurs : elle se recule un peu en arrière pour laisser place au Machopeur chargée des courses, brandit le bras gauche dans le vide et pointe du doigt le pokemon sauvage. Sur un ton déterminé, elle ordonne au pokemon Colosse d'utiliser une attaque. Oui, seulement une attaque, mais laquelle ? La colosse ne sait pas non plus, ce qui laisse au lapin de se moquer d'eux avant de filer une dernière fois.
Oui, ce jour est différent. Annabelle a cassé son train-train quotidien en rencontrant Lisette. C'est en ce jour automnale que l'adolescente se trouvera un nouveau but dans la vie que de servir sa famille : devenir dresseur pokémon. Voir une personnalité aussi forte la défier et de penser à une stratégie d'attaque, rien que cela a fait comprendre à Annabelle M. Foston que sa vie ne se résume pas à tenir un bar-restaurant.
Les mois passent, et la jeune fille s'intéresse de plus en plus près aux pokémons. Elle apprend par des livres leur histoire, leur comportement, leur(s) type(s), leur(s) capacité(s), leurs attaques et ce, tout en prenant de plus en plus de temps pour elle, et pour ce Laporeille. Oui, le pokémon n'a jamais fini d'embêter Annabelle dans ses moments de paix. C'est une routine adoptée maintenant de se faire racketter par un petit lapin.
Annabelle a beau se rebeller, rien n'y change. ''
La famille, il n'y a que ça qui compte.''. Sa mère ne s'est pas privé de la faire culpabiliser, lui donner des punitions de sorties et de repas et même de l'amener chez un psychologue.
« Eh, Lisette … »
Or, le problème ne vient absolument pas de l'adolescente perturbée mais bien de sa mère qui ne veut pas perdre l'un de ses petits. Annabelle est prisonnière et frustrée. Elle a commencé à comprendre que sa place n'est pas enfermée dans une petite ville pluvieuse à se délecter et même jalouser les aventures des autres.
« J'vais partir, donc, eeuuh … Je n's'rai plus dans l'coin. Et j'ne pense pas revenir. »
Annabelle mérite de découvrir le monde, de se chercher, de se découvrir, elle et les pokémons. Elle est comme ça, elle doit bouger et une demoiselle en soif d'aventure et de savoir ne doit pas se priver de son instinct naturel.
« Hey, n'fais pas cette tête va. Peut-être qu'un jour on s'recroisera. »
L'égoïsme de sa mère, l'incompréhension de sa fratrie, le stress permanent de gérer les frères et sœurs et le restaurant, Annabelle ne veut plus de tout ça. Il est temps pour la jeune fille de se prendre en main et de s'occuper enfin d'elle-même.
« Heey … Pourquoi tu m'suis p'tite chose ... »
La métisse n'est pas très fière d'elle. C'est bien le désespoir qui l'a poussé à fuguer. Voilà avec un petit sac à doc nounours, causant à son racketteur de Laporeille, Lisette. Annabelle se baisse à elle, les larmes aux yeux alors que le pokémon plante ses griffes dans son jean tout neuf.
« Arrête de t'acharner sur moi va. Je n'peux vraiment pas rester ... »
Alors qu'elle repousse Lisette, elle se met brusquement à craquer. Cela commence par un petit cri aigu de désespoir avant de se mettre, après de nombreux mois sans pleurer, la voilà recroquevillée dans l'herbe, la tête contre le sol et les poings serrés. La lapine tire quelques mèches de cheveux de l'adolescente avant de câliner son crâne. Automatiquement et sous le coup de l'émotion, Annabelle relève son buste pour prendre Lisette dans ses bras et l'étouffer contre sa poitrine en pleurant à chaude larme. Même si la lapine meurt asphyxiée, elle semble aussi émeut que la métisse.
Annabelle a été vite retrouvé. Elle n'a finalement pas bougé de son lieu d'apitoiement et sa famille a vite remarqué son absence dans la nuit. Une scène théâtrale : des policiers et même des journalistes sont à l’affût, la mère Makila Foston aime faire des siennes. La nuit a été plus douce, il s'en est suivi d'une longue discussion entre mère et fille. Au petit matin, la décision a été prise : Annabelle part pour Johto.
