La douleur, qu’elle soit physique ou mentale, c’est tout ce que je pouvais ressentir pour le moment. Le poing sur ma gueule, l’atterrissage brutal contre le sol et la brûlure que j’ai ressentie à mon cœur. Tout cela me faisait mal, en particulier ce brûlement, comme si on m’avait poignardé en plein milieu de ma poitrine. Tout était pêle-mêle dans ma tête, je ne savais plus par où commencer. Je me rappelais le son doux et réconfortant qui me remplissait d’une douce euphorie. À nouveau, Kame était sorti de sa pokéball de lui-même pour faire un câlin à l’osselait de la brune, n’étant pas plus affecté par les odeurs. Il était difficile d’être plus affectueux que l’était déjà mon capapuce.
Tout cela me venait comme des flashs, dans le désordre le plus complet. Je croyais partir pour le doux pays des rêves lorsque tel un ressort, je m’étais relevé, l’adrénaline coulant à flot dans mon corps. Petit détail : j’avais la tête trempée par une attaque pistolet à eau de Kame. Ce dernier avait vu que je n’étais pas dans mon état normal et avait laissé derrière lui son nouvel ami pour venir m’aider. Mes idées s’étaient remises en place et je voyais plus « clair ». J’étais toujours troublé par toutes ces informations, mais je ne voyais plus rouge. Cela ne servait à rien que je me battre directement avec Noctis, il ne ferait que redoubler d’ardeur pour finalement resserrer ses tentacules vers la belle Ambre, ne lui donnant aucun choix. Rapidement, j’étais à nouveau en face d’eux, ignorant la récente déclaration, puis à la force de mes bras, j’avais obligé avec fermeté, sans violence, le dresseur du pokémon vol à s’éloigner de la raison de notre désaccord.
« Tu la forces à te choisir, Noctis ! Tu l’embrasses, tu la serres contre toi ! Tu la veux pour toi alors qu’il n’y a pas si longtemps, tu as embrassé une autre fille et tu as failli m’embrasser ! Tu dis que tu les aimes toutes ! Ambre n’a pas besoin d’un Casanova ! Une femme a besoin d’une personne qui aime uniquement elle ! Ton cœur ne peut pas aimer Ambre et une autre en même temps ! » disais-je, avec le plus grand sérieux. Je prenais une pause, pour lui laisser le temps de réfléchir.
« Ambre devrait avoir le choix ! Elle nous a donné des honmei choco à nous deux, donc nous avons des chances égales ! Laisse-la choisir sans forcer le contact physique ou quelconque autre astuces. » avais-je rajouté peu après mes précédentes paroles.
« Si cela ne te satisfait pas, nous pouvons toujours combattre à la pokémon community … en combat pokémon ! » rajoutais-je à nouveau. J’avais regardé à nouveau la belle femme aux cheveux et yeux foncés, la dresseuse de Meian. Mon cœur battait à nouveau la chamade et j’étais rempli de joie et de bonheur, mais je devais me ressaisir ! Je mettais tout en jeu. Je m’éloignais à nous d’eux, suivi de Kame, me plaçant à distance respectable pour un combat pokémon.
« Est-tu prêt, Noctis ? » disais-je, le regard sérieux et déterminé.
