Mon alternance se déroule plutôt bien. J’ai passé ma première semaine au côté de Kathy Altava dans sa section de l’hôpital. Je n’étais pas du tout en terrain inconnu puisque j’avais déjà passé deux jours ici l’été dernier. Je m’y suis donc tout de suite sentie comme chez moi. Mon boulot consistait à prendre des dossiers de patient dans une caisse à l’entrée puis d’aller les voir pour vérifier que tout allait bien, qu’on leur donnait le bon traitement et que la thérapie avec les pokemons fonctionnait bien sûr eux. Je n’avais bien sûr pas le droit de prendre de décision majeure auprès d’un patient sans en avertir Kathy. De toute façon je ne pense pas que les proches auraient bien vu le fait qu’une étudiante de 17 ans prenne ce genre de décision. Mais bien sûr, j’avais plus de rôle que l’été dernier où je n’effectuais qu’un simple stage d’observation. On pourrait comparer cette expérience à un stage pratique.
La suite de mon alternance a suscité débat au sein de l’hôpital. A l’origine, je devais passer cette semaine dans le service des urgences de l’hôpital. Mon boulot consistait à aider les infirmiers lorsqu’un patient blessé gravement arrivait à l’hôpital et faire les premiers soins avant de le laisser aux chirurgiens. C’était une expérience que j’aurais vraiment voulu tenter. Enfin c’est ce que j’aurais fait si mon bras n’était pas dans cet état. Le personnel soignant a jugé que mon bras n’était pas en état pour accomplir ce type de boulot qui demande de courir un peu partout et d’être efficace. C’est assez déçu que j’ai dû me résigner à accepter cette décision de me retirer de cette tâche. J’aurais vraiment aimé le faire, mais je crois que je dois me rendre à l’évidence. Il faut que je sois raisonnable, et puis mon père sera plus tranquille si ça se passe comme ça. Je ne dois pas l’inquiéter d’avantage.
Il était donc prévu que je fasse ma deuxième semaine exactement comme la première. Au fond je n’étais pas malheureuse. Le travail que j’effectue est captivant. Je n’ai pas le temps de m’ennuyer et en contrepartie, mon bras se retrouve ménagé. Ma journée débutait tout à fait normalement. J’arrive à l’hôpital pour 7 heures. Normalement je dois me rendre dans le bureau de la femme aux cheveux violets pour qu’elle me donne les dossiers du matin. Mais j’ai eu le droit à une petite surprise. A l’entrée, deux personnes m’attendaient. Déjà Kathy, toujours avec sa fidèle blouse blanche ouverte, et une autre personne que je ne connais pas. De toute évidence, il s’agit d’un membre du personnel hospitalier mais je n’en sais pas plus. Un homme de la trentaine, très souriant au passage. En voyant ma mine intriguée, Kathy prend la parole.
Alors Idalienor, disons que pour te récompenser de tes bons et loyaux services, j’ai décidé de te laisser une journée en compagnie de ce monsieur. Je te présente Monsieur Noé Sycamore. Il gère une équipe chez les urgentistes juste à côté du bâtiment. Tu vas passer ta journée avec lui, notamment dans les ambulances. Enfin si tu es d’accord.A l’écoute de ses mots, mes yeux pétillent d’intérêt. Ça va être génial ! Je vais pouvoir approcher ne serait-ce qu’un tout petit peu la partie de mon stage que j’ai manqué. C’est presque en sautillant que je lui réponds.
Bien sûr que je suis d’accord !Parfait, viens juste avec moi dans mon bureau un instant et je te laisserais en compagnie de Noé.A grand pas, je la suis jusqu’au fond du couloir où se trouve son bureau. Je commence à le connaître maintenant, j’y passe pas mal de temps quand je dois lui faire un compte-rendu de ma journée. En tout cas, il est à l’image de sa locataire. Haut en couleur. Il y a des accessoires un peu partout, ramené de ses différents voyages mais aussi des cadeaux de ses anciens patients. Il y a même un hamac, quand elle doit passer ses nuits ici, ce qui arrive souvent pour tout vous dire. Elle sort d’un tiroir un rouleau de bandage et s’approche de moi.
Je vais te mettre ça sur le bras, pour le protéger. Je fais exception mais après tu te souviens que tu ne dois pas le couvrir. Et ne fais pas de bêtises s’il te plait. J’ai prévenu Noé de ton état de santé, il te surveillera. Si tu n’en plus arrêtes, n’essaie pas d’en faire trop.
