Alix Wynne ft. Iléa Alezar
J'ai trop bu. Encore. C'est ça de passer sa nuit de libre, et pas assumer derrière. Tu finis par te retrouver sur un banc à te justifier de quelque chose que tu n'espérais pas avoir fait sur le moment. Et quand je dis sur un banc, je parle pas du simple fait d'y être assise, à contempler sagement le ciel, l'air un peu ensuqué et vaguement songeur. Non, ce dont je parle, là, pour le coup, c'est de mal de ventre atroce qui font que depuis le début de matinée, tu es assise comme une loque, avec un Spinda presque pas sauvage, qui s'est accroché à ta jambe, sans rien te demander à premières vue. Il dort paisiblement, lui au moins, quand toi, le soleil te réveille d'une manière violente, en pleine gueule, parce que tu as eut le malheur de détourner une seule seconde la tête parce que la position que tu tenais pendant plus d'une dizaine d'heures et qui commençait à peine à devenir un peu désagréable. Et c'est ce simple fait de te trouver dans cette posture que tu commences à peine à trouver insupportable que tu te réveilles avec quelques personnes autour de toi qui te regardent bizarrement et qui se moquent. Putain, faut que j'arrête de penser que je tiens aussi bien l'alcool, après mon quatrième verre…
Je prend mon petit Tymo qui dort encore et je le met sur le côté. Je tangue encore un peu… J'ai jamais vraiment bien tenu l'alcool, et mes plus loin souvenirs remontent à une heure du matin, environ… J'ai encore un peu la gueule dans le sac, mais je vais devoir faire avec, pour le coup. J'arrive à peine à tenir correctement droit, et si ça ne tenait qu'à moi, je serai déjà en train de me rendormir… Mais bon, c'est le début d'après-midi sauf erreur de ma part, et il va bien falloir que j'assure mon service de ce soir, le rush promet d'être calme, mais tout de même, faut que je sois un minimum en forme pour être sûr de ce que je vais faire. J'ai l'impression que des relents font sentir la présence au sein de mon ventre. Je me retiens, je n'ai pas à vomir là tout de suite, et surtout que je n'ai très probablement pas bu assez pour cracher mes tripes, un à un. Là pour l'instant, mon seul et unique objectif, sur le coup, ça va être de retrouver le chemin de la maison. Et pour ça, faut que je sache à peu près où je suis. Punaise, pour ne pas me repérer en ville, c'est que j'ai vraiment dû abuser hier soir.
Bon.
Il ne m'a fallut que quelques minutes avec une espèce d'ourson en peluche alcoolique au naturel entre les mains pour me rendre compte que je n'étais pas non plus à cinq minutes de chez moi. Vincent et Alek doivent probablement se reposer encore à l'heure actuelle, les connaissant, puis ils ont quoiqu'il arrive, toujours un peu de bouffe dans leur bols, donc autant dire que je suis encore un minimum dépendante à ce niveau-là. Mon Tymo se réveille lentement, mais somnole dans mes bras, pendant que je le berce un peu, même si c'est pas vraiment l'heure de pioncer. Je cherche également à trouver un endroit où se poser pour le réveiller calmement. En marchant un peu au pif, je me rend compte que j'arrive non-loin d'une étendue d'eau, probablement une partie du Lac Corail. Fort bien, cela fera l'affaire. L'endroit y est relativement calme et je n'ai pas à me soucier des problèmes aux alentours. Ce n'est clairement pas là que je risque de trouver soucis, et d'attirer des problèmes en tout genre, certainement pas, et ce, malgré ma gueule de punk junkie homosexuelle refoulée, ha ha !
