Il y a quelques jours, les professeurs ont fait passer une liste que tout le monde a forcément vue au moins une fois, sauf peut-être les nouveaux. C’est la liste d’inscription à la Sortie Capture. Moi je m’y inscris toujours. Je ne cherche pas forcement à agrandir mon équipe à tous les coups mais cela me permet de me promener avec mes pokemons, de découvrir de nouveaux lieux et aussi de changer d’air, d’horizon. Et puis la direction a toujours des idées très amusantes pour nous permettre de s’échapper du quotidien. Amusante pour ne pas dire dangereuse mais pour l’instant je n’ai jamais eu d’accident. Je compte bien poursuivre dans ma lancée.

Le rendez-vous est ce samedi, à 9 heures sur le quai, au port de l’île. Je commence à avoir l’habitude maintenant, ce n’est pas la première fois que je participe à ces sorties. Je connais le chemin par cœur pour m’y rendre maintenant. Mon sens de l’orientation n’est plus malmené à chaque départ. Je me suis préparée correctement. Mon sac avec mon œuf à l’intérieur, mes quelques plantes, des pokeballs et autres bricoles qui pourrait bien servir comme un gouter ou de l’eau. En parlant de l’œuf, je n’ai toujours pas réussi à retrouver son propriétaire. J’ai laissé des affiches en ville, devant les lieux fréquentés et dans l’académie mais personne n’est venu le réclamer. Pour l’instant je continue de prendre soin de lui. Peut-être que son ancien propriétaire fait exprès de ne pas voir mes affiches, et dans ce cas-là je serais sa nouvelle famille. Enfin moi et mes pokemons.

J’enfile mon sweat, un jean troué, des baskets et je quitte ma chambre. Je crois qu’Aria ne fera pas le voyage avec moi cette fois. Il me semble qu’elle avait pas mal de boulot alors elle a fait le choix de ne pas s’inscrire. C’est dommage, c’est toujours chouette comme moment. Enfin bon je ne pouvais pas l’inscrire à sa place. Je suis un groupe d’élève qui quitte le dortoir en même temps que moi, et vite je rejoins le port à travers les ruelles. Avec moi se trouve Dama et Béryl. Je me suis dit que ça me rapprocherait de ses deux-là. J’ai réalisé il n’y a pas très longtemps que j’étais rarement seule avec Dama. Je ne le connais pas encore assez à mon goût et cela m’embête. Et puis pour Béryl, puisqu’elle est nouvelle il faut qu’elle voie ce que c’est qu’une sortie capture. J’espère qu’elle va s’amuser.

Sur le bateau, les élèves discutent entre eux joyeusement, curieux de savoir où nous allons. De mon côté, je répète mon petit rituel. Assise sur la barrière blanche du ferry, bien cramponnée à celle-ci, je libère d’un mouvement du poignée mon Lokhlass. C’est l’occasion pour lui de faire un peu d’exercice sur de longues distances. De temps en temps je l’emmène au lac ou à la plage pour nager mais il ne s’éloigne jamais trop du bord. Là il peut donner tout ce qu’il a et pendant 3 heures. Du moins c’est ce qu’à annoncer le capitaine du bateau. Moi pendant ce temps, je profite du vent marin qui secoue mes cheveux dans tous les sens. Cet air sent si bon. Cela me rappelle les plages d’Hoenn. Après quelques temps sur le bord, une connaissance du dortoir s’approche pour discuter. Elle est arrivée en février alors pas mal de choses sont encore nouvelles pour elle. Avec le sourire, je réponds à ses interrogations. Dama est planquée derrière mes jambes, encore très timide avec les humains en général. Béryl, elle, s’en fiche complètement et virevolte à travers les étudiants à la recherche de bonnes odeurs.

Lorsque l’île est enfin en vue, nous nous jetons tous sur le bord pour l’observer. Les professeurs ont refusé de nous donner des détails sur le lieu de la sortie. Il faut toujours qu’on fasse tous par nous même avec eux c’est fou. Un grand silence pèse sur le ferry puis des éclats de voix. Un volcan. L’île est en fait un volcan. Il prend presque toute la surface vu d’ici, et vite, la chaleur qu’il dégage nous rattrape. Je quitte mon pull et l’attache autour de ma taille avant de griller. Heureusement que j’ai pensé à l’eau et à mettre un t-shirt à manche courte. Ça change de Lansat où il ne fait pas encore très chaud. Il doit au moins faire 30 degrés si ce n’est plus.