Je hoche la tête doucement pendant que la médecin s’occupe de mon bras. Ce qu’elle m’applique sur mes blessures est un peu particulier. Le bandage ne provoque pas la même sensation que ceux que l’on utilise d’habitude. Il doit être spécial pour qu’elle le garde dans son tiroir et pas dans les stocks de matériel de sa section. Je ne pose cependant aucune question. Je n’ai pas besoin de savoir avec exactitude ce que s’est, je fais entièrement confiance à madame Altava. Une fois cela fait, je repars en compagnie de Noé pour cette journée de boulot.
Le gars m’expliqua pendant un moment les procédures, les façons d’intervenir, les consignes élémentaires de sécurité. Il est très appliqué ça se sent. Il ne veut pas que je commette d’erreur, et ça peut se comprendre. Le service des urgences est comme une course contre la montre où chaque seconde est précieuse. Une légère erreur peut leur coûter la vie. Rien ne doit être laissé aux hasards. Les consignes données, il me présente au reste de ses camarades. Ils sont tous très sympathiques. J’ai dû faire la bise à tout le monde, c’était assez marrant. Les formalités faites, il était temps de passer aux choses sérieuses.
***
Je n’ai pas du tout vu le temps passer ! Il est déjà 16 heures ! Les missions se sont enchainées à une vitesse folle, et les trajets aussi. Pour plus de pratique, nous avons mis en place une sorte de système de rôle. Chaque membre avait un rôle prédéfini, celui qu’il occupe d’habitude, et moi je devais me faire une place dans cette équipe. Au début j’ai eu un peu peur de ne faire que simple figuration mais au final cela s’est très bien déroulé. Pendant qu’eux s’appliquaient à dispenser les premiers soins à la victime, moi je restais à côté d’elle pour lui poser des questions, établir un profil avec une identité, et la rassurer. C’était une position intéressante et surement la plus pratique pour tout le monde. Nous avons vu des accidentés de la route et un brûlé (l’huile de friture brûlante ça fait des trucs pas beaux pour la peau). On a aussi dû se rendre chez une personne âgée qui ne sentait pas bien. Par mesure de sécurité, elle a été transportée à l’hôpital. C’était assez éprouvant mais enrichissant. Heureusement que je ne crains pas du tout le sang ou les trucs un peu gore sinon je serais tombée dans les pommes au moins trois fois. Au moins, je ne me suis pas trompée de sections.
Cela faisait peut être 4 minutes que nous étions rentrés dans le bâtiment des ambulanciers quand l’alerte sonne à nouveau. Il y a eu un accident dans une maison assez grave mais très peu de détail sont donnés aux ambulanciers. Les pompiers sont déjà sur place visiblement et nous on doit venir en renfort. La sirène sonne et le camion s’élance sur les routes à une vitesse folle pour atteindre les lieux de l’accident. En 5 minutes à peine, nous arrivons là-bas.
Un silence de plomb régnait. Personne ne s’attendait à voir ça. Un arbre est tombé en plein sur une maison. Et cet arbre est loin d’être petit. Le spectacle est assez troublant mais il faut agir vite. Dehors, un homme est en panique complète et hurle dans tous les sens au côté d’un pompier perplexe. Nous les rejoignons pour avoir un bilan de la situation. Le pompier tente de calmer le monsieur avant de faire un topo.
Cet homme est le voisin de la famille qui vit ici. Apparemment il devait abattre l’arbre de son jardin et selon ses calculs, il devait retomber dans le sien. Il n’avait pas imaginé que cela allait tomber sur la maison de ses voisins. Il a appelé pour nous prévenir mais on ne comprenait tellement rien à ce qu’il racontait qu’on est venu tout de suite. Le souci c’est que nous n’avons aucun pokemon capable de déplacer cet arbre ni le matériel à l’heure actuelle. On a appelé des renforts mais comme ils étaient dépêchés à un autre endroit en même temps, cela va prendre un peu de temps. Tout le monde est en vie à l’intérieur mais ils ne peuvent pas sortir. Le souci c’est que le toit peut s’effondrer d’une minute à l’autre.Wow. Tout le monde se prend une sévère douche froide. C’est très loin d’être de bonnes augures. Les pompiers sont abattus et les ambulanciers ne peuvent pas intervenir. Panique à bord. De mon côté, je réfléchis un instant. Je glisse mes mains contre l’une de mes pokeballs. Si c’est notre seule chance d’aider cette famille, je crois qu’il faut le tenter malgré tout.
