▬ Fiiiiou ~ ♪

Le son résonne joyeusement dans la pièce, et s'enfonce dans les contrées obscures des couloirs pour s'y perdre  dans le silence qui y règne encore. Certains ont déjà vidé les lieux, équipé comme de vrais voyageurs, accompagné de leurs proches, de leurs compagnons de leur route. L'atmosphère ambiante est calme et doux. Toi tu es posé sur ton lit, fixant le plafond avec une impassibilité presque effrayante. Un mois et demi ont désormais passé depuis que tu y es arrivé à la Pokémon Community, et malgré tout, tu as encore beaucoup de mal à l'admettre. Tu évolues seul désormais, sans tes repères familiaux, sans tes amis et tes camarades. Tu as su t'entourer de nouveaux camarades désormais, mais tu sens bien que c'est différent. Il y a ce quelque chose d'étrange qui te fait comprendre que plus rien ne sera jamais comme avant. Tu t'y étais préparé mentalement pourtant, comprenant que l'apparition de ce sentiment était une étape inéluctable dans ton intégration dans ce nouvel environnement, mais rien n'y fait. Tu te sens bizarre, et tu ne peux t'empêcher d'y penser.

Alors tu tentes de laisser passer, en sifflotant. Le seul son que l'on ait jamais entendu de ta part. C'est joli, un sifflement. Cela te met facilement de bonne humeur, et en joie totale. Il faut admettre que ce n'est que de courte durée, mais cela a le mérite de ne pas te faire commencer la journée de mauvais poil. Bon point. Mais ce qui t'intéresse le plus, c'est le fait que ce sifflement attire toujours Rocabot à toi, comme s'il se mettait à penser que c'est l'heure de manger. Certains crieraient à la cruauté, mais à la lumière des faits, cela constitue le seul moyen que tu as pu trouver pour faire sortir le Pokémon de ses cachettes improbables. Le petit est en effet du genre trouillard, et a une tendance embêtante à fuir le monde comme s'il allait le tuer à la moindre occasion. Pourtant, tu sais qu'il n'en est rien, et tu ne peux même qu'admettre qu'il est du genre craquant. Une vraie boule d'amour, qui se laisserait volontiers caressé toute la journée s'il n'avait pas peur de tout le monde. Tu n'as jamais eu le droit de l'approcher autrement que pour lui donner à manger, qui l'attire à chaque fois. Un vrai morfal. Tu espères bien réussir à lui faire prendre un peu plus de confiance qu'il puisse enfin sortir de la torpeur dans laquelle il s'est enfermé depuis un moment ; d'après le collectionneur qui me l'a remis, il était déjà ainsi au moment de l'attraper.

En attendant, le voilà qui passe le pas de la chambre en poussant délicatement la porte avec son mignon petit museau et se dirige en bougeant frénétiquement les pattes, tout heureux de se dire qu'il va encore profiter d'un repas de gourmet ce matin. Te tournant vers lui, ventre sur le lit, mains en guise d'accoudoir pour ta tête, tu le regardes avec un sourire malicieux en attendant qu'il finisse par comprendre que tu l'as encore une fois dupé. Ce qui ne tarde pas à arriver. La petite tête finit par tourner le regard dans ta direction et comprend alors ce qu'il se passe, esquissant déjà un mouvement de repli. Tu le prends cependant de vitesse, portable en main, écrivant quelques mots sur ton portable. « ATTEND S'IL TE PLAÎT ! » parle une voix rauque et peu naturelle au travers des hauts-parleurs du portable. Le Rocabot, un instant hésitant, se stoppe net et semble subitement plus curieux. Lui offrant un grand sourire, tu fouilles à travers les pages et tomba finalement sur ce qui t'intéresse et lui montre alors.

Une sortie capture.

