ÉVOLUTION ENVISAGÉE

GRADE 0. Étudiant en formation détente et élevage – Il a un but Gabriel. Alors pour ça, il a décidé de suivre une formation massage et élevage. Il apprend le principal ; comment s'occuper des Pokémons, comment aider les gens à se détendre... afin de parfaire sa formation, il fera également en sorte de réaliser divers stages dans plusieurs salons, afin de pouvoir en apprendre plus sur les méthodes de chacun.

GRADE 1. Employé d'un salon de détente – La première chose qu'il fait à la fin de sa formation, c'est trouver un endroit où il pourra commencer à travailler. Embauché dans un salon de détente qui est aussi une garderie pokémon, il devient un employé standard auquel on assigne diverses tâches ; parfois il devra s'occuper des Pokémons, tandis que parfois il sera chargé d'être aux petits soins des clients, qu'il s'agisse de personnes ou pokémons.

GRADE 2. Reponsable d'un salon de détente – Par rapport à certains, Gabriel commence à se faire remarquer au sein du salon dans lequel il travaille, le gérant recevant beaucoup de retours positifs à son sujet. Aussi décide-t-il d'engager Gabriel à sa succession, à la grande surprise et joie du brun. S'il effectue à peu près les mêmes stages qu'auparavant, il gagne plus de droits et dirige la totalité du salon.

GRADE 3. Éleveur et masseur débutant – Ayant clairement fait ses preuves, il finit par décider d'ouvrir son propre salon de détente qu'il pourra aménager à sa convenance. Son but étant d'avoir un salon qui soit 100% naturel, il s'assurera que les produits utilisés sont bel et bien faits à base de plantes, et habillera son salon de sortes à ce que les clients s'y sentent le mieux possible. L'endroit sera également une garderie Pokémons, où tous les Pokémons confiés bénéficieront régulièrement de soins et d'attention.

GRADE 4. Éleveur et masseur expérimenté – De plus en plus de monde vient demander les services de Gabriel. Son centre devient populaire et sa renommée commence à s'étendre un peu partout au delà d'Adala, si bien que certaines personnes se déplacent d'une ville à une autre uniquement pour venir dans son salon. Il se procure des produits de plus en plus efficaces et commence même à fabriquer les siens. Il agrandit son salon et peut dorénavant recevoir plus de pokémons.

GRADE 5 & 6. Éleveur et masseur reconnu – La renommée du salon de Gabriel s'étend au delà d'Adala jusque dans les autres régions, et on dit de lui qu'il est expert en son domaine. Ses talents ne sont plus à prouver et il reçoit de plus en plus de clients, toujours satisfaits et qui n'hésitent pas à parler de son salon autour d'eux. Il reçoit également dans son salon les plus grands noms des Topdresseurs et leurs partenaires, ainsi que d'autres spécialistes dans leurs domaines. Il voyage un peu partout à travers les régions afin de prodiguer ses massages.

-Gabriel ? ...tu m'écoutes au moins ?

    Happé par ses pensées, le jeune homme sursauta, manquant de renverser la tasse de thé qu'il tenait entre ses mains. La personne qui lui faisait face était un jeune adulte aux cheveux longs, roux et soigneusement coiffés, qui avait posé son regard insistant sur lui. Pour toute réponse, Gabriel passa une main à l'arrière de sa tête, alors que ses lèvres s'étiraient d'un petit sourire gêné. Il ne fallait vraiment pas grand chose pour que le brun se perde dans ses pensées. C'était pas vraiment de sa faute, on pouvait pas lui en vouloir à ce sujet. Il a toujours été distrait et dans la lune. Il a gardé ce petit côté rêveur et maladroit de quand il était enfant. Il l'a accompagné durant toute sa jeunesse, et maintenant, il ne veut plus le lâcher. Et c'est drôle quand on pense que ce jeune homme est un colosse de presque deux mètres. Un colosse complètement inoffensif.

-Tu es incorrigible, lui fit son ami, un sourire doux sur ses lèvres.

    Et ils finirent de boire en silence. L'endroit autour d'eux était clair et naturel. Les rayons du soleil s'infiltraient par delà les multitudes de fenêtres, venant baigner de leur lumière les nombreuses fleurs disposées ça et là dans la pièce. Dans ce genre d'endroit, Gabriel se sentait serein. Il était loin d'être ce genre de brute qui démolissent tout par la force d'un unique coup de poing. Même si pour le coup, un seul coup de poing venant de lui risquait de faire mal. Mais ça ne servirait strictement à rien d'avoir peur de lui, il ne vous ferait aucun mal. Gabriel était ce genre de garçon qui, même s'il ne souriait pas, avait un visage qui transpirait le calme et la sérénité. Il semblait toujours heureux, jamais en peine. C'était quelqu'un d'une incroyable douceur. Ses yeux vert pétillaient tellement qu'on avait parfois l'impression qu'ils brillaient. Il arrangeait toujours ses cheveux ; mais sa maladresse faisait qu'ils se retrouvaient souvent en bataille.
    Déposant sa tasse, il passa une main dans les cheveux de son ami, qu'il ébouriffa alors qu'un sourire taquin étirait son visage. Son camarade prit un air boudeur, et ce fut cette fois Gabriel qui lui rendit son regard insistant, toujours dans le but de le taquiner. Alors le rouquin détourna la tête. Le brun soupira et, presque comme s'il contemplait son ami, se perdit de nouveau dans ses pensées. Ce genre de moment, qui aurait pu paraître simple, était tout ce que Gabriel appréciait. Il ne fallait pas grand chose pour le rendre heureux.