« Hey Lisette. » sourit Annabelle a un buisson.
Le buisson recrache le lapin de Sinnoh. Il semble content de voir la demoiselle. Cette dernière s'accroupit le sourire aux lèvres.
« Je vais partir très loin. Eeet, je me demandais siii … T'es chaude pour venir. »
La concernée hoche la tête faisant mine de ne pas comprendre puis de réfléchir. Annabelle souffle du nez.
« T'peux r'fuser t'sais, c'est compréhensible. Sinon, on risque de ne pas se revoir pendant longtemps. »
Lisette croise les bras et regarde le sol d'un air boudeur et énervé. L'adolescente tente de lui tapoter la tête mais celle-ci refuse catégoriquement par un glapissement d'énervement et un coup de griffe. Sans plus insister, la jeune fille lui dit au revoir une dernière fois avant de se lever et de partir. Jusqu'à ce qu'une petite patte lui agrippe fermement le jean après trente mètres.
C'est ainsi qu'Annabelle et Lisette atterrissent à Johto.
ACTE II : MA FEMME
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« Mari', ça y est je l'ai eu !
- Oh la coquine haha elle était pas facile celle-là ! »
Je brandis fièrement la pokéball. Ma blondinette arrive toute excitée vers moi. Le soleil va se coucher, nous avons passé toute la journée à chercher Écrémeuh. Marilyn me pique la pokéball, les yeux pétillants. Elle est vraiment jolie quand elle est heureuse.
« Eh beh, elle nous aura donné du fil à retordre. »
Elle se retourne vers moi.
« Tu crois que ça va le faire ? Je me demande si un pokémon peut vraiment avoir deux maîtres.
- Ne t'en fais pas ma beauté, Lisette t'obéis plutôt bien même si c'est mon pokémon. Et vice-versa avec Sigh. »
Marilyn confirme mes dires. Nous ne traînons pas plus longtemps ici, nous sommes fatiguée.
De retour à la maison, j'allume la lumière avant de m'affaler sur le canapé. C'était une toute petite maison qui ne dépasse pas les 100². Je la trouve très charmante, notre maison. Nous l'avons acheté après cinq longues années d'aventures. Le professeur Orme nous a fait courir vraiment partout, voulant qu'on collectionne des pokémons, affronte les champions d'arène et j'en passe. Je n'ai jamais fais tout ça, si ce n'est que remplir certaines de ses missions. Sinon, j'ai passé mon temps à admirer l'évolution de Marilyn. Elle, elle veut être coordinatrice. La demoiselle a commencé à attraper quelques pokémons et à s’entraîner très dur pour se faire un petit nom dans la région. Elle a gagné pas mal de concours et cela lui suffit. Au lieu de poursuivre ses rêves d'enfant, Marilyn a préféré que l'on s'installe ensemble et que l'on ait une vie paisible. Je n'ai jamais été très ambitieuse, donc vivre avec l'amour de ma vie ça me suffit. J'ai eu ma dose en matière de péripéties. C'est ce que je pensais.
« Je vais préparer à manger. Tu veux pas sortir Écrémeuh ? Il va falloir l'habituer à sou nouvel environnement !
- Attends, il faut que j'appelle Maman. »
J'ai eu une longue période où j'ai regretté d'avoir quitté Sinnoh. Mais j'ai toujours eu de bon rapport avec ma mère malgré mes petites crises d'adolescente. Ma famille me manque mais je ne renonce pas à mon exil.
« Allo ? Anna ?
- Coucou ma p'tite maman ! Coucou Machop' ! Vous allez bien ? ?
- Ça va, la routine ! Anya a eu son tout premier pokémon ! »
Lisette se ramène sur le canapé pour voir ce qui se passe.
« Oh c'est super ! Je peux la voir ?
- Elle est partie dormir chez sa copine. Elle te le montrera la semaine prochaine !
- Chérie, le repas est prêt.
