| Reconstruire ces fragments de nous Alban Abernaty & Max Arago
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Elle était tellement belle.Avec ses cheveux roses légèrement ondulés, son teint de porcelaine et ses yeux mordorés qui pétillaient de malice. Quand Alban la voyait, il ne pouvait s’empêcher d’espérer qu’elle s’était faite jolie pour lui. Car oui, il était évident que Maxine avait fait plus d’efforts que d’ordinaire. Ses lèvres étaient légèrement plus roses. Sa jupe était légèrement plus stylisée. Tout dans son attitude était tellement différent de d’habitude… et pourtant, elle restait si craquante à ses yeux. Elle n’avait pas besoin d’artifices pour lui plaire. Elle n’avait pas besoin de passer des heures à se pomponner pour faire battre son cœur. Mais rien que le fait de l’imaginer faire tout ça pour
lui le mettait dans des états incroyables.
Il avait envie de faire tellement de choses à la fois. La prendre dans ses bras. Respirer son parfum. Glisser son nez entre les mèches de ses cheveux nymphe. Etre ce garçon amoureux et stupide à la fois. Paraître niais s’il le devait, rien que pour quelques minutes à se perdre dans ses yeux. Peu importe le regard des autres. Peu importe ce qui devait probablement se dire autour d’eux. C’était elle et lui. Lui et elle.
Et ça valait tout l’or du monde.
- Je vais bien, merci, lui répondit-il avec un sourire tendre.
Ces sourires qu’il ne réservait qu’à elle. Ces sourires qu’il ne faisait à personne d’autres. Ceux qui devaient sûrement le rendre tellement évident à des kilomètres à la ronde. Peut-être était-ce également ce qu’il attendait. Qu’elle se rende compte de tout l’amour qu’il lui portait. Qu’elle fasse le premier pas, pour que lui n’ait pas à le faire. C’était probablement lâche, comme tout le reste de sa personne… mais il était déjà tombé de bien trop haut pour avoir envie de s’y risquer de nouveau. Encore que…
Pour elle, il était peut-être prêt à s’y risquer, après tout.
Le petit dans sa boîte le fit redescendre sur terre. Le Bébécaille était visiblement impatient de rencontrer sa nouvelle dresseuse. A moins qu’il ne soit encore en train de se jeter contre les parois pour s’amuser. Il fallait dire qu’avec l’épaisseur de ses écailles, ce petit pouvait à peu près tout se permettre. M’enfin. Ça donnait à Alban l’occasion de faire une entrée en matière qui ne soit pas trop ridicule. Quoique… C’était Alban après tout. Le ridicule faisait partie de l’essence même de son personnage.
Bafouillant quelques explications approximatives concernant ce cadeau, il le tendit à Maxine comme s’il s’agissait d’une bombe dont il voulait se débarrasser. Dans sa tête, il n’avait pas vraiment voulu que la scène se déroule ainsi. Mais bon visiblement, les pluies de pétales de cerisier et les violons qui jouent en arrière-plan, ce n’était que dans les films.
La Givrali ne lui en tint cependant pas rigueur. Sans lui laisser le temps de regarder ce qu’il y avait dedans, Alban lui tendit un nouveau snowglobe. Celui de leur Mission avec Rodrigue. Un souvenir qu’il estimait important, puisque c’était la première fois qu’ils étaient en « froid » tous les deux. Enfin. C’était plus à cause d’un quiproquo qu’Alban s’était éloigné d’elle… Encore une fois, à cause de sa stupide jalousie et de sa possessivité maladive… M’enfin. Elle ne comprenait pas forcément le message caché qu’il y avait derrière, mais pour le Pokéathlète, cela signifiait qu’ils étaient capables de se pardonner. Capables de passer à autre chose. Capables de laisser leurs erreurs de côté. C’était en un sens le premier réel obstacle par lequel ils étaient passés tous les deux.
Il esquissa un doux sourire en voyant la jeune fille s’émerveiller devant les couleurs pastel et les bulles d’eau. Avant que la boîte ne s’agite de nouveau, captant son attention ailleurs.
Intriguée, Maxine ouvrit la petite boîte. Alban observa attentivement son expression, et il décida de graver à jamais cette image d’elle dans sa mémoire. Afin de pouvoir la regarder juste en fermant les yeux, encore et encore.
Elle avait l’air sous le choc. Mais ravie, également. Il la connaissait assez bien pour le remarquer, rien qu’à son expression. Ce n’était pas des faux semblants. Elle ne jouait pas la comédie comme il était de coutume de le faire lorsqu’on recevait un présent, qu’il nous plaise ou non. Alban savait. Il le voyait très clairement. Il s’approcha doucement d’elle pour l’aider à déposer la boîte au sol. Le Bébécaille - Arceus merci - avait l’air beaucoup plus sage, maintenant qu’il était serré tout contre sa nouvelle dresseuse. Pas de griffes, pas de morsures, et pas d’agitation inutile. Malgré son air peu expressif, le Bébécaille avait l’air de se plaire avec Maxine.