    Gabriel avait toujours été très émotif. Qu'il le veuille ou non, c'était toujours dur pour lui de dissimuler ses sentiments, son visage le trahissant toujours. Il n'avait jamais été très grand bavard, et il n'avait d'ailleurs jamais été très doué pour exprimer clairement ce qu'il ressentait. Alors de simples gestes, comme des signes de main ou des sourires, lui suffisaient. Au fond de lui, il a toujours un peu peur de décevoir les autres, ou de leur renvoyer une image négative de lui. Il est maladroit avec tout, et il a toujours cette crainte de blesser sans le vouloir. Une crainte qui peut se révéler parfois très grande, quand on voit qu'il lui arrive de s'inquiéter pour trois fois rien. Il a toujours envie d'apporter son aide sauf que parfois, ça peut agacer car il se montre insistant sans vraiment le vouloir.
    Une chose que son meilleur ami apprécie grandement c'est de le taquiner, le taquiner parce qu'il n'a jamais été très réactif ou très futé. Il lui faut parfois du temps avant de réaliser certaines choses ou comprendre certaines choses, et parfois les deux se combinent. Comme quand il laisse traîner un objet sur un meuble, passe devant plus d'une dizaine de fois, le voit sans pourtant réaliser qu'il est là, puis finit par avoir un éclair de génie et le retrouver. Avant de comprendre qu'il est passé devant cet objet un grand nombre de fois. « Même pour un colosse, j'ai jamais vu quelqu'un d'aussi vif que toi ! » ou bien « Ouah, t'es vraiment réactif pour un colosse » sont les deux phrases fétiches de son meilleur ami. Et parfois il boude, parfois il se contente de lui ébouriffer les cheveux avec un sourire un peu niais.

    Et Gabriel est aussi très têtu. Ce n'est pas qu'il est persuadé d'avoir toujours raison, mais quand il pense que quelque chose est vrai, ou qu'il est déterminé à faire quelque chose, il s'y tient, peu importe la gravité de la chose. Et ça peut lui donner un léger côté insupportable parce qu'après, il a tendance à vouloir ne plus rien entendre. Les gens savent alors que ça ne sert à rien de lui résister. La seule qui peut rivaliser avec lui là-dessus, c'est sa Zorua. Elle est aussi têtue que lui sur certains points et il leur arrive parfois de se disputer pour ça. Et ça peut durer longtemps. Très longtemps. Jusqu'à ce que l'un décide d'abandonner ou que le meilleur ami de Gabriel s'en mêle. Si sa Zorua est la seule à être aussi têtu que lui, le rouquin est le seul à pouvoir lui faire entendre raison.
    Et même si Gabriel ne le montre pas, il peut être très jaloux. Quand un de ses amis passe moins de temps en sa compagnie pour faire d'autres choses, quand on ne le prévient pas... il est malgré tout rarement détestable -sauf avec son meilleur ami. Son meilleur ami, il ne veut pas qu'il parle à personne d'autre que lui, il est à lui, on le touche pas. Mais ça, il ne l'admettra jamais. Même quand on lui demande pourquoi il lance des regards noirs à ceux qui lui parlent ou qu'il se montre très froid ou brusque. Il a l'air un peu bête quand il fait ça mais encore une fois, il est têtu ; s'il ne veut rien dire, il ne dira rien. Et pour ce genre de cas, même son meilleur ami n'arrive pas à le faire parler. Il essaie d'enfouir jalousie et possessivité au fond de lui-même, c'est la seule chose sur laquelle il prend bien le dessus. Sauf quand ça concerne le rouquin. Ça, il ne le contrôle pas.

-Gabriel, est-ce que tu...

    Et quand son meilleur ami se lève de sa chaise et tombe, même si ce n'est rien, c'est le premier à se précipiter près de lui. Gabriel tient à ceux qu'il aime et il a toujours été très protecteur. Parfois même un peu trop. Il est toujours attentif aux autres et veille sur ses proches comme sur ses Pokémons. Et son meilleur ami... il est tout à ses yeux, tout comme sa Zorua. Il ne les abandonnerait pour rien au monde. Gabriel n'est pas quelqu'un qui aime se battre, du moins pas inutilement. Il ne provoque jamais, mais si défendre quelqu'un nécessite d'en venir aux mains, peu importe ce qu'il risque il le fera. Après tout, il est tellement têtu qu'il n'écoute rien. Gabriel en colère c'est un peu comme un volcan endormi qui explose après des années de sommeil ou ouragan qui surgit de nulle part. Ça arrive lorsqu'on s'y attend le moins, et prend tout le monde de court, si bien qu'on ne peut souvent pas réagir à temps.
    Aidé de Gabriel, le jeune homme se releva avec un sourire gêné, tandis que son ami posait sur lui un regard inquiet. Il soupira. Gabriel s'inquiétait parfois beaucoup trop pour les autres, mais il ne pouvait pas lui reprocher ça. Il savait à quel point son camarade était sensible et tenait aux autres, et à lui en particulier. Il posa une main rassurante sur l'épaule du brun, avant de frapper son torse d'un léger coup de poing qui se voulait amical. Il n'aurait de toute manière pas fait beaucoup de mal à son ami.

-Arrête de paniquer, commença-t-il. Je ne suis pas très résistant mais je ne suis pas non plus en verre, je ne vais pas me casser à chaque fois que je tombe !

    Gabriel secoua la tête. Il attrapa le bras du rouquin et le prit dans ses bras, surprenant le jeune homme qui ne sut plus réellement quoi dire. Dans sa maladresse le brun le serra un peu trop fort, comme s'il allait l'écraser, mais son ami ne le releva pas. Autour d'eux, il n'y avait rien d'autre que le calme de la pièce et la douceur des fleurs qui les entouraient. Il soupira.

-C'est vrai que... tu comptes partir ? osa finalement demander le rouquin.

    Le jeune homme haussa un sourcil, et regarda son camarade droit dans les yeux. C'est vrai, il comptait partir. Mais pas pour l'abandonner, ça, jamais. Depuis tout petit, Gabriel avait toujours eu cette envie d'aider les autres, mais il n'avait jamais su comment s'y prendre, comment faire. C'est grâce à son ami qu'il avait retrouvé cette envie, cette motivation, qu'il avait perdue pendant tellement de temps. Alors oui, on pouvait peut-être trouver ça niais d'aimer autant les fleurs. Mais elles symbolisaient tellement de choses pour lui. Et Gabriel savait que grâce à elles, il pouvait redonner le sourire. Il ébouriffa de nouveau les cheveux de son ami, qui cette fois n'eut même pas d'air boudeur. En réalité, il avait plutôt l'air abattu. Le brun, souriant avec douceur, posa ses mains sur ses épaules.