Nous accostons sur l’île tout en douceur, et les uns après les autres nous quittons l’embarcation pour poser pied sur terre. A peine arrivés que les professeurs ont déjà fui pour étudier la géothermie ont-ils dit. On va devoir se débrouiller tout seul. Je rappelle Loklhass dans sa pokeball et m’engage sur un petit sentier. On va rester dans la simplicité pour ne pas se perde. On cherchera d’autres horizons un peu plus tard dans l’après-midi. Nous avons 5 heures devant nous alors autant être organisé.

La promenade du jour commençait de manière assez douce. Dama, Béryl et moi, nous avançons tranquillement le long d’un petit sentier dans l’espoir de croiser un pokemon qui pourrait rejoindre l’équipe. Béryl est toute excité, elle virevolte dans tous les sens à la recherche de fleurs. Il n’y en a malheureusement pas beaucoup ici mais dès qu’elle sent le moindre végétal, elle s’éloigne du groupe pour aller butiner. J’ai lu dans un livre que les Bombydous étaient capable de sentir l’aura des fleurs pour trouver lesquelles étaient les plus appétissantes. Et son don peut même s’étendre chez les humains. Comme les Lucarios. Peut-être qu’un jour Lucky et elle feront connaissance. Je me demande ce que cela donnerait.

La chaleur est étouffante ici. Plus nous avançons, plus la chaleur que dégage le volcan est intense. Mes pokemons ont l’air de bien la supporter, mais par précaution je les asperge régulièrement d’eau pour ne pas qu’il se dessèche. Je préfère ne même pas imaginer ce qu’il se passerait. De temps en temps, je bois quelques gorgées moi aussi pour me désaltérer. J’ai la chance de posséder un pokemon eau qui pourra me recharger la bouteille d’eau. C’est bien pratique quand même d’avoir un pokemon eau avec soit. De toute façon, tous les pokemons peuvent être utile à un moment où un autre. Notre boulot de dresseur est de savoir exploiter leur talent à bon escient. Et ce n’est pas toujours simple.

Tiens ? Avec ma petite équipe, nous arrivons devant un grand fleuve. La couleur un peu brune des eaux confirme que nous sommes sur un endroit assez rocheux et que des particules sont tombées dans l’eau. Après une rapide vérification, le fleuve est assez profond et le courant trop fort. Je ne pourrais pas traverser à la nage. Je libère Lokhlass de sa pokeball pour qu’il m’apporte son aide.

Lokhlass, tu veux bien m’aider à traverser le fleuve ?

Je rappelle mes autres pokemons dans leur pokeball avant de grimper sur la carapace du monstre marin. En quelques battements de nageoire, nous rejoignons l’autre rive. La rivière n’était pas énorme non plus, juste impossible à traverser avec seulement mes bras et mes jambes. Je descends de son dos, et avant de le rappeler je pense à une chose. Je sors de ma sacoche une poche vide et la tends vers le pokemon.

Tu veux bien mettre des glaçons à l’intérieur ? C’est pour garder l’eau au froid dans mon sac et éviter que le bébé pokemon ne prenne trop chaud.

Lokhlass exécuta et transforma l’intérieur du sac en plastique en bloc de glace. Je n’ai plus qu’à le caller tout contre l’œuf pour lui apporter un peu de fraicheur. Lors d’un cours, j’ai appris que trop de chaleur pouvait provoquer des malformations chez le fœtus de pokemon. Je ne prendrais pas ce risque avec mon nouveau compagnon. Soulagée, je rappelle le pokemon eau dans sa pokeball et ressort Dama et Béryl pour continuer la route. Et puis la nouvelle fraicheur du sac refroidit ma cuisse sur laquelle il est appuyé. Double avantage.

Après quelques dizaines de mètres, nous arrivons dans une petite crique. Une source chaude. C’est rigolo. Je m’y baignerais bien s’il faisait 10 degrés mais il fait trop chaud là je n’ai pas le courage. A petit pas, je contourne le lac avec mes pokemons à mes talons. Nous passons collés à une falaise rocheuse pour arriver de l’autre côté du lac. Dama me suit doucement pour ne pas tomber. Ses pattes ne sont pas encore aussi résistante que son évolution alors il manque de confiance en lui. Je passe le chemin sinueux et attends mon petit pokemon. Mais au moment où il passe, un petit pokemon tombe sur son dos et le surprend violement. Il se met alors à courir dans tous les sens pour le faire tomber.