De ce que tu as pu récupérer en terme d'informations, les sorties captures sont des sortes de sorties scolaire durant lesquelles les élèves sont amenés à fouiller l'île visitée pour y capturer un nouveau Pokémon. La brochure qui explique le fonctionnement de cet événement a le mérite de bien préciser que cela permet avant tout de faire découvrir aux élèves de nouveaux horizons et de se familiariser avec toutes sortes d'environnements qu'ils pourraient être amené à croiser dans leur avenir ; n'oublions pas l'aspect social et les liens qu'ils sont censés permettre d'approfondir, en tout cas d'après la brochure. C'est la raison qui fait que tu voudrais pouvoir t'y rendre, avec lui. Mais quel est la probabilité pour qu'il y comprenne quoique ce soit ? Tu n'y as même pas pensé un instant. A ton grand bonheur heureusement, il se détourne de toi et rentre sagement dans sa Pokéball, faisant comprendre qu'il te suit.

Un sourire radieux vient alors illuminer ton visage.

Sans perdre de temps, et voyant que la dernière heure possible pour prendre le bus et arriver à temps approche dangereusement, tu attrapes sans tarder tes affaires, te contentant du strict minimum, et et agrippa la Pokéball de Rocabot à ta ceinture avant de te lancer à travers les couloirs de l'académie à une vitesse de marche régulière et reposante. Il ne faut que peu de temps pour relier l'arrêt de bus, puis le lieu du rendez-vous où nombre d'autres élèves se sont déjà agglutinés comme des mouches. Il ne faut que quelques minutes pour que tous soient montés dans le bateau qui était accosté depuis un moment déjà, et que ce dernier ne se mette en route. Adossé contre un mur à l'arrière du pont supérieur, tu es pensif. Tu ne te l'avoues pas, mais tu stresses.

Tu ignores ce qui t'attend, et cela te gêne ...

Il y a ce vent frais mais dur qui circuler et fait virevolter ta chevelure.

Le pont s'est animé de l'activité humaine, et les élèves s'agglutinent ici et là, discutant de choses et d'autres comme de naïfs enfants n'ayant pas conscience du sort qui les attend dans quelques heures. Le monde s'agite et s'affole au rythme de leurs mots, et le paysage semble même danser avec la mélodie de leurs voix. Tout n'est pourtant que silence, et rien ne vient perturber l'atmosphère tranquille du bateau qui se dirige inlassablement vers sa destination. Tu es posé sur le pont supérieur, à fixer l'horizon, solitaire. Tes rares camarades ont préféré s'abstenir de faire la sortie pour cette fois, te laissant en unique compagnie du vent tumultueux et de la mer dominatrice. Tu te dis que Rocabot aurait probablement apprécié ce cadre qu'il aurait trouvé idyllique, mais il t'aurait fallu le chercher pendant des heures durant. Le laisser se reposer sereinement dans sa Pokéball reste la meilleure solution pour le moment, mais quelque part, tu regrettes cette idée. Et ça t'obsède. Un peu trop d'ailleurs, même si tu ne t'en aperçois pas. Et avant même que tu ne tiltes, l'île sur laquelle vous allez accomplir votre petite sortie scolaire se profile joyeusement à l'horizon, brûlante, puissante, dominante.

Bientôt, tu te rends compte que la chaleur qui entoure l'île se charge de chaleur.

Il ne te faut pas longtemps pour troquer ton T-shirt à manches longues pour ton débardeur de secours, tout simple et largement suffisant. Il règne sur cette île une atmosphère tout à fait suffocante qui te fait rapidement transpirer et qui t'oblige très vite, une fois le pied à terre, à t'équiper du brumisateur de poche que tu emportes toujours par sécurité. Toi qui n'est pas du genre à être très affecté par les changements de températures, il faut admettre que cette chaleur haletante te met dans un état physique que tu n'apprécies guère. Mais tu fais avec, et tu sais que cette chaleur fera grand plaisir à quelqu'un d'autre, que tu devines impatient de découvrir les sentiers. Tu te dépêches donc de quitter l'embarcadère pour rejoindre le groupe d'élèves entourant les professeurs accompagnateurs qui débitent les visiblement habituelles informations de sécurité à ces derniers avant de prendre la fuite comme un Goinfrex qui vient de s'emparer du goûter d'un autre. Bientôt, les élèves suivent l'élan, et se dispersent sans demander leur reste à travers les nombreux chemins qui s'offrent à vous. Pour ta part, tu attends patiemment que tout le monde soit parti, afin de pouvoir sortir Rocabot de sa boule de confort qu'il se dégourdisse enfin les jambes. Mais leur départ se fait attendre, et tu comprends vite que le seul élève restant a la même idée que toi. Ce dernier, un instant hésitant, quitte la position de tailleur qu'il avait pris et se dirige alors vers toi avec un sourire très enjoué, très amical.