-Oui mais je... ne te laisse pas tomber tu sais. Je veux apprendre encore plus, devenir éleveur et gérer mon propre salon pour aider les autres ! Tu vas voir, je deviendrais vite le meilleur. Et toi, quand tu auras fini ce que tu as a faire ici, tu me rejoindras. Sinon ce sera moi.

    Son ami retrouva le sourire. Il le croyait. Parce que Gabriel n'avait jamais dit de mensonges, et encore moins aux personnes qu'il appréciait et auxquelles il tenait. De toute manière, même s'il le voulait, il ne saurait pas mentir, ou s'y prendrait tellement mal qu'on le devinerait tout de suite. Alors, sur ces derrières paroles, le rouquin fit la promesse qu'il rejoindrait son ami.

Il était assis sur son lit, appuyé contre le rebord de sa fenêtre, et il comptait les étoiles.

    Dans la rue sombre, plus personne ne passait. Elle était miteuse et vieille, éclairée par la faible lumière d'un lampadaire qui se mourrait. Gabriel soupira tristement. Sa mère n'était pas encore rentrée, et pourtant il faisait déjà nuit noire. Pourtant, du haut de ses neuf ans, il en avait déjà l'habitude. Ils vivaient tous les deux dans un petit quartier pauvre de Volucité, un coin reculé où les conditions de vie n'étaient pas toujours les meilleures. Sa mère avait eu de la chance d'avoir trouvé un bon boulot, mais elle était obligée de rentrer tard, partir tôt. Et le garçon ne la voyait presque jamais. Il espérait qu'elle tiendrait sa promesse. Elle lui avait dit que lorsqu'elle aurait gagné suffisamment d'argent ils partiraient loin, ils s'achèteraient une nouvelle maison et elle trouverait un nouveau travail. Mais malgré l'acharnement de sa mère, il semblait pour le moment que ça ne changeait rien. Alors il attendait patiemment. C'était tout ce qu'il pouvait faire, de toute manière.
    Il se trouvait suffisamment haut dans l'immeuble pour être en mesure de distinguer parfaitement le ciel. La lumière de la ruelle était si chétive qu'elle ne le gênait pas dans sa contemplation. Le garçon repéra une petite étoile, se tenant près d'une plus grosse. Lui et sa mère. Pourtant, cette petite étoile semblait isolée du reste, même de celle qui lui tenait compagnie. Un astre fila près des deux autres pour s'évanouir dans l'obscurité, comme son père lorsqu'il était parti. Le garçon n'avait que peu de souvenirs de lui. Il savait juste qu'il s'était disputé avec sa mère un jour, et qu'il était parti pour ne plus jamais revenir. Non loin de cette petite étoile qui avait attiré le jeune homme se trouvaient d'autres astres. Et certains disparurent. Gabriel se trouvait proche de cette étoile isolée des autres. Lui aussi, il était tout seul. Loin de sa mère qui travaillait tous les jours, loin de son père qui les avait abandonnés et loin des autres enfants qu'il n'arrivait pas à approcher. Et impuissant face à toutes ces personnes malades ou blessées, tristes ou désespérées. Face à ces personnes qu'il ne pouvait pas aider, et qui disparaissaient petit à petit comme ces étoiles dévorées par l'obscurité, trop faibles pour y résister.

    Là où il vivait, le garçon avait l'habitude de voir des personnes sans abri, des personnes malades qui ne pouvaient pas être soignées ou blessées à cause de certaines personnes peu fréquentables. Il restait là à les regarder avec un air perdu, parce qu'il aurait tellement voulu les aider mais il ne le pouvait pas. C'était pareil à l'école, et partout ailleurs. Il voyait des personnes tristes qu'il ne pouvait pas réconforter, parce qu'il était trop maladroit et timide et qu'il ne savait pas comment les approcher. Tout ce qu'il voulait, lui, c'était pouvoir redonner du sourire aux personnes qui l'entouraient. Mais il ne savait pas. Il ne savait juste pas comment faire, et ça le désespérait. Il voulait les aider, les protéger, faire en sorte qu'elles se sentent mieux, moins seules. Mais comment faire si lui n'arrivait même pas à se sortir de cette situation là ? À ce moment là, il n'était qu'un petit garçon de neuf ans avec un cœur débordant de sincérité et d'envie d'aider. Mais il avait peur. Il avait peur et il savait juste pas comment faire alors il restait là sans bouger. Il voulait qu'on vienne le sortir de sa solitude et qu'on lui dise qu'il n'était pas abandonné. Même s'il n'avait que neuf ans, il commençait à croire que cela n'arriverait jamais.
    Et pourtant un jour, quelque chose surgit de nulle-part. Comme si quelqu'un avait lu ses pensées et avait fait en sorte de les exaucer. Il se rendait à l'école comme chaque matin, traversant les ruelles mornes et tristes qui composaient le quartier où il vivait. Il n'y avait pas encore de bagarres de rues, mais cela ne saurait tarder. Et c'est pourquoi il pressait toujours le pas. Il trouvait cet endroit triste, aussi triste et monotone que tout ce qui l'entourait. Et la pluie de saison n'était pas là pour arranger les choses. Alors il arriva à l'école, trempé et haletant parce qu'il avait couru pour éviter les gouttes, qui s'étaient montrées plus insistantes que prévues. Son école était une petite école tranquille dans Volucité, proche de l'endroit où il vivait mais bien différente en tout point. Saluant tout le monde d'une petite voix, il se rendit compte que quelque chose n'allait pas lorsqu'il vit tout le monde agglutiné dans le fond de la salle. Curieux, il rejoignit la foule. Son maître, ainsi que les quelques élèves déjà arrivés, avaient les yeux rivés sur un petit pokémon au pelage noir, dont une patte était entourée par un bandage. C'était une Zorua. Une Zorua qui avait l'air apeurée et qui grognait, refusant que quiconque l'approche. Le problème était qu'elle était blessée, et si elle ne se laissait pas soigner cela ne ferait que s'aggraver. Alors, souhaitant faire quelque chose de bien, le garçon s'était avancé malgré les avertissements de tout le monde. Malgré les grognements et morsures de la Zorua, il avait finit par l'approcher, s'adressant à elle de la voix la plus maladroite et rassurante possible. En comprenant que Gabriel ne lui voulait pas de mal, elle s'était calmée, permettant à l'infirmière de l'école de la soigner. Vers la fin de la journée, cette dernière vint voir Gabriel, déclarant vouloir lui confier la Zorua. Il était le seul qu'elle laissait approcher, et il était hors de question de l'abandonner. Elle n'allait pas non plus rester à l'école car l'infirmière craignait qu'elle se sente seule. Gabriel accepta avec joie.