Dama tout va bien, ce pokemon ne te va pas de mal !

Le pokemon bleu, un Flingouste en l’occurrence, tombe du dos du bouquetin et s’apprête à partir. Mais mon ami en a décidé autrement et fonce sur lui avec une attaque Empalkorne. En un coup, le crustacé est K.O. Au moins ça a été radical. En trottinant, Dama revient se frotter contre mes jambes, apeuré par son geste. Je lui caresse la tête pour le rassurer.

Ce n’est pas grave mon grand ça arrive à tout le monde. Je vais aller le soigner.

Je m’assois sur un rocher, le pokemon blessé sur mes genoux. Avec un peu de bandage, je soigne sa pince amochée. Ce n’est pas bien grave, il est juste un peu sonné par le choc. Je lui offre également une petite baie qui l’aide à reprendre ses esprits. Doucement, j’approche mes mains de l’eau pour qu’il puisse repartir nager avec ses congénères. Je ne pensais pas que Dama avait autant de force. Quelle drôle d’histoire.

J’ai bien fait de choisir Dama pour cette sortie capture. J’avoue que sans ça, je n’aurais jamais pensé qu’il possédait une telle force physique. Il a quand même mis un pokemon K.O en un coup ! Habituellement pour les combats j’ai tendance à choisir Ruru, Yuko ou Zeno. Mais je n’aurais jamais fait appel à Dama spontanément. Enfin de toute façon je ne suis pas sûre de le faire même en sachant ça. Vu dans quel état il est à cause de cette attaque, je doute qu’il soit prêt à recommencer. Ce n’est pas un pokemon combatif, c’est le cas de le dire. Il est beaucoup trop timide et craintif pour ça. Surement le plus de l’équipe. Même Pop aurait su garder son calme. Je ne peux pas lui en vouloir, tous les pokemons commencent par là. Après avoir enfin réussi à le calmer, je quitte ma place et reprends la route avec mes compagnons.

Peu à peu, nous nous éloignons de la source chaude pour poursuivre le petit sentier. La chaleur que libérait l’eau se fait moins intense, et petit à petit nous arrivons à trouver des coins d’ombres. Parfois, je colle mes mains à mon sac pour trouver la fraicheur des blocs de glace. Il doit être environ 15 heures déjà. Plus que deux heures d’exploration et il faudra quitter l’île pour revenir à la vie normale sur Lansat. Honnêtement je ne sais pas si je suis pressée ou triste de quitter cet endroit et sa chaleur étouffante. Bon au lieu de parler de malheur, autant profiter du paysage. Il faut dire que tout est très calme là. Plus que d’habitude. Et l’expérience m’a appris à me méfier d’un environnement trop calme.

Je suis stoppée dans mes pas par un énorme écho qui se propage de façon spectaculaire sur une grande zone. Par reflexe, je me bouche les oreilles pour préserver mes tympans.

Mais c’est quoi ce bruit ?!

Mes pokemons n’ont pas l’air d’apprécier non plus, particulièrement Béryl qui s’est cachée dans la capuche de mon sweat accroché à ma taille pour limiter le bruit. C’est marrant, le bruit est par vague. Une seconde d’écho, deux secondes de silence. D’où cela peut-il bien venir ? Et puis, j’ai l’impression d’avoir déjà entendu ces sons. On dirait… des ronflements ? Avec un peu de chance, je peux en trouver l’origine. Doucement, à l’aide des bruits, je m’approche de l’endroit qui me parait être la source de tout ce bazar. Nous arrivons au bout de 5 minutes devant une petite caverne, et à l’intérieur se trouve un énorme Ronflex. Voilà la source de tout ce vacarme. Ce sont ses ronflements qui faisaient écho dans la grotte. Ainsi, les sons ont été amplifiés plus que la normale.

Bon maintenant il faut le faire bouger de là. Je n’ai pas envie d’avoir des acouphènes en rentrant au dortoir. Il faut stopper la chorale.

Béryl, tu veux bien aller le réveiller s’il te plait. Tu es petite tu pourras plus facilement te faufiler au-dessus de lui.

