Etna était à plat ventre sur son lit, en train de lire un magazine traitant de préparation physique et mentale pour différentes épreuves sportives, mais aussi pour les Concours Pokémon. Elle gratta les oreilles de Fuwadoku le Moufouette qui somnolait à ses côtés. Takefu, son Mimantis prenait le soleil déclinant de Rosalia, assis sur le rebord de la fenêtre. Le climat un peu plus frais de Johto avait été dur pour lui. Dango l’Ecrapince, Ikken le Scarabrute et Nakade le Désseliande n’étaient pas autorisés à sortir dans les bâtiments et n’étaient pas plus tolérés que ça sur la propriété des Neria. Surtout l’arbre fantôme. Un cri du petit Pokémon Plante attira l’attention d’Etna qui ouvrit la fenêtre à son Apitrini, Atsugi. L’abeille n’avait toujours pas évolué, Etna retardant l’événement. Après tout, elle continuait juste son entraînement sportif mais avait cessé de former ses Pokémon au combat.
Avec un soupir, elle pensa à l’oeuf qu’elle avait laissé au Collectionneur après avoir gagné la compétition de Pokéathlétisme. L’homme lui avait assuré qu’il resterait dans un PC en attendant son retour. Poussant un soupir, la jeune femme regarda par la fenêtre, puis son ordinateur. Depuis qu’elle était rentrée, presque aucun contact avec l’extérieur ne lui avait été permis. Ses amies Mentali lui manquaient, les cours lui manquaient, Jackie lui manquait. Sirius lui manquait. Bien plus qu’elle ne voulait se l’avouer.
Elle n’avait pas compris pourquoi sa famille l’avait rappelée à Rosalia. Mais une fois arrivée et avec la confiscation de son IPok, elle s’était rendue à l’évidence : les cours d’Espionnage n’étaient finalement pas aux goûts du clan. Ca faisait maintenant une petite année qu’elle vivait recluse, cantonnée à sa chambre et aux bâtiments des Neria. Elle ne manquait de rien, avait repris ses entraînements au katana et au go, s’était bien améliorée en arts martiaux traditionnels. Elle avait même appris le cérémonial du thé avec ses vieilles tantes ! Mais le contact avec les élèves de la Pokémon Community lui manquait. Elle n’avait pas compris à quel point la perte de ce cadre l’avait fragilisée, jusqu’à Noël où elle avait voulu envoyer une écharpe qu’elle avait tricoté à Sirius, pour se faire refuser cette simple demande.
Mais avec son anniversaire au mois d’Août qui approchait, elle allait enfin être considérée comme majeure selon les règles de sa famille. Son père lui avait dit à demi-mot qu’elle pourrait choisir de devenir une paria à ce moment là, en jurant de ne jamais révéler ce qu’elle savait sur le clan. Ca l’avait bien fait rire : sa résistance au contrôle mental était devenue parfaite avec les exercices de Jackie, jamais ils ne pourraient la forcer à se taire. Ce qui lui faisait plus peur qu’autre chose.
« Mademoiselle Etna, vous êtes attendue par le Maître, annonça un majordome après avoir toqué à sa porte, la sortant de sa rêverie.
- Pardon ? Mon père est-il au courant ?- Non, j’ai ordre de vous mener jusqu’au Maître de manière discrète. Il souhaite s’entretenir avec vous à propos de votre futur.
- Laissez moi quelques minutes pour me préparer comme il se doit afin de le rencontrer et j’arrive. »
Fronçant les sourcils, la brune attrapa un kimono et se changea rapidement. Elle transforma sa queue de cheval de côté en un joli chignon piqué de baguettes et rappela ses Pokémon, cachant les Pokéball dans un double fond de sa commode fabriqué par ses soins, ne gardant que son premier Pokémon avec elle. Enfin, elle se décida à suivre l’homme en costume de serviteur traditionnel qui l’attendait à la sortie de sa cellule de prison. De sa chambre, pardon.