    Le garçon et la Zorua devinrent vite comme des amis. Il l'emmenait à l'école avec lui chaque jour, et elle rentrait avec lui le soir. Au départ, il avait eu du mal à l'approcher, parce qu'elle restait prostrée dans son coin, roulée en boule, refusant de le laisser passer. Puis un jour, il se sentit réellement triste à cause de l'éloignement de la Zorua. Il se réfugia sur son lit et à sa grande surprise, elle vint se blottir contre lui, comme si elle avait comprit qu'elle lui avait causé du chagrin. C'était devenu sa meilleure amie. L'un comme l'autre ils n'étaient plus seuls. Ils se tenaient compagnie, jouaient ensemble, se réconfortaient l'un l'autre lorsqu'ils se sentaient tristes. Il trouvait ses journées moins monotones, et commençait à retrouver le sourire.
     L'entrée au collège déboussola complètement le jeune homme. L'endroit était bien plus grand et il y avait beaucoup plus d'élèves, ce qui n'était pas bon du tout pour la timidité et la maladresse du garçon. Et il n'avait plus le droit d'emmener Zorua avec lui, ou sinon elle devrait rester dans une Pokéball. Et elle avait été suffisamment seule, hors de question qu'elle passe une journée enfermée à l'étroit dans une petite capsule. Il préférait encore la laisser chez lui. Gabriel eut énormément de mal à s'intégrer. Il était trop timide et avait du mal à s'exprimer. Les autres ne venaient pas le voir, d'autant plus que pour son âge il était déjà très grand, et possédait une carrure qui avait tendance à impressionner. Il avait perdu de vue toutes les personnes avec qui il avait pu sympathiser à l'école primaire, après qu'il ai recueilli Zorua. Pourtant, certaines d'entre elles étaient toujours là. Mais elles l'ignoraient. Elles faisaient comme s'il n'était pas là, comme si elles ne le connaissaient pas, alors que pourtant, il ne leur avait rien fait. Et ça lui faisait mal. Ça lui faisait tellement mal, parce qu'il avait l'impression que toute la solitude qu'il avait connue revenait d'un coup le chercher. Et il ne le voulait pas.
    En revenant un jour des cours, il fit le choix d'emprunter une route différente de celle qu'il avait l'habitude de prendre pour revenir chez lui. Il ne l'avait prise que très peu de fois, mais il la trouvait bien plus calme et agréable. Et Gabriel avait toujours apprécié le calme, car c'était là qu'il se sentait le mieux. Il pouvait penser, réfléchir à tout ce qu'il voulait. Ç'avait toujours été pour lui le meilleur moyen d'échapper à la solitude, et ça l'était encore aujourd'hui malgré la compagnie de Zorua. Il partageait son silence avec elle. Alors en marchant sur le chemin du retour, la mine triste et perdue, il entendit une voix l'appeler. Une voix fluette et joyeuse, venant du seuil d'une petite boutique de fleurs sur le côté. Une jeune femme lui faisait signe d'approcher. Au départ, il n'osa pas, mais elle lui donnait l'impression qu'il n'avait rien à craindre. Néanmoins, la mine de cette jeune femme devint mélancolique lorsqu'elle vit l'expression sur le visage de Gabriel.

-Pourquoi tu fais cette tête ? Demanda-t-elle au garçon.

    Il demeura silencieux. Mais ce silence lui suffit pour comprendre le désarroi qui envahissait le cœur du garçon. Il n'osa pas expliquer qu'il se sentait seul et impuissant, car il voyait constamment des personnes dans le besoin qu'il ne pouvait pas aider. Il se sentait honteux de ne pas savoir comment leur redonner le sourire. Elle lui demanda alors d'attendre quelques secondes. Rentrant et sortant à toute vitesse de sa boutique, elle tendit au garçon un bouquet de fleurs. Il l'observa, perplexe.

-C'est pour toi. C'est peut-être pas grand chose mais... tu sais, les fleurs, c'est le meilleur moyen pour retrouver le sourire. Ça met du bien dans le cœur des gens, ça apaise !