▬ Bonjour ! Alors toi aussi, tu attends que tout le monde soit parti pour fermer la marche ? salut-il.

Tu le fixes, silencieux, avant d'activer la fonction haut-parleur de ton Ipok.

▬ Bonjour. À vrai dire, j'attendais surtout qu'il n'y ait plus personne pour pouvoir faire sortir mon Pokémon. Il est très peureux. réponds-tu, lui offrant le même sourire.

Un léger échappe à l'inconnu, qui te fixe comme tu le fais.

▬ Oh, je vois ! Tu es arrivé il y a peu de temps … J'imagine qu'on ne t'a pas expliqué le principe des sorties captures. dit-il.

▬ Seulement dans les grandes lignes. répliques-tu sur ton Ipok.

▬ Oh, je comprends. Eh bien, que dirais-tu que je sois ton guide ? Histoire que tu découvres sans risques la joie des sorties captures ! proposa-t-il.

Tu as ce regard interrogateur à son égard. Un guide ? Tu n'aurais jamais pensé que quelqu'un souhaiterait te prodiguer des conseils et t'apporter de l'aide pour réussir ta première sortie capture. Et pour être honnête avec toi-même, cela te rend heureux d'avoir quelqu'un pour ça.

▬ Cela serait avec plaisir.

▬ Alors en route ! s'exclame ton opposant.

Sans perdre une seconde, le garçon, qui se révèle être un grand blondinet plutôt imposant, à la fois par sa taille que par sa carrure qui, mais qui semble un tantinet niais sur les bords, fait sortir un Tyranocif qui répond dignement à la description que l'on se fait des membres de son espèce, ainsi qu'un Galopa qui se trouve être une femelle à l'allure fort gracieuse. Ce gars-là est là depuis un moment, tu n'en as aucun doute. Il a cette expérience évidente qu'ils dégagent lui et ses Pokémon qui te font bouger instinctivement les jambes à sa suite, débutant enfin l'ascension qui t'attend. Il ne faut que quelques secondes pour qu'à nouveau ton Ipok reprenne son léger grésillement et que sa voix suave et grisonnante ne transperce le silence du volcan.

▬ Au fait, je m'appelle Desmond Clifford, et toi ?

Ton guide se stoppe subitement dans sa marche et se tourne vers toi, tout souriant.

▬ Je m'appelle Lucas Emerillon, membre du dortoir Noctali, topdresseur spécialiste du type feu et archéologue de mon état !

Ton regard s'illumine instinctivement à l'annonce de ses mots.

Cet élève n'est clairement pas le dernier des péquenauds, bien au contraire. TopDresseur déjà spécialisée dans un domaine et qui plus est futur archéologue. Définitivement pas le genre de personne a se fondre facilement dans la masse populaire. Impossible de savoir s'il est d'un niveau acceptable, bon voir très bon, mais il dégageait aisément ce sentiment de domination envers toi, sans en penser mot. Comme un de ces leaders comme on en voit dans les films, ces hommes qui n'ont pas pour vocation de guider tout une masse mais qui se retrouvent par la force des choses et leur charisme avérée à en diriger toute une armée dans un but commun. Un type en clair tout à fait désintéressé par le leadership et qui place tout le monde à son niveau, ce qui le rend d'autant plus fort et dominant parmi ces gens. Un sourire vient cette fois aveugler ce pauvre Lucas qui n'a rien demandé : tu es bien content d'avoir rencontré quelqu'un comme lui. Et armé de cet étrange plaisir, tu t'es remis en route quand ton nouveau guide s'est lui-même remis en marche.