Elle s’agenouilla devant les portes coulissantes qui menaient aux appartements du Maître. De mémoire il s’agissait de son arrière-grand-oncle. Le grand chef des Neria. Tentant de se rappeler de tout le protocole, elle appuya sa tête sur le sol quand les deux gardiennes ouvrirent les portes. Fermant les yeux à cause du stress, elle attendit patiemment.
« Entre donc, mon enfant. »
Suivant les ordre de la vieille voix, elle se releva et glissa sur ses genoux dans la pièce mal éclairée. Ses yeux s’habituèrent à l’obscurité ambiante et elle retint un cri. Le vieil homme, encore bien conservé se tenait au bout de la pièce, devant un énorme paravent reprenant les commandements du clan. De chaque côté de l’ancêtre se dressaient deux Arbok immenses qui sifflaient par intermittence. Plus inquiétant : le sol entier était recouvert d’Abo qui glissaient petit à petit vers elle. Elle tenta de garder contenance, même quand l’un des reptiles s’enroula avec paresse autour de ses pieds.
« Et bien je vois qu’on ne se laissa pas impressionner, mes félicitations. Comme tu peux t’en douter, je ne t’ai pas convoquée au nez et à la barbe de tes parents qui te protègent depuis un an en espérant faire de toi une paria d’ici deux mois pour le plaisir. »
L’adolescente retint un rire nerveux. Elle gardait ses mains sur ses genoux, comme le voulait le protocole et ne pipait mot, bien trop apeurée. Elle sentait la Pokéball de Fuwadoku vibrer dans la poche de son habit mais ne se faisait aucune illusion : malgré ses prouesses, le petit Pokémon tiendrait à peine quelques secondes face à la masse des serpents. Et c’était sans même compter sur les deux monstres qui se trouvaient autour de son interlocuteur.
« Et nous tous qui pensions que cette bêtise de Concours Pokémon allaient être ta porte de sortie définitive. Mais non, tu t’es mise à l’Espionnage. Quelle idée ! Et tu es douée pour ça, en plus. Si tu n’avais pas été de la branche périphérique, j’aurais tout de suite fait de toi l'héritière. Mais non, tu es brillante, mais trop dangereuse pour nous tous. J’espère que tu te rends compte des problèmes que tu nous crées.
- Vous m’en voyez profondément navrée.- Esprit brillant, forme parfaite, bonne Dresseuse, capacités sociales nulles, mais on ne peut pas être bonne partout, pas vrai ? ricana le vieux, faisant se crisper Etna.
- Que… voulez-vous faire de moi ?- Et bien je vais te proposer un choix. Sache tout d’abord que le destin de Paria t’es barré, ta résistance mentale et tes capacités font de toi un élément trop dangereux pour quitter notre influence. Soit tu t’engages à rester à jamais en ces murs, tu deviens formatrice pour la nouvelle génération, Grande Préceptrice, même. »
Ce n’était pas une mauvaise proposition, pensa la brune. Si on excluait le fait qu’elle serait plus ou moins retenue contre son gré par sa propre famille. Enfin bon, ce n’est pas comme si elle se préparait à cette éventualité depuis qu’elle avait compris qu’elle gênait les grands pontes du clan. Elle attendit donc le deuxième ultimatum.
« Soit tu restes en formation avec les membres les plus hauts de la famille et moi-même pour tout l’été. Nous ferons de toi le nouveau Poing du Serpent, qui est en quelque sorte notre meilleur agent de l’ombre. Soit par contre avertie qu’en cas de trahison, tu n’auras même pas le bénéfice du doute. Que tu apprendras des secrets que tu pourras jamais partager. Et que tu n’es même pas certaine de finir cet entraînement. Si tu y parviens, tu réintégreras ta vie de l’année dernière, sous quelques conditions. »
Elle allait encore se faire utiliser, pensa t-elle avec amertume. Avec un soupir, le visage de tous ses amis, ou du moins ses connaissance de Lansat s’imposa à son esprit. Est-ce qu’elle avait vraiment un choix, en fait ?
HRP :
- Récupération en pseudo-flashback de l'Oeuf de Tiplouf de la compèt Pokathlète, laissé à Lansat pour le moment