    Puis, une voix provenant de la boutique l'appela, et elle dut laisser seul le jeune garçon qui se retrouva avec un bouquet de fleurs dans ses mains. Il retourna chez lui, intrigué par cette jeune femme et son enthousiasme. En rentrant dans sa chambre, accueilli par une Zorua ravie de le revoir, il prit soin de mettre les fleurs dans un vase. Et en observant la pièce, il se rendit compte à quel point elles la rendaient lumineuse. Dans son environnement de vie, le garçon avait vu bien trop peu de fleurs pour réaliser à quel point elles étaient belles. Et cela lui réchauffait le cœur. Alors chaque soir, en rentrant du collège, il vint voir cette jeune femme dans sa boutique. Il passait plusieurs minutes à observer les fleurs sans rien dire, et elle venait discuter avec lui qui n'osait pas parler. Et de temps à autre, elle lui donnait des fleurs, en lui disant qu'il pouvait les garder pour lui ou les offrir aux autres. Il finit par devenir plus ouvert, et curieux, et il apprit qu'elle s'appelait Marine. Face à cette curiosité, elle lui apprit les noms des fleurs et de diverses plantes, ainsi que leurs propriétés curatives. Elle lui expliqua que l'on pouvait s'en servir pour beaucoup de choses, et selon elle, c'était l'un des meilleurs moyens pour rendre les gens heureux, peu importe comment elles étaient utilisées. Marine fascinait Gabriel pour sa joie et sa gentillesse, et ses connaissances qui étaient si nombreuses. Et il sut qu'il avait trouvé un moyen de redonner le sourire aux autres grâce à elle. En passant un jour dans sa ruelle, il vit une femme enveloppée dans ses couvertures, la peau mordue par le froid. Sans hésitation, il s'était approché d'elle et lui avait tendu le petit bouquet de fleur confié par son amie. Elle avait paru se demander pourquoi un jeune garçon venait la voir seulement dans le but de lui donner des fleurs, mais l'entrain de Gabriel était parvenu à la faire sourire. Ce jour là, le garçon fut plus heureux que jamais.
    Cela dura pendant deux ans. À quatorze ans cependant, Gabriel commença à être plus occupé à cause des cours, et durant un long moment, il ne put plus venir voir son amie. Cependant, il était toujours serein en pensant au moment où il la retrouverait. Il aimait leurs discussions qui prenaient parfois une tournure un peu stupide, ou se montraient parfois intéressantes. Il aimait passer du temps avec elle. C'était comme une grande sœur. Une grande sœur qu'il n'avait jamais eu, et qu'il aurait donné n'importe quoi pour avoir. Une journée où il put sortir plus tôt, il avait dévalé la rue à toute vitesse pour gagner la boutique. Mais sa joie se stoppa net lorsqu'il arriva devant le bâtiment. Il était fermé, les lumières éteintes, vide. Il apprit par la boutique voisine qu'elle avait dû partir, et que les locaux allaient être transformés en un magasin de bricolage d'ici peu. Pour la première fois depuis longtemps, l'adolescent se sentit immensément triste. Elle lui avait laissé un petit mot, où elle s'excusait de ne pas avoir pu le prévenir puisqu'elle ne l'avait pas vu depuis longtemps. Elle avait eu des soucis l'obligeant à retourner dans sa région d'origine, mais elle avait promit qu'elle reviendrait le voir si elle en avait l'occasion. Et avec ça, une petite broche en forme de fleur, qu'elle avait toujours porté sur elle. Bouleversé, les pensées du garçon devinrent tristes, et il se persuada qu'elle ne reviendrait jamais. Chez lui, les fleurs qu'elle lui avait offert avaient fané.

    Gabriel était de nouveau perdu. Il voyait toujours aussi peu sa mère, qui répétait être désolée d'être aussi peu présente et désolée de ne pas pouvoir s'occuper correctement de lui. Mais il ne lui en voulait pas. Il savait qu'elle faisait ça pour eux, pour leur offrir des conditions de vie meilleures. Il se serait senti véritablement seul s'il n'avait pas Dahlia à ses côtés. Dahlia, c'était sa Zorua. Il l'avait appelé comme ça après avoir découvert cette espèce de fleurs. Des fleurs qu'il trouvait très belles, et qu'aimait beaucoup la Zorua.  
    Il chercha un nouveau moyen d'aider les autres, puisqu'il n'était plus en mesure d'offrir des fleurs aux autres. Il y avait d'autres boutiques à Volucité, mais aucune n'était aussi accueillante que celle de son ancienne amie, et il n'était pas en mesure d'acheter des fleurs. Il fut obligé de se battre. Sa classe avait reçu une nouvelle élève, timide en apparence mais qui n'hésitait pas à se défendre et à dire ce qu'elle pensait. Elle rembarra dès le premier jour un camarade un peu trop impétueux, qui prit très mal ce qu'elle lui dit. Alors il commença à s'en prendre à elle. Au départ, Gabriel pensait qu'il arrêterait, comme elle savait se défendre. Mais il n'en fut rien. Le garçon continuait, la mettant en mauvaise posture. Alors il décida d'intervenir. Il s'interposa entre elle et le fauteur de trouble, qui ignora totalement Gabriel en disant que ce n'était pas un gars aussi peureux que lui qui allait l'arrêter. Mais il avait eu tord. Ce fut la première fois que Gabriel fut fou de rage.

Et son coup était parti tout seul.