Les minutes passent un peu vite, maintenant que je me suis posé,e t depuis quelques minutes, j'entends un bruit de fond, que je pensais venir de mon crâne sifflant d'une manière rédhibitoire, non propice à tout type de réflexions. Mon équilibrioception se remet lentement sur place, et j'évalue la suite de la terre ferme, ce qui me permet de me lever sans tanguer, et ce, quand bien même j'ai encore du mal à tenir vraiment debout, et à balbutier telle une vraie dyslexique des familles. Je ferme donc les yeux, et cherche à apprécier ce nouveau bruit étranger… Qu'est-ce-donc ? Cela ressemble bien à un sifflement sourd et affreux dans un premier temps, mais qui dégage un semblant de mélodie. Oui, l'alcool ne doit pas vraiment être dissipé pour gâcher à ce point le bruit… Mais écoute, on va bien voir. Je me lève, prenant gaffe de ne pas trop tanguer, une fois encore, alors que Tymo se met sur ses pieds, baillant un grand coup, sautant contre le sol, se ramassant dans un premier temps. Je marmonne quelque chose dont je doute encore vraiment du sens… Il me suit donc, s'accrochant à ma jambe – ce qui en soit, n'est pas une idée très ouf, étant donné que j'ai encore du mal à tenir correctement debout… tant pis. Je me ferais vomir, la prochaine fois, ça évacuerait peut-être un peu…
J'approche lentement donc de ces bruits qui peu à peu deviennent plus audibles, et quand bien même à force mes oreilles montrent une faiblesse et sont prêtes à exploser, le sifflement strident qui passent par-delà mon crâne… commence à s'éteindre. Et laisse sa place à quelque chose de plus doux. Et si seulement le son n'avait été que doux, en m'approchant, je vois une superbe demoiselle, en train de jouer du violon. Un putain d'instrument à cordes… Je m'accroupis et caresse le crâne de mon jeune Spinda, et je souris. Je souris en regardant cette femme jouer. Elle en a tout oublié le monde qui l'entourait n'existe désormais plus. C'est cet état d'esprit que j'ai, des fois, quand je joue de la basse. J'ai cru également voir autour d'elle un Azuril, et un Evoli. Ou deux ? Je ne sais pas vraiment, je dois avouer ne pas avoir fait attention. Vu d'ici, j'ai surtout l'air d'une stalkeuse, d'une journaliste ou d'une nana qui se mêle de ce qui ne la regarde pas. Mais j'en reste simplement admirative, et je la laisse jouer. Un moment. Je reste admirative. Et tout me fascine.
Je dois avouer en rester bouche-bée. Elle est… vraiment belle. Sa posture, sa manière d'être, et de jouer. Sa manière d'imposer sa présence auprès de ce qui l'entoure. Au milieu d'une scène, les gens se tairaient et l'écouteraient sans l'ombre d'un doute. J'ai presque l'impression que le soleil se reflète sur elle, de ma position, la voilà telle une sorte de déesse devant mes yeux. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas eut un tel frisson en entendant simplement quelques notes d'un instrument qui pourraient seulement paraître peu fascinant en fin de compte. On a tendance à attacher de l'importance à un instrument quand il y a une chorale, plus ou moins grande, derrière. Et donc ? Elle est belle. Et c'est tout. C'est la seule chose que l'on peut retenir. Mais pas uniquement belle physiquement – bien qu'il faut avouer qu'elle n'en demeure pas moins magnifique. Mais elle est belle dans ce qu'elle exprime. Et ses notes expriment bien plus qu'un son à but de divertissement, mais il devient une chimère entre l'apaisement et la douceur, l'émotion, et les quelques coups de vifs font encore bondir mon cœur. Merveilleux. Je ne peux rien dire de plus. J'en tremble encore… d'instinct, quand j'entends une semblant de portée finale. J'essaye de dire quelque chose. Vite. Ne pas paraître conne…
« - Tu es… joues très bien. Bravo. J'adore vraiment… beaucoup adoré ! C'est beau ! Merveilleux ! »
Mon Spinda se tourne vers moi, l'air de se moquer, mais lui-même ne tient pas droit, bien que cela paraisse moins ridicule, au vue de ce qu'il est. Lui n'hésite pas et se rue vers le groupe de la fille et donc, du côté des pokémons. Il sautille rapidement et secoue son bras, en donnant l'impression de rigoler, cherchant probablement à se présenter auprès de ses confrères. Je ne dis rien, et me retient un bref instant la bouche avec mon poing. Je secoue rapidement la tête et tente d'esquisser un bref sourire à la rousse qui se tient face à moi. La femme qui m'a fait me rendre compte que le bonheur peut aussi faire durer le temps. J'ai l'impression de l'écouter depuis un moment, mais en vérité, pas longtemps ne s'est écoulé entre le moment où je l'ai entendue depuis ma position, et je l'ai observé combien de temps, concrètement. Une minute ? Peut-être deux, tout au plus ?