- Ouais attends deux secondes Mari. Hey 'man, nous aussi on a un nouveau pokémon, on a passé la journée à la chercher et c'est moi qui l'ai capturé ! Attends. »
Je me lève du canapé faisant tomber ma petite Lisette par terre. Je prends ma pokéball pour sortir notre nouvelle amie. Voilà ma belle Écrémeuh, un peu perdue et surtout fatiguée par les coups qu'elle s'est prit. Je la prends dans mes bras. Elle me regarde bizarrement.
« Je te présente Écrémeuh ! Elle est pas très en forme, la journée a été dure pour elle aussi et il lui faut du temps pour l'adapter à sa nouvelle maison.
- Ça me fait rire que vous ayez choisi un pokémon commun de Sinnoh ! La maison te manque ?
- Vous me manquez c'est sûr, mais j'ai ma propre maison et ma propre famille aussi. »
J’aperçois du coin de l’œil Marilyn rougir.
« Et comment va Enzo, maman … ?
- Il fait du mieux qu'il peut à l'école, il est vraiment passionné par les pokémons. Tu lui manque.
- Lui aussi il me manque. Je pense tout le temps à lui. Et aux autres morveux aussi !
- Je vais devoir te laisser Anna, le bar ouvre à vingt-deux heures, il ne faudrait pas que je sois en retard. Passes le bonjour à Marilyn ! »
On arrête la conversation. Je répète à Marilyn ce que ma mère lui a dit, mais elle l'a déjà entendu. En même temps, le son est à fond.
J'observe la nouvelle venue de la maison. Elle contemple de fond en comble l'intérieur. Je l'amène à ma petite femme qui donne la nourriture à chacun des pokémons. Elle tend à Écrémeuh une gamelle. La vachalait est méfiante, alors je lui caresse le dos en souriant.
« C'est bon ! Regarde, les autres pokémons en mange. »
Lisette s'approche de la petite nouvelle avec une croquette. La lapine mange avec amour sa nourriture pour montrer à sa nouvelle amie que c'est bon. Écrémeuh, convaincue, mange. J'échange un sourire satisfait avec Marilyn.
« Allez viens manger. » me dit-elle.
Après manger, nous avons soigné la petite nouvelle et l'avons présenté à tous nos amis. La bonne ambiance est là, Marilyn et moi avons beaucoup rigolé. Maintenant, il est l'heure de nous coucher. Je travaille demain. Lumière éteinte, dents lavées, monstres couchés, il ne reste plus que nous deux dans le lit.
« Anna ?
- Oui ?
- Retourne toi, je déteste quand tu as le dos tourné. »
Je ricane avant de me retourner et de prendre mon amoureuse dans les bras. J’ébouriffe ses boucles dorées.
« Prends pas la mouche ! Je t'ai manqué ?
- Oui. » me répond-t-elle avant de m'embrasser.
Je retrousse son nez pour qu'elle ressemble à un Grogret. Elle me gifle la main.
« Eh ! Arrête j'aime pas quand tu fais ça, je suis enrhumée en ce moment. »
Je ricane avant de glisser mes bras dans son dos nu. J'embrasse sa nuque dans la fougue.
« Tu m'faisais la moue, je voulais que tu m'fasses une aut' tête !
- Pff, t'es stupide. »
Elle finit par rigoler avec moi. Marilyn s'endort très vite, mes papouilles sont soporifiques. Je garde ma femme contre moi, même si elle me donne chaud.
ACTE III : MA VIE
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Une assiette se brise.
« Meuh, meuh …
- Tu étais encore avec elle c'est ça ?! »
Tu me regarde avec ces yeux que je déteste. Tu me juge, tu me penses folle mais j'ai tous les droits de me mettre dans un tel état.
« Quoi, tu vas encore me faire ta crise de jalousie là ? On bosse juste ensemble, on s'entend bien et puis de quoi tu t'mêles ? Est-ce que moi j'te fais chier lorsque tu t’entraînes avec Lanc-
- LA FERME ! »
Tu évites le verre que je te lance. Écrémeuh gémit d’inquiétude, comme si elle va se mettre à pleurer. Elle te sépare de moi. Tu me vois fondre en larme.
