Tempétueuse. Inconséquente. Joueuse. Mais attendez. C’est une adolescente non ? Normal, donc. Quand elle était petite, Persille était douce, câline, aimante. Elle faisait la fierté de son grand frère et de ses parents. Mais les hormones, toussa toussa. Bref. Aujourd’hui sa mère ne la comprend plus. Son père l’évite. Son frère la rabroue sans arrêt. Pourtant, ce n’est pas original comme histoire. Elle a changé. C’est tout. C’est une adolescente comme on en fait beaucoup. A la recherche du grand frisson. Cherchant à défier l’autorité parce que ça y est, c’est presque une adulte. Et puis bon, quand on a la taille d’un nain, on cherche à imposer un caractère plus fort, plus imposant. Persille est effectivement petite. Plus petite que la moyenne à son âge. Elle se développe physiquement. Mais pas en taille. Du coup, on dirait une femme dans un corps d’enfant. C’est drôle. Mais pas pour elle. Elle le vit assez difficilement d’ailleurs. Heureusement, elle est sociable. Elle se fait facilement des amis. Enfin, normalement. Parce que quand elle ne vous encadre pas, vaut mieux pas rester dans les parages. Elle est capable d’être très mauvaise. Même si elle s’en veut presque systématiquement après. Contrairement à ce qu’elle fait croire à presque tout le monde, Persille a une grande empathie. Ca lui donne une conscience plutôt brulante. Du coup, elle vit avec cette espèce de mal être constant de jamais faire les choses bien. Bref. C’est une adolescente quoi. Le physique un peu passe-partout de la jeune fille fait d’elle une fille passe-partout. On lui fait rapidement confiance, elle n’est pas celle à qui on cherche des ennuis et on a même tendance à se confier à elle. Comme ci elle pouvait aider qui que ce soit. Mais bon. Elle accepte volontiers ce rôle de psychologue pour oublier ses problèmes personnels. Alors ça lui va très bien.

Johto. Oliville. Son lieu de vie actuel. Un père marin et une mère ranger. Un frère champion d’arène. Une famille parfaite. Un cadre parfait. Comment se sortir de ce moule ? Commencer par ne pas suivre les traces de son frère. Ne pas partir sur les routes.  En vouloir à son père d’être plus en mer que sur terre. Reprocher à sa mère de préférer la nature à ses enfants. Jalouser son frère pour sa réussite méritée. Que de sentiments contradictoires. Mais il faut entrer dans la tête de Persille pour comprendre. Quand on lui répète depuis toujours qu’elle sera une grande dresseuse ou une ranger comme sa maman. Qu’elle saura naviguer sur les mers comme son père. Qu’elle battra la ligue sans problème. Elle a du potentiel. Elle suivra les traces d’une famille appréciée et reconnue dans la ville. Mais sera-t-elle vraiment à la hauteur ? Comment pourrait-elle l’être jamais ? Tous ces espoirs. Tous ces regards. C’est trop de pression. Trop. Alors on fait l’inverse. Quand l’insouciance de l’enfance disparait et qu’on commence à comprendre comment le monde tourne. On s’oppose à ce système qui nous formate, qui nous étouffe. On prend sa vie en main. On refuse de partir sur les routes. De rencontrer ce professeur si gentil qui insiste un peu trop. On fini même par l’insulter. On est puni et on s’enfonce dans notre bêtise en reprochant les mots du monde à une mère démunie. On refuse de parler à un grand frère qui a toujours été là pour nous. On n’adresse plus un regard à un père plein d’amour qui ne cherche qu’à nous comprendre. Mais comment pourrait-il ? C’est impossible. On est seul. Aucun adulte ne peut comprendre cette souffrance. Seules les copines. Le monde est trop injuste. Pourtant on nous propose des solutions. Celle de partir pour cette académie. Loin de sa famille. Persille en rêve. Il faut qu’elle sorte d’ici. Elle se sent paralysé par les sentiments contradictoires. Dans un dernier sursaut de gentillesse, faire sa demande auprès de parents surpris et soulagés à la fois. Drôle de vie. La culpabilité rendra dingue une mère qui finira par tomber malade. Heureusement, rien de grave. Mais les remords rongeront Persille pendant un bon moment. Elle finira par comprendre ses erreurs. Mais seule son expérience dans cette école pourra lui faire ouvrir les yeux. En attendant, il faudra trouver un équilibre. Apprendre à faire confiance dans les adultes. Se rappeler que ce n’est encore qu’une enfant. Qu’elle a encore tant de choses à apprendre. Que son comportement n’arrange pas sa conscience tourmentée et que parfois, il faut savoir se remettre en question. Sérieusement.