    En quelques secondes à peine le fauteur de trouble s'était retrouvé au sol, propulsé par la force du poing de Gabriel. Tremblant de peur, son adversaire n'avait pas osé s'opposer plus à lui, et avait détalé aussi vite qu'il était arrivé. Gabriel s'excusa auprès de la jeune fille, déclarant qu'il aurait préféré ne pas en arriver là. Mais pourtant, elle lui sourit, le remerciant sincèrement de l'avoir aidé. Il se demanda alors si se battre était une bonne chose pour protéger les autres. Et lui qui espérait ne pas avoir à recommencer n'eut pourtant pas le choix, que ce soit dans la rue où il vivait ou au collège. Du haut de ses quatorze ans, il était devenu un garçon très grand et d'une stature imposante, avec suffisamment de force pour se permettre de s'opposer aux autres. Il dut se battre à plusieurs reprises, et cela dura très longtemps. Mais il faisait ça pour aider et protéger ceux qui en avaient besoin, et pas parce que ça l'amusait. Et cela finit par lui convenir. Mais il lui arrivait souvent de réfléchir et de se demander si ce qu'il faisait était bien. Si cela n'allait pas finir par devenir dangereux, autant pour lui que pour les autres. Mais il n'arrivait plus à penser autrement. Il avait le sentiment que s'il arrêtait, plus personne ne le prendrait au sérieux. Il avait peur que de mauvaises personnes continuent de s'en prendre à celles qui n'avaient rien fait. Alors il choisit de continuer à se battre, mais cela uniquement si la chose était nécessaire. Il ne se rendait pas compte qu'il ne cherchait plus à discuter, et il considérait la force brute comme un mal nécessaire pour calmer les mauvaises intentions. Il n'avait pas conscience de sa force.
    Et ça se retourna contre lui.
    A quinze ans, il dut se battre un jour contre un groupe de brutes qui s'en prenaient à un jeune garçon sans défenses. Il s'agissait de gars d'un lycée voisin, sans doute. Gabriel s'était interposé. Il s'était battu, mais son coup était parti trop fort. Et l'un des garçons subit une blessure bien plus importante que ce que l'on aurait pu imaginer. Le garçon que Gabriel avait voulu défendre avait prit la fuite, comme s'il avait été terrifié. Les autres étaient partis en hurlant qu'ils se vengeraient. Et le garçon était rentré chez lui, mal en point et rempli de culpabilité. Il n'aurait jamais cru qu'il était aussi fort que ça. Il aurait dû faire attention à ses gestes, et maintenant qu'il s'en rendait compte, c'était trop tard. Il n'avait jamais voulu blessé quelqu'un de la sorte. Tout ce qu'il voulait, lui, c'était faire comprendre au harceleur que ce qu'il avait fait était mal. Mais ce n'était pas une bonne chose. Et désormais, il avait la réponse à la question qu'il s'était toujours posée depuis le départ de son amie. Alors il arrêta de se battre. Et certaines personnes de son entourage lui demandèrent pourquoi il ne défendait plus les autres. Il ne voulait pas répondre. Alors on disait qu'il était lâche, peureux voire même égoïste. Mais il s'en fichait. Il ne voulait plus faire de mal à personne.

    Un jour de repos, Gabriel décida de partir en promenade en compagnie de sa Zorua, toujours aussi enjouée. Ils explorèrent les différents quartiers de la ville, sans énormément d'entrain de la part du jeune homme, mais sortir et prendre l'air lui faisait du bien. Pourtant, il ne s'attendait pas à ce qui allait se passer à son retour. Pendant un instant, il perdit de vue Dahlia, qui s'était mise à courir après quelque chose qu'elle avait vu passer devant son nez. Et c'est là qu'en profita le groupe pour prendre Gabriel par surprise. Alors qu'il appelait son Pokémon, ils l’encerclèrent au coin d'une ruelle et commencèrent à s'en prendre à lui. Ils criaient qu'il était lâche et que tout ce qu'il avait fait, c'était de faire du mal aux autres. Qu'il avait mit la vie de beaucoup de monde en danger à cause de ça. Qu'il n'avait pu aider personne, et qu'il n'avait fait que rendre les gens tristes en se battant pour eux. Ils avaient cassé la broche de Marine.
    Ce fut Dahlia qui sauva Gabriel.
    La Zorua avait retrouvé le garçon qui peinait à se défendre, qui peinait à appeler à l'aide. Il avait l'air si apeuré et désespéré, il ne savait pas quoi faire. Une colère noire monta en elle. Voir son maître, non, son meilleur ami dans un état pareil, aussi impuissant... En poussant un grognement féroce, elle s'était jetée sur les garçons qui la repoussèrent sans trop de difficultés. Dahlia n'avait jamais été très puissante, plutôt frêle et agile. Mais plus rien ne comptais, elle s'en fichait. Elle voulait juste aider son maître. Avec toute la rage et la détermination du monde elle continua de l'aider, cherchant à distraire les garçons pour lui laisser le temps de s'enfuir. Et c'est à ce moment là qu'elle évolua. Lentement, elle se dressa sur deux pattes et devint beaucoup plus grande, plus imposante que jamais. Alors à ce moment, il lui suffit de pousser un simple rugissement pour terrifier les harceleurs. Tous prirent la fuite, laissant Gabriel dans son désespoir. Le jeune homme s'était laissé tomber dos contre le mur, prenant la tête dans ses mains. Il était couvert d'ecchymoses et de blessures et il semblait que rien ne pourrait l'arrêter de pleurer. Ils avaient touché tous les points faibles du jeune homme. Et ça avait suffit à le détruire.

    Durant les jours qui suivirent il n'osa plus mettre les pieds en cours. Une semaine passa où il ne sortit même pas de chez lui. Et c'est à ce moment là que sa mère comprit et se senti coupable. À force de l'avoir trop laissé seul, il avait fini par se retrouver en danger. Elle pensait que cela était arrivé tout simplement parce qu'elle n'avait jamais pu correctement s'occuper de lui. Gabriel passait son temps à se dévaloriser et se considérer comme un monstre, répétant que tout ce qu'il avait fait depuis le début c'était faire du mal autour de lui. Il ne mettait plus aucune conviction dans ce qu'il faisait, semblait désintéressé par ce qui l'entourait. Sa mère finit par trouver un travail dans une autre région, à Kalos. Elle avait gagné suffisamment d'argent pour permettre à elle et son fils de déménager. Et vu l'état dans lequel il s'était retrouvé, il était hors de question pour elle qu'ils restent ici.
    Le déménagement soulagea Gabriel. Pourtant, même lorsqu'ils furent installés, il eu toujours énormément de mal à sortir de chez lui. Il n'osait plus approcher les autres et continuait de se rabaisser. Il faisait les choses sans envie ni motivation, et rien ne semblait plus l'intéresser. Certaines personnes disaient même qu'aussi peu d'entrain venant d'un garçon possédant une carrure comme la sienne n'était pas normal. Mais il s'en fichait. Cela faisait longtemps qu'il n'écoutait plus.

    Mais il y a toujours eu quelque chose pour bouleverser Gabriel.