Excusez-moi monsieur, même si les pokemons ne sont pas là, vous avez le matériel pour tracter l’arbre à l’aide de pokemons, des harnais par exemple ?Oui on en a dans le camion.Alors en attendant les secours, mes pokemons peuvent peut être aider. Un Cabriolaine et un Galifeu. Cela ne vaut pas la force d’un Mackogneur je le conçois, mais comme l’arbre est tombé dans un angle de la maison, peut être que cela pourrait suffire.Les adultes semblent réfléchir un instant. Je veux simplement aider du mieux que je le peux. Je ne prétends pas que cela va résoudre tous nos problèmes mais s’il y a une chance, je crois qu’il faut la saisir. Le pompier se retourne vers moi pour parler.
Entendu nous allons essayer.C’est partit pour une nouvelle course. Les gars vont chercher le matériel pendant que j’explique la situation à Dama et Zeno. Les deux ont bien compris leur rôle. Je sais qu’ils vont faire de leur mieux pour réussir. La vie d’une famille en dépend. On leur installe les harnais pendant que les cordes sont accrochées à l’extrémité de l’arbre, là où cela sera le plus simple pour tirer la masse. Une fois l’ensemble prêt, il ne reste plus qu’à croiser les doigts.
Le travail commence. Les deux pokemons usent de toutes leurs forces pour faire bouger l’arbre. Au début, la masse se déplace facilement. Tout le monde est très optimiste quant à la réussite de mon idée. Mais arrive un moment où ils n’y arrivent plus. L’arbre est coincé contre l’angle extrême des fondations de la maison. Il y a un petit rebord que mes compagnons n’arrivent pas à franchir. Les deux font leur maximum, particulièrement Dama. Je vois son visage tordu par la douleur de l’effort physique mais aussi motivé plus que jamais à libérer ces gens de l’emprise de leur propre foyer. Tout le monde l’encourage, lui et Zeno, pour qu’ils réussissent. Ils n’ont jamais du entendre autant de cris leur étant adressés. Moi aussi j’accompagne les pompiers et les ambulanciers pour les encourager. Ils ont besoin de nous et de notre soutien pour réussir.
C’est alors que le miracle arrive. Pendant l’effort, mon Cabriolaine se met à briller d’une lumière vive. C’est incroyable, il évolue ! Devant la nécessité de force lors de cette situation, Dama a trouvé la force d’évoluer pour changer de force. Son corps grandit. Ses pattes, mais aussi ses cornes. L’évolution d’un pokemon est un phénomène toujours aussi merveilleux, peu importe le nombre de fois qu’on le voit. Lorsque la lumière s’arrête, Cabriolaine est devenu un Chevroum. Il est devenu un pokemon monture encore plus impressionnant. Tout le monde en reste sans voix. Du haut de ses 1m70, il nous fixe un instant avant de se remettre à tirer. La nouvelle force dont il dispose redonne du cœur à l’ouvrage et permet finalement de faire tomber l’arbre au sol, libérant la maison.
Au même moment, un autre camion de pompier débarque. Des Mackogneurs sont lâchés pour venir porter secours aux victimes en retenant la fondation. Les homes pénètrent la maison et parviennent à sortir la mère, le père et leurs jumeaux, âgés à peine d’un an. C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de blessés. Je suis tellement soulagée. Je cours le plus vite possible vers Dama et Zeno pour les récompenser de leur travail acharné, particulièrement Dama qui vient d’évoluer. Mon Galifeu lui donne un coup de patte sur le flanc, comme pour lui dire bravo. C’est une scène attendrissante. Je les caresse tous les deux. Grâce à ses nouvelles cornes, Dama me fait monter sur son dos. Il porte bien son appellation de pokemon monture. Je m’allonge contre lui avant de fermer les yeux. Le voisin n’est pas sorti d’affaire. Il va falloir qu’il paie les réparations de la maison, et la famille va certainement porter plainte. Mais la tout de suite ça n’a pas d’importance. Le plus important, c’est que tout se soit bien terminé.