La petit mouche exécuta et partit vers la tête du pokemon dormeur. Je ne la vois pas faire, je suis trop basse, mais elle revient au bout de quelques minutes sans succès. Elle n’a pas l’air d’avoir réussi à le réveiller. Bon, je vais essayer la manière forte. Je colle mes mains à son ventre et le masse fort pour que ça lui fasse des guilis. Sans succès aussi. Je vais bien trouver une idée quand même. Impossible de le pousser ni même de lui faire ouvrir l’oeil. Le contourner est impossible également car il bloque toute l’entrée. Il a bien choisit sa place pour embêter tout le monde celui-là. En plus, il ronfle de plus en plus, de quoi m’agacer. Je déteste les fainéants. Bon je ne vois plus qu’une dernière solution, un peu bête mais je n’ai pas d’autres options.

Puisque tu ne veux pas bouger je vais t’y forcer ! Pokeball Go !

Oui c’était un peu brutal comme méthode. Faire bouger un pokemon à coup de pokeballs ce n’est pas très sympathique mais c’était ma dernière option. Le Ronflex refusait de bouger et dans mon esprit, si je forçais une capture, il se libèrerait de l’objet et serait donc éveillé. Oui c’est une option qui a beaucoup de chance de succès. Cependant, j’ai quand même aperçu que ma force était encore limitée. J’ai du travail à faire si je veux ne plus jamais ne plus avoir à employer ce genre de moyen. Béryl revient se placer à côté de mon visage et Dama est appuyé contre ma jambe droit, en attente que la masse géante se réveille. Le silence revenu, nous n’avions plus qu’à attendre.

Et puis il y eu le clic de trop. Celui qui annonce que la capture a réussi. Les yeux écarquillés, je ne pouvais que constater qu’involontairement j’avais capturé ce pokemon. Je voulais juste le faire bouger moi, qu’il arrête de faire un effet stéréo avec ses ronflements. Je ne voulais pas le capturer. Pourquoi s’est-il laissé faire en plus ? C’est vrai quoi je le dérangeais dans sa sieste il n’y avait aucune raison qu’il veuille venir avec moi. Ça n’a pas de sens. Soit j’ai eu une chance incroyable soit ce pokemon est complètement stupide. Au choix. Il m’est arrivé à plusieurs reprises de tenter la capture d’un pokemon plusieurs fois. J’ai dû mis reprendre à 2 fois pour Lokhlass et à 3 fois pour Posipi, alors que pour eux je voulais vraiment les capturer et je le montrais.  Les pokemons manquent cruellement de logique. Ou c’est juste moi qui ne les comprends pas. Soupirant, je vais ramasser la pokeball dans la grotte.

Bon et bien les amis il faut croire qu’un nouveau nous a rejoint. Il est temps de rentrer, il ne faudrait pas qu’on loupe le bateau.

Glissant la petite boule dans la poche extérieur de mon sac, je me relève ensuite pour reprendre la route. Soucieuse, j’en oublie presque la chaleur pesante de l’île. Je n’aime pas capturer des pokemons pour rien. Je ne sais vraiment pas ce que je vais faire avec lui. Je suis du genre active, et toute mon équipe s’est adaptée à ce rythme. Mais un pokemon connu pour dormir à longueur de journée pourrait-il le faire ? Je suis désespérément perdue. Pourtant, je sais qu’une de mes chères amies me dirait de ne pas abandonner, ni de perdre espoir en la force des pokemons. Aria bien spur. Elle est devenue coach. Je pourrais lui emprunter ses manuels pour voir ce que je peux faire. Qui sait, avec un peu de persévérance je pourrais en faire un membre actif de l’équipe au même titre que les autres.  C’est dans cet état d’esprit que je dois raisonner. Rassembler mes forces et mon énergie pour m’occuper de ce nouveau compagnon. C’est cette voie que je dois poursuivre. Mes pokemons n’ont pas l’air contre. Avec ce nouvel espoir en tête, je rejoins les autres étudiants sur le bord de l’eau, attendant le ferry.

Vite, nous montons tous sur le bateau pour reprendre la route. Vers 21 heures nous devrions être rentrés. Je grignote mon biscuit sur la rambarde, pensive. Il me reste encore un problème. Les douleurs dans ma main gauche ne diminuent pas. Elles ne sont pas plus violentes qu’avant mais je ne perçois pas d’amélioration malgré mes nombreuses tentatives. Je dois chercher un autre recours, une autre solution. Mais encore une fois je ne dois pas désespérer. La situation est difficile, mais c’est ainsi que l’on apprend et que l’on devient plus fort. Le regard perdu dans le soleil couchant, je peux percevoir les différents horizons qui m’attendent.