Ses couleurs blanches, bleues et or pâle se mariaient parfaitement avec la Givrali. Complètement perdu dans sa contemplation de la jeune fille, Alban sursauta lorsqu’elle le remercia vivement. Ah, mince. Avait-elle remarqué qu’il n’avait eu d’yeux que pour elle, et qu’il avait lâché le fil de leur conversation l’espace d’un instant ? Il tenta de sourire maladroitement.
- Oui, je… hein, bredouilla-t-il, s’emmêlant complètement dans ce qu’il voulait dire.
Allons Alban, ce n’était pas SI difficile d’aligner quelques mots pour faire une phrase, non ?! Se désespérant lui-même, il détourna le regard et desserra très légèrement le col de se chemise. Il crevait de chaud. Il aurait dû mettre quelque chose d’un peu plus léger et aéré. Quel abruti il faisait…
- Il n’a pas encore de nom… Je trouvais qu’il avait une tête à s’appeler Cotylédon, mais je crois que ça ne lui plaît pas beaucoup…Le Bébécaille se tourna vers lui et montra ses crocs. Oui bon hein p’tite tête, pas la peine de faire ton effarouchée ! D’après toi, qui avait passé ces derniers mois à frotter ta coquille et à prendre soin de toi, hein ? Ingrat, va.
- Donc tu peux l’appeler comme tu veux, conclut-il maladroitement.
Ben non, elle ne s’en serait pas doutée, tiens. Ah Alban… Tu pouvais vraiment être socialement insortable, dans certains cas…
Comme si Maxine avait pour objectif de l’intimider encore plus, elle s’approcha de lui à enjambées malicieuses. Elle tendit ensuite son bras pour lui montrer le snowglobe au soleil, en commentant sur ses jolies couleurs. Au diable les jolies couleurs. Alban était à peu près incapable de regarder autre chose que la jeune Archéologue, qui était à quelques centimètres A PEINE de lui. Il pouvait presque sentir la chaleur qu’elle dégageait. Bon sang. Proches comme ça, il était sûr et certain qu’elle ressentirait la chaleur que ses joues à LUI diffusaient.
Pour l’achever un peu plus, Maxine se dressa sur la pointe de ses pieds et déposa un léger baiser sur sa joue. Oh. Mon. Dieu.
Pourquoi est-ce que c’était beaucoup moins effrayant lorsque c’était lui qui le faisait ?!
Il eut l’impression qu’il allait se liquéfier sur place.
- Merci à toi, répondit-il stupidement.
Sa phrase n’avait absolument aucun sens dans le contexte présent. En quoi devait-il la remercier ? Pour ce baiser sur sa joue ? Ah ça oui, il avait envie de la remercier. Mais ce n’était clairement pas quelque chose qu’on disait, stupide Alban ! Complètement confus, le Voltali détourna le regard. Il était loin, l’Alban confiant, qui ne montrait que peu ses expressions. Quand elle était à ses côtés, il avait l’impression d’être encore plus incertain qu’un enfant. Il n’était clairement pas prêt pour ce genre de choses…
Il sentit qu’elle venait de lui attraper la manche. Gardant désespérément son regard fixé sur un point imaginaire, Alban se détendit néanmoins lorsqu’elle lui expliqua qu’elle était heureuse de ses efforts pour retrouver ses souvenirs. Evidemment qu’il allait faire des efforts… Il n’avait jamais souhaité l’oublier. Et à présent que tous ses souvenirs étaient revenus, il se sentait encore plus coupable d’avoir ne serait-ce qu’osé l’effacer de sa mémoire. Jamais… Jamais plus…
Il le savait. Et il l’avait su, avant de croiser le chemin du Pokémon Psy qui lui avait scellé ses souvenirs d’elle. Il
voulait être avec elle. Malgré les crises de jalousie. Malgré les crises de larmes. Malgré cette sensation d’avoir le cœur en mille morceaux. Il n’éprouvait ce genre de sentiments que pour elle. Et c’était à elle qu’il voulait tout dédier.
Sans même la voir, il sut qu’elle venait de se rapprocher de son torse. Il osa enfin la regarder. Elle semblait tout aussi terrorisée que lui ; minuscule, positionnée devant lui ainsi.
- Parce que je tiens énormément à toi et ça me fait vraiment plaisir de voir que tu traites notre relation avec autant de sérieux et te voir faire tous ces efforts, ça me touche énormément !Un sourire doux se dessina sur ses lèvres. Ça suffit. Il abandonnait.