    Un garçon de son lycée commença à s'intéresser à lui. Un garçon totalement différent de Gabriel. Il essayait de lui parler, de sympathiser avec lui, il cherchait à comprendre ce qui n'allait pas chez lui. Pourquoi il se comportait comme ça. Il semblait vouloir l'aider, mais il n'y arrivait pas. Peu importe ce qu'il faisait, Gabriel l'évitait, le repoussait. Puis un jour, cet étrange garçon se montra un peu plus insistant. Et cela suffit à Gabriel pour exploser. Il comprit alors qu'il avait véritablement besoin de parler, de déverser tout ce qu'il ressentait pour se sentir mieux. Il lui raconta tout ; d'où il venait, son quotidien monotone, Zorua, Marine, pourquoi il avait commencé à se battre, et il finit par lui raconter ce qui l'avait rendu comme ça. Il lui dit qu'il était stupide, qu'il s'était toujours battu en pensant aider les autres mais qu'au final, tout ce qu'il avait fait c'était de faire du mal aux autres. Il lui dit qu'il avait toujours voulu aider mais qu'il avait toujours été seul, et qu'il était trop maladroit et timide pour savoir comment s'y prendre.

-Si j'ai bien compris... avait commencé le garçon, tu... aimes les fleurs autant que tu aimes t'occuper des pokémons, n'est-ce pas ? Alors...

    Il l'avait regardé en souriant, un air enthousiaste sur le visage.

-Pourquoi n'essayerais-tu pas de lier les deux ? Tout ce que tu as toujours voulu c'était aider les autres, leur redonner le sourire et faire en sorte qu'ils se sentent bien. Maintenant que tu es ici, tu as une chance de tout recommencer, de mener une autre vie ! Te lamenter ne changera pas les choses, rien n'est de ta faute tu sais. Tu voulais bien faire et tu n'as juste pas eu de chance. Moi je suis sûr que tu es un type très bien.

    Un peu gêné, le garçon détourna le regard, passant une main dans ses cheveux.

-Et tu... tu ne seras plus seul, à partir de maintenant.

    Et c'est comme ça que Gabriel et lui devinrent les meilleurs amis du monde. C'est comme si le fait qu'il l'ai écouté jusqu'au bout avait redonné confiance au jeune homme. Quelqu'un sur qui compter... hormis Dahlia, ça faisait tellement longtemps qu'il n'en avait pas trouvé. Il se demandait toujours ce qu'était devenue Marine. Et comme il avait déménagé, elle n'avait sans doute aucun moyen de venir le voir maintenant. Il espérait juste qu'elle réussissait et qu'elle était heureuse.

    Le meilleur ami de Gabriel s'appelait Andrew. Il était issu d'une famille plutôt aisée et nombreuse, à l'inverse du jeune homme. Ils étaient opposés en tout point ; Gaby était costaud et fort, Drew était un gringalet. Le premier était doux et calme, le second plutôt vif et impétueux. Andrew avait des rêves plein la tête, il voyait les choses en grand, trop grand parfois. Il prenait parfois un peu trop de risques et se retrouvait dans des situations stupides ou farfelues, dont il finissait toujours par se sortir -souvent avec l'aide de Gabriel. Il avait un Mr. Mime avec qui il se disputait tout le temps parce qu'ils n'étaient jamais d'accord. Ils vivaient à Neuvartault, une petite ville tranquille non loin d'Illumis, séparée d'elle par une route fleurie où Gabriel se rendait souvent. Avoir changé d'environnement de vie lui faisait énormément de bien. La ville était calme et belle, et différait des rues froides et sombres qu'il avait eu l'habitude de fréquenter lorsqu'il vivait encore à Volucité. Sa mère et lui vivaient dans une petite maison, mais beaucoup plus spacieuse et épurée que l'ancienne. Gabriel avait d'ailleurs décoré la majorité des pièces avec de nombreuses fleurs qu'il avait cueillies ou achetées, maintenant qu'il en avait les moyens. Cela lui arrivait souvent d'en offrir aux personnes de son entourage. Un geste qui faisait toujours sourire.
    Andrew et Gabriel étaient vraiment inséparables. Ils se voyaient souvent, ils s'accompagnaient et se soutenaient toujours. Drew avait souvent des phases où il se sentait perdu et peu attentif, et Gaby savait que ce n'était pas quelque chose de normal pour son ami qui était très vif d'ordinaire. Il ne l'avait jamais obligé à lui dire ce qui n'allait pas, parce qu'il savait que ça n'allait pas peu importe combien son ami lui dirait le contraire. La meilleure chose qu'il pouvait faire était de rester près de lui et de veiller à ce qu'il se sente mieux.
    Gabriel aimait d'ailleurs beaucoup s'occuper des Pokémons. Il était têtu et essayait toujours d'approcher même les plus peureux, comme il l'avait fait pour Dahlia lorsqu'il avait neuf ans. C'était comme ça qu'il avait eu Myosotis, son Evoli. Elle s'était perdue dans Neuvartault et semblait terrifiée qu'on l'approche. Devinez qui a ignoré les menaces de l'Evoli et s'est approché d'elle ? De toute manière, elle était trop mignonne et trop chétive pour faire véritablement mal au garçon. Certains habitants venaient parfois confier leurs Pokémons à Gabriel lorsqu'ils devaient partir ou avaient quelque chose d'important qui les empêchait de garder leurs Pokémons avec eux. Plutôt que de les enfermer dans leurs Pokéballs, ils préféraient les laisser avec Gaby. Il faisait d'ailleurs des yeux noirs à son meilleur ami qui ne pouvait pas s'empêcher de parler de lui à toutes les personnes qu'il connaissait.

    Et puis un jour, Gabriel eut un déclic.

-Je... vais ouvrir un salon de détente et relaxation qui fera aussi office de Garderie Pokémon !

    Il s'était exclamé en plein milieu d'une conversation avec Andrew, qui l'avait regardé en haussant un sourcil.

-Pourquoi pas, ça te correspond bien après tout... mais pourquoi soudainement ça ? Quel est le rapport avec l'influence de la peine lune sur la danse nuptiale des Pijako ?

-Y'en a pas ! Fit Gabriel, distrait.

    Andrew manqua de se frapper la tête contre la table.

-Mais je réfléchissais à ce que tu m'as dit quand on s'est rencontré.