Vous avez marché plusieurs minutes durant, voir peut-être une heure.

Puis vous avez atteint une petite bicoque en bois, tout à fait rudimentaire, plutôt lugubre mais visiblement bien vivante puisque trois hommes, à travers la fenêtre, se partagent un joyeux petit déjeuner copieux. Impossible de ne pas les entendre tant leurs exclamations sont fortes. Il est certain que ces hommes profitent d'une bonne pause avant de se mettre à leur travail. La question reste de savoir s'il s'agit d'autochtones ou bien de simples travailleurs dépêchés sur l'île. Sans trop se poser de questions, Lucas s'est avancé tranquillement dans la direction de la petite maisonnée dans l'espoir d'interpeller ces trois hommes, mais il s'arrête subitement sans prévenir, et se tourne alors lentement vers toi, son Tyranocif et son Galopa se tenant quant à eux aux aguets.

▬ Dis, Desmond. Ton Pokémon saurait-il se battre ? demande-t-il.

Un gloussement violent saccade ta trachée une seconde durant avant de laisser place à une certaine gêne. Tu ne sais pas quoi lui répondre, car tu ne connais même pas la réponse à la question. Dans l'hésitation, tu hoches positivement la tête.

▬ Bien. On va avoir besoin de l'aide de ton compagnon. annonce-t-il.

Ta gêne laisse place à de l'incompréhension. Besoin d'aide ? Mais pourquoi ? Poussé par le regard déterminé que dévoile Lucas, tu attrapes rapidement ton unique Pokéball disponible et appuies sur le bouton pour faire sortir ton joyeux camarade.

▬ Rocabot ...

Il faut te rendre à l'évidence : malgré la situation, le petit est resté d'un naturel apeuré, et il ne tarde pas à repérer les trois masses gigantesques qui lui font face, provoquant chez lui un sentiment d'effroi qui le pousse presque instinctivement à fuir une vingtaine de mètres plus loin, sans demander son reste. Ton regard, quelque peu attristé, croise celui de ton guide qui semble tout à la fois émerveillé et dépité. Mais pas pour ton compagnon. Pour toi.

▬ Je n'avais jamais vu un tel Pokémon auparavant ! Il vient de la région d'Alola ? demande-t-il, ce à quoi tu réponds d'un hochement hésitant de la tête, comme pour « Je suppose ... ». C'est bien dommage de voir un si beau Pokémon si effrayé. continue-t-il ensuite.

Il faudrait être bête pour comprendre que Lucas en attendait plus de ta part. Il ne le pense peut-être pas, mais c'est la sensation qui en ressort. Et ça te met mal à l'aise. Tu te vois désormais désespérant aux yeux de ce dernier, et tu regrettes de lui avoir offert un spectacle aussi déplorable. Tu sais bien ce qu'il en est en vérité, mais rien n'y fait : tu te sens simplement plus mauvais qu'un jeune newbie découvrant le monde Pokémon pour la première fois. Tu as envie de fuir comme Rocabot l'a fait, de fuir ta nullité. Tu as juste envie de …

▬ CRADOPAAAAUD !!

Le hurlement presque strident d'un être mystérieux et dangereux te stoppe dans ta quête de fuite immédiate et te plante sur place, comme tétanisé. Lucas n'a que le temps de crier de te mettre à couvrir que la petite bête quitte la cachette où elle s'est installé pour te sauter dessus sans ménagement, armé d'une aura de mort avec elle. Un souffle, une patte violette.

Puis le noir total.

Lorsque ton regard quitte la pénombre pour redécouvrir la lumière, le soleil surplombe les cieux.