C’était sombre. C’était un terrible chagrin. De ceux qui prennent votre cœur à deux mains, pour le presser, le compresser, le rendre définitivement hors d’usage. Pour l’âme insouciante d’Adèle c’était un peu comme si son bras gauche tomber et qu’elle restait là simple spectatrice du drame. La petite était toujours éprise, elle cherchait l’amour de son brun avant de vouloir le bonheur d’une rivale. Une compassion, une affection, une empathie, qui n’avait rien avoir avec elle et qui déchiraient son âme plus surement que les lames aiguisées d’un Insécateur. Voir les hommes se frapper c’était déjà dur, parce qu’elle n’avait pas l’habitude de la violence, parce qu’aujourd’hui plus qu’un autre jour la souffrance semblait être le plus grand mal du monde. La brune aurait aimé étreindre les minces silhouettes de ses petits bras, réconcilier la terre entière d’un baiser déposé sur la joue. Autant d’étrangetés inexplicables qui faisaient doucement valser ses émotions, martyriser son pauvre crâne d’une migraine amoureuse insoutenable. Le pire était peut-être de voir la brune au creux des bras de celui qu’elle avait pris pour son galant. Un sentiment de trahison la gagnait. Elle n’en voulait pas à Ambre – la pauvre n’était qu’une Lainergie sans défense malmenée par le cruel amour. La Givrali en voulait au garçon, à son astre céleste qu’il lui était presque difficile de détester avec toutes ces odeurs sucrées qui l’écœuraient. Pourquoi lui faire ça ? Pourquoi la couvrir de trésor avant d’avouer sa préférence juste devant ses yeux ? Il devait chercher sa souffrance, quelle autre explication ?
L’agresseur de tout à l’heure refit surface. Il défendait vaillamment son droit sur la camarade, postillonnait à moitié pour contenir toute la colère dont il devait être rempli. Adèle le regardait avec une méfiance atténuer. Déjà l’illusion reprenait ses droits, la Faust trouvait des excuses à la brutalité du garçon quelques minutes au paravent : il était sans doute très amoureux lui aussi. Il faut dire que tout le monde s’aimait aujourd’hui, c’était quand même drôle, non ? C’était même hi-la-rant. La Coordinatrice avait le cœur lourd de ce qui s’annonçait comme son premier chagrin d’amour. Une part d’elle, anesthésiée par l’atmosphère douteuse des lieux, criait à la rébellion mais le reste de ses pensées ne suivaient pas. Tout était si pesant et léger à la fois, un sourire de l’Elu aurait pu lui donner des ailes comme sa cruelle indifférence l’enterrait vivante à l’instant. La brune se sentait noyée sous le flot d’émotions contradictoires qui la réclamaient de toute part. N’y tenant plus elle attrapa sa tête entre ses mains et se replia. Ce fut une terrible erreur. Loin d’être calmée par ce geste, une certitude naquit en elle : on l’avait dupée. Ca n’avait rien avoir avec l’amère déception de n’avoir était qu’une pièce sans valeur du butin, non, c’était un orage noir comme le charbon qui s’apprêtait à cracher sa foudre avec rage.
La petite n’était guère loyale à l’habitude. Les qualités qui entretiennent les liens les couples de vieux ou les larves sensibles, non merci. Sauf qu’aujourd’hui elle aurait donné sa vie pour le brun, SA VIE et elle en ignorait la raison. Lui, au lieu de s’extasier devant le présent que la demoiselle lui faisait, avait choisi de transpercer son cœur. Autant dire qu’il mériterait un sort comparable à la mort si un amas de tendres sentiments n’avait empêché l’adolescente d’arriver à de telles extrémités. Ses cheveux étaient collés à son visage, mouillés de larmes salées dont la cause exacte lui échappait, ses yeux de petites filles étaient plein d’une colère blessée. Adèle toisait avec révolte le petit couple. La Givrali aurait voulu s’agripper comme une enfant et taper de ses petits poings fermés le torse de son Soleil en braillant pour être mieux entendu. Au lieu de ça, la Styliste pointa un index accusateur et tremblant sur lui. Les mots qui auraient dû jaillir butèrent longuement sur ses lèvres rosés, retenus par une brume invisible qui voulait l’apitoyer sur le sort de son galant, la faire fléchir et taire. Jamais ! Son cœur était en sang ! C’était un crime odieux devant lequel il devait répondre.« Toi ! Toi, que le destin a mis sur mon chemin, pourquoi te moques-tu ? Elle t’a donné plus de chocolats, c’est ça !? Non, ne répond pas, je sais que tu vas me dire qu’il faut que je sois contente de ce j’ai, mais c’est pas vraiiii parce que j’ai riiiiien du tout! »
La dresseuse mêlait dans ces grandes effusions la colère d’avoir été prise pour un jouet, son caractère puéril et les reproches de son frère. Tout sortait comme ça, sans raison, libéré par on savait trop quel désinhibant contenu dans l’air. Ses prunelles sarcelles balancées des éclairs avant de s’adoucir devant la douceur des traits de son prince. Elle regrettait déjà… Non ! Il ne fallait pas, c’était lui le fautif dans cette affaire. Cela, Causette l’avait bien comprit. La petit dinosaure au garde à vous devant sa dresseuse foudroyait du regard tous ces grossiers personnages qui avaient le culot de faire pleurer la pauvre gamine qu’était sa maîtresse.