« Marilyn, il faut vraiment que tu arrêtes de psychoter comme ça. J'en peux plus-
- Ta chemise là. Il y avait du rouge à lèvre sur le col.
Ma parole te prends de court. Tu écarquilles les yeux. Tu vas faire celle qui ne sait rien, comme toujours.
« Mais de quoi tu parles encore ?
- Tu vas me sortir quoi comme excuse bidon hein ? Nan vas y tais toi, je n'veux plus t'entendre.
- Tu vas te calmer tout d'suite, t'as pas à me parler comme ça, nan mais pour qui tu t'prends hein ?!
- C'est TOI qui m'a trompé, j'ai tous les droits de me mettre dans ces états tu n'as rien à me reprocher !
- Mais t'es folle ou quoi ?! Et qui s'lève chaque matin pour aller taffer, pour ensuite payer la maison, la bouffe et même tes vêtements ?
- Je gagne des choses aussi !
- Tes trucs, ça rapportent que dalle. Moi j'assure une sécurité.
- T'es vraiment méchante avec moi. Tu ne m'as jamais aimé de toute façon. »
J'ai bien cru que tu allais me gifler. J'ai fermé les yeux mais je n'ai rien senti. Je les rouvre.
« Meuh, meuh ... »
Tu es en train de faire ton sac. Tu sais pertinemment que cela me rend malade. Mais cette fois-là, tu t'en fous. C'est la fois de trop.
« … Annabelle ? »
Tu ne m'écoutes pas. Tu prends le minimum vital, comme si il est urgent pour toi de quitter les lieux.
« ANNABELLE !
- Anne vient avec moi. Tu viens Anne ? »
Ton bras est agrippé avec force. Tu ne me regardes pas. Tu ne veux pas voir ces yeux te suppliant de pardonner une énième fois.
« Annabelle pardonne moi ! C'est pas ce que je voulais dire ! Anna ! Mon amour ! »
Tu te retournes, les yeux pleins de larmes. Tu les retiens difficilement.
« Ça fait depuis très longtemps que je t'aime. Quinze ans. Mais là, j'en peux plus.
- Anna non s'il te plaît !
- J'ai l'impression que quoi que je fasse, tu ne seras jamais satisfait. Puis, ta jalousie maladive là, je ne supporte plus.
- Anna …
- Viens Anne. »
Tu laisses notre pokémon me regarder une dernière fois. Tu la remets dans sa pokéball.
« Je sais que c'est compliqué pour Anne. Mais je l'aime vraiment, et elle est tout ce qu'il me reste, je te laisse la maison, la nourriture et un peu d'argent. Tu es d'accord ? » Me dis-tu en posant une enveloppe sur la table.
Tu m'évites du regard, tu ne veux pas me voir souffrir.
« Restes Anna, restes ! Je ne veux pas que tu t'en ailles, si je te perds toi, je perds tout, ne me laisse pas toute seule …
- Je ne peux pas. … Je suis désolée. »
Tu fermes la porte. Tu m'as quitté.
* * *
Tu t'assois en soupirant sur une chaise du comptoir. Tu te retrouves dans un vieux bar d'Oliville, non loin de ton ancien chez toi. Tu te dis que tu pourrais très bien revenir à la maison, pardonner ta femme et vivre comme avant, comme si de rien n'était.
« Un verre s'il vous plaît. »
Peu importe le verre du moment qu'il est alcoolisé. Tu es au fond du trou. Tu as envie de pleurer mais les larmes ne viennent pas. Quelque chose de profond en toi s'est déchirée. C'est très douloureux. Tu es remplie de culpabilité, de tristesse et de colère, un tas d'émotion qui t'étouffe. Un quarantenaire vient s'installer à côté de toi.
« Eh bien ça n'va pas ?
- Comme vous le voyez. Rupture, chagrin d'amour, tout ça. »
Le serveur te donne la boisson. Tu le remercie.