Installé confortablement sur un transat pliable, tu sors d'une longue inconscience que tu n'as même pas eu le temps de comprendre. Tu en es à te demander comment tu as pu atterrir ici aussi subitement. Puis les souvenirs commencent à remonter, et très vite, la vision de la patte violette te revient en mémoire. Il n'en faut pas plus pour que tu parcours ton corps à la recherche d'une quelconque marque ou blessure, et il ne faut pas longtemps pour que ta main vienne tâter une douleur vive au niveau de ton cou que tu devines désormais bien rouge. La douleur y est vif, et tu sers instinctivement les dents au moment du toucher, t'obligeant à souffler pendant plusieurs secondes pour laisser passer le mal qui t'empoisonne. Que s'est-il passé ? Il semblerait que le coup t'ait littéralement coupé le souffle et t'ait fait tombé dans les pommes pour un petit moment. Reste à savoir ce qui est arrivé juste après et la raison qui fait que tu te trouves désormais confortablement installé sur ce transat. Une voix qui t'est familière ne tarde pas à te faire sortir de cette réflexion et ton regard se tourne vers le virage de la bicoque où tu te trouves.

C'est à cet instant que Lucas paraît, discutant joyeusement avec deux hommes viriles.

Son ton enjoué t'apaise quelques instants avant que tu ne laisses place à l'interrogation. Que fait-il donc avec ces hommes ? Et qui sont-ils ? Tu as bien une idée, mais l'hypothèse te paraît trop absurde pour être recevable. En tout cas, ils sont là, discutant amicalement comme de vieux amis, et se trouvent moins inquiétés par ton état que par le sujet préoccupant de leur discussion endiablé. Ils se stoppent néanmoins dès l'instant où Lucas voit que tu es réveillé, arborant un grand sourire limite niais à ton attention. Sans sommation, il vient t'offrir un câlin bienveillant avant de te demander si tu sens bien. Légèrement hésitant, tu le rassures rapidement sur ce point en précisant simplement qu'il valait mieux pour toi de ne pas toucher à ton cou pendant au moins plusieurs heures ; si ce n'est plus. Tu profites de ces quelques mots pour redresser ton buste et fixer enfin ton interlocuteur de manière parallèle, et par réflexe, tu y ajoutes un petit tour d'inspection visuel pour voir ce qui t'entoure. Tu ne tardes pas à repérer la petite ombre qui s'est recroquevillé derrière le mur, t'observant avec un air inquiet et attristé. Lucas, qui n'est pas dupe, ne tarde pas à le voir également et affiche un sourire toujours plus radieux.

▬ C'est grâce à lui que tu es là. Il a réussi à faire fuir le Cradopaud tout seul en le chargeant, bien qu'au prix de quelques blessures. explique Lucas.

Le petit Pokémon, qui semble comprendre de quoi il en retourne, quitte à ces mots sa cachette et se dirige pas à pas vers toi et le Noctali, boîtant à l'avant.

▬ Il ne pourra pas utiliser sa patte avant deux bonnes heures au moins. Et il devra y faire très attention dans les prochains jours pour ne pas aggraver la situation. Il se tourne subitement vers les deux hommes. Au moins, on peut s'estimer heureux d'être tombé sur ces deux gaillards. Ils ont soigné la blessure que ton compagnon s'est fait à la perfection. dévoile-t-il alors.

Cette fois, c'est sur ton visage qu'un sourire radieux s'illumine. Le ton calme et amical de Lucas te fait bien comprendre qu'il ne ment pas. Et le regard plein de vie de Rocabot te le fait confirmer. Tu es d'ailleurs bien surpris de voir pour la première fois ton compagnon aussi près de toi, ou même de quelqu'un d'autre. Tu as presque l'impression qu'il ne s'agit plus de ton starter. Pourtant, tu ne peux le nier : c'est bel et bien celui avec qui tu as débuté ta vie à la Pokemon Community, pas de doute là-dessus. Il a simplement pris de la confiance, et s'est finalement décidé à vous approcher. Il semble plus en confiance néanmoins avec les trois autres qu'avec toi, ce qui ne manque pas de te rendre légèrement triste, mais cela te permet de comprendre un peu plus son changement soudain de comportement : ils sont ceux qui l'ont soigné, alors même qu'ils ne le connaissaient pas. Ce sont ceux qui t'ont transporté à l'abri, toi, son dresseur, celui-là même pour qui il s'est battu de toutes ses forces. Comprenant que ces gens ne lui feraient aucun mal, il a finalement décidé de leur accorder un semblant de confiance en eux.