Avec des gestes délicats, il étendit ses bras et la serra contre lui. Une de ses mains vint se placer automatiquement derrière la nuque de Maxine, tandis que l’autre frôlait doucement sa taille. Sa tête se pencha d’instinct, et il posa sa joue contre le front de la demoiselle. Comme ça. Comme ça, elle devait probablement ressentir toute sa panique. Toute son incertitude. Toute son inexpérience concernant ce genre de gestes. Mais tant pis. Là, tout de suite, il avait simplement envie de la prendre dans ses bras et de la serrer contre lui.
- Je…Sa gorge se serra. Les mots étaient trop difficiles à prononcer. Il n’était pas habitué à devoir gérer tant d’émotions… Prenant une grande inspiration, il resta comme ça, son cœur tambourinant dans sa poitrine.
- Je n’ai jamais souhaité t’oublier, Maxine. Même après tout ce qui s’est passé entre nous, malgré cette dispute dont tu me parles… Jamais… je n’ai voulu t’effacer de ma vie. Je ne peux pas, parce que tu es beaucoup trop importante pour moi. Même si je pense que ce serait peut-être plus simple des fois, pour toi comme pour moi, je… je n’en ai pas envie. J’ai envie que tu sois là pour moi, et j’ai envie d’être là pour toi. Je sais que c’est incroyablement égoïste, mais tu m’as rendu égoïste. Et honnêtement, je n’ai pas envie de m’excuser à qui que ce soit de vouloir te garder dans ma vie.Il ferma les yeux et expira doucement. Rien qu’un tout petit peu. Il avait envie de rester rien qu’un tout petit peu comme ça.
Il ne sut combien de temps il la garda dans ses bras. Il avait l’impression que c’était à la fois une éternité et un battement de paupières. Au bout d’un moment néanmoins, le Bébécaille vint mordre sa chaussette en grognant et Alban se détacha à contrecœur de la rosée. Lorsqu’il se rendit enfin compte de ce qu’il venait de faire, il se mit à rougir violemment et se recula de quelques pas.
- E-e-e-e-enfin bon… Il agita le pied pour essayer de faire lâcher prise. Qu’est-ce que ses chaussettes avaient de si intéressant ?
- Désolé, je t’ai donné une sorte de petite teigne. J’espère qu’il sera plus sage avec toi. Enfin… Je vais devoir y aller, c’était sympa de te voir. Avant néanmoins, je voulais erm…Il en avait déjà beaucoup trop dit aujourd’hui, mais il se devait au moins de respecter ses engagements envers lui-même. Allons. Encore une toute petite dose de courage ?
- J’aimerais bien t’amener quelque part un week-end, cet été. Si tu es disponible, évidemment. On irait passer deux jours sur une île pour camper, je m’occuperai de tout réserver, et on pourrait assister à un spectacle nocturne assez sympathique. Je garde le lieu secret, ce sera une surprise. Est-ce que tu es partante ?Plein d’espoir, il releva la tête, en attente d’une réponse de sa part. Puis, se rendant compte qu’il n’avait pas abordé le plus important, il détourna les yeux.
- Heeeeu et erm… Ce serait juste tous les deux. Il n’y aurait pas Alex, ou Aaron, ou Nolan, ou les autres… Va-y, continue de lui vendre le truc. Je suis sûre qu’avec tout ça, elle se barrerait en courant.
- Uniquement si ça te dit. Je n’ai pas envie que tu te sentes forcée d’accepter. Je… écoute, je te laisse réfléchir et tu me répondras par message iPok, d’accord ? Faut que je file… J’ai… heu… le bain à donner à Zéphyr…S’il avait été là, le Goélise chromatique lui aurait sans doute lancé un regard blasé. Sautant néanmoins sur cette excuse
pourrie pour s’enfuir, Alban adressa un sourire crispé à Maxine, avant de prendre son courage à deux mains. S’approchant d’elle, il déposa un rapide baiser sur sa joue.
- B-bonne journée Maxine. On se revoit vite, ok ?Sans attendre sa réponse, il se retourna ensuite et se mit à détaler jusqu’au dortoir des Voltali.
Il ne se retourna pas une seule fois. Après tout, il n’avait pas envie de la voir se moquer de lui. Sur le chemin, il vit une pâquerette et la cueillit pour la faire tourner entre ses doigts. Et, tandis qu’il revenait dans sa chambrée le cœur plus léger, il s’amusa à compter le nombre de pétales.
Je t’aime un peu,
Beaucoup,
Passionnément,
A la folie,
Plus que tout.
HRP : RP Terminé pour Alban