« Ah oui, tout le monde connaît ces choses là. »
Tu bois une gorgée puis tu caches ton visage dans les mains.
« Quinze putains d'longues années. Je n'ai nulle part où aller, plus d'maison, plus rien. J'ai envie d'recommencer une nouvelle vie, quelque chose de totalement différent. »
Tu te trouves pathétique. Tu racontes ta vie à un inconnu dans un bar miteux. Ton esprit est tourmenté, l'image qui te reviens en tête c'est moi par terre, en larme. Cela aurait vraiment dû se finir comme ça ? Ce n'est pas là fin que tu imaginais. Tu n'as jamais imaginé de fin d'ailleurs : je suis la femme de ta vie.
« Vous allez trouver ça étrange qu'un inconnu comme moi vous propose ça, mais j'ai un bon plan pour vous. Connaissez-vous l'Île Lansat ? »
Tu relèves la tête.
« L'Île Lansat ?
- Oui. C'est une île peu connu et ils recherchent de la main d’œuvre pour des constructions. On recrute. » sourit-il.
Tu as toujours dis qu'un jour, tu deviendrais une grande femme. Une grande femme créatrice, pleine d'énergie et d'imagination. Et là, tu saisis l'occasion.
« Vous dîtes ça à une jeune femme avec un p'tit cœur brisé et beaucoup d'énergie à revendre. Je suis flattée que vous vous êtes adressé à moi ! »
Il est temps pour toi de prendre soin de toi, de penser à toi et rien qu'à toi. L'homme t'affiche un beau sourire. Tu lui plais, il sait que tu ferras du bon boulot.
« Un bateau direction Lansat part ce soir. Tu es donc prête à me suivre ?
- Bien sûr. J'ai juste une dernière personne à qui dire au r'voir et je suis à vous.
- Ulrich.
- Annabelle. Enchanté de vous avoir rencontré. »
Un événement engendre un autre. Tu as fais une très belle affaire ce jour-ci. Tu lui donne une bonne poignée de main avant de finir ton verre.
* * *
« Oh tu nous quittes Annabelle ?
- Oui. On m'a proposé du travail sur l'Île Lansat. Vous connaissez ?
- Oh oui, une île très réputé pour son Académie ! De nombreux élèves partout dans le monde vienne là-bas étudier pour devenir de grands dresseurs, coordinateurs, spécialistes et j'en passe.
- Enzo pourrait tellement s'y plaire. » tu esquisses un sourire tendre.
« Tu vas pouvoir y rencontrer pleins de nouveaux pokémons ! Des pokémons encore jamais vu à Johto. J'espère que tu t'y plairas.
- J'espère aussi.
- Oh, avant de te quitter, j'ai un petit cadeau. »
Le professeur s'en va un peu plus loin. Tu regardes une dernière fois le laboratoire. Tu te sens tout d'un coup nostalgique.
« Tiens. Il est pour toi. Prends soin de lui, il n'a pas eu une vie facile. »
Tu rigoles. Professeur Ormes profite toujours de ta présence pour te refourguer des trucs, même dans les adieux. C'est une pokéball.
« Pourquoi maintenant ? Et pourquoi moi ? Je ne suis pourtant pas la meilleure dresseuse vous savez.
- Tu as du potentiel. Je te connais Annabelle depuis le temps, je ne donne pas un pokémon à n'importe qui.
- Ok. On verra ça. » lui souris-tu.
Tu mets la pokéball dans le sac et tu le remercie. Tu as l'esprit trop occupé pour t'intéresser au petit monstre.
« Prends soin de toi Annabelle. N'hésite pas à m'appeler si besoin, tu as mon numéro !
- Merci. »
Avant de prendre la porte, tu t'arrêtes et tu te retournes.
« Au fait professeur Ormes, j'aurai une faveur à vous demander …
- Mh ? »
Tu fixes le sol comme prête à pleurer. Tu as la voix tremblante.
« Vous prendrez soin de Mari' ?
- Ne t'en fais pas pour elle. Poursuis tes rêves Annabelle.
- Merci encore professeur ... »
Et tu t'en vas. Adieu Annabelle.