Tu ne le sais pas encore, mais c'était là le premier pas vers un avenir prometteur pour lui.

Mais comme toute les futures stars, Rocabot n'allait pas être seul, et à cet instant, une nouvelle ombre aussi petite que lui paraît du coin de la bicoque en bois, s'avançant d'un pas assuré et fier.

Un Malosse vient de faire son apparition ...

Cette apparition t'effraie étonnamment.

De prime abord, il te semble voir en lui un être qui t'est hostile et au regard monstrueux, semblant voir en toi un simple morceau de steak bien juteux, son look démoniaque et son air féroce n'aidant pas à penser autrement. Cependant, tu te ravises rapidement, ne voyant très vite en lui qu'un petit Malosse à l'allure fière, simplement attiré par une odeur de nourriture qui trône justement sur la table des deux propriétaires des lieux. En y regardant de plus près, tu remarques que sa fourrure est toute soyeuse et très entretenu, qui n'est pas pour te déplaire. Par contre, tu ne sais pas trop si tu as la possibilité de te tenter à le toucher. Il semble malgré tout assez féroce, et reste un danger pour toi. Pour peu qu'il cache un côté malveillant, il pourrait attendre que tu t'approches suffisamment de lui pour qu'il te saute au cou à coups de mâchoires. Est-ce une bonne idée de t'avancer vers lui pour essayer de le caresser.

Poussé par ton envie irrépressible de le faire, tu te décides finalement à faire le premier pas dans sa direction, obtenant de sa part un mouvement de tête sur le côté pour manifester plus de curiosité qu'une quelconque méfiance. Rassuré sur ce point, tu fais un second pas, suscitant la même réaction que précédemment. Un troisième pas te laisse à portée d'attaque du canidé monstrueux, et tu commences à hésiter un peu. C'est finalement le Malosse lui-même qui se décide à venir vers toi, tendant sa tête pour que tu lui offres une généreuse caresse sur la tête et le long du dos. C'est là que tu comprends que ce Pokémon est en vérité une vraie boule d'amour, simplement animé d'une fierté qui lui a transmis son regard fort et puissant. Il est rare pour toi de croiser ce genre de Pokémon, tu en es plus qu'heureux. Cependant, une chose te chiffonne rapidement l'esprit. Instantanément, tu t'empares de ton Ipok encore en état et écrit quelques hauts que l'option vocale prononce de son habituel voix rauque et fort étrange.

▬ Vous connaissez ce Malosse ?
▬ Sûr qu'on l'connaît gamin ! On l'nourrit tous l'jours !
▬ On l'appelle Doggo entre nous deux, C'est not' p'tit chou qu'on a trouvé abandonné par son dresseur y a bien deux p'tites s'maines.
▬ Abandonné ? C'est horrible ! Qui oserait faire cela ?

Tu sens qu'au fond de la bouche, Lucas vous cache quelque chose, lié à ce qu'il vient de dire mais sans aucun doute inutile à savoir de votre côté. A-t-il lui aussi abandonné un Pokémon par le passé ? Son sérieux et la qualité de dresseur qu'il semble dégager tend à prouver que non, mais on fait tous des erreurs de parcours. En tout cas, cela a piqué à ta curiosité. Tu y repenserais plus tard. En attendant, les deux travailleurs vous apprennent rapidement qu'ils n'avaient pas réussi à trouver le filou qui s'était débarrassé de son compagnon, mais qu'ils avaient réussi à sauver le petit Malosse probablement perdu sur l'île depuis un ou deux jours précédemment son sauvetage. En bref, un petit miraculé. Lucas, d'abord offusqué, finit par aborder un regard de compassion en direction du type ténèbres, puis se tourne vers les deux hommes.

