angel of darkness
not okay, not okay, not okay, not okay, not okay, not okay, not okay,
not okay,
Je ne sais pas quoi te dire Ilea. Je ne sais vraiment pas.
C’était pas vraiment moi toute à l’heure Ilea. Un peu moi mais pas vraiment.
Je sais pas trop comment j’en suis arrivé là. Je voulais rien dire.
Rien dire du mal qu’il y a dans mon cœur. Rien dire de la douleur qui pourfende mon crâne. Rien dire des insomnies et des cauchemars. Rien dire du tout.
Parce que tu vois Ilea, tu m’es si chère et je t’aime si fort que je ne veux juste pas que tu ailles mal à cause de moi. Je veux pas que tu sois triste à cause de moi.
Ça me fait peur.
Ça fait peur quand les gens t’aiment, quand ils s’attachent à toi. Ça veut dire que tu dois faire de ton mieux pour les garder et pour les aimer. Faire de ton mieux pour les protéger et ne jamais les décevoir.
Et moi Ilea, j’ai tellement échoué.
J’ai pas su te protéger, ni toi ni les autres. Et je sais que je te déçois. Quoi d’autre. Je suis juste un pauvre type qui ne sait plus quoi faire. Je suis juste une coquille vide de ce que j’étais.
Je ne sais plus Ilea.
J’ai pas envie de te mentir à toi. J’ai pas envie de répondre à tes questions par des mots tellement vide de sens que ça nous fera souffrir tous les deux.
Je voudrais te dire la vérité, mais je la connais pas Ilea.
Tu joues avec les ciseaux. Ils les ont laissé là. Les docteurs ont jugés bons de les laisser dans la chambre.
C’est horrible. Horrible de te voir pointer du doigt à quel point mes décisions sont stupides, maladroites.
Je baisse les yeux. Je ne suis pas capable de te voir faire ça. Et je doute encore plus être capable de t’arrêter.
Je ne sais simplement pas quoi dire.
Je secoue la tête et ça tape, tape, tape.
Boom, boom, boom.
Je suis pas vraiment moi même Ilea, tu le sais. Alors pourquoi tu fais ça. Pourquoi tu montres que ce que je fais est mal. Pourquoi tu me voles mon mal-être, pourquoi pourquoi pourquoi.
Je peux en poser moi aussi des questions. Je peux en poser des dizaines, des centaines, des milliers.
Et la colère qui se cache dans mes tripes, je la sens qu’elle monte, je la sens proche de l’explosion. Un peu comme toute à l’heure, je me perd dans le rouge, rouge, rouge. Mais c’est pas le rouge Ilea qui fait du bien.
C’est le rouge colère qui détruit.
J’inspire et j’expire. Je tente de la contrôler, de la faire rentrer à l’intérieur, de l’enterrer comme je l’ai toujours fait.
Il faut être parfait, parfaitement en contrôle, tout le temps.
Je ne lui ai toujours pas répondu.
Mais comment lui répondre alors que le contrôle m’échappe.
Je l’aime, je l’aime, je l’aime.
Je la déteste, je la déteste, je la. Non !
Ma respiration s’emballe et ma main droite s’agrippe à la cuisse. Je serre, je serre, je serre.
Évacuer le mal être, évacuer la perte de contrôle.
Vite, vite, vite.
Mon souffle s’accélère et je serre plus fort, fort, fort.
Je n’entend plus rien, je ne vois plus rien que le noir, que les booms, que le chaud.
J’y suis.
À nouveau.
Je souffle, je souffle, je souffle.
C’est pas réel, je suis avec Ilea. Ilea qui m’aime et que j’aime.
Sécurité.
J’y arrive pas. Le noir est trop fort et je sombre.
Je dégage d’un mouvement brusque la couverture. J’explose, totalement. Trop chaud, pas assez d’air. Je n’arrive pas à respirer.
Panique.
Je voudrais me lever, ouvrir la fenêtre, respirer.
Mais je ne vois rien, je ne sens rien, je n’entend rien.
Je sombre.
Je perd le contrôle.
Encore.