Les pièces du casse-tête se replaçaient peu à peu à leur place d’origine, mais c’était encore flou. J’avais encore ces émotions entremêlées à l’égard d’Ambre, Noctis et de la légèrement agaçante petite dernière. Elle faisait une grande scène de larmes et j’avais plutôt l’impression de voir une enfant, mais ne sommes pas tous des « minis adultes » ? Nous sommes dans l’adolescence, cette zone floue entre l’enfance et l’ère adulte où notre corps produit une tonne d’hormones consistant à modifier notre corps à la dureté du monde extérieur. Je ne pouvais comprendre les quelques paroles de ce Noctis.
« Je parle d’un amour véritable, d’un amour où tu aimes l’autre comme personne d’autre ... Le genre d’amour qui pourrait te faire traverser les années à ses côtés. C’est difficile à expliquer ... Tu peux aimer plusieurs parents, plusieurs amis, mais il y a un amour que tu ne peux pas partager avec plusieurs personnes. Un amour que tu confies à une seule autre personne ... » disais-je en prenant mon temps. Il faut dire que ma pensée poussait loin pour mon inexistante expérience amoureuse. Où j’avais pêché tout cela ? L’inspiration du moment ?
* Bwaaarf ! * pensais-je, alors que je voulais simplement agir et non parler maintenant. Réfléchir à tout cela devenait difficile. Mes émotions semblaient vouloir reprendre le dessus, en mettant hors jeu la plus simple pensée lucide.
Les paroles allaient et venaient, et j’écoutais qu’à moitié au final. Ambre était bien silencieuse et j’attendais quasiment une réaction de sa part, une approbation, un sourire, un soupir ... peu importe ! Un murmure à peine perceptible s’était fait attendre de sa part et je n’avais pas compris les paroles. Un froid s’était installé en moi, me paralysant lorsque je la voyais partir en courant. J’étais figé sur place, ne sachant pas comment réagir. Je voulais être partout à la fois, ni vu ni connu. Invisible. Inconnu. Le temps semblait ralentir et je devais être blanc comme un linge. Rapidement, le temps semble avoir repris son cours et mes pensées s’accéléraient à vitesse grand V. Que faire ? La raison des dernières disputes venait de s’envoler.
« Notre combat pokémon aura lieu ... une autre fois ... » disais-je à Noctis en prenant mes jambes à mon cou, en ayant préalablement remis Kame dans sa pokéball.
Je courrais parmi la foule, dans une autre direction que celle que Ambre a prise pour s’enfuir avec succès. J’évitais les gens le plus possible, n’exprimant pas d’excuses quand certains étaient bousculés. Je n’étais pas moi-même, je devais sortir de cet enfer. Sans m’en rendre compte, j’étais dans ma chambre, dans le dortoir des Voltali. J’avais un blanc entre le moment que je quittais le parc d’attractions et mon retour dans ma chambre. Mon carapuce était couché à mes côtés, légèrement déçus que la journée se soit écourtée, mais ne semblait pas vouloir exprimer son mécontentement. Cela avait été une journée horriblement longue, mais c’était pour bientôt que j’allais me rappeler avec exactitude de mes actions étranges et que j’allais longtemps regretter d’être sorti.