Ballottée au rythme des secousses du train, la tête posée contre la fenêtre, je venais tout naturellement de m’endormir. Au fur et à mesure des turbulences, je m’affaissais dans le siège et l’intensité de mon sommeil jouant, je finis par ouvrir la bouche. C’était une position peu confortable et le réveil en sursaut n’arrangea pas mes affaires. En effet, l’énorme ronflement qui venait du plus profond de mon arrière gorge fut tellement sonore que je me propulsais moi-même dans la réalité. Un peu honteuse, je regardais à droite et à gauche si quelqu’un m’avait vu ou entendu. Bien sûr que oui, sinon ça n’aurait pas été drôle !! Une légère couleur pourpre tâcha ma pommettes mais plus j’y pensais, plus je sentais poindre en moi les prémices d’une hilarité. La tête ahurie des autres élèves dans le wagon n’aidant en rien à ce que cette allégresse ne s’estompe, je retenais tant bien que mal le fou rire qui me prit de cours. Ma voix cristalline résonna et d’autres, contaminés par cette joie, me suivirent dans ce moment de pur bonne humeur. Voilà comment, Meredith C. Wolsk venait de se faire remarquer. Entièrement faite de grâce, retenue et délicatesse…
Nerveusement, j’avais été éprouvée par la séparation avec ma Grannythé. Puis ce trajet qui malgré sa longueur n’était pas si pénible que cela mais il fallait avouer que la fatigue s’insinuait tout autant que l’ennui. Après avoir bouquiné «L’anatomie et les différents systèmes des pokémons », jouer à la console sur « Tales of » et compter les poteaux électrique aussi vite que passait la locomotive, il y avait bien un temps où plus rien ne me faisait envie. Une chose m’intéressait maintenant, arriver. Je voulais voir cette académie, faire des rencontres, le train c’était bien mais beaucoup de gens se connaissaient déjà et je n’allais pas non plus les déranger pendant leur grand déballage de souvenirs de vacances. J’avais donc décidé de leur laisser un peu de répit avant de les bombarder de mes canons à bonne humeur. Et si je mangeais un Chiantos pour patienter ? Non malheureuse, sinon tu deviendras encore pire !!
L’arrêt sur le quai m’avait encore semblé trop long. Je piétinais à l’idée de dégourdir mes jambes et sentir l’air frais sur mon visage. Inspirant profondément, je revivais grâce à cette goulée d’oxygène et me dis qu’il faudrait vraiment une bonne raison pour refaire cet interminable voyage. Un jour peut-être je retournerai à Azuria sur le dos d’un pokémon volant. Ca embouchera un coin à ma vieille grand-mère ça !! J’imaginais déjà son regard pas du tout surpris mais une lueur de fierté dans le fond de ses yeux. Ma Grannythé était affective mais elle ne le montrait pas avec des mots, juste par des actes. Mon plat favori, me laisser jouer à la console autant de temps que je le souhaitais, m’apprendre et m’initier aux soins pokémon, autant de gestes et d’actions qu’elle ne faisait que pour me faire plaisir. C’était la meilleure de toute et c’était la mienne. Bon assez parlé de Grannythé, si je continuais j’allais me mettre le moral en berne. Aller ma vie estudiantine prenait effeeeet maintenant !!
Premier arrêt, le dortoir. Déposer mes bagages et mes paquets dans ce nouveau chez moi ne fut pas de tout repos. Les escaliers, les dédales de couloirs, je m’y étais perdue mais de bons et gentils camarades m’avaient remise sur le droit chemin. Ce fut donc, en sueur et soufflant comme un bœuf que je débarquais dans l’immense salle commune de mon groupe. Attribuée aux Pyrolis, je m’étais renseignée sur la signification puisqu’apparemment chaque évolution de ce mignon petit évoli était associée à un trait de caractère. Peut-être la folie pour moi ? Ou le positivisme ? Bah après tout j’allais surement rencontrer des gens comme moi et ça c’était magique !! J’avais essayé le lit, pas top top mais passable, la chambre était pensée pour deux voire trois personnes mais pour le moment j’étais seule. Bon ce n’était pas tout ça ais je devais aller au deuxième arrêt, le souterrain. Mon destin m’attendait là-bas. Ou plutôt une petite créature adorable nous allions devenir les meilleurs amis !!
Alors que les souterrains sombres et froids me glaçaient le sang, je me réchauffais en soufflant dans mes mains. Il avait bien mauvais goût ce collectionneur pour habiter sous terre alors que là-haut le soleil brillait et les oiseaux chantaient. Too happy pour lui sans doute. Alors que j’entrais à mon tour dans son antre à l’odeur de renfermé, il m’annonça la bienvenue et me jaugea de haut en bas. Je soutins son regard et souris de toutes mes dents. Un petit blanc puis sans prévenir il me posa une série de question auxquelles je répondais aussi vite que je le pouvais. Après cet interrogatoire plus que bizarre, il me remit une pokéball et me félicita avant de me mettre à la porte. Je remontais au dortoir le plus rapidement possible et me jetais sur le lit, déposant avec une délicatesse insoupçonnée ce paquet surprise. J’hésitais à l’ouvrir. Et s’il ne m’aimait pas ? Et s’il s’enfuyait ? Hum non impossible, j’ai appris à les soigner, je les connaissais et je savais que tout se passerait bien !!
« Réveille-toi, mais réveille-toi !! »A peine fut-il sorti de sa ball, nos regards s’étaient croisés et puis plus rien. Il s’était évanoui. Nan mais sérieusement ? Je faisais si peur que ça ? Je ne donnais pas envie de rester à mes côtés ? Il m’avait tellement vexé que je me devais de le réanimé pour au moins me venger !! Après plusieurs manipulations, il revint à lui doucement. Et sans attendre, je lui fis une pichenette sur ce qui lui servait de nez. Avec toute cette agitation je n’avais même pas pris le temps de voir l’espèce mais maintenant qu’il était sain et sauf, je remarquais les pattes palmées, la peau assez visqueuse et de grands yeux si expressifs que je plongeais dedans, happée par son âme. Un doux sourire anima mes lèvres.
« Ne me refais plus jamais une peur pareille, je ne te ferais aucun mal voyons !! Je suis Meredith, enchanté Grenousse. Et cesse de faire cette grimace, tu es en sécurité avec moi. »Son air, suspicieux, m’obligea à réitérer ma phrase afin de pleinement le rassurer. Et sans plus de cérémonie, je le senti se détendre. Une bouffée de joie s’insinua dans tous les pores de ma peau. Je possédais mon propre pokémon, mon tout premier. Mes parents, bien qu’éleveurs, n’avaient jamais voulu que j’en ai un, parce que tous ceux qui passaient était rentable alors que si nous en avions un de plus, il serait à leur charge. C’était juste une excuse bidon et dès lors je ne leur avais plus rien demandé. Maintenant que ce Grenousse était là, je me sentais moins seule, ma Grannythé me manquait terriblement et personne ne la remplacerai, mais Lui, ce petit être dont je devais prendre soin, il était là et serait avec moi jusqu’à la fin.
« Merci Grimousse, mais cesse d’afficher encore cet air, tu vas avoir des rides… » Je l’embrassais sur le sommet du crâne et lui fit un rapide câlin. Je ne voulais pas l’effrayer de nouveau. Je le soignerai dorénavant autant de fois qu’il le faudrait ♥
black pumpkin