    Andrew posa sa tasse et passa une main dans ses cheveux, semblant réfléchir.

-Quand je t'ai dit que tu pouvais te servir des fleurs et de ton amour des Pokémons pour aider les gens à sourire et se sentir mieux ?

    Le brun hocha la tête. Ses yeux brillaient. Andrew soupira, un léger sourire se dessinant sur son visage. Gabriel avait beau être très distrait, il ne pouvait pas lui en vouloir. C'était même quelque chose qui l'amusait chez lui, même si parfois ça survenait de manière si soudaine que ça lui donnait envie de frapper sa tête contre la table. Mais il l'avait déjà fait une fois, et il l'avait regretté. Non parce que, finir avec le nez aplati et une énorme bosse sur le front, une fois ça va, une autre fois non merci.

-Tu sais, je veux vraiment voir les gens heureux et pouvoir faire quelque chose pour eux. Les massages et la relaxation autant pour les maîtres que pour les pokémons pourront aider à se sentir plus détendu, je pense aux personnes qui souffriraient de certains problèmes, de maladies ou qui se sentiraient juste mal. La garderie pokémon ce sera pour ceux qui auront besoin de confier leurs Pokémons, qui eux aussi auront des soins ! Tous les produits seront 100% naturels, tout comme le salon. Parce qu'être entouré de fleurs et de plantes est un excellent moyen pour se sentir bien et revigoré. En plus, ça rend tout plus beau.

    En disant cela, il repensait à lorsqu'il était plus jeune, quand Marine lui avait offert un bouquet de fleurs le jour de leur rencontre. Il l'avait déposé dans sa chambre, et elle avait tout de suite semblé plus belle, plus lumineuse.

-Et j'offrirais des fleurs à chaque client qui viendra ! Comme ça je peux combiner tout ce que j'aime, et rendre vraiment les gens heureux. J'ai vu tellement de personnes seules ou tristes, et c'était aussi mon cas... je veux vraiment éviter ça.

    Andrew avait été absorbé par les paroles de son ami. L'enthousiasme avec lequel s'exprimait Gabriel le faisait sourire. Gaby ne remercierait jamais assez Andrew d'avoir été avec lui pendant tout ce temps. Sans lui et Dahlia, il aurait sans doute fini dans un état plus lamentable lorsqu'on s'est vengé sur lui, et il n'aurait pas reprit confiance.

-C'est bien ce que je disais, murmura Andrew, un sourire taquin sur les lèvres. Tu es la personne la plus effrayante qui puisse exister dans ce monde.  

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    Gabriel finit par quitter Kalos. Il voulait trouver une formation afin de poursuivre son but, et il avait envie de voyager, découvrir de nouveaux horizons. Andrew ne voulait pas qu'il parte, il essayait de le convaincre de rester en lui disant que des formations, il pourrait en trouver des centaines à Kalos. Mais Gabriel était têtu. Il voulait voyager. Il essaya alors de convaincre Andrew de venir avec lui mais il avait rétorqué que pour le moment, même s'il en avait les moyens, sa famille ne le laisserait pas partir. Ils avaient encore besoin de lui. Cela faisait huit ans qu'ils se connaissaient, et le jeune homme ne voulait pas perdre de vue son meilleur ami. Si Gabriel restait serein, Andrew avait peur qu'ils finissent par perdre définitivement le contact. Mais Gaby lui promit que cela n'arriverait jamais. Il promit également qu'il viendrait le voir dès que possible et lui donnerait régulièrement des nouvelles. Andrew n'était pas très enchanté par l'idée de voir son meilleur ami partir, mais il ne voulait pas l'empêcher de voyager juste parce que lui ne pouvait pas partir.
    Arrivé à Adala, Gabriel eut les moyens de s'installer à la résidence Aquali. Il était dans l'attente de trouver une formation, espérant que cela ne saurait tarder. Il se familiarisait petit à petit avec l'endroit, et avait évident décoré son appartement avec toutes sortes de fleurs. Peu avant son départ, son équipe avait accueilli un nouveau membre. Une petite Flabébé blanche incroyablement curieuse, qui l'avait suivi durant toute une promenade parce qu'elle avait été attirée par la broche cassée de Marine que Gabriel portait, broche qu'il avait réparé comme il avait pu. Dès son arrivée, le jeune homme s'était empressé de contacter son meilleur ami pour lui donner des nouvelles, et lui parler un peu d'Adala.

    Quelqu'un frappa un jour à la porte de l'appartement de Gabriel. Lui qui n'avait pas l'habitude de recevoir de la visite, il s'était empressé d'aller ouvrir sans même se poser la question de qui se trouvait derrière. Mais aussitôt que la porte fut ouverte, on lui sauta dans les bras.

C'était son meilleur ami.

    À la fois perplexe et extrêmement heureux, Gabriel demanda à Andrew de tout lui raconter, l'inondant de questions. Est-ce qu'il était simplement de passage ? Est-ce qu'il avait trouvé un hôtel, un appartement ?

-Tu... tu me manquais trop, avait murmuré le jeune homme. J'ai réussi à convaincre mes parents de me laisser partir parce que moi aussi, je dois faire des études ! Peut-être que tu vas me trouver collant mais on se connaît depuis tellement longtemps et je... disons que te perdre de vue comme ça ça me faisait un peu peur, et comme j'ai peut-être trouvé une opportunité de faire ce que je veux sur Adala j'ai voulu venir m'installer ici. Tu... n'es pas fâché parce que je ne t'ai pas prévenu ?

    Pour toute réponse, Gabriel avait souri. Et il lui avait ébouriffé les cheveux, comme il avait l'habitude de le faire pour lui faire comprendre que ce n'était pas grave. Pourquoi serait-il en colère du retour de son meilleur ami ? Ça le rendait plus heureux que jamais. Il tenait tellement à lui qu'il aurait fini par lui manquer au bout d'à peine quelques semaines. Leur amitié était beaucoup trop forte. Et ils n'avaient pas l'intention de se séparer.