▬ Vous comptez le garder ?
▬ Beh on espère bien qu'on pourra le r'mettre à quelqu'un d'plus compétent qu'nous pour s'occuper d'lui, mais en attendant, on l'garde avec nous, ouais.
▬ Et vous pensez qu'on pourrait s'en occuper, nous ?
▬ Pour avoir vu c'qui s'est passé t'à l'heure, et si j'suis bien qu'toi, l'grand brun, t'es l'moins expérimenté d'vous, j'pense qu'vous saurez parfaitement lui offrir une meilleure vie qu'la nôtre, ouais !
▬ Alors c'est parfait. Desmond, toi qui est venu pour capturer un Pokémon, que dirais-tu de faire de ce Malosse ton second compagnon ?

Un air de surprise se dessine sur ton visage, étonné par la tournure des événements. Il n'a pas fallu longtemps pour que se décide le choix de faire de ce Malosse ton deuxième Pokémon. Celui-ci semble d'ailleurs t'apprécier au vu des demandes incessantes de caresses qu'il te demande à coups d'aboiements enjoués. Le Pokémon n'a pas vraiment l'air de souffrir de l'abandon de son dresseur, au final. L'avait-il jeté dans la Nature avant de créer avec lui un lien trop important ? Ou bien était-il si mauvais que l'avoir quitté n'était pas une mauvaise chose, bien au contraire ? À moins qu'il ne soit simplement trop joyeux pour y penser ? Toutes les hypothèses sont plausibles.

En tout cas, le Pokémon est visiblement d'accord pour te suivre dans tes futures aventures. Il n'y a pas de raison à refuser une telle offre surtout si l'autre intéressé est consentant. La seule hésitation se porte au final sur le fait de pouvoir s'en occuper correctement, mais comme l'a dit Lucas, tu es là pour capturer un nouveau compagnon. Évidemment que tu étais prêt à t'occuper de lui. Hochant donc la tête, tu attrapes rapidement l'une de tes Pokéballs au fond de ton sac et la lance sans tarder sur le type avec un geste plutôt approximatif mais suffisant pour toucher ta cible, qui disparaît subitement dans la Pokéball pour y rester autant que tu le souhaiterais désormais. Lucas pousse alors un cri de plaisir en voyant la réussite de ta capture et s'avance vers toi, grand sourire aux lèvres.

▬ Eh bien ! C'est un bon premier essai de capture de Pokémon, je te félicite ! Beaucoup auraient raté à ta place !
▬ Merci.
▬ Haha … Ton option vocal est quand même flippante … Mais bref ! Cela veut dire que tu commences à progresser en tant que dresseur, c'est un très bon point !
▬ J'espère.

Lucas lâche un rire compulsif. C'est à croire que ta modestie passe pour de l'ignorance, et que cela ne peut l'empêcher de le faire rigoler, lui le dresseur expérimenté. Au fond de toi, tu as envie de bouder, mais tu ne fais rien, lâchant simplement un petit sourire tandis que les deux hommes viriles se joignent à la rigolade. Retrouvant cependant très vite votre calme, les deux travailleurs vous proposent alors de profiter d'un bon repas avant de retourner au bateau, ce que vous acceptait avec plaisir. Pendant ce temps, Rocabot s'en retourna silencieusement dans sa propre Pokéball, finalement trop intimidé par les deux grands hommes et Lucas. Ce n'est pas trop grave. Tu te dis qu'au moins, il se sent en sécurité. Tu passes donc outre cela et profiter d'une bonne nourriture montagnarde avant de quitter les lieux avec Lucas pour retourner jusqu'au point de rendez-vous, à temps heureusement pour rentrer avec tout le monde. C'est le moment que le blond choisit pour te fausser compagnie, te saluant et espérant beaucoup de courage et de motivation pour la suite de ton année. Le retour se fait donc à nouveau seul, mais dans ton esprit, ce n'est plus le cas. Tu avais un compagnon à tes côtés, tu en as désormais deux. Deux piliers pour te soutenir pour la suite. L'année est encore loin d'être terminée, il y a tant de choses à faire.

Tu ne le sens peut-être pas, mais ton cœur a commencé à s'emballer, excité par ce futur qui te tend les bras désormais ...